Revue de presse Afrique
Revue de presse Afrique

Revue de presse Afrique

Les commentaires des quotidiens et hebdomadaires africains sur l'actualité du continent. Présentée du lundi au jeudi par Frédéric Couteau, le vendredi et le samedi par Catherine Potet. Un regard original, souvent ironique et parfois sans complaisance sur les événements petits et grands qui font l'actualité de l’Afrique.

À la Une: la guerre dans l’est de la RDC, sur le terrain et dans les médias
22 January 2025
À la Une: la guerre dans l’est de la RDC, sur le terrain et dans les médias

Les combats continuent de faire rage dans les régions du sud et du nord Kivu. « Les FARDC, les Forces armées de la République démocratique du Congo, affirment contenir "l’ennemi", précise Actualité CD, dans les zones de Lubero, Sake et Nyiragongo, tout en reconnaissant des "percées" à Bweremana (Nord-Kivu) et Minova (Sud-Kivu) ».

En effet, poursuit le site congolais, « l’armée congolaise reconnaît que les rebelles du M23, appuyés par l’armée rwandaise, ont réussi à s’infiltrer dans Bweremana et à prendre le contrôle de la cité de Minova, une entité stratégique. (…) L’occupation de cette ville a provoqué une hausse des prix des produits de première nécessité et amplifié une crise humanitaire déjà critique, relève encore Actualité CD. Des milliers de déplacés, originaires de Masisi et de Rutshuru, ont fui à nouveau, s’ajoutant aux 700 000 personnes déjà enregistrées dans le groupement de Buzi ».

D’après une source humanitaire citée par le site congolais, « la famine risque de toucher un grand nombre de personnes. Les familles de déplacés et celles d’accueil se dirigent désormais vers Goma dans des conditions précaires ».

Statu quo…

C’est désormais la guerre à outrance dans l’est de la RDC, pointe le site Afrikarabia. « En l’absence de toute perspective diplomatique et d’accord entre la RDC et le Rwanda après l’échec des pourparlers de Luanda, le M23 et les autorités congolaises ont décidé (en effet) de privilégier la solution militaire. Kinshasa refusant toute négociation directe avec le M23, et Kigali conditionnant désormais son retrait à un dialogue entre le gouvernement congolais et la rébellion, faisant par la même occasion voler en éclats un cessez-le-feu qui n’a jamais vraiment été respecté. Malgré les récents succès militaires des FARDC, le rapport de force ne s’est pas vraiment inversé sur le terrain, relève encore Afrikarabia. Sans un retrait des forces rwandaises qui, selon le dernier rapport de l’ONU, apportent un soutien militaire décisif en hommes et en armes sophistiquées, on ne voit pas comment l’armée congolaise peut venir à bout de la rébellion. Du côté du M23, on a également l’impression que les rebelles ne sont plus vraiment en mesure de conquérir de nouveaux territoires sans fragiliser les zones déjà sous son contrôle ».

La bataille des communiqués

Et cette guerre à outrance sur le terrain se double désormais d’une guerre des mots… C’est ce que relève Jeune Afrique. « Les gouvernements de Kinshasa et de Kigali s’affrontent aussi par médias interposés à mesure que le conflit s’intensifie. Les insultes fusent, de chaque côté de la frontière. Le langage a abandonné la diplomatie ».

D’un côté, le président rwandais Paul Kagamé qui traite d’idiots les chefs militaires congolais. De l’autre, les autorités de Kinshasa qui qualifient le président rwandais d’élu de la terreur et qui le comparent à Joseph Goebbels, le ministre de la Propagande sous Hitler…

De plus, souligne Jeune Afrique, « la guerre de communication complique le travail des journalistes. « Il faut éviter de se fier uniquement aux deux camps, met en garde Claude Sengenya, vice-président de l’Union nationale de la presse congolaise à Butembo (dans l’Est). Quand les combattants du M23 prennent une localité par exemple, ils se précipitent sur une pancarte qui mentionne son nom pour tourner une vidéo et la diffuser. Mais quand on passe un coup de téléphone, on se rend compte qu’ils ont juste occupé un petit bout du village », relève-t-il. Et « l’armée congolaise n’est pas en reste, pointe encore Jeune Afrique. L’armée congolaise qui diffuse des images de soldats morts présentés comme rwandais pour signifier sa supériorité ».

La guerre des réseaux

Bref, « chaque partie tente d’imposer son récit », aussi par le biais d’internet et des réseaux sociaux avec des influenceurs dans les deux camps.

Récemment, relève le site panafricain, la chaine de télévision qatari Al Jazeera a été suspendue pour 90 jours par les autorités congolaises. Elle avait diffusé une interview du chef politique du M23, Bertrand Bisimwa. Une interview réalisée par Bojana Coulibaly, qui se présente comme chercheuse mais qui est accusée par Kinshasa d’être une influenceuse pro-rwandaise.

D’ailleurs, précise Jeune Afrique, les autorités congolaises ont lancé « un avertissement aux médias qui seraient perçus comme complaisants à l’égard du M23. Les autorités congolaises qui durcissent leurs positions sur le front médiatique tout en assurant respecter la liberté de la presse ».

À la Une: Trump et l’Afrique
21 January 2025
À la Une: Trump et l’Afrique

La presse du continent ne se fait aucune illusion. L’état du monde n’est pas la tasse de thé du nouveau président américain et l’Afrique encore moins. Comme le dit WalfQuotidien à Dakar : « Donald Trump n’aura pas à beaucoup secouer l’arbre par rapport aux relations avec l’Afrique qui vraisemblablement n’est pas sa priorité ».

