Alors que Gaza est sous blocus et que les principales infrastructures – électricité, eau potable – sont à terre, comment les Gazaouis réussissent-ils à se connecter à internet ? En grande partie grâce à la solidarité de citoyens du monde entier, qui leur envoient des e-SIMS, des cartes SIM virtuelles.
De notre correspondante à Ramallah,
Bombardements, témoignages de médecins depuis des hôpitaux dévastés, distributions alimentaires ou choses de la vie quotidienne en temps de guerre. Les témoignages en provenance de Gaza inondent la toile depuis le déclenchement de la guerre. Certains internautes gazaouis comptent même des millions de followers. Un paradoxe, car depuis octobre 2023 et le début de l'offensive militaire, toutes les infrastructures de communication sont à terre.
Certains, à l'époque, ont très vite compris que l’enclave palestinienne risquait d’être coupée du monde. C’est le cas de Moaz Mansour, ingénieur en télécommunications égyptien basé sur la côte ouest des États-Unis. « Bien que la connexion soit coupée à Gaza, on peut toujours y capter le réseau égyptien ou encore israélien. On a pris cela en considération. On s’est dit que c’était donc possible de se connecter grâce à un système de roaming », nous explique-t-il en communication via WhatsApp.
En clair : Moaz achète en masse des recharges égyptiennes et israéliennes qu’il met gratuitement à la disposition des Gazaouis. Sur son site internet Gaza Online, il reçoit des dons du monde entier. Moaz Mansour dit avoir réussi ainsi à faire parvenir plus de 50 000 recharges Internet à Gaza. « On essaye de pousser les gens à faire des dons réguliers parce que c’est ce qui nous permet de continuer ce que l’on fait. On donne la priorité à la connexion sur place aux personnes qui travaillent dans le secteur médical », détaille-t-il.
Comme Moez Mansour, des activistes du monde entier tentent de maintenir Gaza connecté. Jane Shi, une artiste qui vit à Vancouver, au Canada, revendique l’envoi de 18 000 SIM virtuelles vers Gaza. Internet est devenu un besoin élémentaire. « Cela peut être très dangereux de monter sur un toit, d'aller près de la mer ou de se rapprocher de la frontière pour essayer d’avoir une connexion israélienne. Les gens risquent leur vie pour avoir une connexion internet. On a entendu des récits de personnes qui ont été tuées par des bombardements israéliens alors qu’ils essayaient d’avoir un accès à Internet », raconte-t-elle.
Maintenir la connexion sur place permet aux Gazaouis de rester en contact avec leurs proches. C’est aussi une façon pour ses militants de garder un œil sur ce qui se passe à Gaza. Une façon de dire aux Israéliens : « On vous voit. » « Quand il y a eu le massacre de l’hôpital Al Shifa, on a envoyé des SIM virtuelles à des journalistes qui étaient sur place », se souvient la militante canadienne. D’après les témoignages recueillis, les opérateurs israéliens tenteraient bien de couper ces connexions sans avoir réussi encore à ce stade à les empêcher complètement.
À lire aussiGaza: les sauveteurs de la Défense civile en première ligne face aux victimes des bombardements israéliens