Au Sahara occidental, le secteur de la pêche touché par la raréfaction des ressources
02 June 2025

Au Sahara occidental, le secteur de la pêche touché par la raréfaction des ressources

Afrique économie

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Le Maroc est le premier producteur mondial de sardines et le premier producteur africain de produits de la mer. Un secteur qui connaît toutefois une crise d’ordre structurelle : les stocks de poissons dans les ports marocains diminuent, entre 20% et 30% de baisse côté Méditerranée. La hausse conséquente du prix des sardines a agité le débat public avant le Ramadan, tant le petit poisson argenté est un élément essentiel de la gastronomie marocaine. Près de 80% des captures de poissons sont effectuées dans les eaux du Sahara Occidental, où la raréfaction des ressources se fait ressentir également.

De notre envoyé spécial à Boujdour et Laâyoune,

Dans le port de Boujdour, au Sahara occidental, les pirogues colorées des pêcheurs artisanaux côtoient les chalutiers spécialisés dans la capture de la sardine et du maquereau. Tous les pêcheurs font le même constat : malgré l’augmentation du nombre d’unités de pêche, le poisson se fait rare.

« Ce changement climatique a impacté le stock ou plutôt les conditions de pêcherie de ce type de poisson qui est le pélagique, explique Ismaïl Benazouz, chef division de développement à l’Agence nationale des ports. Le plan d’aménagement initié par le département de pêche, et l’institut de recherche halieutique, à travers les campagnes de repos, est destiné à préserver la ressource halieutique et de gérer cette rareté en espérant qu’elle soit temporaire. »

Des stocks en diminution, et des facteurs de raréfaction multiples

Pour Badr El Moussaoui, président de la commune d’el-Marsa Laâyoune et patron de l’une des 45 conserveries de poisson de la région, la question de la raréfaction des ressources se pose. Le volume du poisson pêché a diminué d’un tiers entre 2023 et 2024. « Cela fait deux ans maintenant que les chiffres sont en baisse, surtout dans le débarquement de la pêche, surtout dans le poisson pélagique, mais on trouve que c’est tout à fait normal, c’est à cause du changement climatique », constate-t-il.

Selon les experts, le changement climatique n’est pas le seul facteur pour expliquer la raréfaction des ressources : la surpêche ou encore les effets des usines de dessalement pourraient participer à la diminution des stocks. Conserves, huile ou farine de poisson : au Maroc, 500 000 emplois directs ou indirects sont liés au secteur. Le maire de Dakhla, Erragheb Hormatollah, se veut toutefois rassurant : « Avec l'évolution de la population, avec l'évolution de la demande, c'est une question cruciale pour la pêche. Mais il y a tout un programme lancé par le ministère de l'Agriculture et de la Pêche concernant la préservation de cette ressource-là. »

Dans un autre registre, la situation politique du territoire, considéré comme non-autonome par l'ONU, pèse aussi sur le secteur. La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a confirmé l’année dernière l’annulation des accords de pêche entre le Maroc et l’Union européenne, estimant qu’ils avaient été établis « sans le consentement du peuple du Sahara occidental ».

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