La marche du monde
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Chaque semaine, La marche du monde vous propose de découvrir l’histoire de nos sociétés contemporaines. Sur les cinq continents, nous recherchons des témoignages, mais aussi des archives radiophoniques et musicales, pour revivre les évènements et les mouvements qui éclairent l’actualité. En Afrique, en Asie, en Amérique, en Europe et au Proche-Orient, rafraîchissons-nous la mémoire et partageons notre histoire ! *** Diffusions le samedi à 14h10 TU et le dimanche à 00h10 TU vers toutes cibles. 

Les sœurs Nardal, phénomène éditorial
14 December 2024
Les sœurs Nardal, phénomène éditorial

Elles s’appellent Jane et Paulette Nardal et incarnent la modernité noire dans les années 1920/1930. Petites-filles d’esclaves nées en Martinique, elles font partie des premières étudiantes antillaises venues étudier à La Sorbonne à Paris. Devenues écrivaines, traductrices et journalistes, Jane et Paulette reçoivent dans leur célèbre salon littéraire de Clamart les grands noms du mouvement culturel afro-américain et africain francophone.

Vous ne connaissez peut-être pas leur nom et pourtant, Jane et Paulette Nardal sont les autrices d’une œuvre théorique et littéraire importantes, qui préfigure à bien des égards la Négritude de Senghor, Césaire et Damas.

De la Revue Noire aux éditions Rot Bo Krik, le professeur Brent Hayes Edwards nous raconte une épopée éditoriale magistrale, à partir de la vie et de l’œuvre des sœurs Nardal, à la lumière de sa réflexion Pratique de la Diaspora, livre fondateur, enfin traduit en français par la maison d’édition Rot-Bo-Krik.

Avec Brent Hayes Edwards, professeur au département d’anglais et de littérature comparée à Columbia University et la participation de Léa Mormin-Chauvac, biographe des sœurs Nardal.

Émission initialement diffusée le 2 juin 2024.

 

À lire :

- Écrire le monde noir, de Paulette Nardal, Éditions ROT-BO-KRIK

- Pratique de la diaspora, de Brent Hayes Edwards, Éditions ROT-BO-KRIK

- Page du Professeur Edwards à l’Université de Columbia à New-York

- Les sœurs Nardal, à l’avant-garde de la cause noire, de Léa Mormin Chauvac, Éditions Autrement.

SIDA, des vies pour mémoire
07 December 2024
SIDA, des vies pour mémoire

Si Act-Up n’est pas la seule association à lutter contre le VIH, ses membres pionniers ont su créer l’évènement dans les années 90, en imaginant des actions spectaculaires pour briser le tabou du SIDA.  

40 ans après la découverte du virus VIH par l’Institut Pasteur, et alors que la maladie a fait plus de 36 millions de morts dans le monde, nous revenons sur les enjeux mémoriels autour de l’épidémie du VIH-SIDA, les traces laissées dans l’espace public et sur la transmission d’une histoire encore marginalisée.

SIDA, des vies pour mémoire, un documentaire de Maxime Grember, réalisé par Sophie Janin, produit par Valérie Nivelon. (Rediffusion)

 

Avec les témoignages de :

-  Christian de Leusse, fondateur de l’association marseillaise « Mémoires des sexualités »

-  Gérard Bénéteau, prêtre au sein de l’Église Saint-Eustache entre 1984 et 2000

-  Anne Rousseau Rambach, militante au sein d’Act Up-Paris entre 1991 et 1996, éditrice, romancière et scénariste

-  Christophe Broqua, anthropologue, chercheur au CNRS, auteur de la thèse en sociologie « Engagements homosexuels et lutte contre le sida au sein de l'association Act Up-Paris »

-  Fred Navarro, président d’Act Up-Paris entre 2012 et 2013.

 

En 2017, le film de Robin Campillo 120 battements par minute marque un tournant dans la manière de représenter l’histoire du SIDA en France, et plus précisément celle d’Act Up-Paris, en apportant une visibilité nouvelle à la lutte qu'ont menée les premiers activistes du SIDA.

Dernièrement, de grandes expositions comme celle du Mucem à Marseille en 2022, ou plus récemment celles du Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg ont montré qu’il y avait un besoin d’histoire, une nécessité à y revenir, à raconter ce qu’avait été l’épidémie du VIH-SIDA dans ses années les plus sombres.

