Dans le nord du Cameroun, les cotonculteurs retournent sur les bancs de l'école
28 May 2025

Dans le nord du Cameroun, les cotonculteurs retournent sur les bancs de l'école

Afrique économie

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Le Cameroun parvient à produire le coton ayant les meilleurs rendements. Sa qualité est aussi saluée. Le bon suivi des itinéraires techniques (le respect des calendriers, le bon usage des produits phytosanitaires, etc.) explique en partie ces résultats. Cependant, le taux d’analphabétisme est encore important dans la région et contraint le développement des bonnes pratiques. Pour améliorer cela, l’Alliance française de Garoua dispense des cours pour aider les agriculteurs dans leurs pratiques quotidiennes.

Avec notre envoyée spéciale de retour de Garoua,

Dans ce cours de premier niveau, les cotonculteurs majoritairement des femmes, reprennent le B.A. BA de la lecture. Madeleine a 54 ans et ne manque pas d’humour : « Ça m’a beaucoup aidé. En mathématiques, rien ne peut me dépasser. Je peux peut-être être comptable de la Sodecoton. » Elle a suivi assidûment l’ensemble des cours proposés par l’Alliance française. « C’est utile, ça m’aide à compter l’argent pour le coton. Je peux peser le coton moi-même. Et je saurai comment calculer l’argent », explique-t-elle. Elle précise que jusqu’à présent, c'étaient les agents de la Sodecoton qui s’en chargeaient. « Je ne savais pas s’ils calculaient bien ou pas, mais maintenant, moi-même, je vais calculer. Je peux bien vérifier », assure-t-elle avec une once de fierté.

Félicitée a la vingtaine, elle trouve une réelle utilité à ces cours dans ses activités quotidiennes. « Je ne savais pas lire, mais maintenant, j'ai appris. [Je suis capable de lire] les notices sur les produits de la Sodecoton et d’autres produits. Je lis les notices, ça m’apprend beaucoup de choses. C’est pourquoi j’apprécie beaucoup cette école », souligne la jeune femme.

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Pallier un besoin des professionnels du secteur

En plus des apprentissages scolaires habituels et d’un niveau pour apprendre à gérer un projet économique, cette année, l’Alliance française a ouvert un quatrième niveau. Les apprenants sont formés à des activités génératrices de revenus telles que la fabrication de savon. « Nous avons constaté que par rapport aux activités agricoles, elles pouvaient faire autre chose. C’est pourquoi on a jugé bon que l’on pouvait leur apprendre une activité génératrice de revenus », explique Wadjiri Pahimi, le superviseur de l’Alliance française de la zone. « Les autres cours consistent à les amener à parler français, lire, écrire et calculer. Beaucoup n’ont pas été à l’école ou ont arrêté très tôt », poursuit-il.

Ces cours sont la traduction d’un besoin et d’une demande formulée par la société cotonnière, la Sodecoton et la confédération des cotonculteurs. Elle est mise en œuvre par l’Alliance française en partenariat avec le ministère de l’Éducation. L’année dernière, deux heures par jour, cinq jours par semaine, plus de 1 500 apprenants ont fréquenté les bancs de ces classes.