À la Une: l’Afrique frappée de plein fouet par le gel des aides américaines
12 February 2025

À la Une: l’Afrique frappée de plein fouet par le gel des aides américaines

Revue de presse Afrique
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« “Maintenant on fait quoi ?“ : c’est la grande question, pointe WakatSéra au Burkina Faso, que se posent les ONG, touchées directement ou par ricochet, par les décisions de Donald Trump de suspendre l’aide américaine (avec le démantèlement de l’USAID). Les acteurs qui œuvrent au quotidien dans l’humanitaire, notamment ceux qui viennent au secours des populations des régions frappées par la famine, ou encore ceux qui essaient d’accompagner les malades du Sida, sont totalement désarmés et restent sans voix. (…) Car, il n’existe pratiquement pas d’alternative à l’engagement financier des Etats-Unis dans le domaine humanitaire ».

En effet, s’inquiète Jeune Afrique, « les conséquences pourraient être lourdes. En 2023, un quart de l’enveloppe de l’aide américaine était destiné aux pays africains, pour un montant total de 17,4 milliards de dollars, soit 300 millions de dollars en moyenne par pays. Avec quelque 5000 projets lancés en Afrique chaque année, tous n’atteignent évidemment pas leurs objectifs. Mais à l’inverse, nombre d’entre eux ont prouvé leur utilité. Et s’ils venaient à être évincés du budget que prépare l’administration Trump, les conséquences pourraient être catastrophiques pour les populations du continent qui en bénéficient. Pour les plus fragiles, ce serait littéralement une question de vie ou de mort ».

Les aides locales au régime sec…

Le site Yop, spécialisé dans l’humanitaire, a fait les comptes : « Le Nigeria, la Tanzanie et l’Ouganda seront les pays plus touchés par le retrait de l’aide américaine » : ces trois pays avaient reçu en 2023 plus de 300 millions de dollars d’aides. Les pays sahéliens sont impactés également : « le Niger, le Mali et le Burkina Faso figuraient parmi les plus grands bénéficiaires des financements de l’USAID. En 2024, ces trois pays avaient reçu à eux seuls plus de 827 millions de dollars. De quoi financer des programmes essentiels : distribution de vivres, soins de santé, développement agricole et soutien aux populations déplacées. Avec ce gel, relève encore Yop, c’est tout un réseau d’aides locales qui risque de se retrouver à sec, ce qui sans doute viendra affecter un peu plus les États sahéliens dans leur lutte contre la pauvreté et l’insécurité ».

Des centaines de milliers de personnes sans assistance

Autre exemple : la Côte d’Ivoire. La Côte d’Ivoire, où « Indigo, une ONG engagée dans la promotion du dialogue inclusif et participatif, a été contrainte de suspendre ses activités, pointe le site Afrik.com. Son personnel se retrouve en situation de chômage technique. En 2024, l’USAID avait engagé 115 millions de dollars d’aide en Côte d’Ivoire. 20 millions étaient consacrés au projet “Résilience pour la paix“. Le gel de ces fonds entraîne non seulement la cessation de projets vitaux mais aussi un affaiblissement de la cohésion sociale dans les régions les plus vulnérables ».

Et la crise s’étend bien au-delà de la Côte d’Ivoire, poursuit Afrik.com, qui cite un autre exemple : « le Conseil norvégien pour les réfugiés a fait savoir que, faute de dégel des aides américaines, il devra suspendre ses activités dans près de 20 pays du continent. Des centaines de milliers de personnes, dépendantes de l’aide humanitaire pour leur survie, risquent de se retrouver sans assistance. Des initiatives essentielles sont menacées, comme l’approvisionnement en eau potable au Burkina Faso ou encore le soutien à des boulangeries au Darfour ».

Une menace pour la démocratie et les droits de l’Homme

En Gambie, le quotidien The Point lance un véritable cri d’alarme : « avec la fermeture de l’USAID, la démocratie et le progrès social en danger ». En effet, précise le journal, « la suspension soudaine du financement de l’USAID est plus qu’un revers financier. Elle constitue une menace directe pour les droits de l’Homme. Qu’il s'agisse de fournir une identité légale aux communautés exilées ou de renforcer la gouvernance et l’engagement civique, l’USAID a été au cœur d’efforts de développement cruciaux en Gambie et au-delà ».

Pour Ansumana Camara, coordinateur national de l’ONG Activista Gambie, interrogé par The Point, « la fermeture de l’USAID ne pouvait pas arriver à un pire moment. La Gambie se trouve à une étape cruciale où les questions relatives à l’espace civique sont plus importantes que jamais. (…) Cette situation est d’autant plus alarmante que la Gambie est dans une phase de transition, avec un projet de constitution en attente d’approbation. Sans le soutien de l’USAID, prévient encore Ansumana Camara, les efforts de la société civile pour engager les citoyens dans le processus démocratique en pâtiront ».