Mais malgré cette forme de patrimonialisation nouvelle, cette histoire reste encore méconnue du grand public, et finalement assez peu enseignée auprès des nouvelles générations chez qui le virus circule principalement aujourd’hui.

Avec le temps, l’enjeu mémoriel autour du VIH-SIDA est devenu un enjeu politique. Que ce soit avec la pose de plaques de rues, la commande de fresques artistiques, ou encore la création du centre d’archives LGBTQI+ à Paris.

Pour l’heure, un centre sans soutien réel des pouvoirs publics, ce qui amène bon nombre d’associations de lutte contre le SIDA à déposer de façon morcelée leurs archives sur l’ensemble du territoire français.

Plus de 40 ans après les premiers morts du SIDA, les archives sont donc dispersées, les lieux de mémoire invisibilisés et les noms des disparus méconnus. Alors comment raconter cette histoire dont la liste des victimes s’allonge, bien que depuis 1996, les premiers traitements soient apparus et que la séropositivité n’est plus synonyme de condamnation à mort ?

 

Archives :

-  « ZAP du 1er novembre 1991 devant la cathédrale Notre-Dame de Paris ». © Act Up-Paris. Vidéo déposée aux Archives Nationales

-  Interview de Christophe Martet, dans « Manifestations de Act Up », FR3 1992. © INA

-  Interview de Cleews Vellay, dans « Parlez-moi d'argent », France Inter 1993. © INA.

 

Bibliographie :

- « Act Up, Une histoire », de Didier Lestrade (La Découverte, 2022)

- « Agir pour ne pas mourir ! Act Up, les homosexuels et le sida », de Christophe Broqua (Presses de Sciences Po, 2005)

 - « VIH/SIDA, L’épidémie n’est pas finie », catalogue de l’exposition du Mucem, ouvrage collectif. (Anamosa, 2021).

 

Musiques :

- Orgue de Saint-Eustache

- « It’s a sin » des Pet Shop Boys

- « Live to Tell » de Madonna

- « Toxic » de Britney Spears

- « Hideous » d’Oliver Sim.

 

Films :

- « 120 battements par minute », (Robin Campillo, 2017)

- « Portrait d'une présidente », (Brigitte Tijou, 1995)

- « Act Up, Sida Guerilla », (Agence Capa, 1993).

 

Ressources :

- The Aids Memorial 

- Le collectif Archives LGBTQI+ de Paris.

 

Remerciements :

- L’association Act Up-Paris : Julien Bruneau

- Les Archives Nationales : Lucile Douchin, Vanessa Szollosi et Sandrine Gill

- L’École des Beaux-Arts de Paris : Sarah Pépin et Philippe Pucyclo

- Gérard Beneteau, Anne Rousseau Rambach, Christophe Broqua, Fred Navarro, Christian de Leusse, Didier Lestrade, Lalla Kowska Régnier, Jean-Luc Armani, Mikael Zenouda, Michel Bourrelly, Clem Hue, Renaud Chantraine, Nicolas Hardy, Pauline Gallinari et Ania Szczepanska.

 

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Thiaroye 44, le massacre des tirailleurs africains
30 November 2024
Thiaroye 44, le massacre des tirailleurs africains

Dans une lettre adressée au président du Sénégal le 28 novembre 2024, Emmanuel Macron affirme que « la France se doit de reconnaître » qu'il y a eu un « massacre » dans le camp militaire de Thiaroye, en périphérie de Dakar, le 1ᵉʳ décembre 1944. Une reconnaissance officielle pour laquelle l'historienne Armelle Mabon se bat inlassablement depuis dix ans.

Combat qu'elle raconte dans son livre Le massacre de Thiaroye, 1er décembre 1944, Histoire d'un mensonge d'état. Cette reconnaissance du massacre de Thiaroye par la France suscite un immense espoir pour les familles des tirailleurs qui attendent réparation depuis de longues années.

Si l'historien Martin Mourre avait déjà publié sur le massacre du 1er décembre 1944 dans son livre Thiaroye 44, histoire et mémoire d’un massacre colonial, ce sont les artistes africains qui se sont emparés les premiers de ce que la chercheuse Armelle Mabon qualifie de mensonge d'État. 

