Afrique économie
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Lancement de GIMpay, la plateforme financière unifiée de l'UEMOA
05 December 2024
Lancement de GIMpay, la plateforme financière unifiée de l'UEMOA

La 8e édition du Salon monétique régional, organisé par le groupement interbancaire monétique de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (GIM-UEMOA), s’est tenu fin novembre à Dakar. Un rendez-vous consacré à l’inclusion financière et la transformation digitale de l’écosystème financier. Ce salon a été marqué par la présentation de GIMpay, une plateforme unifiée et interopérable, sorte de marketplace entre les différents acteurs du secteur avec pour finalité, faire monter en puissance les échanges financiers en ligne dans la sous-région.

Commander un VTC, acheter des vêtements ou faire des virements bancaires depuis une seule interface numérique : c’est l’ambition de GIMpay qui voit le jour après plusieurs années de travail. « Aujourd'hui dans la région, il y a le paiement de factures, d'électricité, d'eau, quelques services de restauration, mais sans plus, constate Minayegnan Coulibaly, le directeur général du GIM-UEMOA. Donc l'idée ici est de tenter de convertir le maximum de services du quotidien des consommateurs de la région sous forme digitale. Et donc, il faut traiter les frictions qu'il y a dans le processus. Et la présence d'une infrastructure de marché vise simplement à massifier cela et à permettre à tout à chacun de pouvoir en bénéficier. »

Le groupe InTouch propose ce type de service depuis dix ans, mais pas question de parler de concurrence. Au contraire, Sasoum Niang, sa directrice produits et marketing, se réjouit. « C'est une bonne chose parce que cela veut dire que les Etats, les organismes se mettent à la page des besoins de notre écosystème en s'assurant de toujours rester dans leur rôle de catalyseur et d'un organisme qui accompagne l'écosystème », met-elle en avant.

L'ouverture sur un marché de 142 millions de consommateurs

Cette interface regroupe pour le moment plus de 130 banques et entreprises. Elle répond à un vrai besoin et rentre dans la mission de l’organisation, selon Mikael Naciri, dirigeant du cabinet Digital Rails of Africa. « Le GIM-UEMOA c'est d'abord un fédérateur d'un écosystème d'acteurs autour du paiement. Le GIMpay est complètement dans son rôle de fournir ce qu'on appelle des DPI, c'est-à-dire des plateformes publiques qui sont accessibles en fait à l'ensemble des acteurs sans discrimination et avec un parcours d'enrôlement qui est transparent », analyse-t-il.

GIMpay représente aussi pour les entreprises une ouverture sur 142 millions de consommateurs à travers huit pays. « En tant que Fintech, nous avons besoin effectivement d'avoir accès à un marché ouvert dans l'UEMOA sans pour autant faire des efforts pour aller contacter l'ensemble des acteurs de façon individuelle. GIMpay justement nous a offert cette ouverture, ce qui signifie pour nous d'accéder à un marché financier beaucoup plus large au-delà des frontières du Sénégal, ce qui signifie pour nous une opportunité. C'est pourquoi on n'a pas hésité effectivement à la saisir », explique Mbaye Seck Diop, le PDG d’African Payment Gateway.

Selon plusieurs parties prenantes de GIMpay, les premiers utilisateurs devraient avoir accès à l’interface à partir du mois de janvier, avec un coût pour le consommateur d’1 à 2% de chaque transaction.

La SABC, un média public sud-africain au bord du gouffre
04 December 2024
La SABC, un média public sud-africain au bord du gouffre

En Afrique du Sud, la SABC, principal média public, peine à trouver un système économique viable. Le projet de loi censé redresser son économie a été retiré par le ministre des Communications. Pour certains, cette décision est raisonnable, car le projet de loi n’était pas assez clair sur le plan des finances. Pour d'autres, c’est une décision absurde qui menace l'existence même de la chaîne.

