
Ce lundi 21 juillet aurait pourtant dû être un jour de fête, ou au moins à marquer d’une pierre blanche, pour le Parti démocratique gabonais de l’ancien président Ali Bongo : une véritable « réunion stratégique » était prévue, rappelle Gabon Media Time, « visant à relancer la dynamique interne » de la formation, « en prélude aux échéances électorales à venir ». Dit plus clairement, abonde Le Pays, l’ex-parti au pouvoir « tente de se réorganiser pour son grand retour dans une arène politique en pleine recomposition ».
Affaibli par le coup d’État à l’encontre d’Ali Bongo en 2023, la formation ambitionne de revenir sur la scène politique, bon an mal an. Mais elle n’est pas la seule, note Gabon Review : « l’homme que l’on croyait politiquement défait, effacé, exilé à jamais dans les marges de l’histoire nationale, revient. » Car Ali Bongo a annoncé, en fin de semaine dernière, reprendre la présidence du parti, de Londres, où il vit désormais.
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Les crispations éclatent au grand jourLes crispations se sont alors éclatées au grand jour et cela s'est particulièrement vu ce lundi, lorsque les fidèles d’Ali Bongo, dirigés par son dauphin désigné Ali Akbar Onanga, ont été empêchés de se réunir au siège du parti par la nouvelle direction du PDG, élue lors d’un congrès en janvier dernier et emmenée par Blaise Louembé. L’Union a beau minimiser en parlant d’une « situation (…) incertaine », pour Le Pays, c’est justement certain : la formation est « miné[e] par des luttes intestines qui amènent » même le journal à « s’interroger sur son avenir. » Et Gabon Actu va dans le même sens : le parti « apparaît plus que jamais divisé. »
Or, le PDG ne peut pas vraiment se permettre de telles querelles internes : à ce stade, il « joue sa survie », martèle Gabon Media Time. Il faut dire, rappelle Le Pays, que la formation a déjà été « beaucoup fragilisé[e] » par l’après coup d’État, lorsqu’elle a subi « une véritable saignée avec des démissions en cascades. » Plusieurs cadres, « et pas des moindres », insiste encore le titre burkinabè, « n’ont pas hésité à quitter le navire, en le laissant dans le creux de la vague. » En plus de ces défections, « les positions divergentes », les « exclusions réciproques, les réunions concurrentes, les déclarations antagonistes » continuent « d’affaiblir » ce parti historique, opine Gabon Review.
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Jusqu'où l'escalade peut-elle aller ?Du Pays à Gabon Review, on emploie le même terme : celui d’une possible « implosion » dont les actuelles tensions ne seraient que les premiers symptômes. Même analyse pour Gabon Actu pour qui « la bataille du siège » lundi « semble à s’y méprendre n’être que la face visible de l’iceberg », qui pourrait bien « préfigure[r] une autre bataille, sur le terrain judiciaire cette fois-ci, au bout de laquelle l’ancien parti au pouvoir pourrait sortir complètement exsangue et groggy ». Pour le journal, ce contexte « hypothèque toutes chances de participation du PDG aux prochaines échéances électorales », prévues cette année.
Mais en réalité, analyse Gabon Review, l’enjeu est ailleurs : « il se situe dans le temps long ». Et c’est peut-être le fruit d’une tactique mûrement réfléchie par Ali Bongo : s’agirait-il, s’interroge le journal, d’une « stratégie pour peser à nouveau sur le destin national ? »
Pour Le Pays, il y a lieu de le penser : « la volonté de Bongo-fils de garder la haute main sur son parti dans l’espoir de maintenir son influence sur la scène politique gabonaise » est « la preuve (…) qu’il est loin d’avoir digéré sa perte de pouvoir, encore moins d’en avoir fait le deuil », diagnostique le titre. Car parmi les multiples scénarios possibles, il y en a un, imagine Gabon Review, dans lequel, « à la faveur d’un affaiblissement du pouvoir central, d’une faille institutionnelle, ou d’un retournement d’alliances, l’ancien président pourra redevenir acteur, sinon roi ».
Faute d’avoir conservé le pouvoir, Ali Bongo tente au moins « d’en garder la matrice », croit savoir le journal, qui conclut : « Ali Bongo n’a peut-être pas dit son dernier mot ».