Reportage France
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Du lundi au vendredi, un reportage pour mieux connaître la société française et comprendre ses débats.

Plato: le satellite à la recherche d'une nouvelle Terre
19 December 2024
Plato: le satellite à la recherche d'une nouvelle Terre

Existe-t-il d'autres planètes que la Terre propices à la vie dans l'Univers ? Depuis la découverte de la première exoplanète, il y a 30 ans, près de 5 700 planètes ont été identifiées hors de notre système solaire, et la liste ne cesse d'augmenter. Mais aucune, jusqu'à présent, ne remplit toutes les conditions essentielles à la vie. Avec ses caméras, le satellite Plato (pour PLAnetary Transits ans Oscillations of stars), développé par l'Agence spatiale européenne, a pour mission de trouver ces nouvelles Terres... habitables. Le satellite est actuellement en cours de construction.

Avant d'entrer dans l'immense salle blanche, la pièce où est monté et testé le satellite, il est essentiel de s'équiper : « Il ne faut pas faire rentrer de poussière à l'intérieur, avertit Catherine Vogel, cheffe du programme Plato chez le constructeur Thales Alenia space. Donc tout le personnel qui travaille en salle blanche doit être équipé d'une charlotte, d'un cache-barbe, d'une blouse et de surchausses. »

Il faut éviter que le moindre grain de poussière ne vienne enrayer la machinerie complexe du satellite. « Il faut savoir que ce satellite part à cinq fois la distance Terre-Lune et il doit être entièrement autonome », poursuit la cheffe de projet.

Pour l'instant, des amoncellements de câbles et de matériel informatique s'échappent d'un module en cours de montage. Bientôt,  26 caméras de haute précision y seront ajoutées. Une fois dans l'espace, elles auront environ 200 000 étoiles dans leur viseur pendant 2 ans d'affilée. « Un défi technologique, c'est d'être capable de pointer les étoiles sans bouger, avec une précision qui serait la même que de tenir un grain de sable dans la main, viser ce grain de sable avec un laser à partir d'une distance d'un kilomètre », explique Catherine Vogel.

Le tout sous d'énormes contraintes de températures qui ne doivent pas perturber les instruments. « Quand le spécimen est en l'air, un coup, il va être chauffé par le soleil. Un coup, il va être masqué. Donc du coup, vous allez avoir tout le temps des effets chaud froid, entre -94 degrés et +163 degrés », détaille Sébastien Guerrere, responsable du générateur solaire.

Devant une immense capsule, ce dernier teste le bouclier thermique qui devra protéger le satellite : « Quand on ferme le gros couvercle, on va faire le vide et on va pouvoir faire monter l'enceinte à des températures très élevées ou très basses, dans des conditions qui se rapprochent de ce qu'on verra dans l'espace. »

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« On cherche vraiment à trouver des planètes qui soient similaires à la Terre.

Une fois en orbite, Plato doit pouvoir repérer l'ombre infime des planètes quand elles passent devant leur soleil et réaliser toute une série de mesures pour dire si elles peuvent potentiellement être habitables, résume Catherine Vogel. « La vie ailleurs, ça veut dire des planètes qui soient dans des zones où il y a potentiellement de l'eau. Donc il ne faut pas être trop près de son soleil parce que sinon toute l'eau s'évapore et on brûle. Il ne faut pas être trop loin parce que sinon tout gèle, décrit la cheffe de projet. Donc on cherche vraiment à trouver des planètes qui soient similaires à la Terre. On est aujourd'hui au début d'une grande ère de découvertes. Je pense qu'on cherche tous à savoir si on est les seuls et la probabilité qu'on le soit est de plus en plus faible au fur et à mesure de nos découvertes. »

Le satellite doit être lancé fin 2026, avec, elle l'espère, les premières trouvailles en 2027.

