
Automobile: la stratégie chinoise qui bouleverse le marché mondial du thermique
Aujourd'hui l'économie
Alors que la Chine s’impose comme championne mondial de la voiture électrique, un paradoxe bouscule le marché automobile : les véhicules thermiques délaissés par les consommateurs chinois sont massivement exportés vers le reste du monde. Une stratégie agressive qui séduit les pays émergents et inquiète les constructeurs occidentaux.
Pékin est aujourd’hui le premier exportateur mondial d’automobiles. Portée par des marques comme BYD ou MG, la Chine inonde le marché international de véhicules électriques. Pourtant, cette ascension fulgurante ne s’accompagne pas d’un recul de la production thermique. Bien au contraire. Comme le révèle une enquête de Reuters, les voitures à essence dont les Chinois ne veulent plus sont envoyées massivement à l’étranger, où elles rencontrent un succès inattendu.
Depuis cinq ans, la Chine a vu la voiture électrique exploser grâce à des subventions publiques importantes, une stratégie industrielle volontariste et l'arrivée de jeunes marques très agressives. Résultat : ces modèles représentent désormais la moitié des ventes nationales. Pendant ce temps, les constructeurs traditionnels — chinois comme étrangers — voient leurs voitures thermiques s’accumuler. Leurs usines tournent au ralenti, et les entrepôts débordent de dizaines de milliers de modèles invendus. La parade ? Exporter, et vite.
Les marchés émergents, nouveaux terrains de jeu des constructeurs chinoisSi l’Occident achète désormais surtout des véhicules électriques chinois, les pays du Sud, eux, restent largement dépendants du thermique. Une aubaine pour Pékin, qui vise clairement les marchés émergents : Amérique latine, Afrique, Moyen-Orient, Asie du Sud-Est, Europe de l’Est. Ces régions disposent de peu de bornes de recharge, de routes parfois difficiles et d’un pouvoir d’achat limité. Autant de raisons qui poussent les consommateurs vers des modèles robustes, en particulier les SUV.
Et la stratégie porte ses fruits. En Afrique du Sud, les marques chinoises représentent déjà 16 % du marché. Au Chili, elles comptent pour un tiers des ventes. Les constructeurs chinois ne se contentent pas d’exporter. Ils ouvrent rapidement des réseaux de distribution, s’allient à des partenaires locaux et proposent une gamme complète de véhicules adaptés aux attentes locales.
Des prix imbattables et une montée en gamme qui bousculent les OccidentauxPourquoi ces voitures rencontrent-elles un tel succès ? Le prix, surtout : les modèles chinois sont souvent 20 à 40 % moins chers, parfois deux fois moins, que leurs équivalents occidentaux. Ajoutez à cela une nette montée en gamme : meilleurs systèmes de sécurité, écrans plus modernes, connectivité renforcée, intérieurs soignés. Les véhicules chinois offrent désormais un rapport qualité-prix difficilement égalable. Le tout accompagné d’une stratégie commerciale offensive : implantation rapide, distribution agile, gammes sur mesure pour chaque marché.
Résultat : la Chine gagne du terrain partout, ce qui représente une menace frontale pour les constructeurs européens, japonais et américains. Car derrière ces succès se cache une double stratégie : inonder aujourd’hui le monde de véhicules thermiques, et imposer demain les modèles électriques. Les projections confirment cette dynamique. D’ici cinq ans, une voiture sur trois dans le monde pourrait être chinoise.
Aujourd'hui l'économiePourquoi les constructeurs automobiles retombent amoureux de l’essence?