En effet, complète Le Pays au Burkina, « l’Afrique n’intéresse pas le désormais président des États-Unis, et pourrait être encore ignorée comme elle l’a été durant son premier mandat. C’est vrai que cette fois, il n’a pas tenu des propos insultants à l’égard de certains États qu’il avait qualifiés de “pays de merde“, mais, pointe Le Pays, ce deuxième mandat risque lui aussi de laisser un souvenir désagréable aux Africains en raison non seulement de sa politique en matière d’immigration, qui fermera les portes de l’Amérique aux jeunes du continent, mais aussi en raison de l’imposition des droits de douane pour les importations africaines aux États-Unis, avec la très forte probabilité de ne pas renouveler, cette année, l’African Growth and Opportunity Act (l’AGOA) qui exonère de taxes douanières un certain nombre de produits en provenance de 32 pays d’Afrique sub-saharienne ».

Le culte de l’homme fort…

Toutefois, souligne Jeune Afrique, l’homme en tant que tel, avec sa poigne et ses outrances n’est pas sans séduire certains dirigeants du continent… 

C’est vrai, explique le site panafricain, « certains leaders africains adeptes du néo-virilisme “kiffent“ le style de celui qui est redevenu hier le locataire de la Maison Blanche. Au fantasque Ougandais Yoweri Museveni ou aux putschistes francophones bombeurs de poitrine, le culte de l’homme fort n’est pas pour déplaire. Pour peu que Donald Trump consacre une once d’attention aux pays africains, il pourrait rendre la politesse aux aficionados nationalistes de la poignée de mains vigoureuse. Pour peu, effectivement, qu’il lorgne du côté du continent, car il n’y a effectué aucun voyage officiel lors de son premier mandat. Ces derniers mois, relève encore Jeune Afrique, la campagne électorale de la revanche n’a guère été émaillée d’allusions au continent, ni dans le barnum communicationnel d’Elon Musk, ni dans les diverses auditions de Marco Rubio, le nouveau secrétaire d’État. Mais, s’interroge le site panafricain, n’est-ce pas ce qui convient le mieux à nombre de dirigeants africains ? Comme la Chine ou la Russie, le partenaire international idéal des démocraties approximatives n’est-il pas une puissance économique volontairement aveugle aux modes de gouvernance ou au traitement des droits humains ? ».

Un terrain de jeu pour contrer la Chine ?

Finalement, le seul intérêt que Donald Trump pourrait trouver à l’Afrique, c’est d’en faire un terrain de jeu pour contrer les avancées de certains de ses rivaux. C’est du moins ce qu’affirme Ledjely en Guinée : « presque traumatisé par les avancées de l’Empire du Milieu, le président américain pourrait ne pas être insensible à l’influence grandissante que le pays de Xi Jinping engrange en Afrique. Cela pourrait conduire les États-Unis à se montrer plus attentifs aux principaux partenaires de la Chine sur le continent. Il s’agit notamment de l’Afrique du Sud, du Nigeria et de l’Égypte. En tant que fournisseurs essentiels de minerais de la Chine, la RD Congo et la Guinée pourraient également intéresser les États-Unis. Il en va de même pour l’Angola, le Tchad, mais aussi le Soudan, dont les ressources, notamment pétrolières, sont également convoitées. Dans la même optique, relève encore Ledjely, il est possible que les États-Unis s’impliquent un peu plus dans la résolution de la crise politique et sécuritaire au Sahel. Ce n’est pas que les présidents en treillis issus des coups d’État gênent en quoi que ce soit le président Trump. Mais les liens étroits que ces dirigeants entretiennent avec Moscou peuvent être perçus comme une menace pour les intérêts américains dans la région. Cela signifie qu’Assimi Goïta, Ibrahim Traoré et Abdourahmane Tiani pourraient intéresser Washington. Mais, conclut le site guinéen, il est sans doute trop tôt pour se faire une idée de l’outil que Donald Trump utilisera contre eux : la carotte ou le bâton ? ».

Le Maroc applaudit…

Enfin, parmi les pays africains qui se félicitent de l’arrivée de Trump au pouvoir, il y a le Maroc

On se souvient qu’en un seul tweet en 2020, Trump avait reconnu la souveraineté du royaume sur le Sahara occidental. Désormais, pointe Le Monde Afrique, le Maroc espère bien que les États-Unis « apporteront la touche finale : l’établissement d’un consulat américain au Sahara occidental. (…) L’acte, s’il venait à se confirmer, serait hautement symbolique ». Pour Rabat, ce serait le signe d’un nouveau « pas en avant vers la résolution, en sa faveur, du litige sahraoui ».

À la Une: le Togo et l'Alliance des États du Sahel
17 January 2025
À la Une: le Togo et l'Alliance des États du Sahel

« Le Togo n’exclut pas de rejoindre l’AES, l’Alliance des Etats du Sahel », titre Jeune Afrique, qui se base sur les déclarations du ministre togolais des Affaires étrangères, Robert Dussey, à la chaîne de télévision Voxafrica. « C’est la décision du président de la République », a même ajouté le ministre qui ne doute pas que cette décision soit populaire au Togo. « Demandez aux populations togolaises sir le Togo veut entrer dans l’AES, vous allez voir leur réponse, elles vont diront oui », déclare ainsi Robert Dussey.

Quel serait l’intérêt des pays de l’AES ? « Ils pourraient s’assurer un accès à la mer », analyse Jeune Afrique, qui rappelle que « les trois pays qui forment l’AES (le Mali, le Niger et le Burkina Faso) gouvernés par des régimes hostiles à la France, ont annoncé en janvier 2024 leur volonté de quitter la CEDEAO, qu’ils jugent instrumentalisée par l’ancienne puissance coloniale ». Lors de cette interview à Voxafrica, le ministre Robert Dussey a également estimé « que le président Assimi Goïta était une chance pour le Mali » ajoutant : « L’Afrique est utilisée par les grandes puissances et ce n’est pas normal ».