La SABC est « une bombe à retardement » titre le journal sud-africain Business & Technologie. L’article revient sur les pertes spectaculaires du média public : plusieurs dizaines de millions d’euros en deux ans. Le projet de loi aurait-il pu répondre à cette profonde crise financière ? Non, répond le ministre des Communications, Solly Malatsi. « Il est clair que le projet de loi n’est pas à la hauteur de l’urgence, car il prévoit un objectif de trois ans pour trouver une solution de financement et laisse donc la SABC dans une situation financière précaire. »

Transition digitale manquée

Surtout, dans le camp des « contre » ce projet de loi, on regrettait que le texte ne mentionne pas les nouvelles habitudes de consommation de l’information. Notamment en ligne, via nos smartphones. La SABC ne peut plus, par exemple, compter sur la licence TV, payée par chaque foyer qui possède une télé, comme principale source de revenus. « Maintenant, les gens vont sur YouTube ou TikTok. La SABC doit s'adapter à ça, en étant moderne, et non pas bloquée dans une vision un peu traditionnelle et à l’ancienne, assure Uyanda Siyotula, coordinatrice nationale de SOS Coalition, un organisme de défense des médias publics qui a milité pour le retrait de cette loi. Le problème, c’est que cette transition digitale, ce n’est que 3 % du budget annuel de la SABC, il faudrait que le gouvernement consacre au moins la moitié du budget dans cette transition. »

Les craintes des journalistes

Mais selon Aubrey Tshabalala, secrétaire général de l'Union des travailleurs de la SABC, le retrait de cette loi a des conséquences directes sur les employés : « Les journalistes vont sur les terrains les plus dangereux. Les services de production travaillent très dur. Et tous ces gens ne devraient pas souffrir des mauvaises décisions politiques. C'est comme si on devait se jeter dans le vide sans parachute. Le retrait de cette loi, c'est une perte de temps, et c'est dangereux. Parce qu’on doit recommencer tout le processus parlementaire. Si les choses continuent comme ça, un jour la SABC va vraiment finir par s’effondrer. »

Le financement de la SABC est un nouveau point de divergence dans ce gouvernement d’union nationale en place en Afrique du Sud. Les désaccords politiques entre partis pourraient bien avoir de lourdes conséquences sur la santé financière déjà très fragile du média public.

En Côte d'Ivoire, les PME du secteur extractif peinent à attirer les investissements
03 December 2024
En Côte d'Ivoire, les PME du secteur extractif peinent à attirer les investissements

Malgré son riche sous-sol, les investissements dans l’industrie extractive en Afrique restent encore modestes : entre 2018 et 2022, moins de 14 % des investissements directs étrangers mondiaux dans le secteur minier étaient à destination du continent. Les PME ivoiriennes des industries extractives — mines et hydrocarbures — souffrent d’un accès difficile aux financements, alors que le pays ambitionne de devenir un « grand exportateur » de produits miniers et pétroliers d'ici à 2030.

De notre correspondante à Abidjan, 

10 000 milliards de FCFA : c’est la somme investie dans le secteur minier et pétrolier en Côte d’Ivoire ces 10 dernières années. Une manne à laquelle les petites et moyennes entreprises peinent à avoir accès, face à la frilosité des investisseurs traditionnels, comme les banques nationales. Une problématique sur laquelle se sont penchés des professionnels du secteur réunis au Salon international des ressources extractives et énergétiques (Sirexe), qui s’est tenu à Abidjan du 27 novembre au 2 décembre.

« Le fait de mettre les financements dans un panel au Sirexe, c’est déjà reconnaître qu’il y a un problème sur les financements, et je pense que c’est déjà un très bon début, met en avant Kamel Koné, président du groupement des Entreprises de services pétroliers et gaziers de Côte d’Ivoire et directeur général de la société Hydrodrill. Il manque encore une grande collaboration entre les établissements financiers et les acteurs du secteur que nous sommes. Il y a encore un gros travail à faire, parce que l’accès au financement reste, pour nous, une limite et peut même mettre en difficulté le contenu local dans notre pays. » Il regrette que les banques ivoiriennes ne prennent pas suffisamment de risques.

« Si je prends notre groupement, par exemple, qui a 20 entreprises, il n’y en a que deux qui ont pu avoir accès à un financement, donc vous pouvez faire le calcul, ce n’est pas beaucoup. Il y a une chose que les banques ne prennent pas en compte, c’est la durée. Pour avoir un financement, on peut mettre trois, quatre mois, alors que notre industrie demande d’être réactif », détaille Kamel Koné. 

