Face à une nouvelle menace tarifaire de Donald Trump, l’Union européenne intensifie ses négociations commerciales avec Washington. Objectif: éviter une crise économique majeure.
Depuis quelques jours, les tensions commerciales entre les États-Unis et l’Union européenne reprennent de plus belle. En cause, la récente déclaration de Donald Trump qui menace d’imposer à partir du 1er juin des droits de douane pouvant atteindre 50% sur tous les produits européens entrant sur le territoire américain.
Une décision motivée par l’agacement du président américain face à la lenteur des discussions commerciales en cours avec Bruxelles. Déjà soumise à des taxes américaines depuis mars – 25 % sur l'acier, l’aluminium et l’automobile, et 10 % sur d’autres produits – l’UE redoute une escalade aux conséquences économiques lourdes car les États-Unis demeurent le premier client de l’Union. En 2023, les exportations européennes vers le marché américain ont atteint 606 milliards de dollars, générant un excédent commercial qui dérange ouvertement Washington.
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L’incertitude, une stratégie assuméeAu-delà des menaces concrètes, c’est l’incertitude qui pèse lourdement sur l’économie européenne. Un climat volontairement instable que Donald Trump semble cultiver, selon les analystes. Et cette instabilité a des effets immédiats. Les marchés réagissent, les industriels reportent ou réorientent leurs investissements, souvent au bénéfice des États-Unis.
Des géants européens comme Sanofi, CMA CGM ou encore Stellantis ont déjà renforcé leur présence outre-Atlantique. Face à cette pression, Bruxelles n’a d’autres choix que d’accélérer ses négociations. Non par stratégie, mais par nécessité. Car une guerre commerciale franche pourrait fragiliser encore davantage une économie européenne déjà affaiblie.
Négocier dans le flou : un équilibre précaireLe principal obstacle reste le manque de clarté côté américain. Si la volonté de réduire le déficit commercial est affichée, Washington ne précise pas ses attentes concrètes. Une ambiguïté qui place l’Europe dans une position inconfortable: négocier sans véritable visibilité. Et dans ce rapport de force, la stratégie américaine semble clairement orientée vers des concessions à sens unique.
Pourtant, l’Europe se prépare. En cas d’échec des discussions, un plan de contre-attaque est prêt, avec des mesures de rétorsion ciblées sur certains produits américains. Mais pour l’heure, ni Bruxelles ni Washington ne ferment la porte à un compromis. L’enjeu : parvenir à un accord équilibré sans céder sur des points cruciaux. Un exercice délicat pour les Vingt-Sept, contraints de manœuvrer entre fermeté et diplomatie.
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