L'Épopée des musiques noires
L'Épopée des musiques noires

L'Épopée des musiques noires

Blues, Gospel, Negro Spirituals, Jazz, Rhythm & Blues, Soul, Funk, Rap, Reggae, Rock’n’Roll… l’actualité de la musique fait rejaillir des instants d’histoire vécus par la communauté noire au fil des siècles. Des moments cruciaux qui ont déterminé la place du peuple noir dans notre inconscient collectif, une place prépondérante, essentielle, universelle ! Chaque semaine, L’épopée des musiques noires réhabilite l’une des formes d’expression les plus vibrantes et sincères du 20ème siècle : La Black Music !  À partir d’archives sonores, d’interviews d’artistes, de producteurs, de musicologues, Joe Farmer donne des couleurs aux musiques d’hier et d’aujourd’hui. Réalisation : Nathalie Laporte. *** Diffusions le samedi à 13h30 TU vers toutes cibles, le samedi à 20h30 TU sur RFI Afrique (Programme haoussa), le dimanche à 16h30 TU vers l'Afrique lusophone et Prague, le dimanche à 21h30 TU et lundi à 02h30 TU vers toutes cibles. En heure de Paris (TU +2)

Lizz Wright dans l’ombre de ses aînés
17 October 2024
Lizz Wright dans l’ombre de ses aînés

La chanteuse américaine Lizz Wright a un talent unique… Elle sait jouer avec les différentes consonances des musiques afro-planétaires. Sa tonalité vocale s’adapte à de nombreux univers sonores. La Soul-Music, le Gospel, la Folk-Music, le Jazz, le Blues, nourrissent son expressivité depuis son tout premier album paru en 2003. 20 ans plus tard, cette voix pénétrante continue d’ensorceler. Lizz Wright présente aujourd’hui Shadow, sa dernière lumineuse production inspirée par les enseignements de ses aînés.

Femme de convictions, Lizz Wright n’est cependant pas une activiste forcenée. Elle se voit d’abord comme une âme sensible qui a appris à choyer les vraies valeurs humaines et les défend autant qu’elle le peut. Son statut d’artiste lui permet de transmettre des émotions positives à tous ceux qui l’écoutent et d’apaiser aussi ses propres tourments. Toujours en quête de sérénité, elle partage avec certaines de ses consœurs cette aspiration à une citoyenneté équilibrée. Originaire de Géorgie, elle a connu l’âpreté du sud des États-Unis, mais elle préfère en donner une vision romantique que ses yeux d’enfant avaient magnifié.

« Ma grand-mère, Martha, avait l'habitude d’aller prier au pied d’un arbre près de sa maison. C’est une image dont je me souviendrai longtemps. Mon père me racontait beaucoup d’histoires à ce sujet. Il y a dans le sud des États-Unis des contes et légendes qui entretiennent le mythe des ancêtres, qui décrivent le vent qui souffle, la pluie qui tombe, la nature qui s’épanouit. Voilà ce que j'ai essayé de restituer. Je veux tirer les leçons de ce que m’a enseigné ma grand-mère. Je me souviens de ses déclarations et de cette phrase qu’elle répétait souvent : "J’aime tout le monde ! Je ne fais pas de différences !". Et, chaque fois, elle versait une larme en prononçant cette phrase. Quand j’étais gamine, je trouvais cela normal qu’une femme pieuse comme elle prononce de tels mots. Aujourd’hui, à 44 ans, je réalise que plus personne ne dit de telles choses, même mes parents ! Je comprends aujourd’hui que ma grand-mère me montrait la voie à suivre et me faisait prendre conscience de la dureté de ce monde troublé. Elle m’a donné le courage de revendiquer ma place sur cette planète sans attendre que quelqu’un ne me l’octroie. Je veux être responsable de l’amour que je donne et ne pas être un étranger pour autrui. Voilà les belles valeurs que ma grand-mère m’a transmises. » (Lizz Wright au micro de Joe Farmer)

Révélée grâce à l’album Salt, Lizz Wright a gagné en confiance en participant en 2009 à la tournée Sing the truth en hommage à la regrettée Nina Simone. C’est à ce moment précis, aux côtés de Dianne Reeves, Angélique Kidjo et Lisa Simone, qu’elle a pris conscience que son avenir se jouerait sur scène. « Nous voulions honorer la mémoire de Nina Simone en mettant nos voix au service de son répertoire. Nous voulions démontrer combien son patrimoine musical était riche et imposant. Nous voulions également mettre en relief les différents thèmes qu’elle évoquait dans ses chansons. Et surtout, nous voulions revitaliser l’émotion de sa voix. Je serai toujours reconnaissante à Danny Kapilian, le producteur de ce spectacle, de m’avoir conviée à participer à ce projet. Cette sollicitation tombait à pic, car j’hésitais vraiment entre deux carrières, la musique ou la cuisine. Il se trouve que mes colistières sur scène étaient aussi des cordons bleus. Finalement, je faisais une pierre deux coups. Je n’avais plus de choix à faire ! » (Lizz Wright sur RFI)

