Malaisie: la gestion de l'eau, un défi majeur pour la petite île de Langkawi

Malaisie: la gestion de l'eau, un défi majeur pour la petite île de Langkawi

RFI
00:02:35
Link

About this episode

Alors que l’Asie du Sud-Est connaît une vague de chaleur intense, l'île de Langkawi, au nord de la Malaisie, peuplée de moins de 100 000 habitants et destination prisée par les touristes, connaît des problèmes majeurs d’accès à l’eau. En cause : des semaines sans pluie, mais aussi des canalisations sous-marines qui connaissent des fuites. Des habitants insulaires s’organisent comme ils peuvent pour faire face à ces problèmes.

De notre correspondante en Malaisie,

Sous un soleil de plomb et des températures assommantes, Norhasmiza, habitante de la petite île de Langkawi, au nord de la Malaisie, ouvre son robinet au maximum au beau milieu de la journée. « Il y a très peu d’eau et quand tu n’as pas de réservoir d’eau chez toi, tu n’as que ça… Parfois, c'est encore moins », se désole-t-elle. Cette habitante s’organise chaque mois pour faire face à l’absence régulière d’eau courante. « Tous les jours, la lessive me coûte 10 ringgits [2 euros, NDLR]. L’eau minérale, par jour, je dirais que ça me coûte environ 15 ringgits. Vous voulez voir ma facture d'eau ? Parce que, oui, je dois aussi payer ma facture d’eau… Le mois dernier, c'était autour de 47 ringgits. Avant ça, je devais payer 100 ringgits », énumère-t-elle. 

Depuis seulement quelques semaines, cette habitante a désormais une citerne dans son jardin. Objectif : stocker l’eau en cas de coupure. Du matériel qui lui a été donné par une association caritative, car elle n'en a pas les moyens. « Pour moi 2 000 ringgits c’est très cher… Vous savez, ici les gens travaillent parfois pour un salaire de 1 500 ringgits, cela correspond à 300 euros. Donc, comment peuvent-ils se payer ça ? », se demande-t-elle.

Les problèmes d’approvisionnement en eau touchent différents endroits de Langkawi. Cette autre habitante doit parfois payer 5 ringgits par jour pour se doucher dans un hôtel : « Depuis l’an dernier, si ma maison n’a pas d’eau pendant deux ou trois jours, je dois prendre un seau, du savon et une serviette, et je pars me laver. Il n’y a pas eu de pluie ici depuis neuf mois et les tuyaux connaissent des fuites… Donc, on doit se débrouiller pour régler ce problème. »

À lire aussiEn Malaisie, l'approvisionnement en eau de plus en plus problématique pour les habitants

L’eau peut également être jaunâtre à la sortie du robinet. Du côté des hôteliers de Langkawi, on tente d’investir dans les infrastructures nécessaires, comme en témoigne ce manager : « C’est un autre filtre que vous voyez. On a deux procédures de filtrages ici pour nettoyer et assainir l’eau. Là, elle est propre et le matériel coûte très cher. Parfois, on doit filtrer l’eau quatre fois par semaine ! »

Selon ces habitants, le phénomène s’est aggravé ces derniers mois. Pour le chercheur Mohamad Faiz, spécialiste malaisien des conséquences du réchauffement climatique sur l’eau, plusieurs éléments expliquent la situation. Le phénomène El Nino, mais aussi un problème d’infrastructures augmentant les pertes d’eau. « Les efforts visant à résoudre le problème de perte d’eau en Malaisie doivent viser une modernisation des canalisations, une amélioration des compteurs et une mise en œuvre des technologies de gestion de l'eau, explique-t-il. Ces efforts sont, je pense, cruciaux pour renforcer la sécurité de l’eau et garantir sa gestion durable, en particulier dans les zones vulnérables touchées par la variabilité climatique et le manque d’infrastructures. »

Selon la Commission nationale du service de l'eau en Malaisie, le taux de perte de l’eau est estimé à 35% dans le pays.

À écouter aussiEntre pollution et pénuries, l'Asie du Sud-Est en insécurité hydrique constante