Besoin d’être rassuré

Certains ont donc recours aux banques internationales, plus enclines à prendre des risques, et plus aptes à débloquer rapidement des liquidités. Jessica Bleu-Lainé est responsable du secteur de l'industrie minière et énergétique à la Société Générale Côte d’Ivoire : « Très souvent, ce sont des premiers marchés, deuxièmes marchés. On cherche quand même aussi à avoir un historique de la compétence, de la technicité, parce que c’est quand même un secteur qui est très technique, donc ça peut être aussi un frein. Quand on fait un financement, on cherche à se couvrir par rapport à ce financement. Est-ce que le paiement final est sûr ? Qui est-ce qui va venir payer ? Donc pour ça, on va regarder l’historique de l’entreprise. » 

Jessica Bleu-Lainé souligne que dans le domaine, les montants sont énormes : « C’est ça aussi qui peut expliquer un peu la réticence des banques. Une entreprise qui n’a pas réalisé ce type de marché, ou qui n’a pas d’historique, pour un premier marché, peut se retrouver avec 500 millions. Donc une entreprise qui n’a pas trop d’historique sur le secteur, ou qui débute à peine, lui prêter 500 millions à vue… Bon. »

Un fonds pour soutenir le contenu local

Les opérateurs ivoiriens s’efforcent de diversifier leurs sources de financement, en se tournant par exemple vers les bailleurs internationaux ou les fonds de pension. Un fonds d’investissement minier a d’ailleurs été officiellement lancé en marge du Sirexe pour financer les sous-traitants et fournisseurs de services du secteur. Une première en Afrique de l’Ouest, qui ouvre des perspectives prometteuses, se réjouit Seydou Coulibaly, le directeur des mines de Côte d’Ivoire. « On a réfléchi avec toutes les parties prenantes, les employés, les sociétés minières, les sous-traitants. Pourquoi ne pas mettre un fonds en place ? Et ce fonds mis en place, c’est la contribution au niveau des salariés, c’est la contribution au niveau des sociétés, c’est la contribution de tous ceux qui sont employés », explique le directeur.

« Ce fonds qui sera mis en place va permettre de soutenir surtout le contenu local. En amont, au niveau de l’exploration minière, vu les montants très élevés, il n’est pas aisé pour les petites compagnies d’aller dans l’exploitation minière. Mais ce fonds peut aider pour la sous-traitance minière, les services et, à long terme, si ça a bien fonctionné, on pourra faire une mise à jour pour faire des applications en vue de vendre des permis », espère Seydou Coulibaly. Ce fonds permettra aussi aux salariés du secteur minier de placer une partie de leur retraite complémentaire. Leur nombre est estimé entre 12 000 et 15 000 employés en Côte d’Ivoire.

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Tunisie: la transformation écologique de l’algue rouge prospère dans la lagune de Bizerte
02 December 2024
Tunisie: la transformation écologique de l’algue rouge prospère dans la lagune de Bizerte

Dans la lagune marine de Bizerte, au nord-ouest de la Tunisie, une entreprise franco-tunisienne cultive et transforme l’algue rouge en gélatine alimentaire végétale. Fruit d’investissements français et koweïtiens, le projet a mis trente ans à voir le jour, le temps de faire les études d’impact environnemental. Aujourd’hui, Selt Marine est en pleine expansion : 8 millions d’euros seront investis dans les deux prochaines années pour augmenter la production en Tunisie et ailleurs en Afrique.

De notre correspondante à Tunis,

Ce n’est pas le bruit des vagues qui résonne dans le cabanon face à la lagune de Bizerte, en Tunisie, mais les mains des femmes qui lavent minutieusement des algues dans de grands bacs d’eau. « Je nettoie, je lave bien et ensuite les algues sont séchées. Une fois que c’est fait, les pêcheurs nous rapportent un nouveau stock de la mer et on répète le processus », détaille Mongia Thabet, 55 ans, qui exécute cette opération au quotidien depuis près de sept ans.

Séchées au soleil tunisien

Les algues sèchent au soleil sur de grandes tables et c’est ainsi qu’elles deviennent blanches. Un processus artisanal qui distingue cette production d’autres productions dans le monde. « La plupart de nos concurrents, pour ne pas dire tous, le font avec du peroxyde, donc des agents chimiques. Depuis le départ de la création de la société, nous, on blanchit avec le soleil tunisien, explique Mounir Boulkout, le fondateur de l’entreprise Selt Marine. Et cette blancheur est une marque de qualité pour nos clients. »

À écouter dans C'est pas du ventLe boom prometteur des algues

Émulsifiant ou gélatine végétale

Sur une superficie de 80 hectares de concession marine, Selt Marine cultive et transforme l’algue rouge en n’utilisant aucun produit chimique. Dans la mer, la reproduction de l’algue est contrôlée grâce à des tubes et des cordages où poussent les algues, récupérées ensuite par les pêcheurs, sans perte. Près de 10 000 tonnes d’algues rouges sont ainsi cultivées par an.