Sur son dernier album, Shadow, Lizz Wright s’est entourée de partenaires de choix dont la bassiste Meshell Ndegeocello. Leur complicité artistique rayonne sur le titre Your Love scellant une camaraderie sincère qui dépasse la collaboration artistique. Lizz Wright ne se prive d’ailleurs pas de faire la promotion de sa nouvelle partenaire dont elle ne tarit pas d’éloges. « Meshell est certainement l’une des plus grandes artistes de notre temps qui conjugue plusieurs disciplines. Elle est une bassiste super funky ! Elle est une fabuleuse compositrice, elle a beaucoup de sensibilité, elle transmet beaucoup d’émotions, et je suis très heureuse d’être son amie. Je vous recommande d’ailleurs d’écouter son dernier projet consacré à James Baldwin. Si vous avez l’opportunité de voir ce spectacle sur scène, ne vous en privez pas. J'ai eu la chance d'assister à une représentation à Chicago et j’en suis ressortie tout émue. Il se trouve, de surcroît, que je suis une fan de James Baldwin. Je partage les valeurs humaines de Meshell. Je les exprime peut-être différemment, mais nous considérons toutes les deux que l’amour et l’honnêteté sont les piliers de la paix universelle quand tant de souffrances troublent ce monde. Parfois, il est bon de se regarder dans le miroir et de se demander où l’on va et qui l’on est. Nina Simone a dit un jour : "Le devoir de l’artiste est de montrer la voie et de refléter le temps présent." Nous devons unir toutes nos voix pour atteindre ce but. » (Lizz Wright – Octobre 2024)

Lizz Wright est une femme fort respectable dont les mots choisis appellent à notre examen de conscience. Écoutons-la se raconter et prenons exemple. Sa poésie musicale prend sa source dans une épopée lointaine façonnée par ses ancêtres.

►Site internet de Lizz Wright.

Les Headhunters fêtent leur cinquantenaire
10 October 2024
Les Headhunters fêtent leur cinquantenaire

Au tournant des années 70, le jazz afro-américain épouse les rythmes scintillants du funk, l’énergie du rock et la richesse des cultures mondiales. Cette fusion des styles et des sources sonores inspire alors le pianiste Herbie Hancock en quête perpétuelle de nouvelles expériences. Il crée en 1973 les Headhunters, formation à géométrie variable qui épousera l’esprit d’ouverture de cette époque psychédélique échevelée. Un demi-siècle plus tard, deux membres historiques de ce groupe légendaire, Bill Summers et Mike Clark, se souviennent de cette aventure épique.

« Je fais partie de ce groupe depuis 1974. J’aime être en compagnie de mes amis musiciens car c’est toujours un défi de créer de la musique avec eux. Nous prenons beaucoup de plaisir à être ensemble, nous rigolons bien. Nous avons voyagé à travers la planète avec Bill et nous avons rencontré des milliers de personnes. Nous avons vécu des moments absolument incroyables. Certains membres du groupe nous ont quittés, d’autres sont arrivés, ce fut une expérience humaine très enrichissante tant au niveau spirituel que musical ». (Mike Clark, batteur des Headhunters).

Bill Summers et Mike Clark sont deux musiciens issus de cultures différentes. Ils ont appris à se connaître, à s’apprivoiser et à se respecter à travers ce compagnonnage musical sincère. S’il y a une constante dans l’intention artistique des Headhunters, c’est la défense des patrimoines ancestraux et l’ouverture d’esprit. Les deux piliers du groupe ont fini par harmoniser leur propos alors que tout pouvait les opposer. Chacun a fait un pas vers l’autre et il est plaisant de les entendre narrer l’évolution progressive de leur prise de conscience jusqu’à la source africaine de l’expression artistique.

 

« Notre contribution individuelle représente les pièces d’un puzzle planétaire. Nous avons tous un rôle à jouer mais le jazz ne repose pas uniquement sur l'apport africain. Si l'on prend le corps humain comme symbole, le cœur est africain mais les bras, les jambes, les mains, les doigts, les orteils proviennent de différentes régions du monde. Ensemble, tous ces éléments composent un organisme vivant et multiculturel. Qu'importe de savoir si la tête est celle d'un Noir ou d'un Blanc. Du moment que le cerveau fonctionne, nous savons qu'il apportera la touche finale à ce puzzle. Évidemment d'apparence, nous sommes différents. Un Européen ne ressemble pas à un Africain ni à un Asiatique mais nous venons tous de la même source. Nous avons juste fait évoluer notre manière de réfléchir et d'appréhender le monde. Mike et moi sommes deux êtres humains semblables mais nous représentons différentes branches de cet arbre dont le tronc est africain. Le sang qui coule dans nos veines est de la même couleur mais nous ne percevons pas les choses forcément de la même manière. Il faut juste apprendre à s'écouter, à recevoir des leçons et à s'enthousiasmer... ». (Bill Summers, percussionniste des Headhunters).

