Salvador: le prix de la sécurité
22 July 2025

Salvador: le prix de la sécurité

Journal d'Haïti et des Amériques

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Le pays gouverné par le président autoritaire Nayib Bukele a vu son taux de criminalité chuter drastiquement ces dernières années. Mais au prix du sacrifice des droits fondamentaux de sa population.

Les autorités du Salvador en sont fières : selon leurs chiffres, le pays serait devenu l'un des plus sûrs de la planète, avec un taux d'homicide de 1,6 pour 100 000 habitants, contre 105 il y a 10 ans. Les Salvadoriens ne sont plus à la merci des gangs qui terrorisaient le pays. Le prix à payer a un nom : l’état d’urgence, imposé par le président Nayib Bukele, et qui permet aux policiers de passer outre les lois. Résultat : 1,5% de la population est emprisonnée, souvent sans procès. Les victimes de ces arrestations arbitraires témoignent à notre correspondante dans la région, Alice Campaignolle.

En Haïti, l’ancien candidat à la présidentielle, Pierre Réginald Boulos, inculpé aux États-Unis.

L’homme d’affaires a été arrêté le 17 juillet et les autorités américaines viennent de signifier les charges qui sont retenues contre Pierre Réginald Boulos, explique Alterpresse. Les autorités américaines reprochent notamment à Pierre Réginald Boulos d’avoir mené « une campagne de soutien aux gangs armés » et de ne pas avoir révélé, dans sa demande de résidence permanente, son rôle dans la fondation d’un parti politique haïtien – le Mouvement pour la Transformation et la Valorisation d’Haïti (MtvAyiti) – ni le fait qu’il avait été référé pour poursuite par l’Unité de lutte contre la corruption (Ulcc) en Haïti pour usage abusif de prêts.

Aux États-Unis, les arrestations de migrants illégaux ont explosé, mais pas les expulsions.

Donald Trump avait promis d’expulser un million de clandestins en un an, il en est très loin. Depuis février, l'administration de Donald Trump a expulsé environ 15 000 migrants illégaux des États-Unis, soit trois fois moins que Barack Obama lors d'une campagne similaire. « Trump privilégie le spectacle méchant des arrestations à l'efficacité des expulsions », analyse le chroniqueur Fareed Zakarias dans le Washington Post. La procédure est inefficace car elle est  « chaotique », dit-il, sans aucune coordination entre les autorités pour permettre ces renvois. Et cela se retourne contre lui : un sondage montre que seuls 40% des Américains approuve sa politique anti-immigration aujourd'hui, soit une baisse de quinze points en six mois. Ceci, car elle est trop cruelle et perturbe l'économie. Encore plus surprenant : le soutien envers les clandestins monte en flèche, même chez les républicains, relève Fareed Zakarias, qui conclut d'un pied de nez : sur le thème de l'immigration, Donald Trump a réussi à favoriser les partis de gauche.

Le président américain toujours aussi allergique aux critiques des médias.

Le Wall Street Journal a publié la semaine dernière la lettre très « amicale » de Donald Trump à Jeffrey Epstein, l’homme d’affaires défunt, accusé pour crimes sexuels. Le président, furieux, a d’abord lancé des poursuites contre le média en justice, et demande une réparation de dix milliards de dollars. Il a ensuite annoncé que les journalistes du quotidien d’affaires sont exclus de son prochain voyage en Écosse. Cette sanction étant directement liée à la publication, selon la Maison Blanche. « Les médias sont l'ennemi préféré de Donald Trump », analyse le New York Times. Le problème est que ses attaques sont bien mieux préparées et plus efficaces que lors de son premier mandat. Les pressions sont financières, judiciaires et opérationnelles, comme dans ce cas du Wall Street Journal, et les médias se couchent : ils passent des accords avant les procès ou renvoient un humoriste critique, comme ce fut le cas la semaine dernière pour Stephen Colbert, sur ABC. Ce qui est intéressant toutefois, c'est que Donald Trump s'attaque maintenant au Walt Street Journal, détenu par Rupert Murdoch, un conservateur auparavant proche du président. Qui lui, n'a pas pour l'instant prévu de se laisser faire.

Au Brésil, l'ancien président Jair Bolsonaro sous la menace d'emprisonnement.

Jair Bolsonaro, en procès pour tentative de coup d’État, a reçu l’obligation de porter un bracelet électronique vendredi dernier. Une mesure qui l’a révolté, et il s’en est plaint devant les médias :  « Je suis innocent, et je ne crois que dans la loi de Dieu ! », a-t-il lancé en exhibant sa cheville. Cette scène a ensuite été diffusée par la famille et les alliés de Jair Bolsonaro sur le compte de réseau social de l’ancien président. Or, le tribunal lui a interdit l'utilisation de ces réseaux, et le menace donc d’emprisonnement immédiat. Les avis sont réservés dans la presse brésilienne quant à cette possible sanction: le Folha de Sao Paulo analyse d'abord que l'ordonnance du juge Moraes est ambiguë sur les personnes tenues au silence: « Cette ambiguïté pose un problème d'autocensure », estime un professeur de droit cité. Alors qu'une association de journalistes déplore que cela puisse empêcher la diffusion d'interviews d'intérêt public. Dans le quotidien O Globo, un juriste estime aussi que l'ancien président ne peut être tenu responsable de la diffusion d'une « interview qu'il donne, car il n'a pas de contrôle dessus ».

Au Chili, les chèvres protègent contre les incendies.

La correspondante d'El Pais nous emmène dans la campagne de Biobio, a 500 kilomètres de Santiago, où des bergers se sont alliés avec des ingénieurs du MIT pour que leurs chèvres débroussaillent efficacement les plaines, et protègent mieux cette campagne contre les incendies. Car les chèvres adorent les broussailles inflammables. L'équipe a donc installé des colliers GPS sur les 250 chèvres, afin de mieux contrôler où elles broutent, et couvrir les zones les plus à risque. Et cette mesure de prévention a été très efficace : ce terrain a été l'un des mieux préservés contre les énormes incendies de 2023, qui ont tué six personnes. Les chèvres peuvent donc sauver des vies.