L'Afrique en marche
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L'Afrique positive sur RFI pour découvrir et mettre en valeur des initiatives gagnantes du continent. Une entreprise innovante, une idée qui mérite d'être relayée, un projet auquel nous pouvons donner un coup de pouce... Chaque semaine, nous ferons un focus sur l'Afrique qui marche et qui donne envie d’aller plus loin !  

Diffusion : dimanche à  5h47, 7h47 et 12h50 TU.

Le Crac et le Stade Toulousain œuvrent à la formation du rugby ivoirien
23 February 2025
Le Crac et le Stade Toulousain œuvrent à la formation du rugby ivoirien

Ambiance « cassoulet & attiéké » aujourd’hui dans L’ Afrique en Marche. À Abidjan, lundi 24 février, l’Académie du Stade Toulousain (le club de rugby le plus titré d’Europe) débute un stage de formation auprès du club abidjanais du Crac (Cocody Rugby Abidjan Club). Une semaine de formations et d’échanges pour coacher une centaine de jeunes Ivoiriens et leurs éducateurs. La Côte d’Ivoire qui regorge de talents en matière rugbystique pour peu que des clubs offrent des opportunités de se perfectionner au jeu du ballon ovale…

Elle est enthousiaste, la légende du rugby français et toulousain. L'ex-joueur Émile Ntamack, devenu directeur de la Stade Toulousain Academy, propose avec ses compères formateurs des stages avec des clubs un peu partout dans le monde. Et cette semaine, ce sera avec le CRAC, le Cocody Rugby Abidjan Club, un club dont l'un des fondateurs est Emmanuel Henao, honoré et ravi d'accueillir pendant une semaine les formateurs toulousains qui vont prodiguer leur savoir aux jeunes Ivoiriens et à leurs encadrants. 

« C'est à la fois une étape magnifique du travail fourni, de notre capacité aussi à être pris au sérieux. Je dis souvent à mes joueurs et à mes joueuses, qu'on doit se prendre au sérieux pour que les gens nous prennent au sérieux. Et c'est évidemment pour nous une espèce de consécration. Et puis en même temps, c'est un départ, parce qu'on se dit qu'on est parti peut-être pour trois ans de partenariat avec eux, donc, effectivement, c'est une magnifique consécration. Il y a la notoriété et le prestige du Stade Toulousin, on est reconnu en fait et par là, on peut aller chercher les meilleurs ».

Se prendre au sérieux pour que les gens nous prennent au sérieux

S'améliorer, échanger, renforcer les techniques de jeu et d'entraînement, ce sont autant de choses que transmettra la Toulouse Academy pendant cette semaine de stage supervisée par Émile Ntamack qui n'était pas revenu en Côte d'Ivoire depuis ... « fatigué... » comme disent les Ivoiriens.

« J'étais tout petit, se souvient-il, donc c'était il y a presque 54 ans ( rires)... Mon père est originaire du Cameroun donc, petits, on a été amenés à voyager au Cameroun et en Côte d'Ivoire. J'avais un tonton qui travaille là-bas mais j'ai très, très, très peu de souvenirs et c'est pour ça que je suis ravi d'y revenir ! ». 

Revenir en Côte d'Ivoire pour un stage qui devrait porter ses fruits, espèrent stagiaires et formateurs. 

« Pour ce qui est de « porter des fruits », oui, on voit des éducateurs qui ont plus de 'billes' pour être plus à l'aise, pour pouvoir encadrer les jeunes. Plus de variétés, plus d'ateliers, plus de 'skills' (exercices ndrl). Cela donne plus de sens dans ce qui se met en place sur le travail pour les enfants. Après, ce n'est pas pour autant qu'on a, depuis, sorti trois joueurs internationaux. Ce n'est pas le but. Le but, c'est d'être en phase avec ce qu'on fait. Quand on fait une pratique, on est passionné. On est tous friands de ça et ce qu'on propose, c’est que les joueurs, soient plus enthousiastes, s'amusent plus… Parce que, finalement, il y a plus de rythme, plus de dynamisme, plus de jeux. Forcément, c’est plus plaisant pour les enfants dans l'activité. Si déjà les gens sont heureux de la pratique du rugby, ils reviennent de plus en plus nombreux. Ça, c'est un signe, déjà, de progression ». 

Une progression que vise également Ismaël Hessani, formateur à l'académie toulousaine. 

« Le but, c'est d'ériger un pont entre les deux institutions. Faire 'effervescence' des différents projets qui peuvent être liés aux enfants, aux groupes d'adultes, qui souhaitent venir voir le niveau en France, à Toulouse ou dans des clubs autour ». 

Favoriser l’essor et le développement du rugby ivoirien 

Ces échanges entre clubs de rugby français et le Crac d'Abidjan ont ainsi permis à Jonathan Ange Dongo, 22 ans, de poursuivre ses études en Finances et sa passion pour le rugby. Il est en sport-étude à Niort, dans le centre de la France, en Fédérale 3 Espoir. 

« Je pense que c'est au travers de ces différents clubs comme le Crac, qui ont la volonté de faire progresser les joueurs ivoiriens et le rugby ivoirien en général, que nous — joueurs de ces différents clubs – nous avons la chance d'avoir de telles opportunités. C'est vraiment un truc qui a commencé, il y a longtemps, peut-être depuis même la création du Crac en 2015 et il y a eu la matérialisation de ce genre, de projet simple. Les autres clubs vont commencer à emboîter le pas pour favoriser l’essor et le développement du rugby ivoirien ». 

Et il est immense, le potentiel rugbystique ivoirien :  ce n'est pas tout à fait un hasard si l'un des grands capitaines de l'équipe de France — un certain Thierry Dusautoir – est originaire de Divo, dans le district du Goh – Djiboua.