D'abord Senghor, dès 1944, dans son poème TYAROYE : «Prisonniers noirs je dis bien prisonniers français, est-ce donc vrai que la France n’est plus la France ?» Puis Sembène Ousmane dans son magistral Camp de Thiaroye, film interdit pendant 10 ans sur les écrans français, à propos duquel le réalisateur évoquait le chiffre de 380 morts, dix fois plus que les 35 officiels. Alors que des députés français ont déposé une résolution nommée «Sembène Ousmane» pour demander l'ouverture d'une commission d'enquête pour faire toute la lumière sur ce qui s'est passé à Thiaroye, l'État sénégalais a tout son rôle à jouer pour éclaircir de nombreuses zones d'ombre, notamment sur le nombre de corps enfouis dans des fosses communes, puisqu'il peut prendre la décision d'ordonner des fouilles à Thiaroye.

Chemins d'écritureAvec «Tyaroye», Senghor fut le premier à s’emparer littérairement du massacre des tirailleurs sénégalais

 

À écouter aussiEnquêtes africaines (en 5 épisodes)  – Thiaroye, les tirailleurs sacrifiés

« Thiaroye 44, le massacre des tirailleurs africains » est un épisode documentaire de La marche du monde signé Valérie Nivelon, Lina Le Bourgeois et Sophie Janin avec Adrien Landivier. 

Avec nos remerciements à Maylis Bouffartigue et à toute l'équipe du Festival Histoire(s) de se rencontrer, du Mas d'Azil, dans l'Ariège.

Avec par ordre d'apparition :

- Armelle Mabon, historienne 

- Colette Capdevieille, députée

- Karfa Sira Diallo, co-fondateur de l'Association Mémoires et partages

- François Hollande, député, ancien Président de la République française

- Me Hervé Banbanaste, avocat au Barreau de Paris

- Me Pinatel, avocat Pinatel, avocat de Biram Senghor dont le père a été massacré à Thiaroye

- Martin Mourre, historien

- Sidiki Bakaba, comédien dans le film de Sembène Ousmane «Camp de Thiaroye»

- Aïcha Euzet, dramaturge, autrice d'un triptyque autour de l’histoire des tirailleurs africains de la fin du XIXème siècle aux indépendances.

Enfants en guerre, guerre à l’enfance ?
16 November 2024
Enfants en guerre, guerre à l’enfance ?

Comment les enfants font-ils face à la guerre ? Au fil des conflits qui jalonnent notre histoire depuis la Grande Guerre, la violence faite aux enfants est au cœur de l’exposition qui s’ouvre à La Contemporaine*, dont l’ensemble bibliothèque, archive et musée rassemble la plus grande collection dédiée aux conflits du XXème et XXIème siècle.

De 1914 à Gaza en passant par le génocide des tutsis du Rwanda, les enfants sont massivement victimes des conflits bien que les États se doivent de les protéger. La Journée internationale des droits de l'enfant nous le rappelle chaque année, le 20 Novembre, date choisie pour l’ouverture de l’exposition « Enfants en guerre, guerre à l’enfance » signée Manon Pignot et Anne Tourniéroux, dont je vous présente les archives en avant-première sur RFI.

*À l’écoute des témoignages d’enfants confrontés à la guerre de 1914 jusqu’à nos jours, Manon Pignot et Anne Tournieroux proposent d’interroger les expériences de guerre enfantines du début du XXè siècle jusqu’à nos jours, à partir de trois cents pièces issues de ses collections et de collections françaises et étrangères. Comment faire entendre la parole des enfants, qu’ont-ils à nous transmettre de leur expérience de la guerre ? Expériences dévastatrices, expériences formatrices, expériences combattantes ? Sans tabou ni voyeurisme, l’exposition et son livre assument un regard exigeant et abordent de nombreux sujets méconnus, des républiques d’enfants au programme cubano-américain Peter Pan, en passant par une relecture du conflit au Biafra… à hauteur d’enfant.

Avec l’historienne Manon Pignot, Université Picardie Jules Verne et la bibliothécaire Anne Tournieroux, la Contemporaine, assistées de Camille Lécuyer, CY Cergy Paris Université.

 

À lire :

Enfants en guerre, Guerre à l’enfance ? dirigé par Manon Pignot et Anne Tournieroux, aux éditions Anamosa.

À voir :

L’exposition Enfants en guerre, Guerre à l’enfance ?

 

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1974, le discours historique de Yasser Arafat à l'ONU
09 November 2024
1974, le discours historique de Yasser Arafat à l'ONU

Le 13 Novembre 1974, le leader de l’O.L.P Yasser Arafat est invité pour la première fois à la tribune de l’ONU où il prononce le discours historique qui va faire basculer l’opinion publique internationale en faveur de la reconnaissance de la cause palestinienne.

