Le numéro 1 du diamant baisse le prix de ses pierres de 10 à 15%. Une décision prise dans un contexte morose malgré un retour de la demande à l’approche des fêtes de Noël. Ce changement de stratégie pourrait pousser le russe Alrosa, numéro 2 du secteur, à prendre le même chemin.
De Beers a choisi sa vente de décembre, la dernière de 2024, pour baisser ses prix. La plupart des catégories de diamant sont concernées, en particulier celles qui se sont moins vendues ces derniers mois. L’idée est clairement de redynamiser l'activité après des mois de faible demande, liée à l’inflation et à l’explosion de la production de diamants synthétiques.
Il faudra attendre la semaine prochaine pour savoir si ces « soldes » de fin d’année auront été suffisants pour séduire les acheteurs. Même avec une réduction de 10 à 15%, De Beers propose en effet toujours des prix plus hauts que ceux du marché sur lequel ses pierres sont ensuite écoulées, qu’elles soient revendues brutes ou polies.
Un changement de cap qui interrogeCes derniers mois, certains clients du géant minier auraient été contraints de revendre leurs pierres à perte, et c’est peut-être pour cela qu'ils se sont montrés moins actifs lors des précédentes ventes.
Jusque-là, De Beers n’a pas voulu toucher à ses prix. Le numéro 1 mondial sait que c’est lui qui donne le ton. En gardant une stratégie de prix ferme, la société a voulu stabiliser le marché jusqu'à ce que finalement, elle lâche du lest.
Le calendrier interroge, car à cette période de l’année, les ventes de diamant taillé sont plutôt dynamiques, notamment aux États-Unis, qui achète entre 55 et 60% des diamants mis sur le marché.
Pressions d'Anglo American ?Une des hypothèses qui circule, c'est qu’Anglo American, propriétaire de De Beers, aurait besoin d’argent et aurait demandé au minier, selon certaines sources, d’agir pour renflouer les caisses du groupe qui a, par ailleurs, annoncé il y a plusieurs mois vouloir se séparer de sa division diamant.
Cette baisse des prix est peut-être aussi un geste en direction du Botswana – pays d’où vient l’essentiel de la production de De Beers – et d’Okavango : « La société d’État botswanaise reçoit une partie de la production de De Beers, mais ne peut pas la vendre moins cher », explique un expert de la filière. Les prix pratiqués par le numéro 1 mondial sont donc une vraie contrainte pour le Botswana qui a souffert cette année d'une baisse de ses revenus liés au diamant.
Bien pour le Botswana, moins pour AlrosaLe déficit budgétaire du Botswana, pour l’exercice en cours, devrait plus que doubler pour atteindre l’équivalent d’1,4 milliard de dollars, selon des estimations communiquées cette semaine par le ministère des Finances et relayées par l'agence de presse Bloomberg.
S'il profitera peut-être au Botswana, ce revirement de De Beers pourrait être en revanche moins bien reçu par le numéro 2 mondial, le Russe Alrosa, qui a, lui aussi, maintenu ses prix cette année et moins vendu.
Ne pas s’aligner sur De Beers aujourd'hui et garder un niveau de prix plus élevé, c’est pour Alrosa courir le risque de vendre encore moins dans les prochains mois.