Donald Trump a fait campagne sur la promesse de relancer la production d’hydrocarbures aux États-Unis, reprenant à son compte le fameux slogan « Drill baby drill », (« Fore, bébé fore »), et tant pis pour l’environnement. Fin mars, son administration a de nouveau autorisé l’exploitation pétrolière et gazière des réserves naturelles de l’Arctique en Alaska. Mais même au très conservateur Texas, source de plus de 40% de la production pétrolière des États-Unis, cette politique du tout pétrole est loin de faire l’unanimité.
De notre envoyé spécial au Texas,
Nous voici à Beaumont, tout à l’est du Texas. La Louisiane est toute proche. C’est ici même au tout début du XXe siècle qu’a été découvert un immense gisement pétrolier qui a lancé une véritable ruée vers l’or noir. À tel point que la ville consacre un musée à l’événement : « Après trois mois de travail acharné, les frères Hamill percent le secret de la plus importante découverte pétrolière de l’histoire. Le 10 janvier 1901, l’éruption projette du pétrole brut sur 30 mètres de haut », commente un film diffusé dans le musée.
Le célèbre gisement est depuis longtemps épuisé, mais comme nous l’explique Heather qui travaille au musée, l’or noir reste au cœur de l’économie locale : « Le pétrole est essentiel pour Beaumont. L’université de la ville forme les gamins du coin aux métiers de l’industrie. Les usines pétrochimiques n’arrêtent pas de s’étendre et de recruter. Les gens de la région font jusqu’à deux heures de trajet par jour juste pour venir ici travailler dans nos raffineries. »
Devant la grande raffinerie ExxonMobil de Beaumont, nous rencontrons Mike qui vient de finir son « shift » : « Si vous regardez une carte de Beaumont, vous allez voir que la raffinerie représente un tiers de la ville. C’est énorme ! » Alors, on lui demande ce qu’il pense de la politique pro-pétrole de Donald Trump : « Je ne suis pas la politique, pour tout vous dire, je ne vote même pas. Mais pour mettre les choses en perspective, pendant le Covid, Exxon a augmenté ses employés de 12%, alors que toutes les autres entreprises étaient en difficulté et dépendaient du gouvernement ! Donc pourquoi ne pas travailler ici ! »
« Je suis préoccupé par l'environnement »Le musée de Beaumont propose une reproduction de la ville telle qu’elle était au moment de la découverte du premier gisement pétrolier. Il y a même un forgeron. « Quand l’industrie pétrolière est née, les forgerons fabriquaient la plupart des outils, les foreuses, rappelle l'intéressé, Rob Flurry. Et cette forge en particulier fabriquait des chariots, c’était le seul moyen de transporter le pétrole. Bien sûr, après, les voitures sont arrivées et les forgerons ont dû s’adapter. »
Rob Flurry, lui, a fait le chemin inverse : « J’ai travaillé dans l’industrie pétrolière presque toute ma vie. Le pétrole a eu son moment, mais aujourd’hui, je suis préoccupé par l’environnement : il est temps de faire les choses plus proprement. Mais dans le climat politique actuel, ce n’est pas vraiment à l’ordre du jour, mais je suis sûr que ça reviendra ! » Comme quoi au Texas, on trouve de tout, même un forgeron écolo dans un musée du pétrole.
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