Trois ans après la CAN, Garoua fait les comptes
08 May 2025

Trois ans après la CAN, Garoua fait les comptes

Afrique économie

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Une partie de la CAN 2022 s’est jouée dans le septentrion du Cameroun. Ce fut un véritable défi organisationnel pour la ville, qui a dû se transformer pour accueillir l’événement, notamment en matière d’infrastructures sportives et hôtelières. Trois ans après, Garoua, la capitale du Nord, en tire-t-elle encore les bénéfices ?

De notre envoyée spéciale à Garoua,

Au marché de Garoua, les vendeurs attendent patiemment les clients devant leurs étals. Sidiki a été fier de voir la CAN se dérouler dans sa ville, mais il affirme n’avoir tiré aucun bénéfice de cet événement.

« Même pas un peu ! Même pas un tout petit peu ! Avant, on achetait un litre d’huile à 1 000 francs CFA, avec la CAN, le prix est monté à 1 500 francs CFA. Alors qu’on la fabrique ici ! », s’énerve le jeune homme. « On est en colère, mais au Cameroun, on reste ici seulement. On n’y peut rien ».

Même son de cloche du côté d’Abdoulaye : « La CAN ? Je ne vois pas. Surtout moi, par exemple, je ne vois rien. Les gens souffrent au Cameroun, surtout les jeunes. Des routes ont été réaménagées dans la ville, on peut le reconnaître, oui. Mais pour aller à Ngaoundéré, avant, c’était quatre heures. Maintenant, il faut neuf heures. C’est un problème. Et du côté de l’extrême Nord, c’est encore pire ».

Cependant, le projet CAN a entraîné des changements notables dans la physionomie de la ville. Un hôtel 4 étoiles imposant, le Ribadou, a vu le jour. Il dispose de 85 chambres, dont une suite présidentielle, et a permis l’embauche d’environ une centaine de personnes. Beaucoup étaient sceptiques quant à la viabilité d’un établissement de ce standing dans la région.

De nouvelles appétences pour Garoua

« La CAN a rendu la ville un peu plus attractive, ce qui favorise le tourisme d’affaires et les balades touristiques. Je crois que ce qui était difficile est désormais plus facile », explique Alain Mathieu Mvilongo, directeur général de l’hôtel.

« Je peux même dire que je suis très satisfait par rapport aux attentes de ma maison mère. On nous avait demandé un taux de remplissage de 37%, nous sommes à 57%. Je pense qu’il faut quand même s’en féliciter », se réjouit-il.

Pour Abdoul Bagui, directeur de l’urbanisme de la communauté urbaine de Garoua – et ancien directeur des services techniques à l’époque de la CAN – il ne fait aucun doute que la capitale du Nord bénéficie encore des retombées.

« Après la CAN, la ville a connu une évolution presque exponentielle. Ce n’était pas prévu. On pensait atteindre environ 900 000 habitants en 2025, mais aujourd’hui, on est au-delà du million. C’est énorme », insiste-t-il.

« Avant, la valeur foncière dans la ville tournait autour de 2 500 à 3 000 francs CFA le mètre carré. Aujourd’hui, elle oscille entre 10 000 et 20 000 francs CFA. Des constructions sortent de terre chaque jour. Cela signifie qu’il y a beaucoup de nouveaux arrivants, et que l’économie locale se porte bien ».

Grâce à ce développement, le budget de la municipalité a doublé, selon lui. Garoua cherche désormais à améliorer son système de traitement des déchets et prévoit de développer un réseau de transport urbain à l’aide de bus électriques. Le chômage des jeunes demeure toutefois un défi majeur.

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