Développer les infrastructures dans les corridors sud de la RDC, notamment celui de Lobito et de Banana, le sujet était au centre des discussions lors du salon du développement des villes et des corridors, Expo Béton, qui réunissait une centaine d’acteurs des secteurs public et privé à Lubumbashi. Parmi les leviers importants de ces projets figurent les infrastructures routières. Mais la RDC peine à mobiliser les ressources pour financer leur réhabilitation.
Sur le tracé du corridor de Lobito, se déplacer par la route de Kolwezi à la frontière avec l’Angola, est un parcours du combattant. « Pour parcourir les 440 km, ça peut prendre 15 à 20 jours, voire un mois !, témoigne Donat Tshimboj, transporteur des marchandises sur ce tronçon. Les camions se renversent avec leurs marchandises. La plupart des transporteurs ont décidé de retirer leurs camions de la circulation. »
Cette situation n’est pas unique. La RDC a un réseau routier de 156 000 km dont près de 4 000 km seulement sont asphaltés. Le salon du développement des villes et des corridors à Lubumbashi a recommandé l’investissement dans ce domaine. « Nous avons entendu des appels urgents sur des partenariats publics-privés pour accélérer les investissements dans les infrastructures stratégiques », rappelle Jean Bamanisa, directeur d'Expo Béton.
Déficit du Fonds national d'entretien routierMais du côté du secteur public, le Fonds national d'entretien routier (Foner), l’organisme chargé de la mobilisation des ressources financières, connaît un déficit criant. Ses recettes proviennent à 95% de la redevance sur la mise en consommation des produits pétroliers. Alors qu’il a besoin d’au moins 950 millions de dollars par an pour l’entretien des routes, le Foner ne mobilise que 156 millions de dollars à cause de la fraude. « Un premier niveau de fraude se manifeste lorsque certains produits n’arrivent dans les entrepôts, explique Pierre Bundoki, le directeur général du Foner. S’ils n’arrivent dans les entrepôts, on ne peut pas percevoir [la redevance]. Le deuxième niveau de la fraude, c’est au moment de la sortie des entrepôts, tout n’est pas renseigné. À titre illustratif, en 2024, le Foner devait percevoir 458 millions de dollars, il n’a encaissé que 164 millions de dollars. »
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Modèle tanzanien de financement ?Pour l’heure, la RDC reste le maillon faible de ces corridors faute de capitaux. Pour relever le défi, la Tanzanie a proposé à la RDC son modèle de mobilisation locale des ressources financières. « En Tanzanie, il y a eu les Samia Bonds, détaille Patient Mwenze, le directeur adjoint de la CRDB (Cooperative Rural Development Bank), une banque commerciale tanzanienne installée en RDC depuis 2023. C’est une levée des fonds qui a été faite, où la CRDB a permis à la population de souscrire à ses obligations. En l’espace de trois mois, ça a permis de lever 125 millions de dollars qui sont allés dans la construction des infrastructures. »
La RDC espère qu’avec les partenaires privés, elle pourra exploiter tous les corridors sud.
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