 

L’élan multiculturel des Headhunters est indéniable. Les idées fusent continuellement dans ce groupe de virtuoses complices mais, derrière cette propension à marier les styles, il y a beaucoup de travail et une expérience éprouvée. Depuis 50 ans, même s’il y eut des absences prolongées, les Headhunters distillent un esprit de concorde entre les peuples à travers une musique que tout le monde peut apprécier. D’abord étiquetés « jazz-rock » ou « jazz-funk », ils ont progressivement ouvert leur identité sonore à d’autres tonalités et peuvent être perçus comme de fervents partisans de la « sono mondiale ». Ils veulent juste conserver la liberté que leur confère leur statut de jazzmen.

 

Le nouvel album des Headhunters, The Stunt Man, propulse encore plus loin ces incroyables instrumentistes au cœur du XXIè siècle. Leur musique, née dans les années 70, n’est pas si datée qu’on a pu le dire. Elle s’est adaptée aux époques, aux courants, aux modes, aux évolutions sociales, aux goûts du public. Les Headhunters se produiront le 18 octobre 2024 au New Morning à Paris, mais aussi à Stockholm, Berlin, Milan, Varsovie, à l’occasion du 50è anniversaire du groupe.

Site du groupe des Headhunters.

La voix frissonnante de Linda Lee Hopkins
03 October 2024
La voix frissonnante de Linda Lee Hopkins

Les Parisiens qui ont assisté aux grandes célébrations œcuméniques de la chorale « Gospel pour 100 voix » connaissent indirectement la chanteuse américaine Linda Lee Hopkins. Née en Caroline du Nord aux États-Unis, elle s’est finalement installée en France au début des années 90 mais n’a jamais oublié la source de son inspiration. Elle nous présente aujourd’hui Spirit & Soul, un album qui la révèle enfin après des décennies aux côtés des grandes figures de « L’épopée des Musiques Noires ».

Al Jarreau, Percy Sledge, Ray Charles, entre autres, ont été séduits par la mélodieuse tessiture de Linda Lee Hopkins mais le prestige de ces collaborations artistiques d’antan ne doit pas éluder l’intention première de porter une parole positive. Cette brillante artiste a aujourd’hui le désir ardent de susciter un élan de bonté et de générosité à travers ses scintillantes interprétations. Il fait dire que Linda Lee Hopkins sait, plus que quiconque, ce que le soutien moral signifie. Embourbée autrefois dans un dédale de difficultés existentielles, elle a su remonter la pente et croire en son avenir.

Sa foi l’a sauvée du précipice et l’encourage chaque jour à aller de l’avant. Son large sourire, son énergie et sa joie de vivre, défient sans cesse ses anciens démons. La chanson « Old Trouble », qui conclut son premier album sous son nom, est très explicite. Il faut trouver la force de résister aux aspects les plus négatifs d’une vie. Les souvenirs sont là mais ils ne doivent pas entamer l’enthousiasme du présent. Croire en une bonne étoile n’est pas un vain mot pour Linda Lee Hopkins. Sa spiritualité la protège. Pour autant, le prosélytisme ne guide pas son discours. Résidente française depuis plus de 30 ans, l’esprit laïque de sa terre d’adoption lui sied parfaitement. C’est au hasard de représentations en public qu’elle a pu noter les différences culturelles transatlantiques. L’attitude rétive des spectateurs français à danser, chanter et battre la mesure, lors de messes gospel exaltantes, l’a d’abord surprise. Elle a alors redoublé d’efforts pour que les codes sociaux s’effacent au profit d’une jubilation collégiale.

Comme elle aime à le rappeler, vibrer sur un répertoire sacré n’est pas dicté par une croyance mais par un sentiment naturel d’abandon à l’instant présent. Profiter du moment sans s’inquiéter du regard des autres est le préalable au plaisir. Linda Lee Hopkins en est convaincue et le prouve chaque soir sur scène. Aux côtés du guitariste Chris Lardeau, compositeur des principaux titres de son album, elle défend avec beaucoup de persuasion cette vision bienveillante qui la hisse au rang des femmes de cœur.

Site officiel de Linda Lee Hopkins.

Le centenaire de Bud Powell
26 September 2024
Le centenaire de Bud Powell

Bud Powell fut un pianiste prodigieux dont le talent subjugua ses contemporains, dont l’illustre Thelonious Monk. Affaibli physiquement et psychologiquement par les revers d’une destinée chaotique, il passera beaucoup de temps dans les hôpitaux et maisons de repos, notamment en France, où il résidera à la fin de sa vie. Le cinéaste français Bertrand Tavernier s’inspira d’ailleurs indirectement de ce personnage insaisissable pour son film « Autour de minuit ». Bud Powell aurait eu 100 ans, le 27 septembre 2024.

