Conseil constitutionnel : Macron évite le camouflet de justesse
23 February 2025

Conseil constitutionnel : Macron évite le camouflet de justesse

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Une nomination a beaucoup fait parler en France, celle de Richard Ferrand comme président du Conseil constitutionnel. L'ancien président de l'Assemblée nationale n'a obtenu la validation des parlementaires qu'à une voix près. Emmanuel Macron, qui avait choisi de proposer le nom ce fidèle pour cette fonction, a donc évité le camouflet de justesse.

 

C’était bien Emmanuel Macron la cible. Depuis l'annonce du choix présidentiel, la machine à contestation s'était emballée, car Richard Ferrand est identifié comme un grognard de la Macronie, artisan de la victoire de 2017, fidèle parmi les fidèles, éphémère ministre devenu président de l'Assemblée nationale avant d'être battu aux législatives de 2022, premier dégât collatéral de sa proximité avec Emmanuel Macron. Depuis, Richard Ferrand, reconverti dans le privé, restait l'un des conseillers de l'ombre du président. C'est pour toutes ces raisons que sa nomination à la tête du Conseil constitutionnel a suscité tant de protestations.

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« Une casserole de plus »

Faire barrage à Richard Ferrand, c'était envoyer un message de rejet à Emmanuel Macron. Un parlementaire proche d'Edouard Philippe résume la situation dans des termes imagés, c'était selon lui le moyen « de foutre une casserole de plus » au président, avant d'ajouter à propos de la pertinence du choix de Richard Ferrand : « Je n'aurais pas pris cette décision, mais ça n'a rien de scandaleux ». Une ministre très macroniste défend elle avec zèle l'ancien président de l'Assemblée nationale et dénonce un « procès en amitié », quand le député LR Olivier Marleix condamne lui un « copinage malsain » avec le chef de l'État. Car c'est de la gauche mais aussi de la droite républicaine que sont venus les attaques et les votes contre la nomination de Richard Ferrand, alors que le RN s'est abstenu et lui a sauvé la mise.

Quelles conséquences ?

D'abord, cela montre la fragilité du socle commun, cette alliance de circonstance entre le bloc central et LR sur laquelle repose le gouvernement Bayrou. À la première occasion les Républicains manifestent qu'ils détestent Emmanuel Macron. Un chef de groupe du Sénat estime qu'en voyant que le RN s'abstenait, ils se sont « lâchés » en votant contre le candidat du président. Et puis, chaque décision de Richard Ferrand au Conseil constitutionnel risque d'être passée au crible du soupçon de partialité. A moins que comme Robert Badinter qui fut nommé à la même fonction, il ne démontre qu'il a intégré son « devoir d'ingratitude » par rapport à celui qui l'a nommé, Emmanuel Macron.