[Rediffusion] Api Afrique rend les femmes et mères sénégalaises plus heureuses
16 February 2025
[Rediffusion] Api Afrique rend les femmes et mères sénégalaises plus heureuses

Api Afrique, est une PME sénégalaise qui depuis 2010  fabrique des couches-culottes et des serviettes hygiéniques recyclables. Grace à leur invention  trois problèmes sont résolus : l'hygiène des enfants et des femmes, le respect de l'environnement et le pouvoir d'achat, parfois faible, des mamans.

En 2010, Marina Gning, à la naissance de ses enfants, s'interroge sur l’usage des couches-culottes puis des serviettes hygiéniques pour ses filles. Des produits chers, quasi impossibles à recycler dans le pays. Mais sur place, il y a du coton, il y a du wax et surtout, il y a plein d'idées  !

Avec son mari, Abdoulaye, ils vont donc lancer une gamme de produits made in Sénégal qui réunit trois critères essentiels à leurs yeux. « C'est vrai que nous, nos motivations pour créer Api Afrique, c'était vraiment participer à la réduction des déchets, créer des emplois décents pour les femmes au Sénégal et participer aussi à préserver la santé ».

Fabriqués dans leur atelier de Ngaparou, qui est passé de quatre à trente employés en dix ans, les protections hygiéniques d'Api Afrique sont réutilisables.  

De plus, leur usage répond à plusieurs problématiques au Sénégal comme l'explique Marina Gning.

« Il y a le 'quand dira-t-on' ! Est-ce que la fille est enceinte ?  Est-ce qu’elle n’est pas enceinte ? Est-ce qu'elle a des relations hors mariage, ou non ? Et il y a aussi tout le mysticisme. On y pense rarement, mais, en fait, le sang des règles a des pouvoirs. En tout cas, on ne veut pas que des gens qui nous veulent du mal puissent trouver notre sang des règles. C'est pour cela que les filles vont laver à fond la serviette jetable avant de la jeter pour que personne ne puisse utiliser le sang des règles, pour faire de la magie avec.  En fait, le problème des couches et des serviettes hygiéniques, c'est que c'est un besoin absolu. Ce n'est pas une option. On ne peut pas décider d'en avoir besoin ou pas. Et ce sont des produits en version jetable qui sont du consommable donc ils sont à racheter tout le temps. Donc, effectivement, ça représente un poids considérable sur les budgets des jeunes filles, des femmes et des familles avec les bébés et en plus, cela crée des problèmes de pollution dans un pays où il n’y a pas vraiment de solution de gestion des déchets ».

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Les serviettes hygiéniques ne sont pas une option

Le site internet de la marque propose des tutoriels en français et en wolof pour les usagers.

Kiné Riquet est une cliente sénégalaise convaincue de l'utilité d'un tel produit recyclable sur le marché sénégalais. « Complètement ! Moi, je pense que c'est juste qu’il faut communiquer un peu plus. Que les Sénégalais soient plus au courant de l'existence de ces produits qui sont à disposition et à des prix qui restent quand même abordables. Parce que, quand on calcule le coût des paquets tous les mois, tout au long de l'année, moi, je pense que ça reste quand même très intéressant ! ».

 

8 000 protections périodiques dans une vie de femme

Dans sa vie, une femme utilisera en moyenne 8 000 protections périodiques, ce qui donnera lieu à une tonne de déchets. Les serviettes hygiéniques recyclables sont donc une idée louable et à développer, selon le gynécologue Abdoulaye Diop.

« Le gros intérêt, c'est d'abord un intérêt écologique. Je vous laisse imaginer les milliers de tonnes de serviettes hygiéniques de retour dans la nature après utilisation. Utiliser des services recyclables permet justement d'économiser des centaines de tonnes de serviettes hygiéniques qui vont se balader dans la nature. Il rajoute, le deuxième intérêt, c'est évidemment l'intérêt médical. On sait que ces serviettes réutilisables, les produits qui sont utilisés avec lesquels on les fabrique, créent beaucoup moins d'effets secondaires tels que certaines démangeaisons, certaines irritations, certaines infections que les femmes peuvent avoir en utilisant des serviettes jetables. Malheureusement. Et puis, il y a un aspect que l'on ignore souvent : c'est le coût que représentent ces serviettes pour les femmes qui ont leurs règles, explique le gynécologue. Et qui sont parfois amenés à utiliser des produits pas vraiment conformes. C’est ce que nous appelons la précarité menstruelle. Surtout dans le milieu rural, les jeunes filles ont des difficultés à avoir des serviettes hygiéniques de bonne qualité et cela crée des problèmes médicaux. Et donc les serviettes hygiéniques recyclables viennent un peu répondre à ça et apportent une alternative aussi bien écologique, médicale que durable dans le temps ».

Différentes études estiment à 2 500 euros (1 600 000 francs CFA) le coût total de l'usage des serviettes hygiéniques dans la vie d’une femme. Le prix de serviette réutilisable en coton revient, lui, à 450 euros (295 000 francs CFA) pour la même période, soit presque six fois moins.

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Les «héritiers», ou les gardiens des films des pionniers du 7ème art africain
09 February 2025
Les «héritiers», ou les gardiens des films des pionniers du 7ème art africain

Le cinéma africain est un véritable patrimoine qui n’est pas toujours bien mis en valeur ou correctement préservé. Aussi plusieurs filles ou fils des pionniers du septième art africain se sont réunis pour pérenniser leurs œuvres et les faire connaître au plus grand nombre. Un regroupement informel qu'ils ont surnommé avec facétie « les héritiers ». 