Earl Rudolph Powell naît à New York dans une famille de musiciens. Naturellement, son goût pour le jazz et la musique classique se développe rapidement. Il évolue très jeune dans de grandes formatons dont celle du trompettiste Cootie Williams. À cette époque, deux formes d’expression se côtoient aux États-Unis, le swing des Big Bands et le Be Bop de la génération montante. Bud Powell n’est alors qu’un observateur de cette confrontation stylistique qui oppose deux approches d’une même culture jazz. De jeunes frondeurs, Miles Davis, Dizzy Gillespie, Charlie Parker ou Thelonious Monk, entre autres, s’autorisent une nouvelle lecture musicale qui bouscule le répertoire de leurs aînés, Duke Ellington, Cab Calloway ou Jimmie Lunceford. Bud Powell finira par épouser l’irrévérence de ses contemporains en devenant lui-même un acteur de cette révolution artistique notable dans les années 1940.

 

Son langage sonore s’affine et s’affirme au fil du temps. Son jeu délicieusement fougueux attire l’attention de ses homologues. La virtuosité de Charlie Parker au saxophone le fascine. Il parvient progressivement à transposer cette vivacité mélodique au piano. Bud Powell devient un instrumentiste de talent que l’on remarque et que l’on acclame. La société américaine reste cependant très inégalitaire et l’aura d’un artiste noir ne le préserve pas des réflexes racistes et des exactions policières. Tandis que le public salue les prouesses du nouveau prodige sur scène, sa vie bascule après avoir été violemment frappé à la tête par un représentant zélé de la force publique. Lentement, son esprit va se perdre dans un dédale de troubles mentaux qui le conduiront trop souvent dans des établissements spécialisés.

 

Bien que les années 1950 soient une période discographique faste pour Bud Powell, ses ennuis de santé perturbent son quotidien. La ségrégation raciale ne contribue pas non plus à son bien-être et sa vigueur décline. C’est à Paris que l’espoir renaît. Francis Paudras, jeune publicitaire français et pianiste à ses heures perdues, écoute depuis des lustres les disques de Bud Powell. Lorsqu’il croise la route de son héros, l’admiration se transforme en une complicité mutuelle. Prenant conscience des déboires de son camarade américain, Francis Paudras l’hébergera chez lui pendant de longs mois. La confiance reviendra, l’envie de jouer ressuscitera. Bud Powell retrouvera une forme de sérénité artistique et un fragile équilibre psychique. Il décidera alors de retourner vivre à New York en 1965. Il décédera un an plus tard, le 31 juillet 1966 à 41 ans.

Francis Paudras lui consacrera un ouvrage intitulé « La danse des infidèles » paru en 1986.

Le site web consacré à Bud Powell

Ali & Toumani à jamais réunis…
19 September 2024
Ali & Toumani à jamais réunis…

En juin 2010, le virtuose de la kora, Toumani Diabaté, évoquait sur nos ondes ses collaborations avec le maître de Niafunke, le regretté Ali Farka Touré. À l’époque, l’album Ali & Toumani venait de paraître et immortalisait la dernière rencontre discographique de deux icônes de « L’épopée des Musiques Noires ». Toumani Diabaté nous a quittés le 19 juillet 2024 à 58 ans. Réécoutons-le se raconter avec sensibilité et modestie.

Très jeune, Toumani Diabaté avait épousé les délicates sonorités de la kora, instrument intimement lié aux cultures ouest-africaines. Comme ses aînés, il fut un conteur dont la mission était de transmettre un savoir légué par l’oralité ancestrale des griots mandingues. La musique était, pour lui, un langage universel qui lui permettait de porter une parole de paix et de tolérance. Cette forme d’expression spécifique accompagnait son discours d’homme sage. Toumani Diabaté a, tout au long de sa vie, multiplié les rencontres comme pour inciter ses contemporains à partager leurs connaissances pour le bien commun.

 

On le vit aux côtés du bluesman Taj Mahal. On le vit en compagnie du tromboniste de jazz Roswell Rudd. On le vit échanger avec le banjoïste Béla Fleck. On le vit se mesurer au London Symphony Orchestra. On le vit répondre aux sollicitations de la chanteuse islandaise Björk. On le vit s’amuser avec les rythmes latins du groupe Afrocubism. On le vit converser sur disque avec son fils Sidiki. Toumani Diabaté dessinait un univers multicolore sans frontières. Son ouverture d’esprit lui a ouvert les portes de la renommée même si les lauriers ne l’impressionnaient guère. Il préférait se livrer sur scène ou en studio et susciter l’écoute. Il y parvint sans effort.

 

Lorsqu’il nous rendait visite à RFI, sa voix sereine et posée narrait toujours avec grâce les histoires du quotidien. L’album Ali & Toumani, commercialisé après la disparition du grand Ali Farka Touré, devint l’écho d’une camaraderie sincère dont Toumani Diabaté se plaisait à révéler les secrets à notre micro. Entendre aujourd’hui les mots respectueux de Toumani pour Ali est, certes, émouvant mais, au-delà de notre frisson, ce document radiophonique fait entrer dans notre mémoire collective ces deux gardiens de la tradition.

