Reportage Afrique
Reportage Afrique

Reportage Afrique

Nos correspondants et envoyés spéciaux sur le continent africain vous proposent, chaque jour, en deux minutes une photographie sonore d'un évènement d'actualité ou de la vie de tous les jours. Ils vous emmènent dans les quartiers ou dans les campagnes pour vous faire découvrir l'Afrique au jour le jour.

Maurice: Ebony Forest, le refuge des derniers ébéniers
29 December 2024
Maurice: Ebony Forest, le refuge des derniers ébéniers

À Maurice, où ne subsiste que 2% de la forêt originelle, un projet ambitieux redonne vie à l'écosystème d'antan. Sur les hauteurs de Chamarel, Ebony Forest s'étend sur 50 hectares. Là-bas, renaissent peu à peu les précieux ébéniers. Cette réserve naturelle, devenue une attraction écotouristique, offre aux visiteurs un voyage dans le temps, au cœur de la forêt mauricienne ancestrale.

De notre correspondant de retour de Chamarel,

La forêt d'Ebony, devenue l'un des hauts lieux de l'écotourisme à Maurice, attire des visiteurs en quête d'une expérience authentique. Elle abrite le coq des bois, l'un des oiseaux les plus rares de l'île. Une passerelle surélevée permet d'explorer ce sanctuaire, témoin de la forêt mauricienne d'avant l'arrivée des Hollandais au XVIe siècle. Perchée sur une crête du village de Chamarel, elle offre une expérience sensorielle unique. « Les Mauriciens, comme les étrangers, découvrent ici à quoi ressemblait une véritable forêt endémique. Même si nous ne pourrons jamais recréer totalement les forêts d'origine, nous tentons de nous en rapprocher au maximum », souligne Nicolas Zuel, directeur de la conservation de la forêt d'Ebony.

Le site abrite aujourd'hui six des neuf espèces d'oiseaux endémiques encore présentes à Maurice. Ces oiseaux, comme les geckos réintroduits, jouent un rôle crucial. « Ce sont des pollinisateurs », explique Noamie, jeune écologue. Nicolas Zuel ajoute : « Ils contribuent aussi au contrôle des insectes. »

La restauration de cette forêt a débuté en 2006. Plus de 141 000 plantes indigènes y ont été replantées pour favoriser la régénération naturelle, notamment celle des ébéniers.

À lire aussiTourisme en Afrique: à Maurice, les hôtels ont un label tourisme local et responsable [2/5]

Au XVIe siècle, les ébènes recouvraient toute l'île

L'histoire raconte qu'au XVIe siècle (1598-1710), les Hollandais, échoués sur l'île pendant un cyclone, découvrirent les précieux ébéniers. « Après avoir réparé leur navire avec ce bois local, ils réalisèrent en rentrant en Hollande qu'ils avaient utilisé de l'ébène, un bois précieux. L'île devint alors une escale stratégique, non seulement sur la route des épices vers l'Inde, mais aussi pour l'exploitation de l'ébène », raconte Nicolas Zuel.

L'ébène couvrait alors toute l'île, formant d'impénétrables forêts. Une réalité que le voyageur anglais Thomas Herbert décrivait ainsi en 1630 : « Les forêts d'ébéniers étaient si denses qu'on pouvait à peine y pénétrer. »

À lire aussiMaurice: la crécerelle, emblème national et seul oiseau prédateur vivant sur l’île

Congeler ses ovocytes: un projet en question en Tunisie
28 December 2024
Congeler ses ovocytes: un projet en question en Tunisie

En Tunisie, la question de la congélation des ovocytes a été remise dans le débat début novembre par une députée. Dans le pays, la loi n’autorise la procédure que pour les femmes mariées ou celles subissant un traitement médical qui peut menacer leur fertilité. La parlementaire Syrine Mrabet réclame que la cryoconservation ovocytaire soit accessible à toutes les femmes, y compris les célibataires, dans un contexte où les femmes tunisiennes se marient plus tardivement et privilégient souvent leur carrière et leurs études.

