Dans deux semaines, la campagne interne des Républicains connaitra son dénouement avec l'organisation du congrès devant élire un chef à cette famille politique orpheline depuis le départ d'Éric Ciotti. La bataille entre Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez se raidit en cette fin de campagne
Dans le camp de Bruno Retailleau, on craint une fin de la campagne« pourrie » par Laurent Wauquiez. Le chef des députés de la droite et challenger dans cette élection, multiplie les coups de pression pour tenter de déstabiliser son rival.
Laurent Wauquiez s’empare notamment du débat budgétaire lancé par François Bayrou. Il n’hésite pas à menacer de retirer le soutien des Républicains (LR) au gouvernement si les impôts venaient à augmenter. Il exige également que Bruno Retailleau s’oppose publiquement à l’instauration de la proportionnelle, une position délicate pour le ministre de l’Intérieur, dont la fonction l’empêche de formuler de telles menaces.
Comme depuis le début de la campagne, Bruno Retailleau refuse de répondre directement aux attaques, tout en reconnaissant, en privé, être visé « matin, midi et soir ». Hors micro, son entourage réplique :« Laurent est le seul à faire ce genre de menaces, personne ne le suit au parti ».
Une anecdote illustre l’ambiance tendue à quinze jours du scrutin. La semaine dernière, les deux rivaux se sont croisés lors d’une séance photo pour un hebdomadaire. L’échange, qui a duré « sept minutes et trente secondes », n’était« ni très froid, ni très cordial », selon un témoin.
La course aux cartes terminéeL’autre grande bataille de cette campagne est la mobilisation des adhérents. À ce jeu, les deux candidats ont fait le plein. On connaît désormais le nombre de votants potentiels pour le scrutin en ligne, qui se tiendra du 17 au 18 mai : plus de 121 600 adhérents. Un chiffre impressionnant, qui montre que le parti a quasiment triplé son nombre de membres, passant de 43 000 en février à ce nouveau record.
Les détails de cette mobilisation permettent d’évaluer la capacité de chaque candidat à rallier des soutiens. Laurent Wauquiez a consolidé son fief en Auvergne-Rhône-Alpes, région qu’il a présidée, où l’on compte désormais près de 18 000 encartés. Bruno Retailleau, originaire des Pays de la Loire, une région moins peuplée et donc moins décisive, mise sur un autre bastion : l’Île-de-France, avec ses 26 000 adhérents. La fédération de Paris, la plus importante du parti, est considérée par une large majorité de cadres comme le « véritable fief » de Retailleau.
Ce n’est pas un hasard si Bruno Retailleau organisera son dernier grand meeting le 11 mai en région parisienne. Ses soutiens affichent une confiance affirmée :« Le match est plié, il ne sera pas élu avec 65 %, mais pas loin », confie un sénateur.
De son côté, Laurent Wauquiez maintient un rythme effréné, enchaînant jusqu’à deux meetings par jour, parfois toute la semaine. Malgré des sondages défavorables, son entourage reste convaincu de sa victoire, affirmant que « la campagne des militants, c’est clairement la sienne ».
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