Budget français: le Premier ministre François Bayrou à nouveau la tête dans l’entonnoir
20 April 2025

Budget français: le Premier ministre François Bayrou à nouveau la tête dans l’entonnoir

Politique, le choix de la semaine

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Prendre l’opinion à témoin : c’était l’objectif du Premier ministre en réunissant mardi 15 avril le nouveau « comité d’alerte sur le budget ». Une appellation censée incarner l’urgence du moment et la hauteur vertigineuse du mur de la dette : plus de 3 300 milliards d’euros. Le Premier ministre tente donc d’insuffler cette petite musique catastrophiste en amont du budget qui arrivera à la rentrée. 

François Bayrou a employé un lexique alarmiste : « montagne de difficulté », « situation intenable ». Une chose est sûre : le Premier ministre a voulu capter l’attention d’une opinion publique défiante à son égard. « Rien ne serait possible sans le soutien des Français. Et leur soutien ne viendra que de leur pleine information », explique-t-il. Prendre l’opinion publique à témoin permettra-t-il de trouver un consensus politique pour faire voter le budget ? Rien n’est moins sûr. 

Si le Premier ministre François Bayrou a rappelé un contexte que les français connaissent déjà, il n’a proposé aucun diagnostic. Et preuve qu’un accord politique sur ce futur budget est encore bien lointain, les oppositions sont restées campées sur leurs positions.

Budget base zéro, un concept utilisé aux États-Unis

Pour plancher sur le budget, François Bayrou et son gouvernement veulent mettre en œuvre une autre méthode, celui du budget base zéro, où toutes les dépenses sont annulées, un concept utilisé notamment aux États-Unis. Après le ministre de l’Économie Eric Lombard, qui a prévenu qu’il fallait faire un effort supplémentaire de 40 milliards d’euros, tous les moyens sont bons pour trouver des solutions.

Le budget base zéro est une méthode qui diffère des approches budgétaires traditionnelles. Chaque dépense doit être justifiée. Cette fois-ci, pas d’élaboration du projet de loi de finances en partant de celui de l’année précédente : on part d’une feuille blanche pour chaque ministère. La méthode est utilisée aux États-Unis par Elon Musk, notamment, mais les proches du Premier ministre expliquent que, dans le cas présent, « cela n’a rien à voir ». 

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Des menaces de censure pressantes

Depuis quelques jours les menaces de censure des oppositions se font de plus en plus pressantes. Comme chaque année les premières discussions sur le budget réveillent les envies de censure. L’épée de Damoclès pourrait donc rester accrochée plusieurs mois au-dessus de la tête du Premier ministre. Car le Rassemblement national, les Insoumis, ainsi que les socialistes ont déclaré cette semaine être prêts à voter une motion de censure sur le budget cet automne. Pas question pour eux de demander aux français de se serrer la ceinture.

À noter néanmoins qu’étant donné leurs actualités respectives, la censure peut s’éloigner. Le PS se retrouve avec un congrès pour désigner le successeur d’Olivier Faure. Chez LR, le duel entre Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau s'impose. Et du côté du RN, il y a la condamnation de Marine Le Pen, pour laquelle désormais toute censure du gouvernement fera automatiquement peser un risque sur la cheffe de file du parti d'extrême-droite. Seule la France insoumise pourrait mettre rapidement sa menace à exécution, mais sans aucun danger pour François Bayrou.