Présidence LR: la tension monte entre les rivaux Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez
23 March 2025

Présidence LR: la tension monte entre les rivaux Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez

Politique, le choix de la semaine

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Dans un peu moins de deux mois aura lieu l'élection pour la présidence du parti Les Républicains, le 17 mai. Une certitude depuis cette semaine, ce sera bien un duel entre Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau puisqu'aucun autre candidat ne s'est déclaré avant la date butoir du 17 mars. La campagne entre dans le dur et s'est nettement tendue entre les deux hommes.

Le challenger, c’est lui. Laurent Wauquiez est contraint à l’attaque. Depuis le début de la campagne, il suit sa ligne : vanter l’indépendance contre la solidarité au fragile gouvernement de François Bayrou et sauter sur toutes les balles.

Le week-end dernier, Bruno Retailleau lui en a offert sur un plateau. Ce dernier menace de démissionner si la France cède sur le dossier algérien. Il entend mener un bras de fer dans ce dossier à travers une riposte graduée, allant jusqu’à la dénonciation des accords de 1968, ce à quoi le président Macron n’est pas favorable.

Laurent Wauquiez s’en saisit : dans une interview au Parisien, il déclare :« L’exécutif a choisi de capituler avant même de combattre. Si le président de la République refuse de dénoncer les accords, rester au ministère de l’Intérieur, cela n’a aucun sens. » Mardi, nouvelle pique. Lors des questions au gouvernement, le chef des députés LR s’adresse au Premier ministre en déplorant l’absence de grand texte sur l’immigration. Il demande : « Êtes-vous déterminé à donner les moyens à votre gouvernement d’agir ? ».

Rebelote jeudi, dans les réseaux sociaux, en réaction au réquisitoire de 10 ans de prison contre l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal. : « La riposte algérienne, elle, n’est pas graduée », réagit Laurent Wauquiez 

Cette mise sous pression, proche de celle du Rassemblement national, à laquelle le ministre de l’Intérieur ne répond pas, du moins pas directement. La semaine dernière, il s’est risqué à une formule à la radio : « Les chiens aboient, la caravane passe », avait lancé Bruno Retailleau. Son concurrent extrapole, se disant convaincu que Bruno Retailleau regrette cette formule malheureuse.

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Signes d'agacement chez les Retaillistes 

Et en coulisses, en revanche, les équipes de Bruno Retailleau parlent. Oui, son entourage le dit avec ironie : « Laurent Wauquiez a cet avantage de ne pas être chef de groupe à l’Assemblée nationale. Son absence aux deux débats sur l’Ukraine est une honte ».

Laurent Wauquiez délaisse, il est vrai, ses fonctions de député pour effectuer 120 déplacements de campagne jusqu’à mai. Il faut faire des « cartes », comme on dit dans le jargon. Environ 20 000 nouveaux adhérents ont rejoint les rangs de LR depuis le début de la campagne, soit 60 000 potentiels électeurs à ce jour. Dans cette bataille de l’ombre, les « Retaillistes » montrent quelques signes d’agacement. L’un d’eux avoue en off : « Laurent Wauquiez a la main sur le parti, et on hurle de plus en plus chez nous. »

De quoi laisser penser à un autre match dans le match, que les « Wauquiezistes » imposent : le candidat des adhérents contre celui des barons du parti. Une façon pour les partisans de Laurent Wauquiez de minimiser les derniers ralliements de nouveau poids lourds à Bruno Retailleau : Valérie Pécresse et la ministre Sophie Primas, notamment.