Toumani Diabaté sur le site de World Circuit.

Prince, au firmament de la créativité
13 September 2024
Prince, au firmament de la créativité

Il y a 40 ans, le guitariste, chanteur, chef d’orchestre et producteur américain, Prince Rogers Nelson, faisait paraître l’album qui allait le hisser au firmament de la gloire internationale. Purple Rain deviendra, en effet, le marqueur temporel d’une épopée vertigineuse que le journaliste Ersin Leibowitch narre avec allant dans son dernier ouvrage Prince Xperience – Dans la tête du génie (Hors Collection Editions).

Si le succès de Prince à cette période charnière de son existence ne souffre aucune contestation, l’envers du décor est plus sombre. C’est en substance ce que tente de révéler Ersin Leibowitch dans cet ouvrage vif qui s’intéresse aux circonvolutions artistiques et psychologiques d’un véritable génie dont les obsessions, les frasques, les tourments, l’insatisfaction permanente, la boulimie créative et l’arrogante incompréhension, le mèneront trop loin. Difficile de cerner un personnage aussi complexe et imprévisible. C’est l’exercice auquel se livre l’auteur de ce récit palpitant.

Quelle lecture doit-on avoir de son désir perpétuel d’indépendance face aux inévitables injonctions du marché discographique ? Avait-il raison de défier les lois du marketing ? S’égarait-il en voulant conserver le contrôle absolu de ses productions ? A-t-il finalement précipité son inéluctable isolement ? Le secret savamment entretenu de ses travaux lui a-t-il porté préjudice ou magnifié son image ? Prince était un homme pétri de contradictions. En quête perpétuelle de nouveautés, il lui arrivait de faire volte-face, quitte à déboussoler ses rares interlocuteurs, comptant sur la fidélité réelle de ses aficionados.

La frénésie de son quotidien lui a peut-être brûlé les ailes, mais comment ne pas saluer la qualité de ses réalisations et de ses prestations. Ses concerts, qu’ils fussent intimistes ou grandiloquents, ne suscitaient qu’admiration et acclamations. Ses apparitions surprises sur des scènes nocturnes ont fait sa légende. Le New Morning à Paris eut le privilège de l’accueillir trois fois lors de ces fameux marathons funk insensés. Prince était un indiscutable maestro dont l’indicible talent fascinait. Le choc de sa disparition, le 21 avril 2016 à 57 ans, fut d’autant plus sévère. Et pourtant, comme le raconte Ersin Leibowitch, les différentes pièces du macabre puzzle scellaient cette fin tragique aux barbituriques.

Son lègue patrimonial est gigantesque car, comme le regretté guitariste Frank Zappa, Prince conservait l’intégralité de tout ce qu’il enregistrait. Ses archives ne manqueront pas de surgir au fil des années et nourriront l’appétit glouton de l’industrie du disque pour le plus grand bonheur des fans éplorés.

Site internet de Prince.

À écouter aussi Un tube, une histoire: «Purple Rain» de Prince

Kinshasa, septembre 1974
05 September 2024
Kinshasa, septembre 1974

Le 25 septembre 1974, la ville de Kinshasa au Zaïre s’apprête à accueillir un combat de boxe historique. La rencontre devait opposer Mohamed Ali et George Foreman. Victime d’une blessure à l’arcade sourcilière, Foreman renonce temporairement à affronter son meilleur adversaire. Si la confrontation sportive est décalée d’un mois, le festival de musique est, lui, maintenu aux dates initiales. James Brown, Miriam Makeba, Tabu Ley Rochereau, B.B. King, entre autres, seront de la fête et raviront les spectateurs congolais. C’était il y a 50 ans !

L’intention de rapprocher les diasporas africaines transatlantiques est manifeste et Don King, promoteur américain de ce rendez-vous unitaire, y voit l’occasion de célébrer le peuple noir sous le haut patronage de l’omnipotent président Mobutu. Si l’enjeu politique de cet événement n’échappa pas aux plus fins observateurs, l’élan universel résista à l’érosion du temps. Durant trois jours, des artistes unis par leurs origines ancestrales africaines célébreront leur force expressive commune. À cette époque, la fronde des mouvements de contestation contre la ségrégation aux États-Unis peine à ébranler les certitudes d’un pouvoir blanc toujours très répressif. Les grands orateurs ont été réduits au silence. John Fitzgerald Kennedy, Malcolm X, Martin Luther King, Bobby Kennedy ne sont plus et les seuls porte-paroles, déclarés ou non, de la lutte antiraciste sont les artistes et les sportifs dont l’aura populaire provoque un sursaut citoyen.

