Lesotho: inquiétude dans l'industrie textile face à la menace des droits de douane de Trump
25 May 2025

Lesotho: inquiétude dans l'industrie textile face à la menace des droits de douane de Trump

Afrique économie

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Le Lesotho, petit royaume de 2 millions d'habitants enclavé dans l'Afrique du Sud, est menacé de 50% de taxes par l'administration Trump. C'est le pays le plus touché dans le monde après la Chine. Or, il dépend de l’industrie textile. Reportage dans des usines où ces taxes américaines font craindre le pire.

De notre envoyé spécial de retour de Maseru,

Nous sommes au sud de Maseru, dans une petite usine de textile en brique rouge. Et ici, quand on évoque Donald Trump, les réactions ne se font pas attendre. « Je trouve qu'il est égoïste, juge une employée, il ne pense pas à l'impact négatif de ses décisions sur notre population. »

Malgré la suspension des taxes par le président américain, qui a décrété une pause pour trois mois début avril, l'avenir est particulièrement incertain, et la menace des 50% de droits de douane plane toujours sur le personnel de cette usine du Lesotho. « Ils sont stressés et inquiets, témoigne Malerai Mosotho, la manageuse. On fait de notre mieux pour les rassurer. On les réunit et on leur parle. Mais si, du jour au lendemain, on avait 50% de taxes, ce serait un vrai désastre ici. On devrait renvoyer des gens chez eux. »

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« Soyez clément avec notre pays, notre usine, nos familles »

Le stress est palpable et les visages sont fermés dans cette usine où résonne le bruit des machines à coudre et où la vapeur émane des stands de repassage. Car le marché américain représente 10% des exportations. « Le marché américain est un de nos principaux débouchés, en dollars, souligne Teboho Kobeli, le fondateur d'Afri-export-textile. On s'était particulièrement orienté vers les États-Unis depuis quelques années. Pour nous, c'est un marché d'un million de dollars par an ! »

Mamohapi travaille ici depuis huit ans. « Là, je contrôle un jean qui sort du lavage. Je vérifie tout avant d'emballer », dit-elle. Mère de trois enfants, elle est inquiète : « Si je ne peux plus ramener d'argent dans mon foyer, ma famille va mourir. Tout le pays est affecté. Alors, je demande à Donald Trump ​​​​​​​: soyez clément avec notre pays, avec notre usine. Soyez clément avec nos familles ! »

Un geste envers Musk pour apaiser la situation

Pas sûr que Donald Trump soit sensible à cette demande. Pour sauver les plus de 10 000 postes en danger, le gouvernement lésothien devra plutôt négocier. « Ces taxes, c'est une décision troublante de la part d'un grand pays que je considérais comme un symbole d'espoir, juge Mokethi Shelile, ministre du Commerce et de l'Industrie du royaume enclavé. Et ce n'est pas fondé sur la réciprocité. Nous exportons beaucoup par rapport à eux dans le cadre de l'Agoa (African Growth and Opportunity Act, le programme d’aide américain sur la croissance et les possibilités en Afrique, NDLR). Elles vendent peu chez nous. Mais nous ne sommes que deux millions d'habitants ​​​​​​​! Les entreprises américaines ne sont peut-être tout simplement pas intéressées par notre marché. »

Le Lesotho a récemment accordé une licence d'exploitation à Elon Musk pour son entreprise Starlink. En faisant un pas vers le milliardaire très proche du président Trump, le royaume enclavé espère éviter des taxes trop importantes.

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