Le produit fini est vendu aux grands groupes industriels qui s’en servent comme émulsifiant ou gélatine alimentaire. « Boulkout, en arabe, veut dire "celui qui donne à manger" donc j’ai un peu une obligation !, plaisante Mounir Boulkout. Dans la plupart des produits transformés, vous avez des ingrédients, des additifs, qui ne sont pas toujours très sains, pas toujours d’origine végétale. Nous fabriquons un produit d’origine végétale avec un processus et des vertus écologiques. »

Biodiversité recréée

Car la production d’algues recrée de la biodiversité marine et attire de nouveau les poissons et les crustacés dans une région victime de surpêche et du réchauffement climatique. « Quand je suis arrivé en 1995, on ramassait et on trouvait énormément d’algues en juillet-août, se souvient le patron de Selt Marine. Ce n’est plus le cas. Il n’y a plus rien parce qu’il y a à peu près trois quatre ans, la Méditerranée a pris 5 degrés pendant l’été. »

L’entreprise travaille donc principalement d’octobre à juin pour s’adapter et exploite aussi des concessions au Mozambique et à Zanzibar.

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Transition de l'agriculture africaine: comment attirer les financements?
01 December 2024
Transition de l'agriculture africaine: comment attirer les financements?

En Afrique, le changement climatique pourrait faire chuter de 18 % la production agricole d'ici à 2050, alors qu’il faudrait la tripler pour nourrir une population plus nombreuse. Comment conjuguer les efforts des États, des chercheurs, des bailleurs et du secteur privé pour permettre aux agriculteurs de continuer à produire malgré les aléas ?

Irrigation, variétés résistantes, versement de cash aux agriculteurs en cas de mauvaise récolte… C’est un bouquet de solutions qui doit être mis en place et vite, face au changement climatique. Mais seule une dizaine d’États d’Afrique consacrent comme promis 10 % de leur budget à l’agriculture et les bailleurs étrangers la négligent encore.

Tirer dans le même sens

« L’agriculture africaine reçoit moins de 5 % de l’aide publique internationale, alors que c’est la baguette magique pour atteindre pratiquement tous les objectifs de développement durable, déplore Augustin Grandgeorge, qui dirige l’initiative Atlas, un laboratoire permanent sur les transitions agricoles africaines rassemblant gouvernements, bailleurs, secteur privé et chercheurs, qui espère inverser la tendance. La question, c'est comment on mobilise tous ces investissements, quelles sont les priorités qu’on finance, comment on tire tous dans le même sens. Donc, ça nécessite à la fois un plaidoyer et un dialogue politique. »

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Soutenir les banques publiques agricoles

Les banques publiques agricoles africaines ont un grand rôle à jouer pour attirer les financements privés. « C’est à ça qu’on essaie de travailler en tant qu’agence publique de développement dans notre dialogue de politique publique avec les États africains et dans tout le travail que l’on fait avec les banques agricoles du continent, explique Matthieu Le Grix, de l’Agence française de développement. On a notamment engagé un gros travail avec le Fida [Fonds international de développement agricole] autour d’une coalition de banques publiques agricoles pour échanger des expériences, des méthodes, la définition de produits financiers adaptés, et pour que des banques agricoles plus avancées, comme le Crédit Agricole du Maroc, partagent leur expérience avec des banques qui ont moins de ressources humaines et financières pour faire de l’innovation. »

Rassurer les banques commerciales

Filiale du géant marocain des fertilisants azotés OCP, InnovX s'est lancée dans l’accompagnement des petits paysans ouest-africains. Ce qui permet de convaincre les banques commerciales de les financer. « Notre rôle à nous, c'est de venir leur démontrer que ce fermier, voilà comment on le ''dé-risque'', explique son vice-président Younes Addou. En mettant en place les différentes solutions que sont l’accès à un marché pour sa production, l’accès à des infrastructures pour que sa production ne pourrisse pas, l’accès à des intrants adaptés, à même d’améliorer la qualité de son sol et du coup les rendements de production et sa résilience. »

Pour rassurer les banques, InnovX propose aussi aux producteurs une assurance rendement qui indemnise jusqu’à 70 % des pertes de récoltes.

