Canada: les entreprises québécoises face aux droits de douane américains
01 February 2025

Canada: les entreprises québécoises face aux droits de douane américains

Reportage international
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Après des mois de suspense, le président américain met sa menace à exécution en promettant d’imposer dès aujourd’hui des droits douaniers de 25% sur les marchandises en provenance du Mexique et du Canada. Côté canadien, Donald Trump cible particulièrement les secteurs de l’aluminium, du cuivre et de l'acier. Des tarifs sur le pétrole pourraient venir un peu plus tard. Pour l’instant, le Canada réserve sa réponse. Mais déjà les entreprises exportatrices s’interrogent sur leur avenir…

Beauce Atlas, l'usine de poutre d'acier de Nicolas Blais, se situe seulement à une heure de la frontière américaine, au Québec. Dès les premières annonces de Donald Trump sur la possibilité d'une hausse des droits de douane, l'entrepreneur a mis les bouchées doubles pour expédier le plus de charpentes métalliques possibles chez ses clients aux États-Unis.

Confrontée à de possibles droits de douane de 25% sur ses ventes, l'entrepreneur compte sur la fidélité de ses clients américains. « On a quand même un produit qui est très abordable à cause du taux de change. On a une proximité aussi avec eux depuis les 15 ans, 20 ans que nous sommes là. Donc, ils veulent entretenir les relations pour nous conserver comme sous-traitants. Eux, ils sont prêts à assumer les droits de douane. Il y a tout de même 50% de risques avec les autres clients qui ne veulent pas payer ces tarifs-là », analyse-t-il.

Nicolas Blais espère que le Canada va pouvoir négocier des tarifs à la baisse avec son puissant voisin : « Actuellement, on n'est pas en mode urgence. On pense que c'est uniquement un levier de négociation. On a vécu des crises économiques par le passé, on a vécu des droits de douane en 2019, de l'ordre de 10% pendant neuf mois. Finalement, ils ont été retirés. Ça nous a été remboursé. On croit vraiment fermement que c'est la même chose qui va se passer actuellement. Du moins, on l'espère. »

À 80 km de là, un autre entrepreneur, vit lui aussi avec les conséquences des droits douaniers. Julien Veilleux, de l'entreprise Rotobec, fabrique de grandes pinces mécaniques dans une usine au Québec et dans deux usines américaines. Il y a quelques mois, il a décidé de déménager une partie de sa production québécoise. « Toutes mes pinces forestières étaient faites à Sainte-Justine. Cela va être délocalisé aux États-Unis parce que 100% de ce chiffre d'affaires là est américain. Si les droits de douane continuent, il faudra continuer le projet de délocalisation. C'est malheureusement là-dessus que l'on travaille présentement. Pour le Canada, ce ne sont pas de bonnes nouvelles, puisque moi, j'avais quand même de la place pour y faire de la croissance. Mais je vais être obligé de la faire aux États-Unis », regrette-t-il.

Face à l'imposition de ces droits douaniers, le Premier ministre canadien Justin Trudeau se veut rassurant. « Nous allons aussi réagir. Notre réponse est prête. Une réponse déterminée, énergique, mais raisonnable et immédiate. Nous allons veiller sur les Canadiens, sur les propriétaires d'entreprises et les gens à travers le monde qui considèrent le Canada comme un partenaire clé », a-t-il déclaré. On devrait savoir d'ici peu comment le Canada va mener la guerre commerciale qui s'amorce avec un pays où sont envoyés 75% de ses exportations.

 

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