Alors qu'on célèbre dans un cinéma de quartier parisien le centenaire de Paulin Soumanou Vieyra, Stéphane son fils, avec un soupçon d'ironie nous explique comment l'idée des « héritiers », un groupe informel d'enfants et de conjoints de cinéastes, a vu le jour. « Notre seul problème, sur le continent africain, c'est d'être sûr que la préservation des œuvres sera éternelle. C'est ça le but de l'association, la préservation et aussi la vulgarisation, pour que les gens sachent que ça existe et qu'ils puissent l'utiliser. Parce que ma mère m'a dit : "Ton père, il a fait quelque chose d'énorme, une grosse œuvre. Il faut la préserver et la partager. Prenez-la !" Et aujourd'hui, tout est aux États-Unis. Pourquoi ? Parce que c'est là qu'on a eu les financements pour numériser, organiser, restaurer toutes les archives. Nous avons deux structures aux États-Unis dans la même université de l’Indiana. Une pour les archives photos, papier, audio et une autre pour les films au niveau des négatifs ». 

Numériser, organiser, restaurer toutes les archives

Stéphane Vieyra et ses frères et sœurs ont créé l'association PSV pour leur réalisateur de père. Henriette Duparc, elle, a initié à Abidjan la « Fondation Henri Duparc » pour protéger et valoriser l'œuvre du cinéaste ivoirien. 

« D'abord, il faut connaître », explique-t-elle « la production d'un film. Comment ça se passe ? Il faut ensuite retrouver les laboratoires où sont stockés, les éléments. C'était souvent un jeu de piste : retrouver où sont les négatifs et puis ensuite savoir qu'est-ce qu'on va en faire, dans quel état ils sont ? Est-ce qu'il y a nécessité de les restaurer où les stocker ? Pour nous c'était d'autant plus compliqué que Henri Duparc a laissé huit longs métrages et ce n'était pas rien ! Ce sont toutes ces questions-là, que les héritiers se posent quand ils se retrouvent avec tout ce patrimoine à gérer ». 

Parmi les membres de ce petit groupe informel des « héritiers », on trouve les fils de Désiré Écaré ou d'Ousmane Sembène, la fille d'Ababacar Samb et également les deux filles de Sarah Maldoror, Henda et Anouchka De Andrade. Anouchka qui revient sur la nécessité entre héritiers de s’entraider. 

« Alors d'abord, c'était pour qu'on soit au courant des événements des uns et des autres. Ensuite, c'est une source d'information parce qu'il y a beaucoup de personnes qui se retrouvent héritières d’une œuvre et il faut la faire vivre. Mais ils ne savent pas parce que tous n'ont pas eu la chance d'avoir travaillé dans le cinéma. Par exemple : comment négocier les droits, ce qu'il faut faire ? Où aller chercher ? Où sont les labos ? etc… Donc quand une personne de notre groupe a une question, il la pose. Et puis l'un de nous répond : « fais comme ci. Voilà ce que moi j'ai fait. Je te recommande ça. Surtout ne va pas avec untel, c’était une mauvaise expérience ! ». Voilà, c'est juste quelque chose de totalement informel mais de très vivant où l’on s'invite, on s'informe et on échange sur les bonnes pratiques ». 

Denis Garcia est, lui, le directeur général d'Archive TV, une société française qui travaille en ce moment à la restauration de En résidence surveillée de Paulin Soumanou Vieyra. 

Une œuvre qui n’est pas diffusée est irrémédiablement perdue

« Les héritiers quand on leur parle il faut comprendre qui ils sont, c'est-à-dire : est-ce qu’ils ont hérité des droits d'auteur ? Des droits du réalisateur ? Est-ce qu'ils ont les droits de la production ou pas ? Et souvent il n’y a pas les deux, donc on se retrouve coincés. Quand il s'agit de cinéma français, il y a une loi qui favorise l'exploitation suivie des œuvres et donc une œuvre qui dormirait, qui ne serait pas exploitée par ceux qui sont propriétaires des négatifs, il y a un peu moyen de "forcer les choses" pour que l'œuvre ne soit pas perdue et oubliée. Une œuvre qui n’est pas diffusée, elle est irrémédiablement perdue, ne serait-ce que dans les mémoires des potentiels spectateurs ». 

Des spectateurs qui à New-York en mai prochain au Moma, pourront voir l'intégrale de l'œuvre de Sarah Maldoror, après un hommage qui lui sera rendu au Centre Pompidou à Paris, en avril. Et la 29e édition du Fespaco, au Burkina Faso, devrait célébrer, comme il se doit, le centenaire de la naissance de Paulin Soumanou Vieyra. 

L'éducation et la sensibilisation contre la lame et l'aiguille
02 February 2025
L'éducation et la sensibilisation contre la lame et l'aiguille

À l'occasion de la journée mondiale contre les mutilations génitales féminines (6 février), un collectif de femme organise une marche via un train Paris-Marseille pour éveiller les consciences en ce qui concerne les dégâts physiques et psychologiques de l'excision ou de l'infibulation. 

Vivant à Marseille, la comédienne ivoirienne Naky Sy Savané est la présidente du collectif des Femmes africaines contre l'excision. Elle est la cheville ouvrière de ce train, qui samedi 8 février, conduira les militantes de cette cause de Paris à Marseille pour une grande campagne de sensibilisation. Dernière victoire en date pour cette association féminine, qui a milité avec d'autres : le rejet cette année d'une loi visant à légaliser l'excision en Gambie

« C'est quelque chose qui m'avait révolté » explique la comédienne. « C'est pour cela que j'ai lancé ce mouvement, qui est le Collectif des femmes africaines contre l'excision. Nous avons mené cette bataille et pour une fois, les femmes africaines ont eu gain de cause. Donc nous aimerions quand même que cela soit su parce que, là, ils ont décidé de surseoir à cette loi. C'est une première victoire pour nous, femmes africaines, on a envie que cela se sache. On a envie de dire que : "oui ! les femmes africaines se sont levées, un jour pour dire non à la légalisation et qu’elles ont été entendues !" et nous attendons d'autres victoires encore ». 

Parmi celles qui remportent des victoires et qui décrivent par leurs écrits, la douleur ressentie d'une lame tranchant un clitoris : Aminata Traoré, excisée dans sa plus tendre enfance. Cette écrivaine ivoirienne prendra part à cette campagne de sensibilisation entre Paris et Marseille le 8 février. 