À écouter dans 8 milliards de voisinsAgriculture : les semences paysannes au service de la biodiversité

Salon du livre jeunesse à Dakar: l’écueil des coûts de production pour les éditeurs africains
28 November 2024
Salon du livre jeunesse à Dakar: l’écueil des coûts de production pour les éditeurs africains

Au Sénégal, la deuxième édition du Salon international du livre jeunesse s’est tenue mi-novembre. Des éditeurs sénégalais et de toute l'Afrique sont venus présenter leurs ouvrages à un public de familles et de scolaires à Dakar. Le secteur est en plein développement, mais la question se pose des coûts de production pour les petites structures qui se lancent.

De notre correspondante à Dakar,

Donner l’amour de la lecture aux enfants, c’est l’un des objectifs du Salon du livre jeunesse. Les goûts des petits Dakarois ce jour-là sont variés. « J'aime les bandes dessinées, les histoires de Dakar ! »

Alpha Diallo, de la maison d’édition sénégalaise Les Classiques de la Teranga, observe le marché depuis plusieurs décennies. « On a beaucoup d'éditeurs, surtout des gens qui sont arrivés récemment dans le milieu de l’édition et qui éditent surtout dans le créneau jeunesse. Ce sont les contes où l’on parle des histoires africaines qui se vendent le mieux. »

Impression coûteuse en France

Arielle Antchandie et sa cousine Wilfrida l’ont bien compris. Tout sourire devant leur stand, ces deux étudiantes gabonaises passionnées auto-éditent de beaux albums jeunesse de légendes africaines depuis deux ans. Un projet familial. « Ma grand-mère écrit, ma tante illustre et moi, je fais le commercial », explique Arielle, qui fait imprimer ses livres en France, car elle n’a pas trouvé la qualité d’impression qu’elle recherchait à Libreville.

Le transport représente un coût très important : 150 000 francs CFA pour faire venir trente livres, et cela se répercute sur le prix des albums, qu’elle vend 15 000 francs CFA pièce. « Nos prix sont les plus chers parce que nous sommes auto-éditeur. On n'a pas cette opulence-là d'avoir les partenaires, d'avoir de l'impression directement dans l'édition, etc… ». Arielle et Wilfrida ont réussi à placer leurs quatre ouvrages dans les librairies de Libreville. Le salon leur permet de prendre des contacts avec de nouveaux partenaires sur le continent.

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La clientèle des écoles ne suffit pas

Pour d’autres maisons d’édition comme Les Classiques de la Teranga, le gros de la clientèle reste les écoles. « Beaucoup d'écoles ont des bibliothèques, souligne Alpha Diallo. Les écoles, où les enfants ont une heure ou deux de bibliothèque par semaine, achètent vraiment beaucoup. »

Le livre jeunesse a besoin d'un soutien plus large, estime l'organisateur du salon, dont c'est la deuxième édition, au cœur de la capitale sénégalaise. « Le marché doit être aussi alimenté, soutenu par l'État du Sénégal, par les États africains, par l'Union africaine, plaide Alassane Cissé, qui dirige aussi la maison Baobab éditions, pour qu'il y ait plus de livres de jeunesse et pour enfants. Pour que les enfants et les jeunes se cultivent et qu'ils voyagent à travers le livre. »

Un fonds d’aide au secteur de l’édition existe au Sénégal, ce qui permet à certaines grandes maisons d’édition de proposer des prix abordables, à partir de 1 500 francs CFA le livre.

Beacon Power services, une solution pour améliorer les systèmes électriques
27 November 2024
Beacon Power services, une solution pour améliorer les systèmes électriques

Huit cents millions de personnes dans le monde n’ont pas accès à l’électricité. La moitié se trouvent sur le continent africain. En cause : le besoin de solutions multiformes qui nécessitent de gros investissements. Cependant, sur le continent, des acteurs travaillent à trouver des solutions concrètes pour faire avancer les choses. C’est le cas par exemple du Nigeria Bimbola à la tête de la start-up Beacon power services qui vient de réussir une nouvelle levée de fonds.