Enlèvement en Algérie

À la Une également, l’enlèvement d’un ressortissant espagnol en Algérie. C’est Atalayar qui se fait l’écho de cet enlèvement, précisant que « selon les premières informations, les ravisseurs appartiendraient à l’État islamique, le ressortissant espagnol aurait été enlevé dans le sud de l’Algérie, puis emmené au Mali ». On n’en sait guère plus pour le moment. Le Matin d'Algérie se fait aussi l’écho de cet enlèvement, qui aurait eu lieu « mardi soir au coucher du soleil ». « Les compagnons algériens enlevés avec lui, son guide notamment, ont été rapidement libérés », précise le Matin d’Algérie. « Mercredi, les ravisseurs ont traversé la frontière malienne en passant par Tinzaouatène. Leur véhicule a ensuite été repéré à une centaine de kilomètres au nord de Ménaka, au Mali. » Le Matin d’Algérie, qui s’appuie également sur des informations recueillies par RFI, ajoute « qu’aucune déclaration n’a été faite, ni côté algérien, ni côté espagnol. L’Espagne qui mène toutefois des investigations pour vérifier les informations liées à cet enlèvement ».

Voitures de luxe

Au Sénégal, à présent, « le pôle judiciaire financier s'est lancé dans une traque de biens mal acquis depuis son installation », explique Walf.net. « C'est ainsi qu'il a mis le grappin sur un spécialiste de la location de voiture de luxe qui aurait encaissé plus de 14 milliards francs CFA, pour la location de véhicules de luxe, au régime de Macky Sall, entre 2020 et 2023 ».  « Les enquêteurs agissent dans le cadre de plaintes instruites par la Cellule Nationale de traitement des informations financières, sur le blanchiment supposé de plus de 125 milliards de francs CFA. » Selon Walf.net, « la suite de l’enquête a également révélé que le loueur de véhicules de luxe, avait encaissé une créance colossale de plusieurs milliards, peu avant la fin du dernier mandat de Macky Sall. »

Chevaux maltraités

Enfin, en Éthiopie, la santé des chevaux préoccupe les vétérinaires. C’est Africanews qui nous en parle, après avoir rencontré le vétérinaire Mulugeta Alemu. La situation est celle-ci : « en Éthiopie ; les chevaux jouent un rôle essentiel dans le transport et le commerce, particulièrement dans les zones rurales. Mais leur santé soulève de vives inquiétudes, notamment en raison des conditions de travail extrêmement difficiles auxquelles ils sont soumis et du manque d’accès aux soins vétérinaires ». Plus précisément, Africanews parle de « maltraitance »  C’est pourquoi les vétérinaires éthiopiens, et notamment Mulugeta Alemu, se mobilisent, « pour tenter de sensibiliser les propriétaires et les conducteurs de charrettes à l’importance des soins vétérinaires ».

À la Une : tensions et incertitudes au Mozambique
16 January 2025
À la Une : tensions et incertitudes au Mozambique

« Daniel Chapo, président élu du Mozambique, a prêté serment hier matin dans une capitale, Maputo, placée sous haute sécurité, relève Le Monde Afrique. Après trois mois de violences, de pillages et de grèves à répétition qui paralysent le pays depuis la proclamation des résultats de l’élection du 9 octobre, le centre-ville de Maputo était quadrillé par les forces de l’ordre. Une autorisation était nécessaire pour accéder aux abords de la place de l’indépendance où se tenait la cérémonie d’investiture du successeur de Filipe Nyusi. Le premier défi de Daniel Chapo sera de sortir le pays de son marasme politique et d’une crise post-électorale qui a déjà fait plus de 300 morts. »

« L’investiture de Daniel Chapo comme président du Mozambique, un événement censé marquer un nouveau départ pour ce pays d’Afrique australe, plonge en réalité le pays dans une atmosphère de tension et d’incertitude, renchérit Afrik.com. Tandis que les partisans de l’opposant Venancio Mondlane multiplient les appels à manifester, les promesses d’unité et de dialogue du nouveau chef d’État sont mises à rude épreuve. »

Election volée ?

Venancio Mondlane qui conteste toujours la victoire de Daniel Chapo. Et ses partisans ne faiblissent pas. « L’image est malheureusement classique en Afrique, soupire Ledjely en Guinée. Une élection à la régularité plus que douteuse. Mais un pouvoir qui s’en moque et une opposition déterminée à obtenir par la rue la victoire qui lui a été refusée par les urnes. Et une répression aveugle et sourde menée par des forces de l’ordre (…). »

Pour le site guinéen, « il est évident pour tout le monde que la victoire du président a été volée. Mais puisque les institutions en charge de certifier les résultats se sont rangées du côté du mensonge, on ne peut que s’en contenter. L’élection que revendique aujourd’hui Daniel Chapo, le candidat du FRELIMO, ressemble beaucoup à celle d’Ali Bongo Ondimba en 2016 face à Jean Ping ou à la victoire attribuée en 2018 à Félix Tshisekedi face à Martin Fayulu. »

Examen de conscience pour le FRELIMO ?

Pour Le Pays à Ouagadougou, que l’élection ait été volée ou pas, « le soutien populaire dont bénéficie le leader de l’opposition est le signe que le parti historique au pouvoir est aujourd’hui loin de répondre aux aspirations du peuple mozambicain. »

Et, « au-delà de la décision de la Cour constitutionnelle, poursuit le quotidien ouagalais, les résultats fortement contestés de ce scrutin, appellent le FRELIMO à une véritable introspection. Et ce, dans un contexte sous-régional où d’autres partis historiques comme l’ANC en Afrique du Sud ou encore la Zanu-PF au Zimbabwe connaissent un net recul au sein de leurs opinions nationales. C’est dire aussi la montagne de défis qui attendent le nouveau président, pointe encore Le Pays, à commencer par l’apaisement du climat social. Il lui appartient donc de savoir tendre la main à l’opposition à l’effet d’ouvrir un dialogue constructif ainsi que des négociations visant à mettre fin aux violences en cours dans le pays. »

Vers un partage du pouvoir ?

