Petite révolution dans le secteur minier : le géant mondial Anglo American se sépare de ses mines de platine en Afrique du Sud. Anglo American Platinum devient une entité autonome et prend le nom de Valterra, dans un contexte très incertain pour l'avenir des platinoïdes.
La branche sud-africaine d'Anglo American devient indépendante dans un contexte difficile pour le secteur des platinoïdes, un groupe de six métaux, qui comprennent le palladium et le rhodium que l'on retrouve dans les pots catalytiques des voitures. Leur prix s'est envolé après la pandémie et au début de l'invasion de l'Ukraine. Mais la bulle a éclaté en 2023 et depuis l'Afrique du Sud accuse le coup : le pays est le premier producteur mondial de platine d'où l'on peut extraire du palladium et du rhodium.
Les grands groupes miniers présents dans le pays ont dû s'adapter, et pour certains se restructurer et licencier du personnel. Pour ne rien arranger, des inondations ont mis à l'arrêt, en début d'année, la production d'une importante mine dans la province du Limpopo, exploitée par l'ancienne filiale d'Anglo American. Un contexte difficile pour cette société devenue donc Valterra Platinum : selon une note de la banque UBS, citée par le site spécialisé Mining.com, la société pourrait afficher d'ici fin juin un déficit de plus de 8 milliards de rands (soit plus de 400 millions d'euros) en raison notamment du coût de la scission avec Anglo American.
Demande en platinoïde très incertaineAu premier trimestre, la demande de bijoux en platine a augmenté de près d'un quart, en raison de la flambée des cours de l'or qui a fait reculer l'achat de bijoux en métal jaune. Mais les débouchés des platinoïdes restent essentiellement liés au secteur de l'automobile. Le décollage ou non de la demande pour les véhicules électrique et la fin des pots d'échappement qui va avec, sera donc déterminant pour l'avenir du platine, du rhodium ou encore du palladium.
D'autres sous-métaux du groupe, tels que l'iridium, pourraient en revanche, eux, trouver un nouvel élan avec le développement de la filière hydrogène, une filière sur laquelle mise l'Afrique du Sud.
Une troisième année de déficitLes disponibilités seront inférieures à la demande encore cette année, selon le World Platinum Investment Council (WPIC), en raison notamment d'une baisse de 4% de l'offre disponible.
Ce nouveau déficit devrait entamer un peu plus les stocks et pourrait créer de la tension sur le marché : les prix ont d'ailleurs rebondi depuis la publication des prévisions 2025 du WPIC le 19 mai. Comme d'autres analystes, le PDG de Valterra Platinum table lui-même sur des perspectives de prix positives.
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