Conclave: les dossiers économiques et financiers sur le bureau du futur pape
07 May 2025

Conclave: les dossiers économiques et financiers sur le bureau du futur pape

Aujourd'hui l'économie

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Les cardinaux du monde entier sont réunis en Conclave pour élire un nouveau pape. Si l’enjeu est évidemment religieux, il est aussi d’ordre financier. Car le futur souverain pontife héritera d’un État aux comptes déséquilibrés, plombé par un déficit structurel et une gouvernance en crise. Décryptage. 

Derrière la grandeur de la basilique Saint-Pierre et la richesse non moins culturelle du Vatican se cache une réalité financière bien plus fragile. En 2023, le plus petit État du monde affichait un déficit de 83,5 millions d’euros, sur un budget total d’1,2 milliard. Une situation chronique : depuis plusieurs années, ce déficit varie entre 50 et 90 millions, représentant près de 7 % du budget annuel. Le budget 2025, jugé trop ambitieux, a même été rejeté une première fois par le secrétaire à l’économie avant d’être adopté à la mi-mars après de nombreux ajustement.  

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Un patrimoine immobilier mal exploité 

La cause principale de cette situation réside dans la baisse des recettes, notamment à cause de la diminution des dons des fidèles, qui constituent une ressource clé. Le Vatican possède par ailleurs un parc immobilier impressionnant : 5 000 biens dans le monde entier. Pourtant, seuls 14% de ces biens sont loués aux prix du marché. Le reste bénéficie de loyers préférentiels, souvent accordés à des employés ou des proches de l’Église. Résultat : chaque année, entre 20 et 25 millions d’euros de patrimoine sont vendus pour éponger les pertes. Cette gestion inefficace met en lumière les lacunes d’un système qui, malgré ses actifs, peine à équilibrer ses comptes et à capitaliser sur ses ressources. 

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Une gouvernance à réformer d’urgence 

Le chapitre des dépenses est tout aussi alarmant. Le fonds de pension des quelque 5 000 employés et retraités du Vatican est en déficit, estimé entre 350 millions et 1 milliard d’euros. En novembre, le pape François a dû intervenir directement en remplaçant en urgence l’ensemble du Conseil d’administration, tant la situation semblait critique. Au cœur de ces difficultés : des failles de gouvernance profondes, une bureaucratie jugée opaque et une gestion souvent qualifiée d’amateuriste. Le futur pape devra donc poursuivre le chantier ouvert par François : assainir les finances et instaurer une transparence économique inédite dans un État qui, jusqu’ici, ne publie qu’une partie de ses comptes. 

Alors que le conclave s’ouvre, les enjeux spirituels se doublent d’un impératif économique. Car si dans la religion on est habitués aux miracles, en économies, ils sont beaucoup plus rares.