À la Une: le Mali reprend la main sur son or
17 June 2025

À la Une: le Mali reprend la main sur son or

Revue de presse Afrique

About

La presse malienne est dithyrambique après la pose de la première pierre d’un complexe de transformation aurifère situé à Sénou, commune VI du district de Bamako. « Ce 16 juin 2025 restera gravé dans l’histoire du Mali, s’exclame L’Aube, comme un retour au passé glorieux de Kankou Moussa, demeuré jusqu’à aujourd’hui l’homme le plus riche du monde. Un record jamais égalé et toujours détenu par celui qui était jadis à la tête de l’Empire du Mali. »

L’Aube fait donc allusion à Kankou Moussa, roi des rois de l’empire malien au XIVe siècle, considéré par certains comme l’homme le plus riche de tous les temps, avec une fortune évaluée à 400 milliards de dollars. Une fortune principalement constituée d’or.

Retour au présent : désormais, poursuit L’Aube, « Bamako ne se contentera plus d’être un simple exportateur de matières premières. Dans un geste empreint de détermination et de conviction, le Général d’Armée Assimi Goïta a officiellement lancé les travaux de construction de la première raffinerie d’or de l’industrie minéralogique malienne. Cette raffinerie, conçue pour être la plus grande d’Afrique de l’Ouest avec une capacité de traitement de 200 tonnes d’or par an, est le fruit d’une stratégie nationale bien pensée, poursuit le quotidien malien, qui repose sur un partenariat stratégique avec la Fédération de Russie, à travers le groupe industriel Yadran. Le Mali détiendra une participation majoritaire de 62% du capital. Dans un contexte mondial où les ressources naturelles sont souvent synonymes de prédation, cette collaboration représente un acte d’indépendance économique significatif pour Bamako. »

Offensive économique

La symbolique est forte, renchérit Sahel Tribune. Pour un pays classé 3e producteur d’or en Afrique, mais longtemps confiné à l’exportation de minerai brut, cette raffinerie incarne un saut qualitatif vers la souveraineté économique. (…) Cette raffinerie s’inscrit dans la continuité des réformes initiées par le gouvernement de transition, pointe encore le quotidien malien. Depuis 2022, Bamako multiplie les initiatives : audit des contrats miniers, relèvement des parts de l’État, obligation pour les exploitants d’affiner l’or localement… une ligne claire s’impose, insiste Sahel Tribune : faire de l’or un levier de développement maîtrisé et redistributif. »

Exit les compagnies occidentales !

Et pour ce faire, la junte malienne a opéré un grand coup de balai. « Progressivement, Bamako avance ses pions, relève L’Infodrome à Abidjan, pour reprendre le contrôle de ses ressources naturelles. » Avant-hier, « dans le bras de fer entre l’État malien et le groupe canadien Barrick, le tribunal de commerce de Bamako a ordonné la mise sous administration provisoire de la mine de Loulo-Gounkoto pour une durée de six mois. Cette décision, sollicitée par les autorités maliennes, vise à relancer les activités d’extraction sur ce site stratégique situé à l’ouest du pays, à l’arrêt depuis janvier. »

« Les juges ont ainsi nommé Zoumana Makadji administrateur provisoire de la mine d’or, précise Jeune Afrique. Ancien ministre malien de la Santé et de l’Hygiène publique au Mali, Zoumana Makadji est un expert-comptable jouissant d'une bonne réputation à Bamako, présenté comme "intègre et doté d’une moralité". Avec cette décision, Barrick, jusque-là opérateur de Loulo-Gounkoto, n’a plus la main sur la gestion du site, d’un point de vue opérationnel comme financier. »

Pression maximale

C’est le dernier épisode en date d’un long bras-de-fer. Depuis son arrivée au pouvoir, la junte exerce une pression maximale pour tirer un meilleur profit des revenus de l’industrie minière. « Il y a deux ans, rappelait récemment Le Monde Afrique, le président Assimi Goïta avait introduit une réforme du code minier permettant à l’État de prendre jusqu’à 30 % des parts dans les nouveaux projets et réduisant les avantages fiscaux des entreprises étrangères. Le gouvernement malien exige que les contrats existants soient renégociés, quelles que soient les conventions passées avec les administrations précédentes. Une revendication exprimée sur fond de hausse continue des cours de l’or, dont le Mali est le troisième producteur africain et qui constitue 75 % de ses recettes d’exportation. »