Quel avenir pour le karité africain ? Les acteurs publics et privés de la filière se sont réunis au Bénin, après une année difficile, marquée par des interdictions dans certains pays d’exporter les amandes brutes. L’ambition est de parvenir à un partenariat gagnant-gagnant sur les prix entre tous les opérateurs, de la collecte à la transformation du karité.
De notre correspondant à Cotonou,
Pour Antoinette Ouédraogo, secrétaire exécutif de l’ONG burkinabè BUA YA BA, un partenariat gagnant-gagnant va réparer une grosse injustice. « Comment comprendre qu’on nous achète le beurre de karité à moins de 500 francs CFA [soit 0,76 euro], et au mieux 1000 francs le kilo [soit 1,50 euro] pour se retrouver ailleurs à 10 ou 15 000 francs le kilo [environ 20 euros] ? Il y a une distribution qui n’est pas équitable. Comment comprendre que le cours mondial est fixé dans des pays qui n’ont même pas d’arbres de qualité chez eux ? Ce n’est pas facile, nous souhaitons qu’il y ait un changement par rapport à ça ».
Collecte des amandes pas assez rémunéréeMême combat pour Gilles Adamon, président de l’interprofession Karité Bénin. Il plaide surtout la cause des milliers de femmes sous-payées qui travaillent dans la filière. « Entre les acteurs, il faut qu’on puisse avoir des séances de concertation pour arrêter des prix, pour que nul ne soit perdant, c’est cela le partenariat gagnant-gagnant. Il ne faut pas qu’un groupe soit beaucoup plus gagnant que les autres, surtout les femmes qui collectent les amandes ».
Aurore Egounléty Biokou est experte en genre. Recrutée pour écouter et faire remonter les doléances de ces femmes, notamment au Togo et au Burkina Faso, elle déposera un rapport avec des solutions à court, moyen et long terme. « Ces femmes ne sont pas rémunérées à la hauteur de ce qu’elles font. Elles recherchent toujours des occasions pour se faire entendre pour qu’on arrive à les aider à trouver des solutions. »
Prioriser l’achat par les entreprises localesAutre sujet évoqué, la suspension de l’exportation des amandes dans certains pays de la sous-région africaine, Mali et Burkina Faso. Les transformateurs des pays où il n’existe pas ce genre de mesures d’interdiction ont été pénalisés lors de la dernière campagne, alors Cotonou fait une recommandation. « Ce qui a été retenu principalement, souligne Gilles Adamon, c’est que les associations locales de chaque pays discutent avec l’État pour que les entreprises locales soient priorisées dans l’achat des amandes. »
Les acteurs ont les yeux rivés sur la prochaine campagne, elle est imminente. Beaucoup prédisent qu’elle sera meilleure que la précédente.
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