Mohamed Ali est alors une icône dont les discours sont écoutés et dont les mots marquent les esprits : « Je pensais que le Congo était une immense jungle avec des animaux sauvages prêts à nous attaquer parce que c'est l'image qu'en donnent les États-Unis. Les américains ont peur de venir ici. Et finalement, j'ai découvert un peuple amical, un pays structuré avec des aéroports, des hôtels, de jolies maisons, des boîtes de nuits, c'est très accueillant. Pour vous dire la vérité, je pense que la jungle se trouve à New York. Vous avez des flics partout, armés jusqu'aux dents, on entend parler de meurtres tous les jours, de trafics de drogues, de viols de jeunes femmes, de vols à la tire... Encore récemment un type a fait irruption dans une banque et a tué 12 personnes, des accidents de train ont eu lieu, voilà ce qu'est l'Amérique aujourd'hui ! Ici, c'est si calme, les sauvages sont aux États-Unis. J'ai beaucoup voyagé et je peux témoigner de la différence entre plusieurs pays. J'arrive de Paris, et croyez-le ou non, ce sont des noirs qui pilotaient l'avion... Impensable aux États-Unis ! ». (Extrait du documentaire When We Were Kings réalisé par Léon Gast)

Mohamed Ali n’est pas le seul à revendiquer ses liens avec le continent africain. Le Roi du Blues, présent à Kinshasa en ce mois de septembre 1974, paraît lui aussi atterré par l’image désastreuse que la grande Amérique renvoie de l’homme noir à travers la planète et s’indigne des méfaits de l’esclavage sur ses contemporains : « Je nous vois comme de pauvres noirs qu'on aurait abandonnés dans le désert. On nous a séparés de notre culture ancestrale et largués au milieu de nulle part. Nous savons que nous avons une terre quelque part sur cette planète qui nous appartient. Nous ressentons les liens qui nous unissent à cette terre, mais nous ne savons pas où elle se trouve. Elle est en nous, mais nous devons trouver ceux qui pensent et vivent comme nous. Et aujourd'hui, nous sommes ici au Zaïre, nous sommes très bien accueillis, et même si nous ne comprenons pas la langue de ce pays, nous savons que des racines culturelles nous rapprochent au-delà du temps qui passe, au-delà des drames et des morts... » (Extrait du documentaire When We Were Kings réalisé par Léon Gast)

Cette réunion œcuménique de talents afro-confraternels ne règlera évidemment pas le problème des discriminations. Les exactions se poursuivront et les injustices subsisteront mais, durant quelques heures, une volonté sincère de faire entendre la voix de la raison et d’afficher la puissance sociale d’une communauté africaine soudée redonnera espoir aux combattants de la liberté. Un demi-siècle plus tard, ce vœu n’est peut-être pas exaucé, mais il inspire toujours les âmes sensibles et les hommes et femmes de bonne volonté.

Le Festival Jazz de Kinshasa accompagne d’ailleurs cette année cette profession de foi en choisissant de hisser le flambeau : « Jazz for Peace ».

Une histoire patrimoniale : l’Afrique
29 August 2024
Une histoire patrimoniale : l’Afrique

Parler de « la musique africaine » est un non-sens tant ce continent recèle de rythmes, mélodies, traditions et langages divers. Est-il pertinent de réunir sous une seule bannière des formes d’expression aussi différentes que le Makossa, l’Afrobeat, le Kwaito ou le Maloya ? Le dénominateur commun à tous ces vocabulaires sonores ne peut être que la dimension internationale de leur histoire. Que l’on perçoive ou non cette évidence, les musiques populaires actuelles ont toutes un enracinement africain. Pour autant, les fondre dans une appellation générique serait fort réducteur car chacune d’elles identifie un peuple, révèle une culture, détermine sa place dans L’épopée des musiques noires.

Tutu Puoane, Ablaye Cissoko ou Mokhtar Samba ont-ils des points communs ? Outre leurs origines africaines, ils ont tous une histoire propre qui les distingue les uns des autres. La chanteuse Tutu Puoane est une artiste sud-africaine qui défend ses racines avec vigueur en mettant en musique les mots de sa consœur poétesse Lebogang Mashile. Cette implication sincère revêt certainement un caractère revendicateur même si la principale intéressée préfère parler de célébration romantique de sa culture ancestrale. Tutu Puoane ne se considère pas militante. Elle se plaît seulement à exprimer ses états d’âme qui, parfois, rejoignent les préoccupations de ses contemporains. Sa participation au collectif « Black Lives – From Generation to Generation » en est une belle illustration. L’intention est louable puisqu’elle encourage la tolérance et l’unité des peuples du monde entier, sans discrimination, sans préjugés, sans idées préconçues.