WakatSéra, toujours au Burkina s’interroge en écho : « jusqu’où ira donc le FRELIMO pour garder la main, dans un pays où son pouvoir ne fait plus recette, notamment auprès d’une jeunesse désabusée, confrontée au manque d’emploi, à une économie exsangue et à la vie chère, et guettée par un avenir sans perspective réelle ? Le FRELIMO finira-t-il par lâcher du lest pour répondre à la volonté du peuple (…) ? Le FRELIMO acceptera-t-il, ou sera-t-il contraint, d’une manière ou d’une autre, à partager le pouvoir avec son opposition, à défaut de quitter les affaires ? Qui pourra trouver les solutions à cette équation à plusieurs inconnues ? Tout porte à croire que chaque partie restera campée sur sa position, prête à tirer la corde, jusqu’à la casser ! »

Enfin, on revient au Monde Afrique pour qui « Daniel Chapo ne peut aujourd’hui sortir de l’impasse politique qu’en tendant la main à l’opposition. “Il faudrait que, dans les prochains jours, Daniel Chapo nomme un gouvernement avec des ministres issus des partis de l’opposition et de la société civile mozambicaine, considère Eric Morier-Genoud, professeur d’histoire de l’Afrique à l’université Queen’s de Belfast. C’est nécessaire, poursuit-il, pour créer un gouvernement inclusif et lancer une nouvelle dynamique dans le pays“. »

À la Une: les tensions entre Ouagadougou et Paris
15 January 2025
À la Une: les tensions entre Ouagadougou et Paris

Les récents propos d’Emmanuel Macron sur « l’ingratitude » de certains dirigeants africains envers la France, passent décidément mal sur le continent…

« Après le gouvernement tchadien et le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko, c’est au tour du Burkina Faso de réagir, pointe Jeune Afrique. Lundi, le capitaine Ibrahim Traoré, au pouvoir à Ouagadougou, a, lui aussi, exprimé sa colère et affirmé que le président français avait “insulté tous les Africains. Voilà comment ce monsieur voit l’Afrique, voit les Africains, a-t-il poursuivi. Nous ne sommes pas des humains à ses yeux“. Cette réaction du président putschiste intervient dans un contexte tendu entre la France et les pays de l’Alliance des États du Sahel, Mali, Niger et Burkina Faso, relève encore le site panafricain. Les militaires à leurs têtes, aux discours souverainistes et nationalistes, ont réclamé le départ de l’armée française de leurs territoires respectifs ».

Réaction « au quart de tour »

Le quotidien Aujourd’hui à Ouaga approuve la sortie du capitaine Ibrahim Traoré : « celui qui, depuis 2 ans, essaie de tracer un autre chemin pour le Burkina, en compagnonnage avec le Mali et le Niger, deux pays animés par la même dynamique et dirigés également par des militaires, IB a donc réagi au quart de tour à ce verbatim du président français. Explications à l’appui ! La France doit son existence aux ancêtres africains. Haro également, souligne Aujourd’hui, sur les conseillers militaires tapis dans les enclaves diplomatiques et plus dangereux que les militaires dans les camps et haro sur ces fermetures de bases militaires, sans dénonciation des Accords de défense. Foi de IB ! Et il appelle à un réveil conséquent des peuples africains. Si ce n’est pas du Lumumbisme ou du sankarisme, ça y ressemble ! »

Comment quatre agents des services secrets français, détenus un an au Burkina Faso, ont été libérés…

Justement, à propos de ces « conseillers militaires tapis dans les enclaves diplomatiques » évoqués par Aujourd’hui, Le Monde Afrique revient avec force détails sur la récente libération de quatre agents des services secrets français qui étaient détenus depuis un an au Burkina Faso.

Le Monde Afrique qui nous rappelle le contexte : « comme son homologue malien, le général Assimi Goïta, le capitaine Ibrahim Traoré a rompu les liens avec la France, après un coup d’État. Entre Ouagadougou et Paris, les relations sont alors devenues exécrables : renvoi de l’ambassadeur et des forces spéciales françaises basées dans le pays depuis plus d’une décennie, déclarations au vitriol contre l’ex-puissance coloniale… En coulisse, pourtant, la coopération opérationnelle se poursuit entre l’agence nationale de renseignement burkinabée et la DGSE. C’est dans ce cadre que les quatre hommes se rendent à Ouagadougou, en novembre 2023. Membres de la direction technique qui gère les systèmes informatiques et de télécommunications, ces techniciens y sont présents pour une opération ponctuelle de quelques jours.

Quarante-huit heures plus tard, ils sont interpellés à leur hôtel par des agents de la direction de la sûreté de l’État. Les faits reprochés sont graves : espionnage et “velléités déstabilisatrices“. La faute à des erreurs qui auraient pourtant pu être évitées, relève Le Monde Afrique : absence de visa diplomatique en bonne et due forme et, surtout, détention de téléphones de service non “nettoyés“ – c’est-à-dire purgés des informations sensibles – comme le prévoit la procédure de la DGSE. Dans ces appareils, des photos de sites d’intérêt de la capitale burkinabé et des contacts dans des régions sous tension sécuritaire ».

L’action déterminante du Maroc…

Les autorités françaises, qui soupçonnent les Russes d’être à la manœuvre, tentent d’abord une médiation togolaise, sans résultat, puis par l’intermédiaire des Émirats arabes unis, sans résultat.