Le droit pour toutes les femmes de devenir maman, c'est ce que demande la députée Syrine Mrabet. En plein débat sur la loi des finances, elle a relancé une discussion mise de côté en Tunisie. Alors qu’elle évoquait la baisse du taux de natalité dans le pays, la députée en a profité pour défendre la réforme de la loi sur la congélation d’ovocytes. La loi actuelle n’autorise pas les femmes célibataires à recourir à la procédure, sauf exception médicale. 

Cela fait pourtant des années que plusieurs femmes ont lancé le débat dans le pays. La journaliste Nayma Mansour Charmiti, 43 ans, en parle dès 2022.

 « C’est parti d’une expérience personnelle, je me suis demandée pourquoi il y avait une telle discrimination envers les femmes non mariées. J’ai écrit un post Facebook à l’époque, puis, je me suis exprimée dans pas mal de médias et j’ai tout de suite reçu un flot de commentaires et d’appels de femmes qui m’ont toutes dit : nous sommes dans la même situation, que faire ? », raconte-t-elle. 

Depuis la promulgation de la première loi en 2001, les choses ont changé. Les couples tunisiens se marient plus tardivement à cause de la dégradation de la situation économique. Selon plusieurs études, beaucoup de femmes mettent aussi en avant leur carrière avant le projet de mariage ou de parentalité. Des raisons qui poussent Nayma Mansour Charmiti à défendre l’amendement de la loi actuelle.

« Moi, on m’a proposé d’aller faire la procédure à l’étranger, j’ai refusé parce que mon combat, c'est vraiment qu’on arrive à le faire en Tunisie et qu’on encourage aussi l’État à aller dans notre sens, j’insiste sur le fait que je veux congeler mes ovocytes en Tunisie », affirme la journaliste. 

De nombreux gynécologues soutiennent aussi une réforme de la loi, d’autant plus qu’il n’existe pas de contre-indication religieuse, comme l'explique Mohamed Khrouf est gynécologue obstétricien, spécialiste de l’infertilité.

« Pourquoi, parce qu’il s’agit de congeler ses propres ovules pour utiliser ses propres ovules plus tard et donc il n’y a pas de contradiction, d’ailleurs, il y a beaucoup de pays arabo-musulmans qui ont autorisé la congélation d’ovocytes bien avant la Tunisie, alors que la Tunisie est habituellement pionnière sur ces questions-là ».

La procédure coûte actuellement dans les 75 euros à l’hôpital et environ 1 500 euros dans le privé. Un projet de loi pour élargir son accès devrait être soumis prochainement au Parlement tunisien. 

Rwanda: la danse des Intore inscrite au patrimoine mondial immatériel de l'Unesco
28 December 2024
Rwanda: la danse des Intore inscrite au patrimoine mondial immatériel de l'Unesco

C'est l’une des traditions culturelles les plus emblématiques du Rwanda. La danse des Intore, les anciens guerriers du pays des Mille Collines, a été inscrite début décembre 2024 au patrimoine mondial immatériel de l'Unesco. Une reconnaissance qui fait la fierté des membres du ballet national du Rwanda, gardiens de l'héritage culturel du pays.

Les pas suivent le rythme donné par les tambours. Dans la salle de répétition, le ballet national se prépare à l'une des dernières représentations de l'année. Parmi les danseurs, Benon Tuyizere, membre de la troupe depuis plus de huit ans.

« J'admirais les danses rwandaises quand j'étais petit, et j'étais timide au début. Mais j'ai appris grâce à des amis. Quand j'ai commencé, mon rêve était d'intégrer le ballet national. Et maintenant, je porte haut le drapeau de ma culture. Je danse au plus haut niveau, et il n'y a pas de plus grande fierté que ça » confie Benon Tuyizere.

Créé en 1973, le ballet national regroupe les meilleurs danseurs du pays. À 29 ans, Alain Murayire a voyagé en Côte d'Ivoire, en Tunisie, en Belgique et dans de nombreux autres pays avec la troupe intore. Une danse autrefois exécutée par des guerriers devant le roi. « Être Intore, c'est comme être un soldat sur un champ de bataille. On montre par la danse notre élégance, notre patriotisme et on représente les Rwandais », explique-t-il.