Ablaye Cissoko fait également partie de ces esprits sages qui insufflent la concorde au-delà des frontières géographiques de son Sénégal natal. Virtuose de la kora, il promeut le partage et l’écoute en multipliant les projets multicolores. Avec son ami Simon Goubert, brillant batteur français, il a imaginé il y a 15 ans un orchestre dont les effluves musicaux transcendent les nationalités. « African Jazz Roots » fit paraître un premier album en 2012 et veille depuis à entretenir la flamme du consensus rythmique et mélodique. Une fois de plus, le continent africain, pétri de nombreuses sources sonores, nourrit l’universalisme de la musique.

Le batteur Mokhtar Samba ne peut que souscrire à cette définition incontestable. Ce maestro de la cadence africaine assumée est le fruit de plusieurs cultures. Ses racines marocaines et sénégalaises ont favorisé son ouverture d’esprit et accéléré sa compréhension de la « clave », ce rythme afro-planétaire que des milliers de musiciens ont dû appréhender pour développer leur personnalité artistique. Certains l’ont acquis avec effort, d’autres l’ont simplement ressenti et façonné à leur guise. Pour Mokhtar Samba, la maîtrise de cet art est innée. Elle s’inscrit dans son ADN culturel. Il n’est d’ailleurs pas étonnant que son dernier album Safar soit un voyage international dont le tempo africain ponctue les différentes étapes.

 

À lire aussi sur RFI Musique Courants musicaux africains

 

Site internet Tutu Puoane Music

Site internet African Jazz Roots

Facebook Mokhtar Samba

Une histoire patrimoniale : les Caraïbes
22 August 2024
Une histoire patrimoniale : les Caraïbes

Délimiter l’espace caribéen est souvent périlleux car cette région du monde est une addition miraculeuse de cultures hybrides et de territoires ultramarins malmenés par l’histoire. Cette myriade de destinées populaires a donné naissance à une identité revendiquée. Pourtant, être Antillais, Jamaïcain, Trinidadien ou Cubain, ne peut se résumer à une simple affirmation unitaire. Les spécificités régionales, les idiomes locaux, les rythmes et harmonies, distinguent chaque créolité. Les musiciens en sont les garants.

Leyla McCalla est, certes, née aux États-Unis mais ses racines parentales la ramènent constamment à la source haïtienne de son expressivité. Chacun de ses albums distille cette émanation originelle qui inscrit son être tout entier dans une histoire patrimoniale façonnée par les soubresauts existentiels de ses ancêtres. Autrefois, à Port-au-Prince, la petite Leyla écoutait Radio Haïti chez sa grand-mère. Elle se souvient toujours aujourd’hui des voix et des musiques qui accompagnaient sa jeunesse auprès de ses aïeux. L’assassinat de Jean Dominique, directeur de cette antenne légendaire, le 3 avril 2000, suscitera tant d’émoi que Leyla McCalla imaginera un album partiellement composé d’archives sonores entendues sur cette station libre et indépendante. « Breaking the thermometer » sera l’écho de cette émotion vive qui ébranla les partisans de la liberté.

Haïti est une terre rebelle où défier le colonialisme est un combat ancestral. Le saxophoniste montréalais Jowee Omicil a fait paraître en 2023 un album destiné à panser les blessures. En remontant jusqu’au 14 août 1791, il convoque un passé redoutable quand les esclaves de Bois-Caïman, réunis lors d’une cérémonie vaudoue, envisagent déjà la fronde qui mènera à la révolution citoyenne de 1804 et à l’indépendance de ce pays meurtri. Toussaint Louverture, figure éminente de cet événement historique, n’est cependant pas le pilier de ce disque audacieux. L’intention artistique est davantage mue par un désir de guérison spirituelle que le free jazz peut nourrir. Ce jaillissement de notes multicolores est un cri libérateur que l’on doit accueillir avec candeur et compréhension.

Les territoires caribéens ont tous souffert du poids de l’oppression européenne. La Jamaïque, par exemple, fut très longtemps administrée par la couronne britannique. Les soulèvements populaires répétés furent souvent étouffés par la mainmise d’une violente tutelle. Lorsque le pianiste Monty Alexander voit le jour le 6 juin 1944 à Kingston, l’indépendance de la Jamaïque est encore loin d’être acquise. Les tensions politiques ne cessent de croître et poussent certaines familles à rejoindre les États-Unis. Le jeune Bernard Montgomery Alexander échappera donc à une jeunesse trop âpre en suivant ses parents à Miami et à New York. Pour autant, ses souvenirs d’enfant jamaïcain surgiront naturellement dans sa musicalité d’instrumentiste aguerri. À 80 ans, sa virtuosité de jazzman n’élude pas sa culture initiale. Comme nombre de ses contemporains caribéens, Monty Alexander a su conjuguer son goût pour le swing américain et son attachement au ska et au mento jamaïcains.

Questionner son identité n’est pas forcément un acte délibéré. Souvent, une parole ou une mélodie suffit à révéler l’essence d’une tradition. Georges Granville ne revendique pas ses liens avec la Martinique, il les laisse apparaître. Son jeu au piano dévoile sans ostentation une culture antillaise certaine mais il ne l’impose pas. Son album Perspectives nous laisse vagabonder dans son cheminement mélodieux. Les Beatles croisent Chick Corea, le Bèlè semble circonvoluer avec Keith Jarrett. Cette créolité crédule est peut-être le dénominateur commun à toutes les composantes de l’identité caribéenne.

