Comment l’administration Trump recompose brutalement le paysage informationnel américain
16 May 2025

Comment l’administration Trump recompose brutalement le paysage informationnel américain

Les dessous de l'infox

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La voix de l’Amérique va-t-elle être réduite au silence ou instrumentalisée par des médias complotistes proches de la sphère Trump ? La diffusion de la radio VOA a été suspendue par les autorités, le 15 mars 2025, et les contrats de certains collaborateurs pourraient prendre fin dans quelques jours. L’inquiétude est palpable, chez les 1 400 employés et contractuels de Voice of America. Le démantèlement de VOA constituerait un recul important de la liberté de la presse dans le monde. 

Les ultra-conservateurs américains sont-ils en train de transformer les médias publics en instrument de propagande à leur profit ? Il s'agit d'une dérive autoritaire au détriment de la liberté d’informer, estime Maud Quessard, directrice du domaine « Europe, espace transatlantique, Russie » à l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (Irsem) :

« L'objectif premier de VOA était de lutter contre l'appareil de propagande de l'Allemagne Nazie, en 1942, par la suite, la radio va connaitre un regain d'intérêt au moment de la guerre froide, en devenant la voix du monde libre, au-delà du rideau de fer », explique-t-elle. Ces dernières années, ces médias ont notamment été employés pour documenter la guerre en Ukraine après l'invasion de la Russie. « Les premières images du conflit en Ukraine sont tournées par des équipes de Radio Free Europe et Radio Liberty », rappelle cette spécialiste de la diplomatie publique des États-Unis.

Ces chaînes font partie d'un large consortium qui regroupe les médias publics américains sous la désignation U.S Agency for Global Media (USAGM). Maud Quessard souligne que « ces médias peuvent aussi financer des journalistes locaux, qui sont souvent des journalistes qui travaillent pour maintenir un certain pluralisme et donc lutter contre la parole officielle dans des régimes autocratiques ».

« L'enjeu ici est celui de la liberté de la presse aux États-Unis »

Par le passé, les républicains ne se sont jamais attaqués aux médias publics à destination de l'étranger lorsque le pays a connu des alternances politiques. On est de ce fait entré dans une nouvelle dimension avec la politique conduite par l'équipe Trump. Cela étant, il y a des gardes fous. « Ces médias publics à destination de l'étranger sont financés par le congrès, et leur ligne éditoriale doit être autonome, donc l'enjeu ici est celui de la liberté de la presse aux États-Unis, nous sommes face à une politisation de l'appareil d'État, mais il ne parait pas faisable que le congrès laisse confisquer par l'exécutif un média public comme Voice of America. On serait alors confronté à une dérive très importante du pouvoir de Donald Trump », conclut-elle. 

La désinformation au cœur des tensions entre l'Inde et le Pakistan

Après une escalade militaire ayant provoqué la mort de plus de 70 personnes, l’Inde et le Pakistan ont convenu d’un accord de cessez-le-feu le samedi 10 mai 2025. Si les armes se sont tues, la guerre de l’information, elle, se poursuit entre New Delhi et Islamabad. D’un côté comme de l’autre, des comptes de propagande continuent de diffuser massivement des fausses informations afin de présenter leur pays comme le vainqueur de cette confrontation. Dans sa chronique, Grégory Genevrier s’est penché sur la « guerre des deepfakes » entre l’Inde et le Pakistan.