Élections en Inde: la jeunesse et les femmes veulent entrer au Parlement

Élections en Inde: la jeunesse et les femmes veulent entrer au Parlement

RFI
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La figure polarisante du Premier ministre Narendra Modi concentre l'attention, mais ce sont d’abord des députés locaux que les électeurs Indiens, environ un milliard, sont appelés à choisir. Une classe politique qui peine à se renouveler, même si des candidats plus jeunes tentent de rejoindre le Parlement.

Ce fut l'irruption de Narendra Modi sur la scène politique nationale qui a poussé Tejasvi Surya, un des plus jeunes députés du pays lors des législatives de 2019, à s'engager. « La jeunesse indienne était frustrée du parti du Congrès, de nombreuses affaires de corruption avaient écorné l’image des politiciens. J'ai été séduit par Narendra Modi qui promettait de rompre avec ces pratiques et j’ai fait campagne pour lui à 23 ans », se souvient-il. Dix ans plus tard, Tejasvi Surya est une des étoiles montantes du BJP et se présente à nouveau dans la ville de Bangalore.

À Calcutta, à 1 871 kilomètres de là, Saira Shah Halim s'est, elle aussi, engagée après l’élection de Narendra Modi, mais pas pour le soutenir. « J’ai grandi dans une famille de gauche où l'on parlait de politique dès le petit déjeuner ! Mon ADN est laïque et démocratique. Donc j’ai manifesté contre l’abolition de l’autonomie du Cachemire musulman ou les lois réservant la citoyenneté aux réfugiés non musulmans », déclare cette jeune militante avec fierté.

À 45 ans, elle est candidate pour le Parti communiste indien marxiste et s'inquiète d’une dérive autoritaire du parti au pouvoir, menaçant la démocratie. Tejasvi Surya balaie ces craintes : « Nulle part, vous ne verrez autant de citoyens se passionner pour l’exercice démocratique comme en Inde. Vous me rencontrez dans le Karnataka, où le Parti du Congrès vient de renverser le BJP. La preuve d’un système multipartite en bonne santé ! »

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Si l’étiquette politique joue un rôle, c’est d’abord dans leurs circonscriptions que les députés doivent parler aux électeurs. Saira Shah Halim veut améliorer le réseau sanitaire local et Tejasvi Surya vante, lui, son premier mandat : « Nous avons ouvert 100 kilomètres de lignes de métro pour endiguer les terribles embouteillages de Bangalore. Dans ma circonscription, 130 pharmacies vendent désormais des médicaments génériques accessibles à tous », énumère le jeune député.

Les deux candidats s’accordent au moins sur une chose : le besoin de rajeunir le Parlement, où l'âge moyen des députés est de 54 ans. On y trouve par ailleurs seulement 77 femmes sur 573 sièges. « Je fais face à la misogynie, déplore Saira Shah Halim. Parce que je suis musulmane, certains pensent que je suis conservatrice et d’autres, au contraire, n’aiment pas que je porte un jean en tant que femme ! Mais ce n'est pas grave, les jeunes doivent s’imposer, en portant fort leurs convictions. » 

Les jeunes sont ceux qui votent le moins, d’autant qu’ils déménagent pour leurs études loin de leurs bureaux de vote. Ils perçoivent aussi les politiques comme des opportunistes. Le 4 juin, jour des résultats, après un mois et demi de vote réparti à travers tout le pays, Tejasvi Surya et Saira Shah Halim sauront s’ils intègrent le Parlement de New Delhi où ils auront, nul doute, des échanges animés ! 

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