Guerre commerciale: quelles conséquences pour le secteur aéronautique?
17 April 2025

Guerre commerciale: quelles conséquences pour le secteur aéronautique?

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Dans un nouvel épisode de la guerre commerciale avec Washington, Pékin a ordonné à ses compagnies aériennes de suspendre les livraisons de Boeing et d'arrêter les achats de pièces d'avion fabriquées aux États-Unis. Après ce coup de tonnerre venant de Chine, c'est l'ensemble du secteur aérien et aéronautique qui retient son souffle. Car les constructeurs, les sous traitants, et les compagnies aériennes pourraient payer très cher les décisions de Donald Trump.

Si c’est un véritable coup dur pour Boeing, dont un quart des exportations s’effectuent en Chine, c’est toute une filière qui pourrait se retrouver en difficulté face aux taxes douanières que veut imposer Donald Trump. Celles-ci sont en pause pour trois mois, mais les 10% en vigueur depuis le 9 avril ont déjà commencé à avoir des effets négatifs sur toute une chaine de production très mondialisée.

Le risque porte notamment sur l’approvisionnement en composants aéronautiques. Les américains en importent une grande partie de l’Union européenne, et il faut en moyenne trois millions de pièces pour faire un avion. C’est le patron d’Airbus qui le rappelle et cela illustre bien la complexité de la guerre commerciale lancée par Donald Trump pour ce secteur, qui repose sur des échanges incessants entre l’Amérique du Nord et l’Europe.

Les américains en première ligne 

Depuis 1980, un accord international exonérait de toutes taxes les produits aéronautiques civils. La politique tarifaire de Trump va surtout faire du mal aux américains, à Boeing notamment qui achète beaucoup d'équipements en Europe. 

Certains équipementiers ont d'ailleurs trouvé des astuces pour modifier leur circuit de livraison. Donald Trump a fait une petite concession : les composants aéronautiques importés du Canada et du Mexique ne sont pas taxés.  

Quant aux compagnies aériennes nord-américaines, elles pourraient, elles aussi, avoir à payer le prix fort. Certaines comme Delta Airlines ont déjà fait savoir qu’elles préfèreraient repousser leurs prochaines livraisons d'avions.

Surcoût des avions 

La compagnie Airbus dont le marché américain représente 15% du carnet de commande, pourrait lui aussi se retrouver en difficulté. L’avionneur européen est en partie protégé, car l’avionneur assemble une proportion de ses avions aux États-Unis ce qui lui permet de contourner certaines taxes, mais l’entreprise reste vulnérable : la plupart des pièces nécessaires à la fabrication notamment de l’A320, l'appareil le plus vendu au monde, sur sa chaine d’assemblage de l’Alabama sont importées et donc taxées. Selon Goldman Sachs, chaque A320 produit aux États-Unis pourrait subir un surcoût de 5 à 6 millions de dollars.

Les gros-porteurs d’Airbus sont eux assemblés en France à Toulouse, mais la taxe s’appliquera sur le prix de vente final de l’appareil et la note pourrait être encore plus salée : de 50 à 70 millions de dollars supplémentaires par appareil. C’est une bataille qui s’engage où chacun va tenter de se faire passer la facture. Pour le directeur d’Airbus, il n’y a qu’une seule voie possible : c’est au client qui importe l’avion de payer la note, a affirmé son patron. Mais avec une surtaxe de 20%, il est peu probable que cette facture soit facile à avaler pour les clients.

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