Les mois passent et l’affaire est dans l’impasse. Le Maroc entre alors en scène. « En juillet dernier, poursuit Le Monde Afrique, Emmanuel Macron adresse une lettre au souverain chérifien, dans laquelle il écrit que “le présent et l’avenir du Sahara occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine“. Pour Paris et Rabat, c’est la fin de plusieurs années de brouille, et le début de la réconciliation. Entre les "services", un frein est levé, la coopération s’accélère ».

Et finalement, les quatre agents français sont libérés le 18 décembre dernier. Et Le Monde Afrique de s’interroger : « Quelles contreparties le capitaine Traoré a-t-il obtenues en échange de la libération des Français ? “Le Maroc a payé 60 millions d’euros et donné du matériel aux Burkinabés“, affirme une source proche de la DGED, les services marocains. Une information formellement démentie par la DGSE ».

À la Une: où va le Gabon?
14 January 2025
À la Une: où va le Gabon?

Cette année 2025 sera décisive pour le Gabon. Un an de demi après le coup d’État militaire qui a effacé la dynastie Bongo, le parlement de transition a entamé vendredi l’examen du projet de loi sur le nouveau code électoral, étape-clé vers le retour à un régime civil promis par la junte militaire. Une élection présidentielle devrait suivre dans les prochains mois. Quelles sont les intentions de l’homme fort du pays, le général Brice Oligui Nguema ? Va-t-il vraiment laisser son fauteuil à un civil ? Ou bien va-t-il se maintenir au pouvoir ?

D’après le quotidien Le Pays au Burkina Faso, « le président de la Transition, à en croire certaines sources, renoncerait à briguer la magistrature suprême alors même que la Charte de la Transition ne le lui interdit pas formellement. L’homme du coup d’État du 30 août 2023, pourrait surprendre en remettant le pays sur les rails de la démocratie plus tôt que prévu », en laissant donc le pouvoir à un civil…

Brice Oligui Nguema sur une rampe de lancement…

Faux, rétorque L’Agence France Presse : « plusieurs publications largement partagées sur les réseaux sociaux affirment que le président du régime de transition, le général Brice Oligui Nguema, aurait renoncé à se présenter. Il aurait fait selon elles cette annonce lors de la cérémonie de promulgation de la nouvelle Constitution du pays, le 19 décembre. Mais c’est faux, affirme donc l’AFP : comme le montre la vidéo dudit évènement, le chef de l’État gabonais n’a fait aucune déclaration à ce sujet. Et la Constitution fraîchement promulguée ne l’empêche pas de se présenter ».

Qui plus est, relève encore l’Agence France presse, « de nombreux médias estiment au contraire que le général Oligui ne fait pas “mystère de ses ambitions présidentielles“ et que sa “candidature à la future présidentielle ne fait guère de doutes“. Parmi ces médias, Jeune Afrique, ou encore Le Monde Afrique.

Un régime de continuité ?

Une candidature à peine voilée qui suscite une levée de bouclier au sein de l’opposition…

Pour le site Gabon Review, « après plus d’un an de Transition, l’idée d’un coup État libératoire s’estompe face à la réalité d’un système profondément enraciné ».

Pour l’ancien président de la Commission politique du Dialogue national inclusif, le professeur Noël Bertrand Boundzanga, interrogé par le site, « il apparaît clair que la véritable émancipation du Gabon ne viendra pas de ses dirigeants actuels. (…) Le président de la transition a été un proche collaborateur du président déchu. S’il se présente, cela signifie qu’il ne fait que remplacer son chef. Nous serons alors dans un régime de continuité, non de rupture, et cela est dangereux pour notre pays. C’est à la fin du processus de Transition que nous pourrons dire si le peuple gabonais a été libéré, affirme encore le professeur Boundzanga. Mais pour l’heure, tout indique qu’il doit lui-même arracher sa liberté. Ce combat implique une mobilisation citoyenne pour exiger des réformes profondes : la mise en place d’un cadre électoral transparent, une justice indépendante, et une redistribution équitable des richesses nationales. La survie du système Bongo dépend de l’inertie du peuple. En revanche, conclut-il, son éveil collectif peut devenir le moteur d’une libération véritable ».

La présidentielle avancée de 5 mois ?

Mercredi dernier, rapporte Jeune Afrique, plusieurs représentants de l’opposition gabonaise, lors d’une conférence de presse à Libreville, ont exigé « notamment, le retour des militaires dans les casernes à la fin de la transition, avec interdiction de participer aux élections ». Etaient présents « l’ancien vice-président de la République, Pierre-Claver Maganga Moussavou, l’ancien Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze, l’ancien candidat à la présidence de la République Albert Ondo Ossa et l’ancien ministre Ali Akbar Onanga Y'Obégué ».

Le lendemain, pointe Jeune Afrique, « selon une fuite attribuée au Comité pour la transition et la restauration des institutions (la junte militaire) et qui a été confirmée par d’autres sources, on apprenait que l’élection présidentielle gabonaise se tiendrait le 22 mars. La date du scrutin est donc avancée de cinq mois (jusque-là, on évoquait le mois d’août…). Un scrutin, martèle Jeune Afrique, auquel Brice Oligui Nguema n’a pas encore officialisé sa candidature, même si elle ne fait guère de doute ».

À la Une: la crise franco-algérienne
13 January 2025
À la Une: la crise franco-algérienne

Rien ne va plus entre Paris et Alger… « Sujettes à de récurrentes perturbations, les relations franco-algérienne ont rarement connu un niveau de dégradation que celui observé ces derniers jours, constate Le Matin d’Algérie, en raison de l’accumulation de tensions qui se sont exacerbées depuis la fin de l’année dernière. Les déclarations polémiques au vitriol échangées entre les présidents des deux pays autour de l’incarcération de l’écrivain Boualem Sansal sont les signes d’une montée en cadence dans l’escalade verbale d’un degré jamais égalé. Le refus de l’Algérie d’accueillir sur son sol Boualem Naman, “l’influenceur“ algérien de 59 ans expulsé de France jeudi dernier, vient de donner une tournure imprévisible aux relations bilatérales entre l’Algérie et l’ex-puissance coloniale. (…) Visiblement, relève encore Le Matin d’Algérie, le conflit a atteint un point de non-retour. Reste à savoir quelle suite connaîtra cette affaire dans un proche avenir. Les deux capitales s’en tiendront-elles aux mots ou iront-elles jusqu’à la rupture des relations diplomatiques ? »

Vers une guerre des visas ?

