À Lubumbashi, le prix de la tomate flambe sur le marché
27 July 2025

À Lubumbashi, le prix de la tomate flambe sur le marché

Afrique économie

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La tomate devient un luxe sur les marchés de Lubumbashi et dans les autres grandes villes du sud de la RDC. Son prix a presque doublé en quelques semaines. Il est passé de 45 000 francs congolais, soit 15 dollars pour une caisse de 30 kg à 90 000 francs congolais, équivalant à 30 dollars. Principalement importées de Zambie, en moyenne, 750 camions de tomate en provenance de ce pays frontalier ravitaillent la ville de Lubumbashi chaque mois. 

Avec notre correspondante à Lubumbashi, 

Madame Lydie vend des tomates depuis 10 ans au marché de la commune de Kenya, en RDC. Elle, comme des centaines d’autres commerçantes, dépend des cargaisons venues chaque semaine de la Zambie. Mais ces derniers mois, tout a changé. « Avant, j’achetais une caisse de tomates à 25 000 francs congolais. Aujourd’hui, le prix a augmenté, c’est 90 000 ! C’est devenu très compliqué. Si je ne fais pas attention en vendant, je risque de perdre même du capital », témoigne-t-elle.

À côté d’elle, Christine pose les tomates sur son étalage, mais les clients se font rares à cause de la flambée des prix : « Le prix varie chaque jour et les clients se plaignent. Ils n’achètent pas. Or la tomate est périssable. Si je n’arrive pas à l’écouler dans le courant de la journée, c’est perdu. »

La commune de Kenya est le principal lieu de négoce de la tomate à Lubumbashi. Selon le service de l’agriculture, la région du Sud-Katanga importe de la Zambie environ 22 500 tonnes de tomate par mois. Mais depuis le mois de juin, ce fruit se fait rare pour des raisons climatiques, déclare Jean-Marie Mwamb, l’inspecteur de l’agriculture à la commune de Kenya : « C’est juste la saison qui n’est pas favorable à la culture de la tomate puisqu’elle ne supporte pas le froid. Au cours des années précédentes, il y avait aussi la rareté de la tomate et les causes étaient notamment des tracasseries à la frontière. »

Dépréciation du kwacha et tracasseries

En plus de ce problème saisonnier, la dépréciation de la monnaie zambienne, le kwacha, les frais douaniers et les tracasseries à la frontière aggravent la situation. David Mpolo est un importateur rencontré devant son camion de tomates : « Aujourd’hui, 100 dollars valent 2,3 millions de kwacha. Au mois d’avril, on changeait 100 dollars à 1,5 million de kwacha. Cela a un impact sur le prix. Avant, le prix d’une caisse de tomates variait entre 35 000 et 45 000 francs congolais. Aujourd’hui, nous vendons à 90 000, voire 100 000 francs congolais. »

Pour faire face à cette crise, la solution est dans la production locale, assure de son côté l’Association des agriculteurs sans frontières. « Il faut doter les agriculteurs de serres, car elles coûtent cher. Une serre se vend à 5 000 dollars. Donc, il faut un appui financier et une formation accélérée aux agriculteurs », réclame Alexis Mbumb, son président. La flambée du prix de la tomate remet sur la table la question de la politique agricole de la RDC afin de réduire sa dépendance vis-à-vis des pays voisins.

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