Fière de briser le mur du silence

« Moi, je suis déjà une victime et j'ai pour habitude de dire que je ne suis pas fière d'être une victime de l'excision. Mais je suis fière d'avoir eu le courage de briser le mur du silence. Si ce témoignage-là peut permettre de sauver ne serait-ce qu'une fille, alors j'aurais déjà gagné notre bataille, c'est ça le plus important pour moi. Et donner aussi de la force à toutes ces survivantes, parce qu'elles sont partout. On les retrouve aussi en France, un peu partout... C'est leur donner de la force pour dire que le couteau brûlant, ce couteau-là, c'est l'instrument qui sert à la pratique. Mais on peut transformer ce vécu, ce drame en une force pour aller de l'avant, celle de donner de la voix. C'est ça ! »

Donner de la voix et aussi se doter de lois contre l'excision : depuis 1998, l'Assemblée de Côte d'Ivoire par exemple, à légiférer pour interdire ce genre de pratique. Législation et éducation sont les deux principes sur lesquels AminataTraoré compte pour faire disparaitre l'excision. 

« Véritablement l'action des activistes, des féministes est portée. Donc il faut toujours continuer. Et moi, par exemple, je travaille beaucoup en milieu éducatif à travers mon concept : le livre comme moyen de sensibilisation. Comme j'ai écrit une œuvre autobiographique, le couteau brûlant, je me sers du livre comme moyen de sensibilisation en milieu scolaire parce que je me dis, les meilleurs relais au niveau de nos familles, ce sont les enfants, ce sont les élèves parce que eux-mêmes, ils vont porter, ils vont porter aussi leur voix à leurs parents pour dire que aujourd'hui, il faut bannir cette pratique parce qu'elle a plus de conséquences. Soyons optimiste ! ».

Hommes sensibilisés, beaucoup plus utiles

Sensibiliser dans les écoles, mais aussi interpeller dans une société patriarcale, ceux qui sont concernés tout autant que leurs femmes ou leurs filles : les hommes. Ghislain Coulibaly et le président du Réseau des hommes engagés pour l'égalité de genre en Côte d'Ivoire. Il procède régulièrement à des rencontres avec les autorités religieuses ou les chiffres de village pour faire évoluer les mentalités. 

« Ce que nous, nous constatons. C'est que lorsque les hommes sont sensibilisés, ils sont beaucoup plus utiles parce que c'est eux qui ont le pouvoir. Lorsque les hommes deviennent des alliés ou des partenaires, alors ils se dressent contre toutes les pratiques de violences basées sur le genre, notamment les cas d'excision ».

L'excision, une pratique qui est encore la vie dure en Afrique et ailleurs. Selon l'Unicef, cette année, il y aura trois millions de petites filles ou d'adolescentes à travers le monde qui passeront entre les mains d’une exciseuse.

À écouter aussiLa vallée du Nil, aux origines de l’excision

La Malienne Mariam Sy plonge ses racines architecturales dans la terre
26 January 2025
La Malienne Mariam Sy plonge ses racines architecturales dans la terre

Mariam Sy est l’une des figures de l’architecture ouest-africaine, qui réussit à allier la modernité des bâtiments avec les techniques ancestrales de constructions à base de terre. Une construction adaptée au climat sub-saharien et respectueuse de l’environnement. Portrait d’un talent de l’architecture au Mali.

« À 15 ans, j'ai dit à mes parents que je voulais être architecte. Ils ont trouvé que c'était une bonne idée et j'ai dû sortir de l'école de jeune fille pour aller faire un lycée professionnel à Bamako » se souvient Mariam Sy. 

Après ce lycée technique, elle obtient son diplôme d'architecte en Belgique et enchaîne une formation complémentaire en France, à Grenoble. Mariam est devenue aujourd'hui l'une des références en matière d'architecture traditionnelle. C'est d'ailleurs à Grenoble, au centre de recherche et d'application en terre, le Craterre, que cette quadragénaire a perfectionné son savoir-faire avec l'usage des matériaux traditionnels. 

« Que ça soit la terre, la pierre ou tout ce qu'on peut trouver localement, l'idée c'est vraiment d'utiliser le moins d'énergie possible pour construire et d'utiliser le matériau adéquat pour la température du lieu. Et il s'avère que, au Mali, la terre est un des matériaux locaux les plus répandus et les plus connus, et l'avantage pour nous Sahéliens, c’est que ces matériaux s'adaptent vraiment à notre climat ». 

« ces matériaux s'adaptent vraiment à notre climat »

Dès lors, à Bamako, Mariam Sy  au sein de son cabinet Architerre multiplie les constructions de maisons ou de centres médicaux, mais aussi la rénovation de mosquées, notamment à Tombouctou.

Une technique architecturale qui séduit de plus en plus de clients au Mali, mais aussi en Afrique. 

« Cette question d'architecture écoresponsable concerne tout le monde. Même si au Sahel, on sait qu’on n’est pas les plus gros consommateurs d'énergie, on subit quand même les conséquences de cela. Donc, il est important que l’on prenne en compte aussi les nouvelles technologies, les questions qui se posent à tout le monde et qu'on se les applique à nous-même. On considère que voilà, nous sommes des militants au niveau du réseau « Fact Sahel ». Pour nous, vraiment, notre travail c'est du militantisme. Dans ce réseau, il y a des architectes, il y a des maçons, des ingénieurs, des étudiants, des chercheurs, des écrivains. On est un réseau, c'est toute une réflexion autour de ces enjeux-là. 

Comment expliquer aux gens le retour donc à ces matériaux qui ont vraiment beaucoup, beaucoup d'avantages sur beaucoup d'aspects de la vie, pas seulement sur la construction »

Un des points d'avenir de l'Afrique

Au sein de l'association Fact Sahel, qu'elle a cofondé, Mariam Sy participe à cette réflexion à propos d'un retour aux techniques africaines de construction adaptées à un monde moderne, ce qui correspond à un mouvement de fond, comme l'explique un autre architecte français, Jean-Marc Lalo, qui organise régulièrement en Afrique des séminaires d'échanges entre architectes des deux continents. 

