Le torchon continue de brûler entre le camp macroniste et Les Républicains. Dimanche, Bruno Retailleau, actuel ministre de l'Intérieur a été élu président du parti. Et l'agacement n'a pas tardé à poindre du côté des élus macronistes qui estiment que l'intéressé a « l'impression d'avoir déjà gagné la présidentielle ». Autre élément irritant, la sortie de cette ministre LR qui a fait grincer des dents dans le camp présidentiel.
Et pas n'importe quelle ministre, la porte-parole du gouvernement Sophie Primas. Interviewée sur Europe 1, cette proche de Bruno Retailleau estime que « le macronisme trouvera probablement une fin dans les mois qui viennent. La question c'est comment on rebâtit la suite ». Dans la foulée, les messageries des députés Ensemble pour la République ont surchauffé. Députés qui ont immédiatement demandé la démission de Sophie Primas mais aussi de Bruno Retailleau.
Car quelques jours plus tôt, le ministre de l'Intérieur avait clamé : « je ne suis toujours pas macroniste ». Pas très sympathique alors que le camp présidentiel et Les Républicains cohabitent dans le socle commun formant le gouvernement. Dans un tir groupé à l’allure d’offensive organisée sur les réseaux sociaux, les cadres de Renaissance se sont plu cette semaine à rappeler les scores modestes de LR lors des derniers scrutins.
C'est donc une ambiance compliquée dans le bloc central où ils sont tous alliés malgré euxC'est une ambiance à couteaux tirés. On ne compte plus les sujets de discorde. Du port du voile dans le sport, aux suites de la condamnation de Marine Le Pen et du Rassemblement national, de la fin des Zones à Faible Émissions à la loi Paris-Lyon-Marseille en passant par les deux lois sur la fin de vie qui sont en ce moment débattues dans l'hémicycle, le socle commun s'illustre par des divisions permanentes s'exprimant en continu sur la place publique. Elles opposent les LR aux macronistes, mais aussi au sein même de chaque parti la composant. Les députés des deux blocs ne s’en cachent plus. Pierre Cordier, devant le groupe LR : « À force, on ne sait plus ce qu'il y a de commun dans ce socle ».
Le gouvernement peut-il encore tenir longtemps ?Pour le moment, la coalition de François Bayrou est encore protégée par la peur du chaos que pourrait entraîner la chute de son gouvernement. Mais pour combien de temps ? De tous les côtés de ce bloc central les signes d'exaspération se multiplient. En témoignent les dernières déclarations évoquées plus haut.
Même s'ils n'aiment pas les personnalités d'Emmanuel Macron et François Bayrou, les électeurs LR aiment encore moins le désordre. Malgré les tensions, aucun député du bloc central n’imagine d’ailleurs son gouvernement être renversé par une motion de censure comme celui de Michel Barnier en décembre 2024. La perspective d’une dissolution, techniquement possible à partir de cet été, effraie jusque dans les rangs du Rassemblement national. De quoi la dissuader d’appuyer sur le bouton rouge de la censure.
Mais chacun le sait, le budget qui arrive s'annonce explosif et c'est donc à partir du mois d'octobre que, s'il veut tenir, le socle commun devra se ressouder pour affronter cette dangereuse zone de turbulences.