La danse des Intore, promotion de la cohésion sociale

Sur la piste, lance et bouclier en main, la troupe scande en chœur les récits des combats. Des chants qui accompagnent les pas de danses imitant les mouvements des guerriers. « Quand on saute très haut et qu'on tourne notre tête très vite, on voit que le public est impressionné. J'aime aussi beaucoup les sauts où on atterrit sur le genou droit, le genou gauche en avant. C'est un mouvement très apprécié », mentionne Alain Murayire.

De cette danse pratiquée dans les mariages, les festivals et tous les événements locaux, l'Unesco souligne le rôle dans la promotion de la cohésion sociale au Rwanda. Un rôle unificateur déterminant après le génocide des Tutsis, explique Masamba Intore, directeur artistique du ballet national.

« La danse a été un outil pour rassembler les gens, pour les mettre ensemble, et je ne dirais pas pour oublier, mais pour se réconforter, s'associer. Que tu sois d'une classe riche, pauvre, moyenne, cultivateur ou éleveur, la danse rassemble tout le monde », développe Masamba Intore.

Des pratiques transmises dès le plus jeune âge dans les familles, mais aussi à l'école. Avec de nombreuses troupes partout au Rwanda, l'héritage culturel des Intore est largement préservé dans le pays et désormais sur la scène mondiale, gravé à jamais au patrimoine de l'Unesco.

À lire aussiTrente ans du génocide des Tutsis: le Rwanda commémore un passé dont «il faut tirer les leçons»

En Côte d'Ivoire, une pièce de théâtre célèbre Samory Touré, résistant à la colonisation
26 December 2024
En Côte d'Ivoire, une pièce de théâtre célèbre Samory Touré, résistant à la colonisation

Samory Touré, l'Intraitable Chef ! : c'est le titre de la pièce de théâtre jouée vendredi 27 décembre au Palais de la Culture d'Abidjan, en Côte d'Ivoire. C'est une réinterprétation du classique Les Sofas de l’intellectuel ivoirien Bernard Zadi Zaourou, également ancien ministre de la Culture sous Henri Konan Bédié, publiée en 1975. Les étudiants de l'Insaac (Institut national supérieur des arts et de l’action culturelle) forment la troupe de ce spectacle produit par l'ONG Y-voir et Sourire, engagée dans l'insertion des jeunes à risque. La pièce présente le chef mandingue Samory Touré, l'un des résistants à la colonisation française de l'Afrique de l'Ouest à la fin du XIXᵉ siècle.

Une salle plongée dans le noir. Sur scène, un projecteur éclaire une douzaine d'acteurs, en pleine répétition. « Samory Touré vit depuis Sandougou, sa capitale », clame sur scène un acteur.

La pièce retrace les grandes heures de Samory Touré et de son empire à cheval sur le Mali, la Guinée et la Côte d'Ivoire. Il résistera pendant 17 ans aux colons. « Oui, Samory Touré se fait rapidement remarquer pour ses capacités dans le maniement des armes », orchestre l'actrice.

Les comédiens sont nés un siècle après la mort du chef mandingue. Axelle ne connaissait pas son histoire il y a quelques semaines : « J'acquiers des connaissances que je n'avais pas. Cette pièce écrite par Monsieur Bernard Zadi Zaourou me permet de connaître l'histoire qui s'est passée au temps de Samory Touré. »

À lire aussiStéphanie François (Haïti): «Fifi, les tambours et les étoiles»

D'une tragédie à un message

Au centre de la tragédie, une opposition. D'un côté, le chef de guerre soutenu jusqu'au bout par son peuple. De l'autre, son fils, le prince partisan de la paix avec les Français. Un thème d'actualité pour le docteur Charles Boguifo, qui produit le spectacle avec l'ONG Y-voir et Sourire :

« On voit dans Samory Touré un personnage historique qui a fait preuve de résistance à une époque, de dignité, de souveraineté. C'est ce message qu'on veut montrer. De pouvoir se prendre en charge, qui est une notion importante, qu'il faut faire comprendre à cette jeunesse aussi par la même occasion. »

Une pièce critique sur Samory Touré

Érigé en héros en Guinée, l'image de Samory Touré était négative en Côte d'Ivoire il y a 50 ans, selon la chercheure Elara Bertho : « C'est un personnage qui est considéré comme extrêmement cruel puisqu'il a ravagé le nord de la Côte d'Ivoire avec la tactique de la terre brûlée. »