« Il y a à la fois une question d'identité architecturale africaine, un engouement pour retrouver des techniques traditionnelles de construction en terre et la deuxième chose, c'est aussi un des points d'avenir de l'Afrique : c'est de faire un saut directement vers des constructions avec des matériaux biosourcés, des matériaux locaux. La terre est parfaitement adaptée pour cela en fait. Il y a eu plusieurs architectes africains qui ont beaucoup travaillé sur ces points. Hassan Fathy, par exemple en Égypte, avait pensé à des projets faits autour de la construction en terre. Mais par contre, depuis que Francis Kéré a reçu le prix Prtizker (la plus haute récompense pour l’architecture, NDLR) il y a des choses qui bougent. Il y a des pays qui veulent effectivement aller vers cette direction-là. Je pense au Bénin, au Sénégal, au Maroc aussi. Il y a un centre de la construction en terre au Maroc qui a été ouvert il y a quelques années. Au Bénin, le président Talon a fait quelques commandes à Francis Kéré, dont l'Assemblée nationale. Il est possible de faire beaucoup en utilisation de la terre avec la BTC : la brique de terre comprimée. On la retrouve au Mali, au Sénégal, au Burkina Faso, aussi ». 

Prochain projet pour Mariam Sy, qui allie modernité, usage des techniques traditionnelles et conceptions écoresponsables, un centre scolaire en terres à Bamako, histoire que l'architecture durable continue de faire école au Mali.

«Human empress», la jeunesse congolaise écoresponsable
19 January 2025
«Human empress», la jeunesse congolaise écoresponsable

« Human empress », « Impératrice humaine » en français, est une association congolaise de Brazzaville qui milite pour une Terre plus propre et des pratiques plus responsables afin de préserver l’environnement. À la tête de cette association : Paule Sara Nguié, une femme dynamique qui met toute son énergie pour sensibiliser ses concitoyens à la cause écologique en commençant par la jeunesse.

Il y a cinq ans que Paule Sara Nguié a créé Human empress à Brazzaville. Cette femme de trente ans, ancienne technicienne dans le secteur de l'énergie et qui fut également journaliste, a décidé de s'emparer de la question de l'écologie. Depuis son enfance, Paule Sara a vu lentement son environnement se dégrader dans son quartier à Brazzaville. 

« Je vivais dans un quartier assez reculé de la ville, Massengo », se souvient Paule Sara  « Vous y avez une belle savane, vous faites encore de la cueillette. L'air est frais, je me baignais dans la rivière et mes grands-parents que je côtoyais sont des personnes qui ont de bonnes valeurs de développement durable. Pour moi, tout cela semble naturel. Et quand je commence à fréquenter la grande ville, la grande cité avec sa pollution, je suis suffoquée. Je me rends compte qu'il y a des problèmes et je décide d'agir, petit à petit ». 

Dès lors, Paule Sara organise avec son association des Rencontres citoyennes de la jeunesse dans les quartiers, dans les écoles et elle coordonne un concours. Ce challenge, baptisé « Couronne verte », permet à des porteurs de projet d'exposer et parfois de financer leurs inventions écoresponsables, nous décrit Paule Sara. 

Agir petit à petit

« Sur l'agriculture biologique notamment, une équipe a mis en place un système aquaponique sur la gestion durable de l'eau. Vous avez sur les énergies ceux qui font dans la transformation énergétique à partir de déchets. Vous avez ceux qui fabriquent des charbons à partir de déchets, aussi. C'est ce type de programme que les jeunes ont mis en place et qui ont été retenus et qui sont financés pour répondre réellement aux besoins, ici, à Brazzaville ». 

C'est ainsi que Danielle Mbemba, étudiante, a remporté l'un de ces concours portant sur un projet de serviette hygiénique recyclable. Des serviettes qui évitent de polluer les cours d'eau. 

« Mon projet, il était axé sur la fabrication de serviettes hygiéniques réutilisables. Mon projet s'appelle Menga Ecoflux. C'est déjà un produit que j'ai commencé à développer. J'ai fait des prototypes que j'ai déjà donnés à certaines de mes amies et à quelques personnes de ma famille pour pouvoir les tester. On fait principalement avec du coton naturel et aussi de la fibre de bambou. »  

Des prototypes, des inventions et des projets exposés lors de ces rencontres régulières à Brazzaville ou à Pointe Noire et qui reçoivent le soutien de partenaires comme la délégation de l'Union européenne au Congo. Des initiatives précieuses, selon Anne Marchal, ambassadrice de l'UE à Brazzaville

Coton naturel et fibre de bambou

« C'est la convergence en fait des centres d'intérêt qui fait que nous sommes partenaires de cette association, qui justement permet de donner une voix aux jeunes et de créer de la conscience sur les problèmes d'environnement. Et donc toutes les activités de Paule Sara, y compris au niveau du support et la création, la formation à des emplois de développement durable, est vraiment ce qui nous a attirés, en plus du fait qu'elle a organisé des rencontres citoyennes de jeunes. Nous tenons vraiment à avoir ces contacts avec les jeunes pour leur retour sur les attentes des jeunes dans les pays où nous sommes partenaires ». 

Le prochain projet que Paule Sara compte mettre en œuvre avec Human empress, c'est la création d'un écocentre. Un lieu de rencontre ou les jeunes congolais pourront venir exposer leurs projets, apprendre et transmettre les bonnes pratiques écoresponsables. 

À lire aussiCongo-Brazzaville: une ONG réclame un plan d’aménagement du parc national Ntokou Pikounda

Lukaré, centre artisanal burkinabè et grenier à idées et à talents
12 January 2025
Lukaré, centre artisanal burkinabè et grenier à idées et à talents

Direction le Burkina Faso et le quartier de Dapoya, à Ouagadougou, où est installé le centre artisanal Lukaré. Un centre qui, depuis près de 15 ans, fait figure d'excellence en matière de création de meubles et d'accessoires à base de matériaux de récupération.

