
Stratégies d'intimidation et manoeuvres informationnelles saturent l'actualité
Les dessous de l'infox
Intimidation du fort au faible, mais aussi du faible au fort, et de plus en plus fréquemment «stratégie du fou», capable d'actions violentes imprévisibles, ces pratiques ont de plus en plus tendance à éclipser la diplomatie, la recherche du dialogue et de solutions de compromis. Comment distinguer le bluff de la menace avérée ? Comment organiser la résilience dans un contexte de brutalisation des relations internationales ?
La brutalité dans les relations internationales, facilitée ou amplifiée sur les réseaux sociaux, signe le retour des «hommes forts» sur le devant de la scène, et le recul de la diplomatie et des solutions de compromis. Comment y faire face ? interroge Frédéric Charillon, auteur d’une «Géopolitique de l’intimidation», aux éditions Odile Jacob.
Frédéric Charillon est professeur des Universités en Sciences politiques à l'Université Paris Cité, il dirige l'Observatoire des stratégies d'influence de l'Essec. Il a cofondé l'Institut de recherche stratégique de l'École militaire (Irsem).
Le plus grand danger réside dans l'effet mode de cette manière forte de s'imposer sur la scène internationale, estime l'auteur. La méthode de l'homme fort réside dans la politique du fait accompli, comme on peut le constater dans nombre de conflits en cours, de l'Ukraine au Venezuela, en passant par le Sahel où les supplétifs de Wagner ont largement contribué à l'aggravation du contexte sécuritaire. Mais un peu partout, les sociétés civiles montrent des signes de résilience. Pour Frédéric Charillon, «Le triomphe de l’intimidation n’est pas inéluctable [...] Plus on menace des sociétés, plus cela renforce leur volonté de résistance.»
L'exemple sud-africainToujours dans le registre de l’intimidation, les relations qu’entretient Donald Trump avec l’Afrique du Sud, ne cessent de se durcir. Prenant la présidence annuelle du G20 à la suite de l'Afrique du Sud, les États-Unis ont décidé d'exclure l'Afrique du Sud de la liste des invités au sommet de Miami en 2026. Un geste que l'administration américaine justifie notamment par de fausses accusations de «génocide blanc». On revient sur cet argumentaire développé en mai 2025 dans le Bureau ovale à coups d'infox, et sur l'objectif de la manœuvre, avec notre correspondante à Johannesburg, Claire Bargelès.