Pour cette spécialiste de littérature comparée, la pièce de Bernard Zadi Zaourou se veut même critique : « Il y a relativement peu d'empathie. Le père est montré comme assez cruel. Donc, on voit qu'il y a une présentation dans les années 70 en Côte d'Ivoire qui est beaucoup plus nuancée qu'actuellement où, aujourd'hui, Samory Touré est davantage montré comme un résistant à la colonisation, voire un personnage panafricain. »

Pour ce spectacle, Samory Touré, l'Intraitable Chef !, une seule représentation est prévue.

À lire aussiJocelyn Danga Motty (République démocratique du Congo): «Ne t'étonne pas si ma lettre sent le sel»

L'orchestre tchadien African Melody est prêt à célébrer ses 50 ans
25 December 2024
L'orchestre tchadien African Melody est prêt à célébrer ses 50 ans

Au Tchad, l’un des groupes musicaux mythiques du milieu des années 1970, African Melody, s'apprête à célébrer son cinquantenaire. Cette commémoration, visant à rendre hommage aux regrettés membres fondateurs et aux mélomanes de l’orchestre, aura lieu au premier trimestre de l’année 2025.

De notre correspondant au Tchad

L'un des groupes musicaux mythiques du milieu des années 1970, African Melody, célèbre au début de cette année 2025 son cinquantenaire. Cinq décennies au cours desquelles le groupe tchadien a su bercer de nombreuses générations de mélomanes.

Fin de journée ce jeudi dans le 6ᵉ arrondissement de Ndjamena, sous un hangar en secco. C'est ici que vit Hassan Biany, leader du groupe. À défaut de salle de répétition et d'instruments, les membres de l'orchestre répètent avec les moyens du bord, dont deux guitares.

Le vécu des terroirs et les maux de la société en chanson

Toute chose a un début. Le groupe African Melody a été créé en 1974 par un groupe d'amis centrafricains, congolais et tchadiens, tous passionnés de musique. Le tout premier concert du groupe a eu lieu le 28 novembre 1974 à Ndjamena, nous explique Tchomba Tchadien, connu sur scène sous le nom de Hassan Biany.

Malgré l'évolution de la musique, pour Hassan Biany, l'orchestre puise sa longévité dans des chansons qui racontent le vécu des terroirs et les maux qui minent la société : « On avait un répertoire garni. [....] On avait déjà une quinzaine de mélodies. À l'époque, quand on parle d'African Melody, on avait le respect de beaucoup de gens à travers le monde entier. »

À lire aussiL'Histoire du Tchad racontée en musiques

Aucun album après 50 ans

L'œuvre d'African Melody est une école pour la jeune génération d'artistes tchadiens. Doumpa Ya Pécho, artiste, musicien et membre du groupe, en fait partie. « Quand il faisait des répétitions, moi, j'étais gamin [....]. C'est ça qui m'a donné la mission aujourd'hui, d'aimer vraiment tout ça. »

Si rien n'est fait en faveur du groupe, on parlera bientôt de lui au passé, fait comprendre son leader, Hassan Biany : « Les moyens sont précaires. C'est quand on joue et qu'on trouve un peu d'argent, c'est ça qui nous permet de maintenir l'orchestre. Parce que quand on fait un concert, on est obligé de prendre la plupart de l'argent pour payer la location de matériel. »

Du haut de ces 50 ans et plus de cinquante titres composés, African Melody ne compte à son actif aucun album, pas d'instruments et pas de structure professionnelle pour ses répétitions.

À lire aussiKadeux, la révélation de la musique tchadienne

Afrique du Sud: un Noël à Soweto autour de la tradition du barbecue
24 December 2024
Afrique du Sud: un Noël à Soweto autour de la tradition du barbecue

En Afrique du Sud, dans le township le plus célèbre du pays, Soweto, Noël se fête avec un barbecue. Ce township connu notamment pour sa culture très riche, et pour abriter les maisons de deux prix Nobel, l’archevêque Desmond Tutu et l’ancien président Nelson Mandela. Là-bas, pour Noël, on se retrouve autour d'un barbecue, que l'on appelle « Braai ».