Dernier épisode de ce bras-de-fer franco-algérien : « dans un contexte où les intérêts diplomatiques, économiques et migratoires se chevauchent, Paris semble vouloir utiliser l’attribution des visas comme levier de pression sur Alger », pointe le site ObservAlgérie. En effet précise le site, « la France envisagerait de revoir à la baisse le nombre de visas accordés aux Algériens, tout en conditionnant son aide au développement à des engagements clairs de la part d’Alger. (…) En Algérie, ces déclarations ont été perçues comme une tentative de chantage, constate le site algérien. Le ministère des Affaires étrangères a dénoncé une campagne de “désinformation“ et de “manipulation“. Les médias et l’opinion publique algériens n’ont pas manqué de réagir. Beaucoup dénoncent une politique néocoloniale de la part de Paris, visant à maintenir une forme de dépendance ou d’influence sur l’Algérie. L’Algérie qui, souligne ObservAlgérie, forte de son rôle stratégique en Afrique du Nord et de sa position dans le marché gazier, semble de moins en moins disposée à se plier aux exigences de Paris, encore moins au chantage aux visas. Elle revendique une relation d’égal à égal, loin des pressions et des politiques paternalistes ».

La France accusée…

El Watan, proche du pouvoir algérien, s’en prend directement au président français : « Emanuel Macron, qui se noie dans la gouvernance, croit “sauver sa peau“ en surfant sur la vague extrémiste qui déferle sur son pays. Il n’a pas hésité à employer des mots immatures qui déshonorent la stature d’un vrai Président. Dans cette cavale française, il se trouve qu’un Boualem en cache un autre, poursuit El Watan. Après Sansal, l’écrivain fraîchement naturalisé, vient le tour de l’influenceur Naman Boualem propulsé par les mêmes milieux haineux pour maintenir la pression négative sur notre pays ».

Le Quotidien d’Oran renchérit : « la France est dans une mauvaise passe, et ses responsables, à défaut de trouver des solutions aux problèmes qui se posent avec acuité tant sur le plan politique qu’économique, tentent de focaliser l’attention de l’opinion sur le bouc émissaire, l’émigré, particulièrement, algérien, ainsi que sur ces pays africains qu’on ne trouve plus assez dociles pour accepter le néocolonialisme ».

La question du Sahara occidental : effet déclencheur…

À l’origine de la crise, relève pour sa part Le Monde Afrique, il y a le dossier du Sahara occidental… À savoir, la reconnaissance l’été dernier de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. « Si le changement de pied français sur ce dossier a permis la réconciliation avec le Maroc, il a en revanche précipité le divorce avec Alger. La rupture a été d’autant plus violente que le président Tebboune, qui avait noué une relation de confiance avec Emmanuel Macron, s’est de facto senti trahi ».

Résultat, poursuit Le Monde Afrique, « du Sahara occidental à l’affaire Boualem Sansal, sur fond de crispation répressive en Algérie et de diffusion d’un discours hostile à l’Algérie dans les médias français proches de l’extrême droite, la crise semble s’emballer inexorablement. Alger a “retiré“ son ambassadeur à Paris fin juillet 2024 tandis que l’ambassadeur français en poste à Alger, Stéphane Romatet, est privé sur place de tout contact politique. La coopération sécuritaire est à l’arrêt. Les échanges autour de la réconciliation mémorielle sont “suspendus“ (…). Quant aux relations économiques, elles sont de plus en plus fragilisées par des mesures de rétorsion prises par Alger ».

Et Le Monde Afrique de conclure : « l’éclaircie d’après-orage n’est assurément pas pour demain ».

À la Une: questions autour de l'attaque du palais présidentiel au Tchad
10 January 2025
À la Une: questions autour de l'attaque du palais présidentiel au Tchad

« Les assaillants de cette vaine tentative visaient à me vitrifier, mais ils ont été vitrifiés par la vaillance, la vigilance et le courage de la Garde présidentielle ». Tels sont les propos du chef de l’État, Mahamat Idriss Déby Itno, après cette attaque contre le palais présidentiel, mercredi soir. Propos repris par Tchad Infos. Le Journal du tchad, de son côté, évoque une « tentative de déstabilisation » et rappelle que 18 assaillants ont été « neutralisés près du Palais présidentiel ». « Un groupe d’individus a déferlé sur les gardes du Palais, malgré les consignes et les sommations », a expliqué le procureur Oumar Mahamat Kedelaye, « au 20 heures de la télévision nationale », précise Tchad Vision, ajoutant que ces individus « ont forcé l’entrée, et la Garde Présidentielle a riposté ».

Incohérences

Une version officielle à laquelle ne croit guère Max Kemkoye, dont les propos sont cités par Tachad. « Dans une intervention incisive », nous dit le site d’information, l’opposant « a critiqué le récit officiel, qu’il qualifie de 'malheureux montage' ». Selon lui, « l’idée que des assaillants, armés de simples couteaux et en état d’ébriété, aient pu résister aux forces de sécurité pendant plusieurs heures, est non seulement absurde, mais met en lumière des incohérences graves dans la gestion sécuritaire du pays ». Et il s'interroge : « Si des individus désorganisés peuvent s’approcher d’un lieu hautement sécurisé, qu’en est-il de la sécurité de l’ensemble du territoire et des citoyens ? ».