Le site de Leyla McCalla

Le site de Jowee Omicil

Le site de Monty Alexander

Le site de Georges Granville

Une histoire patrimoniale : les États-Unis
15 August 2024
Une histoire patrimoniale : les États-Unis

La destinée du peuple afro-américain au fil des siècles a fait naître, souvent dans la douleur, des formes d’expression revendicatrices dont la vigueur a identifié ce que l’on a appelé la « Black Music ». Cette dénomination réunit des dizaines de genres musicaux qui continuent de se développer et de dessiner les contours de notre paysage sonore mondial. Le blues et le gospel sont les matrices de ces évolutions progressives vers une universalité artistique. Nos invités, auteurs, spécialistes, passionnés, relatent la genèse d’une culture séculaire.

Dater la naissance de la musique afro-américaine est assez périlleux car elle épouse la lente progression sociale de la communauté noire outre-Atlantique. Elle est le fruit amer d’une rencontre violente entre colons européens et esclaves africains. Elle est l’addition de rythmes et d’harmonies, de traditions séculaires et d’empreintes identitaires. La témérité des musiciens noirs sera déterminante pour affirmer leur place dans une société profondément inégalitaire. Le blues et le gospel symboliseront cette recherche perpétuelle d’équilibre entre le profane et le sacré, entre le corps et l’esprit, entre la réalité du quotidien et l’espoir d’un avenir meilleur. Les artistes ont souvent évoqué cette quête de sérénité et de justice.

La poésie des mots et la cinglante magie des notes ont façonné une histoire populaire qui transpire dans les œuvres de nombreux instrumentistes et interprètes. Lead Belly fut un pionnier dont le répertoire folk a résisté à l’érosion du temps. Son patrimoine musical est un lègue inestimable qui continue d’inspirer les créateurs actuels. Né à la fin du XIXè siècle, il connut les affres de l’homme noir confronté au racisme institutionnalisé. Il y puisera une force rebelle qui finira par séduire ses contemporains. Ce cheminement tortueux a guidé la plume d’Amaury Cornut, auteur d’un livre passionnant entièrement consacré à ce héros mésestimé de la composition narrative authentique.

Lorsque l’on cherche les vestiges d’une aventure humaine exceptionnelle, certaines traces indélébiles réapparaissent toujours et attestent d’un engagement sincère. Le guitariste et chanteur Son House a failli échapper au récit épique de la culture américaine. Disparu des radars pendant près de 20 ans, ce n’est qu’en 1963 que son nom rejaillit grâce à la curiosité de jeunes adeptes du blues ancestral. Son retour dans le feu des projecteurs réhabilitera son répertoire qui, aujourd’hui encore, fascine les virtuoses de notre temps. Olivier Renault a su restituer ce périple unique dans un ouvrage édifiant paru aux éditions « Le Mot et Le Reste ».

Batailler pour survivre fut tristement la norme aux États-Unis durant le XXè siècle. Certains choisiront les armes, d’autres les prières. Une fois encore, l’ambivalence entre le blues et le gospel rythmera l’activisme des citoyens noirs américains au fil des décennies. La guitariste et chanteuse Sister Rosetta Tharpe fut l’une des vaillantes voix de la contestation pieuse. Derrière ses prêches enflammés se cachait une battante qui n’hésitait pas à sortir du cadre spirituel pour asséner quelques vérités et vivre pleinement ses convictions. Sa vigueur instrumentale détona singulièrement à tel point qu’elle fut présentée comme l’instigatrice d’un genre musical révolutionnaire, le rock ‘n’roll. S’agit-il d’un raccourci de l’histoire ? Jean Buzelin, auteur et spécialiste de la culture afro-américaine, s’est posé la question dans une étude passionnante disponible aux éditions Ampelos.

Qui peut réellement décréter que le rock’n’roll vit le jour ici ou là ? Cette irruption stylistique des années 50 est le résultat d’une mutation progressive que Belkacem Meziane décrypte dans une énumération littéraire éclairée des différents courants constitutifs du rhythm’n’blues initial. Du Boogie-Woogie à la Soul-Music, le vocabulaire s’est enrichi et le tempo s’est affirmé. L’élan frondeur a subsisté et a nourri les soubresauts salvateurs de l’Amérique noire.

Lead Belly, aux éditions Le Mot et le Reste

Son House, aux éditions Le Mot et le Reste

Sister Rosetta Tharpe, la femme qui inventa le rock'n'roll, par Jean Buzelin, aux éditions Ampelos

► Rhythm'n'Blues : Jump Blues, Doo-Wop & Soul Music - 100 Hits de 1942 à 1965, aux éditions Le Mot et le Reste.