À la Une: dans Bukavu occupée
19 February 2025

À la Une: dans Bukavu occupée

Revue de presse Afrique
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Depuis dimanche, les rebelles du M23 occupent la capitale du Sud-Kivu dans l’est de la RDC. « La ville est tombée sans résistance, relate Jeune Afrique. Les soldats de l’armée congolaise et leurs alliés Wazalendo se sont repliés vendredi dernier, commettant parfois vols et pillages en quittant les lieux. Le lendemain, des éléments du M23, soutenus par l’armée rwandaise, pénétraient dans Bukavu, qui est donc officiellement tombée dimanche quand les colonnes rebelles sont entrées dans la ville de façon cérémonieuse. “Le M23 a soigné son entrée, observe Thierry, un membre de la société civile, interrogé par Jeune Afrique. Ils ont compris que les dégâts à Goma étaient très lourds et qu’ils étaient tenus pour responsables. Ils ont voulu s’assurer que tous les militaires congolais étaient partis, que la ville était réellement prise, sans plus personne pour réagir, avant de faire une entrée officielle“ ».

Pour ce qui est du nombre de victimes, pointe Jeune Afrique : « les combats ont fait au moins 26 morts et 176 blessés, selon le Comité international de la Croix Rouge. Un bilan qui contraste avec celui de la bataille de Goma qui a duré plusieurs jours avec des combats en ville et qui ont fait près de 3000 morts. Les rues de la capitale provinciale du Nord-Kivu étaient jonchées de cadavres pendant plusieurs jours après les affrontements ».

Désormais, relève encore Jeune Afrique, « les habitants de Bukavu se demandent quelles seront les conditions imposées par les nouveaux occupants. Quel type d’impôt sera prélevé ? Les ONG auront-elles un accès humanitaire ? Les occupants auront-ils les capacités d’administrer une ville de plus d’un million d’habitants tout en continuant à étendre leur emprise ? ».

Exécutions sommaires…

Sur le plan sécuritaire, le M23 est pointé du doigt par l’ONU… C’est ce que rapportent notamment le site MediaCongo ou encore le site de Radio Okapi : « le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, à travers sa porte-parole Ravina Shamdasani, dénonce les exécutions sommaires d’enfants à Bukavu par les rebelles du M23. Elle mentionne trois enfants tués dimanche dernier alors qu’ils collectaient des armes dans des sites abandonnés par l’armée congolaise. “Ils ont reçu l’ordre de déposer leurs armes. Ils ont refusé et ils ont été tués“, a-t-elle révélé. (…) Des exécutions sommaires sont par ailleurs signalées dans les provinces occupées du Kivu, le cas le plus récent étant celui d’un chanteur engagé Delkat Idengo, assassiné jeudi dernier à Goma. (…) Il venait tout juste de sortir un nouveau single, précise le site de Radio Okapi, intitulé “Bunduki za Kwetu“ (“Les armes de chez nous“), dans lequel il dénonçait la guerre et s’attaquait directement au groupe rebelle M23. (…) Pour sa part, le parti congolais au pouvoir à Kinshasa, l’UDPS, dénonce aussi la traque, le harcèlement et l’enlèvement de ses militants par l’armée rwandaise ».

Plus d’un million et demi d’enfants privés d’école…

Commentaire de L’Observateur Paalga au Burkina Faso : « en attendant un improbable cessez-le-feu, à chaque étape son lot de drames humanitaires, voire d’exactions. (…) Le glaive de la CPI, la Cour pénale internationale plane sur le M23 ».

« Les cris des enfants noyés dans le vacarme des armes ! », dénonce de son côté WakatSéra. « Trois enfants tués par le M23 et des centaines de milliers brutalement sevrés d’éducation. Leurs écoles n’existant plus ou transformées en abris pour réfugiés, essayant d’échapper aux balles meurtrières d’une guerre à la fin encore incertaine. Ainsi livrés à la rue et devenus des proies faciles pour tous les vices, mais surtout des candidats prêts à grossir les rangs de l’un ou l’autre camp en conflit ».

En effet, là c’est l’Unicef qui lance un cri d’alarme, rapporte le site congolais Actualité CD : « depuis le début de l’année, les violents affrontements ont entraîné la fermeture de plus de 2500 écoles et espaces d’apprentissage dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, y compris ceux dans les camps de personnes déplacées. Entre les écoles fermées, endommagées, détruites ou transformées en abris, 795 000 enfants sont désormais privés d’éducation – c’est 300 000 de plus qu’en décembre. En incluant la province de l’Ituri, plus de 1 million 600 000 enfants dans l’est de la RDC sont actuellement déscolarisés ».