Point triple

A la Une également, une nouvelle attaque terroriste au Bénin. « Partie comme une rumeur aux premières heures de ce jeudi 9 janvier 2025, les informations ont finalement été confirmées par un responsable de l’armée », annonce la Nouvelle Tribune. « Il s’agit, selon un haut gradé, d’un total de 28 morts enregistrés dans les rangs des Forces de Sécurité et de Défense Béninoises ». « L’attaque a eu lieu au niveau du Point Triple », aux confins du Bénin, du Burkina et du Niger. Le quotidien la Tempête parle d’un « véritable carnage représentant la plus grosse perte subie par le Bénin, depuis son engagement dans la lutte contre le terrorisme ». La Tempête ajoute que « les assaillants ont lancé une offensive dans le camp des soldats béninois autour de 16 heures, entraînant un échange de tirs qui a duré près de huit heures ». « Après quoi », précise encore le journal, « l’armée béninoise a réussi à neutraliser des dizaines de présumés djihadistes ». « Difficile de dire le nombre d’assaillants tués », estime le quotidien béninois, « mais on parle d’environ une cinquantaine de pertes côté djihadiste ». Enfin, dans les colonnes de Banouto, le colonel Faizou Gomina, chef d’état-major de la Garde nationale, « déplore l’attaque et la perte des soldats béninois, et présente ses condoléances aux familles ».

Débats et spéculations

Nous allons à présent en Côte d'Ivoire. En ligne de mire : l'élection présidentielle qui aura lieu au mois d’octobre.  « Présidentielle 2025 : Alassane Ouattara prêt à continuer à servir son pays », titre Afrik.com. « Une annonce qui ravive le débat politique et suscite des interrogations », ajoute le site d’information. Alassane Ouattara, 83 ans, au pouvoir depuis 11 ans, a fait lors de ses vœux au corps diplomatique, « une déclaration sous le sceau de l’hésitation », nous dit Afrik.com qui reprend les propos du président ivoirien : « À la date d’aujourd’hui, je n’ai pas encore pris de décision. Mais je peux vous rassurer que je suis en pleine santé et désireux de continuer à servir mon pays ». « La déclaration du président ne manquera pas d’alimenter les débats et spéculations dans les milieux politiques et médiatiques », estime de son côté Fraternité Matin, pour qui « le suspens reste entier, mais une chose est certaine : le chef de l’État demeure résolument engagé pour le bien-être de la nation ivoirienne ».  Enfin, l'Infodrome rappelle que l’opposition est hostile « à cette candidature qui serait illégale, au regard de la Constitution ivoirienne limitant à deux le nombre de mandats possible. »

À la Une: alerte à Ndjamena…
09 January 2025
À la Une: alerte à Ndjamena…

Que s’est-il passé hier soir dans la capitale tchadienne ? « Une série de tirs nourris a retenti près de la présidence, rapporte le site TchadVision. Des hommes armés ont tenté d’infiltrer le complexe présidentiel. La réaction des forces de sécurité a été immédiate et efficace. Plusieurs assaillants ont été abattus, tandis que d’autres ont été capturés. » Il y aurait au total 19 morts : 18 assaillants et un garde présidentiel.

Un compte-rendu succin, quasi-copie conforme des déclarations officielles des autorités tchadiennes.

Un peu plus tard dans la soirée, rapporte Jeune Afrique, « le ministre tchadien des Affaires étrangères et porte-parole du gouvernement a assuré que la situation était “sous contrôle“ et a évoqué “un petit incident“. Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux et filmée dans l’enceinte de la présidence, Abderaman Koulamallah a affirmé, pistolet à la ceinture, qu’il n’y avait “aucune crainte et rien de grave“. »

Interrogé ensuite par la télévision nationale, le même Abderaman Koulamallah a estimé que l’attaque n’était « probablement pas terroriste », alors que des rumeurs évoquaient une possible action des djihadistes de Boko Haram, et que cette attaque avait été menée par un « ramassis de pieds nickelés », drogués et alcoolisés venus d’un quartier pauvre du sud de la ville avec « des armes, des coupe-coupe et des couteaux. »  

Questions en série…

Alors la presse de la sous-région s’interroge ce matin.

« Comment ces individus ont-ils pu pénétrer dans un périmètre censé être hautement sécurisé ? Quel était leur nombre exact ? » se demande WalfQuotidien au Sénégal.

Beaucoup de questions aussi pour WakatSéra au Burkina Faso : « que s’est-il passé, alors que la nuit tombait sur Ndjamena ? Une attaque menée par la nébuleuse Boko-Haram qui fait la loi au Nigeria voisin ? Une attaque de ces groupes rebelles qui rôdent constamment aux frontières du Tchad ? Une tentative de déstabilisation “éradiquée“ comme l’a dit le porte-parole du gouvernement ? (…) Toutes les hypothèses sont dans la balance, même si celles de tentative de coup d’État, d’attaque de rebelles ou de terroristes, ont été, pour l’instant, balayées par le porte-parole du gouvernement. »

Ledjely en Guinée s’interroge en écho : « qui sont les membres de ce commando qui a eu l’audace de s’en prendre au site le plus protégé du Tchad ? Quels étaient leurs objectifs ? Surtout, comment expliquer la facilité avec laquelle ils ont atteint la présidence ? »

En tout cas, poursuit Ledjely, « bien que très rapidement défaits, ces assaillants ont néanmoins mis en lumière une défaillance sécuritaire inquiétante de la part du Tchad. Que le commando ait réussi à approcher la menace si près de la présidence n’a rien de normal. C’est révélateur d’un problème majeur de renseignement. Un problème qui pourrait bien être lié, affirme le site guinéen, au vaste changement que le président tchadien a opéré en octobre dernier dans la hiérarchie des différents corps de l’armée et de la sécurité. Un coup de balai dont l’ampleur a surpris plus d’un tant il était inédit. »