De notre correspondant en Afrique du Sud,

Nous voilà sur le parking d’une station service en plein cœur de Soweto, en Afrique du Sud. C’est ici qu’un nouveau restaurant propose des dégustations. « On propose aux gens qui viennent prendre de l’essence d’entrer et de goûter nos plats » explique Lungisa. Alors, nous entrons. « Bienvenue à Sakhumzi », lâche Lungisa et Jumo le manager.

« Les Sud-Africains adorent le Braai », précise Jumo. À Noël à Soweto, le Braai est l'incontournable. « Oui, exactement, peut-être même que le père Noël aime le Braai lui aussi !! » dit Jumo en riant.

« Je suis le Chef Keke. Voici un plateau pour deux avec des saucisses, des steaks et du poulet. Je vous ai aussi mis des frites. » Avec cette commande de Braai de Noël sur place, Noël se fête avec les clients et les propriétaires du lieu. « Oui ! Joyeux Noël ! » lâche Lungisa.

Le barbecue de Noël chez un particulier

À quelques pâtés de maisons du restaurant, on fête aussi Noël. Cette fois dans un jardin. « On est chez moi ! dit Lebo en guise d'accueil. C’est un moment qui nous permet de passer du bon temps et de célébrer Noël tous ensemble. On fait comme ça à Soweto. On vient de quartiers différents, mais on est là, ensemble. On se relaxe, on est en vie, heureux. La vie est belle !! » conclut-elle.

C'est un bon moment entre amis et en famille. « On vous souhaite le plus merveilleux des Noël » souhaite à la foule la fille de Lebo et son cousin au micro. « C’est le plus beau jour de l'année » confie le cousin. « Parce qu’on passe du temps avec sa famille et ses amis », renchérit la fille de Lebo.

À lire aussiAu Kenya et en Côte d'Ivoire, l'effervescence des retours en province pour passer Noël en famille

Soweto, la culture du Ubuntu

« Salut DJ, raconte un peu à la radio française comment ça se passe ! » lance un petit garçon au DJ. « On adore la musique. On danse ici ! » souligne le DJ Mbulelo, responsable aussi du repas. Avant de partir, évidemment on n'oublie pas de faire un petit détour vers le grill et ses flammes.

« Ça avance bien. J’attends juste le poulet. Vous savez, parfois Soweto a mauvaise réputation. Mais c’est avant tout un endroit avec une culture très riche, la culture du Ubuntu : se retrouver et partager le repas. C’est positif !! »

Ils sont une trentaine réunis aujourd’hui dans ce jardin de Soweto habité d’une humeur festive, autour donc du traditionnel Braai de Noël.

À lire aussiAfrique du Sud: au Cap, un Noël noir et blanc en couleurs

La feuille de manioc, le produit phare des fêtes à Bangui
23 December 2024
La feuille de manioc, le produit phare des fêtes à Bangui

En Centrafrique, la fête de Noël n’a pas dérogé à la règle traditionnelle. Comme à l'accoutumée, de nombreuses familles s'activent dans les marchés pour acheter et préparer la feuille de manioc, la nourriture phare des fêtes à Bangui. En plus des arbres de Noël, des décorations et des cadeaux, ce repas occupe une place importante pendant les festivités. Si certains ménages ont déjà commencé à cuisiner leur ngoundia, une autre appellation de la feuille de manioc, d'autres sont dans les marchés à la recherche du précieux sésame.

De notre correspondant à Bangui, 

Après avoir décortiqué et pilé les feuilles de maniocs dans un mortier, Manuela Shanice Koundjia les fait bouillir dans une grosse marmite. À côté, la jeune mère de famille prépare les condiments dans une poêle. Elle nous décrit les étapes de sa recette.

« Les feuilles ont une très forte odeur. Donc, il faut faire bouillir pour faire sortir cette forte odeur. À côté, si vous avez votre poisson fumé, vous pouvez le laver avec de l'eau chaude, et le faire bouillir avec un peu de sel. Vous écrasez vos condiments, comme l'oignon. Après avoir fait ça, vous faites frire le poisson. Puis, vous ajoutez à vos feuilles de l'huile de palme ou d'arachide, ça dépend de vous, vous mettez vos oignons et tout ce qui va avec ».