« Tout le monde voit le problème, mais c’est difficile pour les gens d’imaginer qu’il y a une solution », a constaté Bimbola Adisa. Il a donc décidé de prendre le taureau par les cornes, il y a maintenant une quinzaine d’années. L’un des problèmes majeurs sur le continent : la déperdition des kilowattheures produits. « Nous savons qu’environ 35% de la production se perd. Nous avons donc créé un système qui permet de savoir où vont ces 35% », explique-t-il. Car sur le continent, la croissance démographique et le manque d’informations sur le terrain complique la tache. « On ne dispose pas d'une bonne carte du schéma urbain ou d'adresses. En cas de panne de courant, on ne sait même pas où chercher. Nous avons donc créé une carte très, très basique qui montre chaque bâtiment, chaque poteau, chaque transformateur. Ainsi, en cas de panne, vous savez exactement où vous devez vous rendre pour faire la réparation », détaille l’entrepreneur.

Sa solution a déjà été testée avec succès au Nigeria et au Ghana, met-il en avant, assurant que les pertes de courants sont passées de 35% à 20%. « En conséquence, les services électriques sont plus performants et donc ils peuvent recouvrer des revenus et réinvestir dans le réseau, a pu constater Bimbola Adisa. S’ils ne sont pas performants, ils ne peuvent pas remplacer leurs équipements, ils ne peuvent pas réinvestir et le service finit par se dégrader. Au Ghana, les revenus ont augmenté de près de 70%, les pertes sur le réseau ont été réduites et l'approvisionnement en électricité est tout simplement plus stable. »

Développer un écosystème rentable

Proparco, filiale de l’AFD, a pris des parts dans la dernière levée de fonds de la start-up nigériane, Beacon Power Services. L’électrification est l’une de ses priorités et les besoins sont énormes. Un secteur qui attire cependant peu, confirme Jean Benoît du Chalard, responsable de l’investissement de Proparco. « C'est difficile pour plein de raisons. La première, c'est que tout ce qui touche à l'énergie requiert généralement beaucoup de capitaux. Ce sont des sommes très importantes qui doivent être déployées, surtout pour combler un retard », met-il en avant. Il faut des investissements et sous diverses formes pour des capacités électriques additionnelles, pour un changement de génération des équipements, de solutions innovantes, pour l’amélioration des réseaux ou le développement de l’électrification dans les zones rurales.

« C'est tout un écosystème, si vous voulez, sur lequel il convient d'intervenir de façon cohérente, complémentaire, pour être le plus efficace possible », insiste Jean Benoît du Chalard. La crainte d’investir dans un secteur peu rentable, voire déficitaire, peut également effrayer les investisseurs. « Oui, bien évidemment, mais on a également des contre-exemples de projets qui génèrent une certaine profitabilité dans ce secteur-là, assure l’expert. La question est certainement celle de l’équilibre financier global des secteurs électriques. » Et avec le projet de Beacon Power Services, Proparco est convaincu de détenir l’une des clés de solution.

Beacon power services espère pouvoir étendre prochainement ses activités dans six nouveaux pays. Bimbola Adisa travaille à une nouvelle version de son logiciel grâce à l’usage notamment de drones et de l’intelligence artificielle, afin de passer d’un système de simple surveillance à un système de contrôle capable notamment de rediriger à distance les flux électriques.

Tunisie: la franchise, nouvelle opportunité de création d’entreprise pour les jeunes diplômés
26 November 2024
Tunisie: la franchise, nouvelle opportunité de création d’entreprise pour les jeunes diplômés

En Tunisie, la franchise est un moyen d’investir et de développer l’entrepreneuriat des jeunes qui ont fait des études supérieures et qui détiennent un capital. Des marques tunisiennes développent l’écosystème dans les secteurs de la restauration rapide, de l’esthétique, du commerce textile ou de la fintech. Dans un pays où le taux de chômage des jeunes entre 18 et 35 ans atteint 40%, la franchise représente une opportunité de création d’emploi et d’investissement.

De notre correspondante à Tunis,

Dans le lobby feutré d’un grand hôtel de Tunis, Rim Ayari enchaîne les rendez-vous. Après avoir œuvré pendant quinze ans à la venue de marques internationales en Tunisie, elle a créé en 2021 une plateforme Wefranchiz, dédiée à la mise en relation entre les franchiseurs et les franchisés. « Depuis la pandémie, les jeunes ont envie de changer leur mode de vie. Ils ne sont plus tentés par des emplois sédentaires dans des bureaux. Ils ont envie de se mettre à l’entrepreneuriat et la franchise les séduit dans le sens où c’est de l’entrepreneuriat encadré par une marque reconnue, avec une expérience sur le marché. »

Opportunité pour la diaspora

Rim cible des jeunes qui ont un capital entre 20 000 et 300 000 dinars ou éligibles à un prêt, ainsi que les Tunisiens de la diaspora : près de deux millions vivent à l’étranger. « Pour ces Tunisiens qui sont installés à l’étranger et qui veulent rapatrier de l’argent en Tunisie, mais qui ne savent pas comment le faire, la franchise est une très bonne opportunité », avance-t-elle.

