État d’urgence sur tout le territoire en Haïti
20 December 2024

État d’urgence sur tout le territoire en Haïti

Journal d'Haïti et des Amériques
About

En Haïti, le Conseil présidentiel de transition instaure l’État d’urgence sur tout le territoire, pour un mois, à partir de dimanche.

Alter Presse précise que l’objectif est de « faciliter les diverses interventions des forces de l’ordre dans la lutte contre l’insécurité et faire face à la crise agricole et alimentaire du pays ». Le Nouvelliste revient d’ailleurs sur l’impact de l’insécurité sur l’économie et l’agriculture dans le département de l'Artibonite. Le quotidien cite l’entrepreneur Garry Dalencourt qui s’exprimait jeudi dans l’émission Panel Magik : les agriculteurs peinent à accéder aux semences et aux engrais, la production agricole est en chute libre, « exacerbée par l’isolement causé par les activités des gangs ».

Illustration de cette insécurité : le saccage de l'hôpital Bernard Mevs à Port-au-Prince, incendié en début de semaine par les gangs. Cet hôpital de référence était connu pour avoir les technologies d’imagerie médicale les plus performantes d’Haïti, aujourd’hui tout ou presque est parti en fumée : le laboratoire, la salle d’imagerie, la pédiatrie... Kathleen Séjour Petit, administratrice générale de l'hôpital Bernard Mevs, se dit « choquée, anéantie », particulièrement pour ce qui est de la pédiatrie : « Quand on voit les enfants qui sont vraiment défavorisés, qui n’ont pas vraiment d’endroit où aller… » Et l’administratrice de souligner que l’hôpital était une grande référence pour tous les malades, et qu’il n’y avait aucune discrimination, « qu’il soit bandit ou honnête homme, la bourgeoisie, les défavorisés ». Les 289 employés, qui étaient restés pour cette raison, souligne-t-elle, n’ont plus d’emploi.

À lire aussiHaïti : les gangs armés ont incendié l'hôpital de référence de Port-au-Prince

Un Conseil national de sécurité

« Enfin », soupire Le National, un Conseil national de sécurité a été établi en Haïti – il était prévu dans l’Accord du 3 avril. Ce nouvel organe, explique la Primature, « composé d’experts nationaux, de professionnels de la diaspora et d’autres personnalités qualifiées, aura pour mission d’apporter des réponses globales et coordonnées à la crise sécuritaire ».

« Le Conseil présidentiel de transition et le gouvernement du Premier ministre décident de beaucoup de choses et procèdent à des nominations », estime Frantz Duval dans Le Nouvelliste. Mais pour le moment, dans les faits, « rien n’impacte la vie de la population » : « Le pays vit avec d’un côté ceux qui prennent des coups et de l’autre ceux qui ne parviennent pas à les aider. »

Le National relève d’ailleurs que les camps de déplacés se multiplient à Port-au-Prince, après les attaques par les gangs de Poste Marchand et Bas Lalue – qui ont contraint des milliers de familles à quitter leurs demeures. Et dans ces camps, « les conditions de vie sont lamentables », ce qui, se désole le quotidien, « contribue à aggraver la souffrance des déplacés ».

« Shutdown » en vue

Aux États-Unis, le chef de la majorité républicaine a tenté de faire passer un nouveau texte pour éviter une paralysie de l’État fédéral, mais qui incluait la demande du président élu Donald Trump de relever le plafond de la dette. Il a été rejeté largement, parce que, écrit le New York Times, trente-huit députés républicains « ont défié Trump » en ajoutant leurs voix à celles des démocrates, dans ce que le quotidien considère comme un test de « l’emprise du président élu sur son parti ». D’autant que cette défiance n’est pas venue des quelques républicains modérés, mais bien de conservateurs qui normalement alignent leurs vues sur les siennes. On verra l’an prochain s’il s’agit d’un simple hoquet ou si c’est tout le programme du président qui est en danger – car rappelle le New York Times, « il suffira d’une poignée de républicains pour couler son agenda à la Chambre ou au Sénat ».

En tout cas, cette bataille autour du budget montre l’influence d’Elon Musk sur le gouvernement, estime USA Today, qui titre même sur le « président élu Musk ». Car c’est bien le patron de Tesla qui s’est attaqué le premier, et très violemment, à la première mouture du projet de loi de financement, « la noyant sous un tsunami de plus de 100 posts », et ce, douze heures avant que Donald Trump lui-même n’intervienne. Pour le Washington Post, cet épisode « souligne les ramifications politiques du rôle sans précédent que Musk a joué dans l'élaboration de l'administration Trump. Il s'est prononcé sur les choix de ministres, a participé à des réunions avec des chefs d'État et agit désormais en tant qu'exécutant de l'agenda politique de Trump au Capitole. »

À lire aussiLes États-Unis se rapprochent de la paralysie budgétaire après l'échec d'un nouveau texte

Vague de licenciements en Argentine

En Argentine, Javier Milei continue de passer l’État à la tronçonneuse… Le ministère de la Justice a annoncé le licenciement de 2 400 employés, qui s’ajoutent aux 35 000 fonctionnaires licenciés depuis le début de l’année. Ce jeudi, les syndicats de la fonction publique avaient appelé à la mobilisation en face du ministère de la Justice. Le correspondant de RFI Théo Conscience a rencontré certains des manifestants, comme Mariano, qui a appris cette semaine qu’il était licencié sans indemnités : « Nous sommes des pères et des mères de famille, nous avons des enfants et nous allons nous retrouver sans revenu le mois prochain. Donc, nous demandons que la loi soit respectée et que nous recevions une juste indemnisation. » Paula Donadio, déléguée syndicale, souligne de son côté que les politiques publiques et les services assurés par le ministère de la Justice vont être également affectés : « Les espaces de mémoire de la dictature, l’assistance juridique aux victimes de violation des droits humains, l’accès à la justice… »

À lire aussiArgentine : mobilisation des fonctionnaires de la Justice face aux coupes budgétaires de Javier Milei

Extorsions en Équateur

On l'appelle « la vacuna » en Équateur, le « vaccin » : il s’agit de l'extorsion pratiquée par des criminels – racket d'individus ou d'entreprises. Le phénomène, qui s'est étendu dans ce pays d'Amérique latine, touche toutes les catégories de population. Notre correspondant en Équateur Eric Samson a contacté Mauricio Nuñez, un des chanteurs de musique romantique les plus populaires en Équateur. « La première fois », explique-t-il, « on a accepté de payer. La deuxième, on a porté plainte auprès du parquet et ils ne nous ont plus contactés. Ils demandaient 1 000 dollars par mois ». Les villes de la côte sont particulièrement touchées : à Guayaquil, les gens doivent parfois payer pour le simple fait d’avoir une maison. Victor Pinta a une épicerie dans le sud de la ville depuis près de neuf ans. Il a décidé de ne pas payer et de témoigner : il est constamment menacé et a été attaqué à plusieurs reprises.

D’autres préfèrent quitter le pays, comme cette jeune femme partie pour les États-Unis. Elle a dorénavant moins de travail et de ressources qu’en Équateur.

À lire aussiÉquateur : l’extorsion, la «vacuna», l'autre raison qui pousse la population à émigrer

Le Journal de la 1ère

La Martinique continue de perdre des habitants