Si le ralentissement de la hausse des prix soulage les consommateurs, il inquiète les gouvernements. Derrière une apparente bonne nouvelle, se cache une menace pour les finances publiques. Décryptage.
L’inflation, c’est la hausse générale des prix. Et même si elle reste dans toutes les têtes depuis plusieurs mois, elle est aujourd’hui en baisse en Europe. Concrètement, les prix continuent d’augmenter, mais moins vite. Une tendance a priori favorable pour le pouvoir d’achat. Pourtant, cette évolution inquiète paradoxalement les gouvernements. Cela parce qu’une inflation trop basse n’est pas forcément synonyme de bonne santé économique. Une inflation modérée – autour de 2 % par an – permet aux économies de fonctionner de manière fluide. Si l’inflation chute brutalement, cela peut traduire un essoufflement de l’activité économique.
Des recettes fiscales directement liées à l’inflationMais l’impact va plus loin : il touche directement les finances publiques. De nombreuses recettes de l’État, comme la TVA, dépendent des prix. Si les prix stagnent, les recettes fiscales aussi. Un exemple simple : un produit vendu 100 euros génère 20 euros de TVA. Si, avec l’inflation, ce produit passe à 102 euros, la TVA grimpe aussi. Multipliez ce mécanisme à l’échelle de millions d’achats, et chaque dixième de point d’inflation représente des milliards d’euros pour les caisses publiques. Même logique pour les cotisations sociales, qui suivent les salaires, eux-mêmes influencés par l’inflation. Idem pour l’impôt sur le revenu. Lorsque l’inflation ralentit, les hausses de salaires se tassent, et les rentrées fiscales avec.
Le piège de l’effet de ciseauxPendant ce temps, les dépenses publiques, elles, sont souvent indexées sur l’inflation passée. Résultat : les États doivent aujourd’hui dépenser davantage, en se basant sur les hausses de prix de l’année précédente, alors même que leurs recettes progressent moins vite. C’est ce qu’on appelle l’effet de ciseaux : les recettes ralentissent, les dépenses continuent d’augmenter par inertie. Le déficit se creuse, la dette enfle, et la situation devient d’autant plus difficile à gérer que la dette ne se « dilue » plus naturellement dans l’inflation. Les banques centrales tentent d’intervenir via les taux d’intérêt, mais leurs marges de manœuvre sont limitées. Car si une faible inflation peut donner un coup de pouce aux ménages, elle affaiblit, à long terme, les finances des États.