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En France, les petites entreprises connaissent elles aussi la crise
11 December 2024
En France, les petites entreprises connaissent elles aussi la crise

En France, l’hiver social s’annonce rude. Alors que le pays est plongé dans l’incertitude politique et que les finances publiques sont dans le rouge, l’état de l’économie inquiète fortement. L’automne a été marqué par une vague de plans sociaux et de défaillances d’entreprises. Si les fermetures annoncées par les grands groupes comme Michelin, Auchan ou ArcelorMittal ont attiré l’attention, les petites entreprises ne sont pas épargnées par la crise, au contraire.

De notre envoyé spécial à Marseille,

Fin novembre, François Asselin, le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises, tire la sonnette d’alarme. Il dénonce le « plus grand plan social » en cours dans les petites entreprises. À Marseille, dans le Sud de la France, Pascale Clergue connait bien ce problème : « Quand on est debout sur un chantier, cela veut dire qu’on est debout avec son entreprise et donc cela veut dire qu’on n’est pas mort... », déclare cette cheffe d'entreprise, qui nous reçoit sur l'un des chantiers qu'elle pilote, celui du futur collège jésuite Loyola, situé dans un quartier en pleine mutation de la ville. 

En mars 2023, son entreprise d’ingénierie dans le BTP a été placée en redressement judiciaire alors qu’elle était en cessation de paiement. « Cessation de paiement, c’est quand vous arrivez au début du mois et que vous ne pouvez plus payer les salaires de vos employés, explique Pascale Clergue. Moi, j’en avais 11, donc c’était très compliqué. »

Pour sauver l’entreprise, ébranlée par les crises à répétition, il a fallu licencier tout le monde. « Les raisons sont multiples. Bien évidemment, il y a eu le Covid-19. Pendant deux mois, les chantiers se sont arrêtés, ma trésorerie est devenue catastrophique, se désole-t-elle. Après le Covid-19, nous, on a eu la chance d’avoir beaucoup de travail en 2021, donc on a embauché. Seulement, on était trop juste et quand, en 2022, l’immobilier a commencé à chuter, les taux d’intérêt [ont augmenté], les permis ne sortaient pas, etc. on a plongé. On n’avait pas assez de ressources pour pouvoir maintenir les salariés dans l’entreprise. »

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« On a des plans sociaux qui sont monumentaux »

Anne Jegat est cheffe d’entreprise et juge au tribunal de commerce de Salon-de-Provence. Elle est donc aux premières loges de la crise en cours. « Le tribunal de commerce, c’est un tribunal pour les patrons, géré par les patrons, bénévolement. On juge, mais on conseille énormément. »Elle explique que les plans sociaux touchent moins les TPE et PME que des entreprises de plus grosse importance : « Cela s’appelle encore des PME, mais ce sont des grosses PME. On a des plans sociaux qui sont monumentaux, dont on n’avait pas l’habitude, des entreprises qui faisaient vivre beaucoup de gens et qui s’effondrent. »

Désormais seule et lourdement endettée, Pascale Clergue regarde avec inquiétude les remous actuels, mais elle veut croire qu’elle est désormais mieux préparée à affronter la tempête. « Cette traversée pendant deux ans, c’est ce qui m’a le plus appris en tant que cheffe d’entreprise, assure-t-elle. Alors, je ne dis pas qu'il faut que tous les chefs d’entreprise déposent le bilan et remontent une boîte. Mais je crois que Steve Jobs disait : "Pour être un excellent chef d’entreprise, il faut couler trois fois son entreprise." »

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Les promesses non tenues des Jeux olympiques de Paris 2024
10 December 2024
Les promesses non tenues des Jeux olympiques de Paris 2024

Énorme succès populaire dans la capitale, les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 ont été suivis, selon le Comité international olympique, par près de cinq milliards de personnes dans le monde. Le milieu sportif français espérait tirer bénéfice de la réussite des Jeux, tant sur les politiques sportives publiques que sur la mise en lumière de certaines disciplines. Or, quatre mois après la cérémonie de clôture des Jeux olympiques, l'heure est plutôt au désenchantement.