Au centre Lukaré, la quinzaine d'apprentis ou de créateurs aguerris sont à l'ouvrage. Perceuses, ponceuses, poste à souder... Tous ces outils – entre deux délestages – s'activent, avec Inoussa Dao comme chef d'orchestre. « Lukaré  ça veut dire ''le grenier'' en pulaar. C'est un grenier où on a beaucoup d'idées. Voilà, on aimerait aussi transmettre ces idées à d'autres jeunes », explique-t-il. 

Il y a 15 ans, Inoussa a fondé, avec son frère Hassan Dao et deux autres artistes, le centre d'apprentissage et la galerie Lukaré, qui font référence depuis au Burkina Faso :

« L'idée de Lukaré, c'est vraiment la récupération. Je peux dire que 90% de nos créations, c'est de la récupération. C'est de donner une seconde vie aux matières mortes, si on peut dire ainsi. C'est du bois, des carcasses de voitures, de la récupération de bidons. Voilà, tout ce qu'on peut recycler et leur donner une seconde vie. On fait des tables, des meubles de rangements, des accessoires comme des dessous de plat, des lampes, des meubles d'intérieur et d'extérieur. » 

L'art de recycler des matériaux bruts comme des racines d'arbres ou bien des pots d'échappement de mobylette, pour les sublimer en meubles uniques, a fait école au Faso . D'autant plus que le centre Lukaré accueille des jeunes qui cherchent leur voie pour les former à la technique de la récup'. 

Une seconde vie aux matières mortes

« On n'a pas besoin d'avoir un diplôme ou une formation quelconque, c'est la motivation personnelle qui compte, souligne Inoussa Dao. Après, nous, on les place à l'atelier soudure d'abord, et après, on les place à l'atelier bois pour qu'ils apprennent ces deux métiers de base. Après, c'est à lui de choisir la branche qu'il veut. Nous, on est à côté pour les guider dans cette création. Mais c'est lui qui créé après ! »

C'est ainsi que de ce phalanstère créatif sont sortis de grands noms du design burkinabè qui ont fait leur chemin depuis, comme Ahmed Ouattara, Kader Kaboré, Ousmane Kouyaté ou encore Paulin Banigabou. Ce dernier est un virtuose dans l'art d'entremêler palissandre et fer à béton pour en faire des sièges :

« Actuellement, on peut dire que je travaille à mon propre compte. C'est grâce à eux aussi (les encadrants de Lukaré, NDLR), parce que je suis passé par eux qui nous ont guidés, qui nous ont montré comment faire. Actuellement , mon travail est beaucoup basé sur les tabourets et des pièces uniques aussi. Des chaises et des tables aussi quoi, parce que j'ai été formé, mais j'ai ajouté ma ''touche'' aussi. Je fais un peu différent de mon patron parce qu'il faut créer aussi ta propre identité. Ainsi il y a des gens, quand il voit ça, ils disent ''Ça, c'est Paulin !''. »

Finitions nickel

Les meubles et accessoires de Lukaré font le bonheur des amoureux du design comme Eliot Martin. En Allemagne, à Francfort, il est le responsable de la galerie Moogoo. Il s'extasie :

« L'idée, c'est de dire :''Nous, on veut du beau ! Et qu'en plus il y ait une histoire derrière.'' On a la volonté de vendre des beaux produits. C'est vrai que les finitions (chez Lukaré, NDLR) sont nickel, quoi ! Il y a une qualité ! Pour tout ce qui est soudure, tous les gens ici qui s'y connaissent sont toujours impressionnés par leur travail. Je ne sais pas s'ils se rendent compte, mais ils n'ont pas le matos qui existe en Europe ! À part des postes à souder, ils n'ont pas beaucoup plus d'outils, quoi ! » 

Rendre la matière brute magnifique, c'est l'art de concilier l'indigence des moyens avec l'exigence d'artisans surdoués. Hortense Assaga, journaliste et auteur d'un ouvrage intitulé Made In Africa est, elle aussi, admirative :

« Ce centre illustre vraiment bien la pratique africaine. Il y a une espèce de regroupement qui se fait entre artisans, créatifs. Et puis, ils essayent d'organiser ça. On apprend les uns des autres pour en sortir souvent les objets fabuleux. Oui, c'est une pratique à l'africaine, une transmission qui se fait tout naturellement entre artisans, et c'est vraiment ça qu'il faut saluer. » 

Le mot de la fin, c'est Inoussa Dao qui l'a trouvé en cherchant dans son grenier peul à idées : « On va consommer ici ce que nos braves artistes et artisans produisent. Nous consommons ce que nous produisons et produisons ce que nous consommons. » 

Une startup mauritanienne butine avec les abeilles
08 January 2025
Une startup mauritanienne butine avec les abeilles

L’Afrique en Marche s’en va butiner en Mauritanie. Dans ce pays sahélien, un jeune startupper, Oumar Diallo, a décidé de se lancer dans l’apiculture et de dispenser sa science auprès d’autres Mauritaniens et Mauritaniennes pour favoriser l’élevage des abeilles, si précieuses pour leur miel, mais aussi pour l’ensemble de la biodiversité.

« L’abeille est très fascinante !  Même dans le saint Coran, Dieu a donné une sourate complète pour les abeilles !  Et il a mentionné aussi que le miel, c’est un remède pour toutes les maladies ». 

Oumar Diallo, 34 ans, est entré en apiculture comme d’autres entrent en religion. Spécialiste des énergies renouvelables, il décide en 2018 de consacrer sa vie et son métier à la récolte du miel et donc au développement de ruches. Dès lors, il dévore tous les ouvrages disponibles sur le sujet et suit des formations au Sénégal, aux États-Unis, en Roumanie ou encore au Burkina Faso. 

