Course à l’espace: comment l’Europe tente de rivaliser avec SpaceX et la Chine
27 November 2025

Course à l’espace: comment l’Europe tente de rivaliser avec SpaceX et la Chine

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Réunis à Brême en Allemagne, les 23 États membres de l’Agence spatiale européenne (ESA) doivent définir d’ici ce soir les priorités et le budget spatial du continent jusqu’en 2028. Dans un contexte de forte concurrence internationale et de retard technologique accumulé, l’Europe tente de préserver sa souveraineté face aux États-Unis, à la Chine. 

La statistique est saisissante et mérite d'être notée. Sur les 261 lancements de fusées réalisés dans le monde en 2024, l’Europe n’en compte que trois. Une faiblesse historique, qui contraste avec les 156 tirs américains et les 68 chinois. C’est dans ce contexte que les ministres de l’Espace se réunissent à Brême. L’ESA réclame 22 milliards d’euros pour la période 2026-2028, soit 5 milliards de plus que lors du cycle précédent, afin d’éviter un décrochage durable. 

Malgré cette hausse, le continent reste très en dessous des grandes puissances : l’Europe ne pèse que 10 % du financement spatial public mondial, loin derrière les États-Unis et la Chine. Pourtant, l’enjeu est crucial : sans satellites, pas de météo fiable, pas de GPS européen, pas d’Internet sécurisé, pas de gestion de crise. Pas de souveraineté, tout simplement.

Un continent fragmenté face aux ambitions spatiales 

Si l’Europe veut redevenir une puissance spatiale, elle devra d’abord résoudre un problème politique : elle ne parle pas d’une seule voix. La France, longtemps locomotive du spatial européen grâce à Ariane, Kourou, Airbus ou Thalès, passe désormais au troisième rang des contributeurs derrière l’Allemagne et l’Italie. Berlin accélère, notamment dans le spatial militaire, tandis que Rome mise sur les mini-lanceurs et les constellations, profitant d’une base industrielle solide. 

Pourtant, les succès européens existent. Citons Copernicus, programme d’observation du climat; Galileo, le GPS européen ; IRIS², future constellation de connectivité sécurisée ou encore l’incontournable Ariane 6, le nouveau lanceur du continent. Mais contrairement aux États-Unis, où les acteurs privés sont devenus centraux, comme SpaceX, le spatial européen repose principalement sur de l’argent public. 

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L’Europe s’organise face à SpaceX et au NewSpace américain 

Face au succès de SpaceX et de tout l’écosystème du NewSpace américain, l’Europe tente de structurer son propre marché. L’ESA a sélectionné cinq mini-lanceurs pour développer une offre commerciale. En parallèle, la Commission européenne a présenté un « Space Act européen » destiné à harmoniser les règles, renforcer la compétitivité et aligner les stratégies nationales encore trop dispersées. 

Car malgré ses divisions, l’Europe conserve des atouts majeurs : une industrie performante, des ingénieurs de haut niveau et des centres spatiaux d’excellence. Reste désormais à transformer ces atouts en puissance collective. Encore faut-il parler d’une seule voix et se donner enfin les moyens de se faire entendre. 

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