Et comme accompagnement, elle a choisi plusieurs grillades pour satisfaire chaque membre de sa petite famille.

« Les gens préfèrent souvent manger du poulet, nous raconte-t-elle en riant, mais ça peut s'accompagner avec tout ce qui est grillades, des fritures… Tout se mange avec des feuilles de manioc. Chez moi, ça ne manque pas, c'est comme une tradition de manger des feuilles de manioc pendant la fête de Noël ». Mais sur les marchés de la capitale, ce produit alimentaire se fait de plus en plus rare.

Au marché central, les clients se bousculent pour acheter les dernières feuilles de maniocs disponibles. Magalie en fait partie.

« J'ai fait le tour du marché, mais je n'en ai trouvé qu'une petite quantité. Comme chaque année, la demande dépasse l'offre et je suis sincèrement désespérée. La fête ne serait plus la même si je n'arrive pas à trouver cet aliment. Il me faut maintenant aller à la source chez les cultivateurs », se désole-t-elle. 

Sandrin Kongo a parcouru des kilomètres pour s'approvisionner dans un champ au nord de Bangui.

« Ce 25 décembre 2024, je vais organiser une petite fête et inviter les enfants du quartier. Et on en discutait avec ma femme, on se disait que l'ingrédient, qui dominera le repas, ce seront les feuilles de manioc. Le goût est tellement bon, quand tu les manges, tu sens que tu consommes quelque chose de naturel. Ça ouvre l'appétit et ça rassasie », s'exclame-t-il. 

La fête de Noël autour d'un plat de ngoundia permet non seulement de consolider les liens, mais c’est aussi le moment où l’on s’offre des cadeaux. 

Les chorales de Lubumbashi se préparent pour la messe de minuit
22 December 2024
Les chorales de Lubumbashi se préparent pour la messe de minuit


Le 24 décembre, des milliers de chrétiens vont se rassembler pour la messe de minuit à Lubumbashi. Mais en raison de la situation sécuritaire jugée précaire, dans la ville, le culte du 24 ne sera pas célébré, comme le veut la tradition à minuit, mais plutôt entre 18 et 20 heures. Et pour marquer cet événement, des chorales s’y préparent déjà depuis une dizaine des jours. Denise Maheho est allée à leur rencontre. 

De notre correspondante à Lubumbashi, 

Dans l’enceinte de la paroisse catholique Saint-Laurent à Lubumbashi, une trentaine des chanteurs de la chorale Mwanga, sont en pleine répétition. Cette chorale, qui existe depuis 32 ans, s'apprête à animer la messe de Noël mardi soir.

« Nous chanterons le 24 décembre à 19h00. Le répertoire comprendra de nouvelles chansons et des anciennes chansons. Nous alternons pour ne pas perturber les chrétiens, vu que nous ne chantons que le 24 décembre, une fois par an », nous explique Hortense Kibwe, la présidente.

La tenue des membres de la chorale Mwanga fait également partie de la célébration de la fête de la nativité de Jésus, comme le raconte Hortense Kibwe. 

« Nous avons toujours eu de tenues particulières. Comme là, nous allons mettre des toges de couleur blanche et verte. Il y a un membre qui s’est porté garant pour nous habiller cette année », nous raconte-t-elle. 

Plus loin, la chorale de l’Église pentecôtiste Porte des Cieux s’apprête surtout à mettre de l’ambiance au cours du culte de la nativité. Et cela fait 15 jours qu’on s’y prépare. Julie Mangaza, la vingtaine, est très motivée. 

« Il y aura vraiment beaucoup d’ambiance, beaucoup de temps d’action de grâce, beaucoup de louange et d’adoration », se réjouit-elle. Puis d'entonner, « je veux me réjouir dans le Dieu de mon salut, ensemble louons le Seigneur, Il est vivant ».

En l’Église Méthodiste Unie, une des plus grandes Églises de la ville, là aussi, toutes les chorales sont en effervescence. Une dizaine de jeunes de la paroisse Jérusalem apprennent un nouveau morceau. Sa guitare à la main, le maître de chant s’assure que tout le monde maîtrise non seulement la mélodie, mais aussi les paroles. Et Stéphane, secrétaire du groupe, pense surtout à la qualité du son.

