
L'Italien ENI, l’exception pétrolière qui parie sur les énergies vertes
Aujourd'hui l'économie
À contre-courant des autres majors pétrolières, l’italien ENI s’engage dans une transition énergétique ambitieuse. Son objectif, faire en sorte que ses profits issus des énergies bas-carbone dépassent ceux du pétrole d’ici 2040. Une stratégie pragmatique et rentable, qui pourrait redéfinir le modèle économique du secteur.
Alors que Shell et BP réduisent leurs investissements dans les énergies renouvelables, ENI affiche des ambitions claires : atteindre la parité entre profits fossiles et bas-carbone d’ici 2035, avant de faire basculer l’avantage aux énergies vertes cinq ans plus tard. Le groupe a présenté cette stratégie dans le Financial Times, rompant avec la tendance générale au repli face aux incertitudes du secteur. BP, par exemple, a récemment vendu ses parcs éoliens terrestres aux États-Unis, tandis que Shell a mis fin à ses projets d’éolien en mer pour se concentrer sur le gaz naturel liquéfié.
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Des filiales rentables pour garantir la transitionPour atteindre ses objectifs, ENI ne mise pas sur un modèle monolithique, mais sur la création de deux filiales indépendantes et spécialisées. L'une pour les activités fossiles, l'autre pour le renouvelable. Ces entités, pensées comme des satellites autour de la maison-mère, ont généré à elles seules près de 600 millions d’euros de bénéfices sur le premier semestre 2025. Résultat : un regain de confiance des investisseurs, avec 3,8 milliards d’euros de liquidités collectés en quelques mois. Ces filiales représentent désormais près de la moitié de la valorisation boursière d’ENI.
Une diversification géographique et financière calculéeAu-delà de son modèle économique, ENI s’appuie sur une diversification géographique intelligente via des co-entreprises avec des partenaires solides comme Petronas en Asie ou BP en Angola. Cette approche lui permet de limiter les risques tout en poursuivant sa croissance. En capitalisant sur les revenus du pétrole pour financer sa mutation verte, le groupe entend prouver qu’une transition énergétique rentable est non seulement souhaitable, mais possible. Si le pari est réussi, ENI pourrait devenir un modèle pour l’industrie pétrolière mondiale.