Les fissures, déjà apparentes, entre Les Républicains et le reste du « socle commun » semblent se renforcer ces derniers jours, sur fond de critiques de l’action de François Bayrou. Les LR commencent à se poser sérieusement la question de leur participation au gouvernement.
La porte a été entrouverte par le nouveau président du parti lui-même. Lors de son premier bureau politique, l'instance réunissant les ténors des Républicains (LR) et convoqué cette semaine, Bruno Retailleau a déclaré : « Notre sortie du gouvernement, comme notre entrée, devra être décidée collégialement ». Rien de très précis, mais le sujet est désormais posé sur la table.
Un participant au bureau politique l’a interprété ainsi, et pour lui, ce n’est pas une mauvaise nouvelle : « Ce n’est plus tenable pour LR de soutenir Bayrou ». Déjà peu enthousiastes à l’idée de participer à un gouvernement dirigé par celui qui, par deux fois, a appelé à voter contre Nicolas Sarkozy, les Républicains jugent très sévèrement les six premiers mois de François Bayrou à Matignon. « Il n’y a que des propositions de loi votées, aucun texte du gouvernement », critique un sénateur, un sourire en coin. « Il n’y a aucun cap, il semble tout découvrir ». Une députée, de son côté, déplore : « Son manque de courage me déprime. Il est incapable d’assurer la moindre cohésion ».
« Cadenassé »Mais pourtant, cette participation au gouvernement a permis à LR de revenir sur le devant de la scène. Tous au parti en conviennent. Cependant, l’élection du président semble avoir ouvert une nouvelle phase, celle de la préparation à 2027. La liberté de ton accordée aux ministres a surtout permis à Bruno Retailleau de l’emporter triomphalement sur Laurent Wauquiez. « On aurait intérêt à ne pas trop tarder à partir maintenant », souffle un élu à la sortie du Bureau politique de mercredi. « Bruno a crevé l’écran, mais il aura du mal à avoir un bilan à Beauvau. Plus il reste, plus il se fait attaquer par le RN et plus il est cadenassé par Emmanuel Macron, comme sur l’Algérie », assure un LR bien informé.
Le parti étudie déjà des motifs de rupture avec le gouvernement Bayrou. Sur la proportionnelle aux législatives, la formation de droite s’oppose fermement. Concernant le futur budget 2026, pour lequel le Premier ministre appelle « tous les Français à faire des efforts », LR refuse toute hausse d’impôts. Certains vont même jusqu’à pronostiquer une censure du gouvernement à l’automne.
On perçoit, en tout cas, une forme d’accélération. Une réflexion s’engage sur une raison valable pour rompre avec le macronisme. D’autres questions restent à trancher : faut-il un candidat LR pour 2027 ? Si oui, qui ? Sinon, qui soutenir ?
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