Légalisation du tatouage en Corée du Sud: une «reconnaissance sociale» pour les tatoueurs
11 October 2025

Légalisation du tatouage en Corée du Sud: une «reconnaissance sociale» pour les tatoueurs

Reportage international

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En Corée du Sud, 33 ans après son interdiction, la pratique du tatouage par du personnel non médical est légalisée. Son interdiction était en réalité peu appliquée. Mais si de nombreux Coréens se sont fait tatouer ces dernières années, c'était sans cadre légal ou sanitaire. Cette légalisation était attendue depuis longtemps par des milliers de tatoueurs exerçant illégalement.

De notre correspondant en Corée du Sud,

Un salon de tatouage qui se fait discret, non loin d'une bouche de métro. Si depuis ses débuts en 2019, elle restait confidentielle, celle qui se fait appeler Park pourra bientôt sortir de l'ombre. Jeudi 25 septembre, les députés sud-coréens ont voté en majorité pour la légalisation du tatouage par du personnel non médical. Une victoire après un long combat pour de nombreux tatoueurs comme Park.

« Cela fait très longtemps qu'on espérait que le tatouage trouve enfin une place légale en Corée. Pour ma part, j’ai continué à exercer dans un contexte incertain, toujours avec de la peur, de la frustration et de la déception. Mais désormais, nous sommes enfin dans le cadre de la loi. Et au-delà de la simple légalisation, je pense que cela a une grande signification : c’est la reconnaissance sociale de notre art et de notre métier. »

Si la loi vient d'être votée, elle ne sera appliquée que dans deux ans, le temps de mettre en place une licence professionnelle ainsi que des formations sanitaires pour les tatoueurs. Un délai apprécié par Park : « Jusqu’à présent, nous devions tous assumer ces responsabilités individuellement, mais désormais, nous allons pouvoir nous préparer de façon plus systématique dans le cadre fixé par l’État. Je pense que ce n’est pas une contrainte, mais une bonne opportunité pour que le tatouage en Corée gagne davantage de confiance et puisse se développer sainement. »

Autrefois associé à la mafia, le tatouage restait mal vu en Corée du Sud. Les tatoueurs pris sur le fait pouvaient écoper de 7 500 euros d'amende. Malgré l'interdiction, le nombre de salons de tatouage a explosé depuis les années 2000 et le nombre de tatoués avec, atteignant les 10 millions de Coréens.

Ces deux jeunes femmes ont bravé l'interdiction. « J'ai deux tatouages. Je pense que c'est juste de l'expression individuelle, je ne comprends pas que la politique se soit mêlée à ça, cela aurait dû être autorisé depuis longtemps », dit l'une. « Moi, je comptais m'en faire un avec mon amie, j'avais demandé l'autorisation à mes parents, mais je ne me souciais pas vraiment que ce soit illégal ou non. Personne ne respectait cette loi de toute manière », ajoute l'autre. 

Les tatoueurs coréens sont même aujourd'hui reconnus à l'étranger pour leur talent et leurs créations. La légalisation de leur pratique facilitera l'arrivée des clients internationaux déjà très intéressés par les artistes coréens.

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