« Nous avons demandé qu’on revoie la sonorisation, parce que l'on sent dès maintenant qu'il y a trop d’écho, et c’est ce qu’on veut éviter. L'objectif est que la journée se passe sans heurts », déclare Stéphane.  

Pour la plupart des choristes, chanter à la fête de la Nativité est un événement à ne pas rater. 

Au Maroc, de fortes tensions entre chauffeurs de taxi et de VTC
21 December 2024
Au Maroc, de fortes tensions entre chauffeurs de taxi et de VTC

Alors qu’Uber a jeté l’éponge il y a six ans déjà, d’autres applications de transport à la personne opèrent au Maroc comme Careem, Yango ou InDrive. Le vide juridique concernant cette pratique commerciale provoque toujours de nombreuses situations de conflits entre chauffeurs de taxi et chauffeurs particuliers.

De notre correspondant à Casablanca,

Moustafa parcourt les artères de Casablanca depuis 5 heures du matin dans son petit taxi rouge aux sièges défraîchis. Il est chauffeur depuis plus de 10 ans. Selon lui, le métier devient de plus en plus pénible, entre les bouchons casaouis qui lui rendent le quotidien difficile et l’essor des applications de transport qui l’inquiète. Pour lui, ces applications devraient être réservées uniquement aux taxis rouges.

« Le problème, c’est que des véhicules personnels arrivent sur ce marché et les chauffeurs de taxi sont obligés de partager leur clientèle avec ces nouveaux acteurs, ça va réduire notre pouvoir d’achat, et ça nous fatigue au quotidien, dénonce le chauffeur de taxi. Il faut réguler, réguler le système de transport urbain, et c’est l’État qui doit le faire. »

Sur la toile, les vidéos se multiplient montrant des chauffeurs de taxi lancer des attaques verbales ou physiques contre les conducteurs utilisant ces applications avec leur véhicule personnel, qu'ils accusent de ne pas respecter la loi. Le mois dernier, la presse marocaine a largement relayé l’histoire d’un ressortissant russe qui s’est interposé pour séparer un chauffeur de taxi et un chauffeur de VTC. Le chauffeur de taxi a été mis aux arrêts. À Casablanca, Youssef, chauffeur de voiture particulière âgé de 65 ans, a appris à éviter ses collègues taxis. « Ça fait deux ans que je fais ce travail-là — ou ce service-là, témoigne-t-il. Au début, on avait beaucoup de problèmes, maintenant, j'évite les chauffeurs [de taxi], j’évite la police, j’essaye de l’éviter. »

À lire aussiAu Kenya, les chauffeurs VTC en grève pour un meilleur salaire

Un vide juridique

Les applications qui opèrent au Maroc sont nombreuses : Yango, inDrive ou encore Careem. Mais ces entreprises n’ont toujours pas réussi à convaincre les autorités de légiférer pour permettre aux chauffeurs privés de travailler légalement. C’est ainsi qu’Hicham, chauffeur InDrive à Marrakech, s’est fait retirer son permis.

« J’ai été dénoncé par les taxis. Eux, ils ne voulaient pas que ces applications travaillent ici, au Maroc, explique le chauffeur InDrive. J’ai été arrêté, j’étais choqué. Bien sûr, les clients aussi ont été choqués par ce geste-là, ils m’ont pris mon permis pour trois mois. Ce n’était pas facile pour moi parce que c’est ma seule source pour avoir de la monnaie. Bien sûr, ma voiture a été confisquée et j’ai payé une pénalité ».

Pour éviter les problèmes, les clients des applications sont invités à s’assoir à l’avant et régler la course le plus discrètement possible. Situation paradoxale : bien que les chauffeurs de VTC travaillent toujours dans l’illégalité, certaines applications, comme l’américaine InDrive, affichent leurs publicités dans la rue. En avril dernier, le groupe parlementaire du Parti du progrès et du socialisme a adressé une question formelle au ministre de l’Intérieur au sujet de ce vide juridique.