Que l'ambiance de fête semble loin : feux d'artifice éteints, vasque démontée, symboles olympiques et paralympiques décrochés et sourires envolés. Baisses annoncées de budget des acteurs publics, incapacité matérielle des clubs à accueillir de nouveau licenciés, l'après-Jeux, censé ouvrir des perspectives, ne laisse qu'un goût amer dans la bouche de Philippe Bana, le président de la Fédération française de handball. « Le post-olympique devait être, non pas enchanté, il ne faut pas rêver, mais on en attendait trois millions de pratiquants, une sécurisation et surtout une conscience que le sport, c'est un des rares trucs de la société française qui peut fabriquer de l'éducation, de la société, rassembler les gens, déplore Philippe Bana. Et tu ne parles pas de ça derrière. Il faut vraiment que les gens prennent conscience que ce truc peut aider la France à ne pas sombrer. » 

Pas coulé, mais déjà bien touché : le dispositif de deux heures de sport supplémentaires au collège testé dans le contexte des JO pour lutter contre la sédentarité des ados ne s'appliquera plus qu'aux zones d'éducation prioritaire. Un mauvais signal pour la championne olympique de sabre Manon Apithy-Brunet : « Le sport, c'est bien pour la santé mentale, mais aussi pour la santé physique, rappelle la championne. Donc, me dire qu'on supprime au fur et à mesure ça... On a déjà des problèmes avec les écrans, donc si on n'ouvre pas le côté sportif aux jeunes, qu'est-ce qu'on va devenir plus tard ? Je pensais que ces Jeux olympiques montreraient des belles valeurs et finalement, on les a montrées, mais on ne s'accroche pas forcément. Donc, ça me rend un peu triste. » 

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Le budget des sponsors en forte baisse

Pour les médaillés, récolter les fruits de la gloire ne sera pas simple. Paris 2024 a asséché les budgets des sponsors, devenus plus sélectifs. Si Léon Marchand, Teddy Riner ou les frères Lebrun n'ont pas grand-chose à craindre, Nicolas Gestin, qui a décroché l'or en canoë, appréhende la période : « Pour un sport un peu mineur comme le canoë, c'est toujours particulier pour retrouver des entreprises prêtes à continuer l'aventure avec moi et aussi profiter quand même un peu de la médaille, qui m'offre quelques opportunités pour trouver une plus grande assise financière. Parce qu'en plus de ça, mes saisons vont me coûter, entre guillemets, plus cher parce que j'ai tout intérêt à me faire accompagner plus que je ne l'étais avant. Donc voilà, il y a du boulot et c'est un peu le nerf de la guerre de ces prochains mois. »

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Et la situation risque d'être encore plus délicate pour les parasportifs. Le nageur Alex Portal redoute l'opportunisme et le manque de suivi des partenaires. « Certains ont voulu dire, on veut soutenir des sportifs paras, et ceux qui se désengagent après les Jeux, ça montre une facette qui est un peu malsaine, je trouve, déplore le sportif. Finalement, c'était pour quoi ? Est-ce que c'était vraiment humain derrière tout ça ? Donc, voilà, on est contents de ceux qui continuent à pousser dans cette direction-là, parce que dans le para, il n'y a pas forcément d'argent, mais en tout cas, c'est en faisant ces efforts-là que, peut-être un jour, on aura la reconnaissance, comme aux Jeux olympiques. » 

 

Si l'aspect le plus durable des Jeux reste pour l'heure la construction ou la rénovation d'infrastructures, le mouvement sportif attend désormais bien plus, à commencer par une vraie loi « héritage » pour honorer toutes les promesses d'un bel été.