Dans une agence de transfert d’argent, Wafacash, Ahmed Khalil Noomen discute de la meilleure orientation du panneau signalétique pour mettre en valeur son agence, ouverte en mai dernier.« Tous les mois, ça va de mieux en mieux, se félicite-t-il. Vu que l’on travaille à la commission, on observe une consolidation des revenus au fur et à mesure ».

Accompagnement

À 35 ans, cet ancien steward a voulu se reconvertir et investir dans le secteur financier. Grâce au soutien de l’épargne de ses parents, il s’est orienté vers les filiales du groupe marocain Attijariwafa Bank, implanté en Tunisie. Pour lui, l’accompagnement était le plus important. « Depuis la création, depuis le premier entretien avec l’équipe Wafacash, j’ai senti qu’il y avait une certaine confiance entre nous et qu’il y a une assistance durable, apprécie-t-il. Le projet a été expliqué par l’équipe, qui voit bien d'ici à cinq à dix ans les bienfaits et les avantages du projet ».

Si la franchise n’est pas la solution miracle au problème du chômage en Tunisie, elle pourrait permettre de créer entre 15 000 et 20 000 emplois indirects ou directs grâce aux nombreux points de vente locaux de marques tunisiennes et à l’ouverture de centres commerciaux dans plusieurs régions intérieures du pays.

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RDC: le Nord-Kivu perd le coltan des mines de Rubaya sous contrôle du M23
25 November 2024
RDC: le Nord-Kivu perd le coltan des mines de Rubaya sous contrôle du M23

Dans l'est de la RDC, depuis la prise du site minier de Rubaya en territoire de Masisi par les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, les autorités de la province du Nord-Kivu se plaignent du manque à gagner dans l’exploitation des minerais. Avant la guerre, le secteur minier contribuait à plus de 40 % au budget de la province. Aujourd'hui, le Nord-Kivu dit avoir eu sa production de coltan amputée de 100 tonnes par mois, pour une valeur d’environ 7 millions de dollars.

De notre correspondant à Goma,

Au siège de Kivu Mineral Resources SARL, une des entreprises de Goma qui achète des minerais, l'ambiance n'est pas au rendez-vous. Le chiffre d'affaires de l’entreprise est en baisse à cause des problèmes d’approvisionnement. « Nous avons perdu principalement dans le territoire de Masisi - Rubaya, Ngungu, explique Yvette Mwanza, la directrice générale de l’entreprise, également présidente de la Chambre des mines au sein du conseil provincial de la Fédération des entreprises du Congo (FEC), au Nord-Kivu. Toutes ces localités produisent énormément de coltan [colombite-tantalite, NDLR]. Mais pour le coltan, on ne reçoit presque plus rien. On peut faire facilement 30 tonnes du coltan par mois. Maintenant si vous prenez le coltan à partir du Maniema, sur tout un mois, vous pouvez recevoir seulement trois tonnes. »

Environ 15 % de la production mondiale de tantale

La prise de Rubaya par le M23 affecte plus de 6 000 creuseurs artisanaux qui se retrouvent sans emploi, selon la coopérative des creuseurs miniers artisanaux de Masisi. Beaucoup de creuseurs ont fui, ce qui inquiète également l’ONU. « Au Nord-Kivu, la consolidation du contrôle administratif du M23 sur les territoires de Masisi et Rutshuru au Nord-Kivu lui a permis d'établir un contrôle total sur la production de coltan, a souligné Bintou Keita, la cheffe de la Monusco, lors de son dernier passage au Conseil de sécurité à New York en septembre dernier. Le commerce en provenance de la région de Rubaya, qui selon les estimations fournit plus de 15 % de la production mondiale de tantale, génère environ 300 000 dollars par mois pour le groupe armé. Cette situation est profondément préoccupante et doit cesser. »

