Investi dans un contexte politique tendu, le nouveau président sud-coréen Lee Jae-myung hérite d’un pays en pleine tourmente. Entre crise économique, tensions commerciales internationales et difficultés démographiques, les chantiers prioritaires ne manquent pas. Décryptage.
L’élection de Lee Jae-myung intervient au terme de plusieurs semaines de crise politique profonde, provoquée par la destitution de l’ancien président Yoon Suk-yeol. Ce dernier avait tenté sans succès d’imposer la loi martiale, plongeant le pays dans une instabilité institutionnelle majeure. Sur le plan économique, les effets se font déjà sentir. Le PIB sud-coréen s’est contracté de 0,2 % au premier trimestre 2025, une première depuis la pandémie de Covid-19. Le won a perdu 14 % de sa valeur face au dollar et les investisseurs étrangers ont fui massivement, retirant plus de sept milliards de dollars du pays. Autant de signaux alarmants auxquels le nouveau président doit rapidement répondre.
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Une stratégie industrielle sous pressionPour soutenir l’économie, un plan de relance de 45 000 milliards de wons (soit 2,8 % du PIB) a été lancé par le gouvernement intérimaire. Il vise en priorité les petites et moyennes entreprises exportatrices, un pilier de la croissance sud-coréenne. En effet, selon le Fonds monétaire international, plus de la moitié de la richesse nationale repose sur les exportations. Mais ce modèle, longtemps porté par les géants industriels tels que Samsung, Hyundai ou LG, montre aujourd’hui ses limites. La guerre commerciale relancée par l’administration Trump, notamment avec de nouvelles taxes sur les semi-conducteurs (qui représentaient une exportation sur cinq en 2024), pourrait coûter jusqu’à 2,3 points de PIB à la Corée du Sud cette année. Face au découplage entre la Chine et les États-Unis, Lee Jae-myung pourrait accélérer la diversification des partenariats économiques du pays, y compris vers le Japon.
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Le défi démographique : une urgence silencieuseAu-delà de l’économie immédiate, Lee Jae-myung devra affronter une autre menace à long terme : le vieillissement accéléré de la population. Le taux de fécondité sud-coréen est tombé à 0,75 enfant par femme, l’un des plus bas au monde. Si cette tendance se maintient, la population active pourrait diminuer de moitié d’ici 2070, compromettant le financement du système de retraite et la capacité de production du pays. C’est donc à la croisée des chemins que se trouve le nouveau président. Restaurer la confiance des citoyens comme des investisseurs, rééquilibrer le modèle économique, tout en assurant une meilleure cohésion sociale, voilà le triple défi qui l’attend. L’avenir de la Corée du Sud en dépend.
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