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Notre-Dame de Paris: un système anti-incendie novateur pour éviter un autre drame
05 December 2024
Notre-Dame de Paris: un système anti-incendie novateur pour éviter un autre drame

La cathédrale Notre-Dame de Paris s’apprête à rouvrir ses portes, cinq ans après l’incendie d’avril 2019. La cérémonie officielle a lieu ce samedi 8 décembre, en présence du président Emmanuel Macron et d’autres chefs d’État étrangers. Le public pourra redécouvrir l’édifice à partir de dimanche, même si des images de l’intérieur ont déjà été dévoilées. On y découvre une cathédrale plus lumineuse et presque chaleureuse. Ce que les visiteurs ne verront pas en revanche, c’est le nouveau système anti-incendie localisé dans la charpente

C’est au nord de Paris, à 70 kilomètres de la cathédrale Notre-Dame de Paris, que nous avons rendez-vous. Benjamin Truchot, responsable de l’unité « Dispersion, incendie, expérimentation et modélisation » de l’Ineris, nous accueille dans son bureau. Sur l’écran de son ordinateur, une reproduction en trois dimensions de la nef de Notre-Dame. « Ça, c’est le résultat d’une simulation numérique de propagation de l’incendie dans la nef de Notre-Dame, explique l’ingénieur. Et ce que vous voyez en orange et noir, c’est le feu et la propagation de l’incendie. »

Il suffit en effet d’un clic pour démarrer l’animation et observer la propagation du feu version numérique. « L’objectif, c’est de voir à quelle vitesse le feu se propage, à quelle vitesse il atteint la partie haute, comment il interagit avec la ventilation et ça, ensuite, ça nous permet d’imaginer les mesures de sécurité qui vont permettre de juguler la propagation du feu et après de les tester », déroule Benjamin Truchot.

Test grandeur nature

C’est l’étape suivante : tester en grandeur nature les résultats de la simulation. Pour cela, Benjamin Truchot nous emmène dans un immense hangar, « une chambre d’expérimentation, là où l’on réalise toutes les expérimentations incendies. »Ici a été reproduite à l’identique la charpente de Notre-Dame, dans une version plus petite, qui n’a pas servi bien longtemps, et pour cause : « On a reproduit sur cette charpente un départ identique à un feu qui pourrait se déclencher sur la charpente réelle. »

L’expérimentation a eu lieu il y a quelques semaines. Elle a démontré que le feu se propage comme l’avait anticipé la simulation sur ordinateur. Jusqu’à s’éteindre brutalement. Jean-Pierre Bertrand, technicien à l’Ineris, a supervisé le test : « On a démontré qu’après un départ de feu assez massif, le brouillard d’eau arrivait à éteindre le début d’incendie sur la charpente ». Les millions de micro-gouttelettes envoyées par le brouillard d’eau permettent en effet de réduire la température ambiante et d'étouffer les flammes en chassant l’oxygène. Résultat, « c’est le système du brouillard d’eau qui est installé aujourd’hui dans la charpente de la cathédrale », explique Benjamin Truchot.

Le moderne au service de l’histoire

Le choix du brouillard d’eau pour lutter contre un éventuel nouvel incendie est la conclusion de plusieurs mois de travail et d’un défi : celui d’adapter les dernières technologies numériques aux besoins d’une architecture historique, souligne Benjamin Truchot. « C’est l’intérêt de la modernité et des progrès de la science. C’est la modernité au service de la reconstruction d’un bâtiment historique. » 

Jean-Pierre Bertrand voit, lui, un autre intérêt à ces semaines d’expérimentation. Celui de faire connaître sa profession. « Les gens comprennent bien l’utilité de mon métier. Ils comprennent que l’on essaye de renforcer la sécurité pour que rien ne se reproduise à l’identique dans le futur. »

Benjamin Truchot se montre, lui, plus modeste. « Il y a une petite touche de notre patte à Notre-Dame, oui. » Mais si un nouvel incendie était circonscrit plus rapidement, devrions-nous estimer que c’est aussi grâce à l’Ineris ? « En partie grâce à nous, oui. » L’ingénieur fait toutefois une promesse : cette option n’arrivera pas.

 

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