À la Une: Kabila contre-attaque
26 May 2025

À la Une: Kabila contre-attaque

Revue de presse Afrique

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C’était vendredi soir, au lendemain de la levée de son immunité parlementaire, Joseph Kabila, ex-président de la RDC et sénateur à vie, rompt le silence. « Presque six ans après son départ du pouvoir, relate Le Point Afrique, il prend la parole dans une allocution télévisée de quarante-cinq minutes diffusée sur Internet. (…) Le ton est grave, le message frontal. L’ancien président accuse ouvertement le régime de Félix Tshisekedi d’avoir transformé le Parlement, "temple de la démocratie", en simple "chambre d’enregistrement de la volonté d’un seul homme". Le visage figé, mais le verbe acéré, Kabila, désormais âgé de 53 ans, se pose en victime d’un pouvoir qu’il estime autoritaire et revanchard ».

« "Ivresse du pouvoir", "cynisme" et "tyrannie" : Joseph Kabila charge Félix Tshisekedi, pointe Jeune Afrique. (…) En filigrane, le raïs, qui n’est plus rentré en RDC depuis janvier 2024, tente de se poser en homme providentiel, sans pour autant expliciter le rôle qu’il pourrait jouer dans le cadre d’une sortie de crise ».

Qui est de retour ?

En effet que veut vraiment Kabila ? Pour Afrikarabia, site spécialisé sur la RDC, « l’ancien président laisse peu de doutes sur sa volonté de revenir jouer un rôle de premier plan dans la crise congolaise. Mais lequel ? (…) Dans sa conclusion, Joseph Kabila affirme que dans la crise congolaise, "chacun doit jouer sa partition", et s’engage à jouer la sienne ».

Mais quelle partition ?, s’interroge encore Afrikarabia. « Est-ce celle de l’ancien militaire qui "a juré de défendre la patrie jusqu’au sacrifice suprême", ou celle de l’ancien chef de l’État qui veut "restaurer la démocratie en revenant aux fondamentaux d’un véritable État de droit". Qui est de retour ? L’ancien chef de guerre ou bien le démocrate qu’il se revendique ? Seul l’avenir nous dira quel costume Joseph Kabila aura finalement choisi de revêtir ».

Difficile de sonder les intentions de l’ex-président congolais, relève également Afrik.com : « en appelant à un "pacte citoyen" pour "tirer le pays du gouffre", Joseph Kabila tente de se repositionner en homme d’État soucieux de l’intérêt général. Mais cette main tendue apparaît aussi comme un défi au pouvoir en place, une manière de contourner les institutions qu’il juge "illégitimes" et de s’adresser directement au peuple. La RDC entre ainsi dans une situation extrêmement délicate, soupire Afrik.com : un ancien président mis en accusation, un climat sécuritaire délétère, une opposition fragmentée mais en éveil, et une population de plus en plus méfiante face à ses élites. L’avenir politique de Joseph Kabila, comme celui de la RDC, est suspendu aux décisions des prochains jours. Mais une chose est sûre, conclut le site panafricain : en brisant le silence, l’ancien président a rouvert une page que le pouvoir espérait avoir définitivement tournée ».

« Quel culot ! »

La presse ouest-africaine ne ménage pas ses critiques à l’endroit de l’ancien président…

« C’est l’hôpital qui se fout de la charité », s’exclame Le Pays au Burkina Faso. « S’il y a un dirigeant dont le nom reste associé aux pratiques autoritaires, à la répression, à la personnalisation du pouvoir et qui a incarné les verrouillages institutionnels et les violences étatiques qui ont marqué deux décennies de règne sans partage, c’est bien Joseph Kabila lui-même ».

Et Le Pays de s’interroger : « par quelle étrange alchimie ou amnésie politique ose-t-il donc aujourd’hui s’ériger en chantre des libertés individuelles et collectives, alors qu’il avait réduit tous les espaces démocratiques et laissé s’enkyster les conflits dans le Nord et le Sud Kivu ? ».

« Non à l’imposture de Joseph Kabila », renchérit Ledjely en Guinée. « Quel culot ! (…) Joseph Kabila ne peut en aucun cas faire partie de la solution. Il incarne, à bien des égards, le cœur même du problème de la RDC ». Et« il revient désormais au peuple congolais de barrer la route à cette imposture, estime le site d’information guinéen. De dire non à cette tentative cynique de manipulation. Car Joseph Kabila incarne l’un des visages du mal qui ronge le pays depuis l’indépendance. Le Congo souffre de l’irresponsabilité chronique de ses élites, qui n’ont jamais considéré le pays et ses habitants autrement que comme des variables d’échange au service de leurs intérêts ».