« Aujourd’hui, je suis venu porteur d’un rameau d’olivier et d’un fusil de combattant de la liberté. Ne laissez pas le rameau d’olivier tomber de ma main. Je vous le répète : ne le laissez pas tomber de ma main. » Pointant du doigt l’assemblée de l’Onu, Yasser Arafat va en réalité répéter trois fois sa dernière phrase et déclencher un tonnerre d’applaudissements.

Quel leader est Yasser Arafat, coiffé du keffieh noir et blanc, symbole du nationalisme palestinien lorsqu’il est invité à l’ONU ? Quels sont les arguments du représentant de l’OLP ? Et que représente ce discours dans l’histoire et la mémoire du peuple palestinien ?

À l’aube des 50 ans de la reconnaissance du droit des Palestiniens à l’auto-détermination votée le 22 Novembre 1974 par l’ONU à une majorité écrasante, RFI et MCD s’associent pour donner accès à une archive essentielle pour la compréhension de l’histoire du conflit israélo-palestinien. 

De larges extraits du discours traduits en français s'articulent avec les témoignages de Anwar Abou Aïsha, ancien ministre palestinien de la Culture ; Hala Qodmani, journaliste spécialiste du Proche-Orient ; Elias Sanbar, historien ettraducteur ; Leïla Shahid, ex-déléguée générale de la Palestine en France et Yousef Zayed, musicien et professeur de oud.

Un documentaire signé Valérie Nivelon RFI avec la collaboration de Tarik Hamdan MCD.

Réalisation : Sophie Janin avec Adrien Landivier, Nicolas Falez et Nicolas Pichon-Loevenbruck.

 

À lire : 

- « La dernière guerre ? » Palestine, 7 octobre 2023-2 avril 2024 par Elias Sanbar.

Collection Tracts (no56) Gallimard

- « Comment la Palestine fut perdue et pourquoi Israël n’a pas gagné, Histoire d’un conflit », de Jean-Pierre Filiu aux éditions Seuil

- « Israël/Palestine Anatomie d’un conflit », de Vincent Lemire et Thomas Snégaroff aux éditions Les Arènes

- « Les grands discours à l'ONU. De Harry Truman à Greta Thunberg », par Chloé Maurel, aux éditions du Croquant. 

Amina et Jummaï, deux lycéennes face à Boko Haram
02 November 2024
Amina et Jummaï, deux lycéennes face à Boko Haram

Dans la nuit du 14 au 15 avril 2014, 276 lycéennes âgées de 16 à 18 ans, pour la plupart chrétiennes, sont enlevées par le groupe armé islamique Boko Haram à l'école secondaire publique de la ville de Chibok, dans l'État de Borno, au Nigeria. 10 ans plus tard, 82 ex-lycéennes de Chibok sont toujours captives. (Rediffusion)

Alors qu'elles faisaient la Une de l'actualité dans le monde entier, il y a encore quelques années, les Chibok Girls sont retombées dans l'oubli avec la banalisation des enlèvements de masse au nord-est et surtout dans le nord-ouest du Nigeria.

Amina Nkeki et Jummai Mutah ont vécu le raid sur l'internat du lycée de Chibok mené par les hommes d'Abubakar Shekau, le leader d'une des factions de Boko Haram, avant de connaître deux trajectoires différentes en tant que jeunes femmes otages. Convertie à l'islam et mariée à un combattant de Boko Haram, Amina a vécu à Gwoza, une localité du nord-est du Nigeria considérée par Boko Haram comme la capitale de son califat. Elle est la première « Chibok Girl » à être sortie vivante en mai 2016, avec sa fille Patience, née à la fin de ses deux années de captivité. De son côté, Jummai a été séquestrée trois ans dans la forêt de Sambisa. Rebelle face à ses geôliers, elle n'a jamais cédé devant les menaces mortelles ; pratiquant sa religion chrétienne plus ou moins ouvertement. Jummai a été libérée par les autorités nigérianes en 2017 suite à plusieurs années de négociations.

Un documentaire signé Moïse Gomis, produit par Valérie Nivelon, réalisé par Sophie Janin.

Avec :

    Amina Nkeki et Jummai Mutah, ex-otages de Boko Haram Yakubu Nkeki, président de l'association de parents des Chibok Girls Zannah Mustapha, négociateur entre le gouvernement nigérian et Boko Haram Vincent Foucher, politologue, chargé de recherche CNRS au laboratoire LAM