Côte d’Ivoire : quelles pistes pour sortir de la crise du coton ? [2/2]
17 June 2025

Côte d’Ivoire : quelles pistes pour sortir de la crise du coton ? [2/2]

Afrique économie

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Les producteurs ont dû mal à se remettre de la crise liée aux invasions des jassides. A cela s’ajoutent la hausse des prix des intrants et le changement climatique. Comment la filière s’adapte-t-elle à ces éléments ?

Avec notre envoyée spéciale à Korhogo,

Salia Coulibaly produit du coton, mais aussi du vivrier. Sa technique : la rotation des cultures, d’une année à l’autre. « Je cultive 12 ha de coton, 12 ha de maïs, 4 ha de riz, 2 ha d’arachides, détaille-t-il. Quand je fais du coton, l’autre côté, l’année prochaine, je fais du maïs là-bas… Il y a de l’azote qui reste dans la terre et cela nous aide aussi pour avoir du vivrier ».

Les paysans estiment que le retard des pluies perturbe tout de même le cycle de leurs productions. « Nous sommes début juin, les producteurs doivent semer le riz, le maïs et le coton, mais il ne pleut pas. Si le cotonnier n’est pas semé dans le mois de juin, qu’il est semé un peu plus tard, vers début juillet, au moment où il arrive à maturité, il n’y a plus de pluie, pour finir sa maturation. Cela a un impact sur la qualité de la fibre. Et la quantité du coton également », explique Yeo Nalourgo, responsable technique à la Fédération des producteurs de coton.

Dans la région du Tchologo, les scientifiques de l’ICRAF, le Centre international de recherche en agroforesterie, accompagnent certains producteurs pour améliorer leurs rendements. Ils les aident à mieux nourrir les sols et à suivre le cycle du cotonnier. « Il faut non seulement appliquer une matière organique, qui permet de favoriser une aération du sol et une rétention en eau, et même la rétention des éléments nutritifs que nous allons apporter à travers les fumures minérales », décrit Guillaume Kouassi, assistant chercheur à l’ICRAF. Et de poursuivre : « Donc il faut associer tout cela, et aussi, respecter toutes les pratiques agricoles : tous les traitements phytosanitaires à temps, respecter les périodes d’application des engrais, respecter les périodes de semis qui sont recommandées, désherber correctement les parcelles, et récolter au bon moment. Tous ces éléments concourent à l’obtention d’une très bonne productivité ».

Le Conseil du Coton et de l'Anacarde estime que la crise est « conjoncturelle ». Cette structure de régulation de la filière prépare un plan pour la restructurer. Son but, trouver une solution pour apurer les dettes des producteurs afin de les motiver. Revoir aussi, leur encadrement par les sociétés cotonnières. Et enfin, envisager l’utilisation d’autres types de semences.

Comme l’explique Mamadou Berthé, le directeur général du Conseil du Coton et de l'Anacarde : « Il faut s’adapter : il y a le changement climatique, c’est vrai, mais est-ce que les semences que nous donnons aujourd’hui ne peuvent pas répondre à cela ? Il s’agit donc de regarder avec le CNRA, pour voir si les semences de base qui sont mises à disposition sont de qualité. Est-ce que la multiplication, qui se fait par des sociétés cotonnières, se fait dans les normes ? Pour qu’à la fin, le producteur puisse avoir les outils de base pour avoir un bon rendement ». Près de 311 658 tonnes de coton graine ont été produites lors de la campagne 2024-2025.

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