Choguel Maïga : « trop encombrant… »

À lire également, cette fois dans Le Monde Afrique, cet article sur le parcours de Choguel Maïga, l’ex-Premier ministre malien, limogé en novembre dernier. Le Monde Afrique détaille le cheminement, parfois tortueux, de cette « figure politique qui a servi presque tous les pouvoirs depuis plus de vingt ans et qui est accusé maintenant par la junte de malversations financières. (…) Choguel Maïga était la principale figure civile du pouvoir que les militaires ont instauré mais sa liberté de ton a fini par le rendre trop encombrant. »

Qui plus est, poursuit Le Monde Afrique, « depuis son renvoi, le volubile Maïga n’a pas choisi la discrétion, multipliant les consultations, dont certaines filmées à son domicile, dans lesquelles il souffle le chaud et le froid sur ses intentions politiques et son positionnement vis-à-vis du régime militaire. »

Résultat, constate un opposant cité par le journal : « il va arriver à Choguel ce qui est arrivé aux autres hommes politiques que les autorités ont jugés trop gênantes : la mise sous mandat de dépôt. Ce ne sera qu’un procès politique de plus, jugé par une Cour suprême à la solde du pouvoir. »

À la Une: la Guinée sous tension…
08 January 2025
À la Une: la Guinée sous tension…

Manifestation avant-hier lundi à Conakry des forces vives de Guinée, condamnation hier à 2 ans de prison de l’opposant Aliou Bah : la situation socio-politique se crispe en Guinée.

« Reconnu coupable d’offense au chef de l’Etat, Aliou Bah a donc été condamné à deux ans ferme hier par le tribunal de première instance de Kaloum, pointe le site AfricaGuinée. Mais la bataille est loin d’être terminée, s’exclame-t-il. Car les avocats du président du parti Mouvement Démocratique Libéral rejettent cette décision. Maître Pépé Antoine Lamah et ses confrères annoncent une procédure d’appel pour casser la sentence. “Au terme de ce procès de la honte, le tribunal de ce siège vient de nous jeter à la figure cette triste décision, dénoncent-ils. C’est une journée triste pour la liberté d’expression, c’est un coup dur pour la démocratie guinéenne, c’est une véritable régression dans le processus d’édification de l’État de droit. »

Avant-hier, donc, rapporte le site AConakry Live, « une partie du grand Conakry, notamment l’axe Le Prince, a vibré au rythme de la manifestation des Forces vives de Guinée », avec comme mot d’ordre :  le départ de la junte et la mise en place d’une transition civile.

« En dépit du caractère pacifique de la manifestation, les agents des Forces de Défense et de Sécurité ont trouvé le moyen de faire usage de leurs armes à feu, déplorent les organisateurs, tuant ainsi un jeune du nom de Mamadou Bailo Sidibé et blessant plusieurs autres par balles.

Il y a eu aussi de nombreuses arrestations ciblées de responsables de l’UFDG et de centaines de jeunes gens, dont la plupart sont des mineurs. »

Engagements non tenus…

« Guinée : Mamadi Doumbouya face à une contestation grandissante », constate le site Sahel Tribune à Bamako. Depuis deux jours, précise-t-il, « la Guinée est plongée dans une spirale de contestations massives à l’appel des Forces vives de Guinée, cette coalition d’opposition regroupant partis politiques et organisations de la société civile. Il est reproché au général Doumbouya de ne pas respecter les engagements pris auprès de la CEDEAO pour une transition démocratique. La promesse initiale de restituer le pouvoir aux civils d’ici le 31 décembre dernier s’est heurtée à l’absence de calendrier électoral clair. Cette situation exacerbe les frustrations d’une population en quête de stabilité politique et économique, mais qui se retrouve confrontée à un régime perçu comme autoritaire. »

Commentaire du site malien : « la crise guinéenne prouve que le pouvoir ne peut se maintenir indéfiniment sans ancrage populaire. L’avenir de la Guinée dépendra de la capacité de ses dirigeants à répondre aux aspirations d’un peuple fatigué des promesses non tenues, mais déterminé à façonner son destin. »

Jean-Marie Le Pen : un « racisme décomplexé »

A la Une également : la mort de Jean-Marie Le Pen vue d’Afrique…

Avec des commentaires cinglants…

« Le raciste s’en est allé », titre ainsi Le Pays au Burkina Faso. « Le Pen n’avait jamais caché son aversion pour les Noirs qu’il accusait d’être à l’origine de tous les malheurs de la France. (…) L’une de ses trouvailles pour réduire la démographie galopante en Afrique avait été d’encourager la propagation de l’épidémie d’Ebola : “Monseigneur Ebola peut régler ça en trois mois“, avait-il lancé, provoquant un tollé général. »

« Le “Menhir breton“ du FN n’aimait pas les Africains ! », renchérit le quotidien Aujourd’hui.

« Jean-Marie Le Pen, soixante ans d’un racisme décomplexé », insiste Jeune Afrique qui dresse un « florilège nauséabond » des propos racistes, antisémites ou homophobes du fondateur du Front national.

« Autant d’outrances dont Jean-Marie Le Pen usait et abusait, pointe le site panafricain, pour exister médiatiquement, tout en donnant à voir le réel fondement idéologique du FN. Et qui ont ouvert la voie à une libération du discours raciste en France. »

En tout cas, relève le site Afrik.com, « l’héritage de Jean-Marie Le Pen, aussi contesté et controversé soit-il, continue de marquer la France et l’Europe. Les tensions liées à l’immigration et à l’identité nationale continueront de nourrir les débats politiques. Et les idées qu’il a portées résonnent dans une large part du débat public, jusqu’en Afrique, où le nationalisme et le rejet de l’immigration prennent parfois des formes similaires. »