Espagne: le secteur de la sidérurgie fragilisé par les droits de douane américains
12 March 2025

Espagne: le secteur de la sidérurgie fragilisé par les droits de douane américains

Reportage international
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L'Espagne, qui occupe la troisième place dans la production d'acier en Europe, après l'Allemagne et l'Italie, s'inquiète des répercussions des frais de douane américains sur l'acier et l'aluminium. Dans le nord de l'Espagne, du Pays basque aux Asturies, où sont implantées les principales usines de fabrication et transformation du métal, le secteur contribue à hauteur de 10% du PIB local. Une économie qui dépend du marché européen, lequel connaît un ralentissement préoccupant. Reportage à Gijon, fief de la métallurgie de la province des Asturies.

De notre correspondante à Madrid,

Deux hauts-fourneaux crachent jour et nuit leurs flammes et fumées au milieu d'un enchevêtrement de tuyaux et d'usines, digne d'un décor futuriste à la Mad Max. C'est la cité d'ArcelorMittal, le géant mondial de la sidérurgie situé à quelques kilomètres de la ville de Gijon dans les Asturies. Son activité contribue à 12% du PIB local et permet d'employer directement 5 000 personnes et 2 000 sous-traitants. Parmi eux, il y a Oxyplan, une entreprise de 160 salariés, spécialisée dans la transformation du fer et de l'acier. Les clients européens ne manquent pas pour l'instant comme l'assure Jorge Torres, responsable du département marketing :

« Nous sommes, nous autres, actuellement dans un processus de croissance. Notre grande force est de disposer d'une gamme de machines très ample, qui nous permet de nous diversifier sur le marché et d'offrir aux clients une sécurité, car nous disposons de stocks, même s'il est vrai que le marché peut varier et qu'il existe une certaine incertitude générale. »

Ce sont les répercussions des frais de douane américains sur le marché international de la sidérurgie qui font perdre le sommeil des entrepreneurs locaux. Car les Asturies exportent principalement en Europe, touchée par les hausses de droits de douane américains. Dans le vaste hangar d'Oxyplan, Jorge Torres regarde avec fierté les pièces d'acier finement coupées, dont certaines vont être exportées en Allemagne : « Tout le marché international va être touché évidemment. L'Allemagne est la locomotive de l'acier en Europe. C'est un client direct, mais aussi, l'Allemagne est impliquée dans des projets chez nous ou ailleurs avec nos partenaires. Tout se répercute. Et c'est sûr que les frais de douane ne vont rien arranger à la situation actuelle. »

Des sociétés spécialisées dans le secteur de la Défense

La nouvelle conjoncture politique apporte toutefois quelques espoirs financiers pour la métallurgie locale, comme le souligne Bruno Lopez, le dirigeant d'Asturex, une entreprise semi-privée chargée de promouvoir les produits des Asturies à l'étranger :

« Il y a une industrie, qui ne se voit pas facilement et qui a toujours été là dans les Asturies, qui est celle de l'industrie de la Défense. Ici, il existe un hub, un cluster de 40, 50 entreprises dont la majorité sont liées au métal. Et tout ce qui est en train de se préparer en Europe avec la Défense va réactiver ce secteur. Ici, on fabrique des blindés et toutes sortes de composants. C'est un secteur qui va avoir du poids dans la production en Asturies. »

Le gouvernement espagnol de Pedro Sanchez a assuré que l'Espagne allait passer de 1,3% à 2% de son PIB en matière de Défense, ce qui suppose un investissement de 10 milliards d'euros. Dans les Asturies, le secteur du métal se prépare déjà à accueillir de nouveaux projets militaires.

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