À écouter dans Grand reportageLivreurs sans-papiers, chauffeurs mal-payés, quand le modèle Uber vacille

Sénégal: à Dakar, les autrices à la fête pour la 3ᵉ édition du Salon du livre féminin
20 December 2024
Sénégal: à Dakar, les autrices à la fête pour la 3ᵉ édition du Salon du livre féminin

Du 20 au 22 décembre se tient à Dakar la 3ᵉ édition du Salon du livre féminin. Derrière cette rencontre, le collectif les Cultur’elles qui cherche à promouvoir les industries culturelles au féminin au Sénégal et en Afrique. Au programme : stands de livres, panels de discussion ou encore remises de prix. Avec toujours l’idée que les femmes sont les mieux à même de raconter les femmes.

De notre correspondante à Dakar, 

Au programme ce vendredi 20 décembre matin du Salon du livre féminin à Dakar, un panel sur les femmes et l’immigration clandestine, ainsi que la présentation d’un recueil de nouvelles. La romancière et scénariste Amina Seck coordonne les derniers détails. Avec son collectif les Cultur’elles, c’est elle qui a créé le salon au Sénégal, en partant de sa propre expérience. « En tant que romancière, j’arrive dans ce milieu, mais je ne suis pas au courant des activités littéraires et des événements littéraires, comme un Salon du livre, témoigne-t-elle. Et quand je suis au courant, j’y vais en tant que spectatrice, mais pas en tant qu’actrice. Les femmes n’étaient pas mises en avant ou bien peu de femmes étaient mises en avant. Et surtout, c’étaient des femmes qui étaient déjà connues, qui ont publié des livres depuis longtemps, depuis les années 1980. » Un des objectifs du salon : renouveler la littérature féminine et proposer de nouveaux noms en dehors des classiques, comme Mariama Ba.

Au salon, de nombreux stands proposent les ouvrages de jeunes autrices, comme celui de la maison d’édition L’Harmattan. « On reçoit beaucoup de manuscrits de jeunes filles, surtout celles qui écrivent des romans, des nouvelles et de la poésie, indique le responsable communication de L’Harmattan, Papa Seingane Ndiaye. Il confie recevoir de plus en plus de manuscrits écrits par des femmes. Le thème général, c’est le féminisme. Ça revient toujours. C’est l’affirmation surtout de la femme. Elles écrivent aussi sur la tradition. »

À écouter dans Littérature sans frontières Réédition du texte majeur « La Parole aux négresses » d’Awa Thiam

La Côte d’Ivoire, pays invité de cette 3ᵉ édition du Salon

Le pays invité cette année, c’est la Côte d’Ivoire : plusieurs écrivaines ont fait le déplacement, comme Nania Koulibaly. Secrétaire de direction, elle a publié deux ouvrages. Le premier s’appelle Naïma. « Le thème est toujours d’actualité. C’est sur le mariage forcé. Ce n’est pas seulement dans mon pays puisque lors de mes dédicaces, j’ai rencontré beaucoup de personnes, beaucoup de femmes d’autres pays qui m’ont confirmé qu’effectivement, c’est une situation qui existe encore. »

Amina Seck veut que le Salon soit un espace où les femmes se sentent à l’aise pour prendre la parole et partager leurs vécus. « Beaucoup ont décliné, je ne sais pas pourquoi... La plupart m’ont dit : “Non, je ne sais pas trop parler en public”. Je pense que c’est une occasion aussi pour qu’on puisse se retrouver, affirme-t-elle. Parce qu’on n’arrête pas également de dire que les femmes n’arrêtent pas de se plaindre dans leur production littéraire. On ne se plaint pas, on raconte nos vies. »

Le Salon, un lieu de rencontres et pourquoi pas de nouvelles opportunités. C’est en tout cas ce que souhaite l’Ivoirienne Assita Sidibé. « Il arrive que des écrivaines d’autres pays soient produites par des maisons d’édition en Côte d’Ivoire. Pourquoi ne pas faire l’inverse ? »

Dix femmes sont également formées en résidence sur la création et l’écriture de nouvelles, et deux prix littéraires seront remis.

À lire aussi Salon du livre africain : des auteurs en auto-édition plus nombreux lors de la troisième édition