Une sourate complète pour les abeilles ! 

« Et là, je me suis mis à faire des recherches et j’ai compris que les abeilles, c'est une société très organisée où il y a des ouvrières, architectes, des butineuses… c’est vraiment une société très organisée », s’émerveille l’apiculteur mauritanien. 

« Chacune a un rôle à jouer et parallèlement aussi, les abeilles participent à la protection de l’environnement par la pollinisation des cultures. C’est après les recherches que j’ai faites en Roumanie, aux États-Unis d’Amérique, que j’ai compris que si l’abeille meurt, l’être humain n’aura que quatre ans à vivre. Donc, pas d’abeilles, pas de vie ! Raison pour laquelle nous, on se bat jour et nuit pour développer cette filière apicole en Mauritanie d’une manière durable et responsable surtout ». 

Devenu expert en apiculture, il installe un peu moins de 100 ruches dans la région de Taybatal Moktar, au sud du pays, non loin du fleuve Sénégal. Non content de récolter et de commercialiser son miel dans sa start-up Apidev, Oumar Diallo forme également des femmes et des jeunes Mauritaniens à l’art de développer les essaims d’abeilles et de récolter leurs hectares. Il a d’ailleurs publié deux manuels, dont un en langue fulfulde pour les Peuls. 

 

Manuel en fulfulde pour les apiculteurs peuls

« Nous avons eu l’occasion de former cent-cinquante femmes et quatre coopératives féminines dans la production du miel, mais aussi la valorisation des produits de la ruche. Nous avons récolté la cire ensemble, nous avons récolté le miel ensemble et nous avons fait aussi des bougies et des savons à base de cire d’abeille. Donc, je me suis dit qu’avoir un manuel en puular parce qu’eux, ils comprennent la langue puular, ce serait aussi un atout pour moi. Je l’ai mis à leur disposition, ce manuel de l’apiculture moderne durable. Ils peuvent vraiment lire, comprendre et faire de l’apiculture. C’est une manière aussi de dire à la jeunesse que nous avons des ressources à exploiter. Il faut y rester, il faut y croire ! »  

Miel d’acacia, de karité, de jujubier ou encore de moringa, la variété des parfums de ces miels permet à sa marque de se vendre avec succès au-delà même de la Mauritanie. En installant ses ruches en bois ou en ciment dans les vergers ou dans les champs, il favorise, en outre, de meilleurs rendements pour les récoltes des paysans qui l’accueillent. Car ce n’est un secret pour personne : l’abeille est un vecteur précieux de rendement et de biodiversité, comme nous l’explique Alain Chevalier, président de l’association Apiflordev : « La pollinisation par l’abeille mellifère joue un grand rôle dans la production agricole. La FAO estime que, par exemple, sur le café, l’augmentation de rendement est de 40 %. C’est-à-dire qu’on double presque la production, grâce à la pollinisation. Pour les légumes, par exemple, la pollinisation permet d’avoir des fruits de plus grosses qualités, plus réguliers et en plus grand nombre ». 

Apiflordev, depuis 20 ans, forme un peu partout en Afrique à l’art de l’apiculture. À son simple niveau, la start-up d'Oumar Diallo a remporté plusieurs prix d’excellence. Et cet apiculteur heureux réinvestit le prix de ces récompenses dans l’achat de nouvelles ruches. 

Dans nos archives :L'abeille africaine : le trésor méconnu du continent 

Sofar, si proche des musiciens en Afrique
29 December 2024
Sofar, si proche des musiciens en Afrique

La franchise Sofar (Songs from a Room) propose depuis 2009 des concerts intimistes et secrets dans des lieux inhabituels dans le monde et en Afrique. À Lagos, à Addis-Abeba, à Maurice ou à Dakar, c'est une expérience que les amateurs de musique et de spectacle vivants apprécient.

Depuis une bonne quinzaine d'années, les premiers concerts Sofar ont vu le jour en Angleterre et depuis, le concept de ces shows intimistes et éphémères a essaimé à travers le monde et notamment en Afrique : en Éthiopie, au Nigeria...

Des collectifs d'amoureux de la musique s'organisent pour préparer des concerts hors normes dans la mesure où ni le lieu, ni la date, ni même les artistes qui joueront, ne sont connus jusqu'au dernier moment. C'est ainsi qu'à Maurice, le premier concert organisé par Samantha Shegobin, a eu lieu dans un salon de coiffure.

« C’était bien » se remémore cette ambassadrice Sofar mauricienne. « C'était le tout premier, donc les gens ne connaissaient pas trop Sofar avant. Le lieu est dévoilé 36 h avant le spectacle. Et les artistes restent secrets jusqu'à ce que le show commence. Donc oui, les gens ont aimé. C'est une bonne expérience communautaire parce que je pense qu'on construit une communauté mondiale qui soutient les artistes locaux et internationaux. Chaque événement rassemble ceux qui partagent une passion pour la musique et la culture. »

Rassembler ceux qui partagent une passion pour la musique et la culture

Raphael Hilarion, au Sénégal, adhère, lui aussi, à cette philosophie. Il y a trois ans, avec sa camarade Marie Nore, ils ont organisé leur premier événement musical Sofar dans une galerie d'art à Dakar, Plateau.

« En gros, c'est un événement un petit peu exclusif, où l’on va accueillir entre 50 et 70 personnes, explique Raphael Hilarion. On organise cela tous les mois et demi et dans des lieux totalement différents : dans un musée, ça peut être dans une brasserie, dans un bateau… On essaye de trouver des lieux dans lesquels on ne s'attendrait pas à avoir un concert. Sur notre page Instagram les personnes qui nous suivent doivent nous envoyer un email pour dire qu’ils sont intéressés. Les personnes qui s’inscrivent nous font confiance. On dévoile le lieu 48 heures avant et ils découvrent les artistes. Chaque artiste va jouer trente minutes et ensuite, il y a quinze minutes de pause. Du coup, les artistes peuvent discuter aussi avec ce nouveau public. On a une proximité qu'on n'a pas forcément habituellement dans des salles de concert. »

Généralement, les performances des musiciens sont entrecoupées de défilés de mode liées à une exposition d'art plastique ou encore à des dégustations gastronomiques.