Devoir de vigilance des acheteurs

Dans ce contexte, les États et les entreprises doivent prendre leur responsabilité selon la société civile. « Toutes ces guerres que nous vivons sont alimentées par l'exploitation minière, souligne Alexis Muhima, leader du groupe thématique Mines et Hydrocarbures au sein de la société civile du Nord-Kivu. Et donc, pour nous, si tous ces États et entreprises qui s'approvisionnent en minerais dans cette zone respectent le devoir de diligence, cela va couper tout lien entre l'approvisionnement de ces groupes armés en minerai illicite. »

Le M23-AFC, en mai dernier, avait annoncé interdire à ses hommes d’accéder aux sites miniers. Cependant, plusieurs membres de la société civile dénoncent le trafic de minerais, qui seraient ensuite exportés illégalement vers le Rwanda et l'Ouganda.

Au Kenya, de la production à la vente, Keep IT Cool garde les marchandises au frais
24 November 2024
Au Kenya, de la production à la vente, Keep IT Cool garde les marchandises au frais

Permettre aux pêcheurs dans des régions reculées du Kenya de garder leurs poissons frais et les connecter aux acheteurs dans la capitale, c’est le pari de Keep IT Cool, une start-up kényane spécialisée dans la vente et la livraison de poissons et de poulets. Sa plateforme, Markiti – « marché » en swahili – connecte l’offre et la demande. Avec un objectif : limiter les pertes pour les pêcheurs et producteurs.

De notre correspondante à Nairobi,

Keep IT Cool a son entrepôt en bordure de Nairobi. Ce matin-là, des caisses de poissons sont en train d’être déchargées d’un camion. Ce sont des tilapias, en provenance de la rive ougandaise du lac Victoria. Une fois réceptionnés, les poissons suivent un parcours bien précis, sous la supervision de Brenda Abucheli, responsable du contrôle qualité. « Une fois que les poissons sont déchargés, on les pèse, puis on s’occupe de leur préparation, décrit-elle. On commence par l’écaillage, puis on les vide et enfin, on les lave. Une fois que tout ça a été fait, on les trie par taille puis ils sont empaquetés et partent dans notre entrepôt de stockage où ils sont gardés au frais avant la vente. »

En plus des tilapias, Keep IT Cool reçoit aussi des perches du Nil du lac Turkana, au nord-ouest du Kenya. La start-up réceptionne en moyenne entre 15 et 20 tonnes de poissons par semaine, et une à deux tonnes de poulets. Ils partent ensuite vers des hôtels, restaurants ou même chez des particuliers de Nairobi. À travers sa plateforme en ligne, Markiti, l’entreprise souhaite mieux connecter l’offre avec la demande. « On commence par analyser la demande, principalement dans les zones urbaines, puis on va voir les pêcheurs et on leur commande exactement ce dont nous avons besoin. Ça permet d’éviter la surpêche et les pertes », explique Francis Nderitu, son directeur. 

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Connecter les petits producteurs aux marchés

Une fois que c’est fait, des camions partent récupérer les commandes auprès des pêcheurs organisés en coopératives. « Nous les avons équipées de machines à fabriquer de la glace et de glacières, ce qui permet aux pêcheurs de respecter la chaîne du froid. Ensuite, nous récupérons le poisson et le vendons », poursuit-il.

Keep IT Cool est née en 2020. Cette année-là, la pandémie de Covid-19 a perturbé les chaînes logistiques. Venant d’une famille d’agriculteurs, Francis Nderitu dit en avoir vu les conséquences. Les producteurs peinaient à vendre leurs produits : « Dans les régions rurales du Kenya, c’est un véritable problème. Même les “bons jours” les producteurs peuvent perdre jusqu’à 40 % de leurs récoltes, ce qui engendre par conséquence une perte de 40 % de leurs revenus. C’est ce problème que nous tentons de résoudre. En introduisant non seulement un système de réfrigération abordable pour les producteurs, mais aussi en leur donnant accès à des marchés. »

La start-up vient de remporter un des prix Earthshot qui récompense chaque année des lauréats pour leurs initiatives dans le secteur de l’environnement. Keep IT Cool a été récompensée pour sa lutte contre le gaspillage et recevra un million de livres sterling. La start-up compte aujourd’hui une centaine d’employés. Elle ambitionne de voir l’offre s’agrandir à d’autres produits et de toucher d’autres marchés de la région.

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