Jouer dans un lieu qui fait sens

« Dans une exposition qui s’est déroulée au pied du Monument de la Renaissance la thématique de l’expo portait sur l'éco féminisme et l'agroécologie, et la place des femmes dans l'agroécologie » se souvient Marie Nore en évoquant leur dernier happening musical pendant la Biennale de Dakar. « Et pour moi, c'était magique parce que même si on fait jouer des artistes, là, on les faisait jouer dans un lieu qui fait sens ».

Succès auprès du public avide de découverte, succès également auprès des musiciens qui se prêtent volontiers au jeu de l'improvisation. « Ces concerts Sofar, ce sont des concerts intimistes, on est proche du public, il y a une connexion avec le public, raconte la chanteuse sénégalaise et joueuse de kora Senny Camara. Après le concert, c'est familial. On pose des questions et moi, j'aime beaucoup ce concept-là. C’est comme dans un salon, tu es là, tu discutes et tu partages. Un vrai partage. Bravo à eux d'avoir pensé à faire ça parce qu'on n'avait pas ça au Sénégal. C'est super pour la jeunesse. »

Le prochain rendez-vous pour le Sofar à Dakar, ce sera d'ici fin janvier. Si vous voulez savoir où, quand et avec qui, il faudra consulter leur compte Instagram et s'inscrire pour un moment musical unique.

Africa Kid, le fabricant de jouets sénégalais ludiques pour les enfants et les écoles
22 December 2024
Africa Kid, le fabricant de jouets sénégalais ludiques pour les enfants et les écoles

Noël approche à grands pas. Une occasion pour « l’Afrique en marche » de prendre le chemin de Dakar et d’un fabricant de jouet spécifiquement sénégalais et africain. Afrika Kid propose toute une gamme de jeux ludiques, mais aussi éducatifs, aux enfants et aux écoles du Sénégal. Reportage.

Dans les ateliers de Ouakam à Dakar, on s'active, on y coupe, ponce, vernit les jouets en bois d'Afrika Kid. Il s'agit d'une marque de jeu ludique et éducatif, que le Franco-Suisse Patrick Jacquier a conçu depuis une dizaine d'années à Dakar.

« On à au moins une quinzaine de modèles de Memory, c'est ce jeu qui a comme objectif de faire des paires entre deux pièces qui ont un lien évident et qui permettent d'associer le chiffre avec l'écriture du chiffre, le chiffre dans une langue avec une autre langue, un drapeau avec un pays », explique-t-il. « C’est quelque chose de très puissant comme jeu éducatif. Les éléments importants en fait, c'est la fabrication 100% Dakar C'est fait à Dakar. C'est en bois, tous les produits sont naturels. La plupart des plateaux sont recouverts d’une huile végétale qui vient de Casamance, donc on essaie vraiment d'assumer le fait d'être local et puis le fait que cela vienne de la tradition sénégalaise, wolof depuis quelques siècles. »

Assumer le fait d'être local

Patrick Jacquier a imaginé des jeux de mémoire, de calcul, de géographie en wolof, en français, en sérère ou en langue bambara. Des jeux auxquels on souscrit plusieurs établissements scolaires de Dakar commel'école franco-sénégalaise dirigée par Cécile Chauvel. 

« Moi, j'étais en recherche de quelqu'un qui serait en capacité de fabriquer notamment du matériel de manipulation mathématique. L'approche qu'avait Patrick notamment avec le bois, le fait qu'il fasse travailler des femmes, que ce soit fait localement… ça, ce sont aussi des critères qui correspondent aux souhaits en termes de développement durable de l'établissement », se félicite Cécile Chauvel. « L'année dernière, on a fait une grosse commande de matériel de numération et c'est un matériel qu'on n'avait pas forcément de manière assez présente dans l'école pour développer la manipulation et le fait de pouvoir avoir accès à du matériel en bois - qui change du matériel plastique qu'on peut commander assez facilement - et que ce soit fait localement, c'était un point qui nous intéressait particulièrement, donc on en est très content ! »  

Des enseignants et des enfants d'autant plus contents que la finition des jeux est particulièrement soignée. Pour cela, Africa Kid a fait appel aux talents de menuisier dakarois expérimentés comme Oumar Diallo qui a son atelier à Ouakam, Cité Avion. 

« Si tu fais de la menuiserie, cela demande de la précision, de la finition. D'après ce que Patrick demande de faire cela demande beaucoup de précisions parce que c'est des bois que l’on coupe au millimètre. Il y a différents jeux, il y a le yoté. Cela développe l'esprit des enfants, ça demande de la réflexion ».

Développer l'esprit des jeunes

Et pour développer l'esprit des jeunes et de l'ensemble des sénégalais attachés à leur culture, Patrick Jacquier a remis au goût du jour un jeu typique : le yoté. Un jeu de plateau qui rappelle le jeu de Go ou le jeu de dames. « C'est d'abord un jeu de positionnement et après, c'est une stratégie de prise qui est intéressante et qui a quelques spécificités. Ce support, au niveau de l'oralité bien connu en Afrique, est important par rapport à l'histoire du yoté. On prend les pions de l’adversaire tout simplement comme au jeu de dames ».

 

Jouer en apprenant ou bien s’éduquer en s'amusant. Les jeux d'Afrika Kid ont encore le temps d'arriver d'ici mardi, au pied du sapin ou du baobab de Noël. 

Les koras de Noël des moines de l'abbaye de Keur Moussa au Sénégal pour clore cette dernière chronique de l'année 2024.

« Africa Kid »