150 millions de francs-or, c'est le prix colossal que les Haïtiens ont accepté, sous la menace militaire, de payer à la France, au roi Charles X, pour la reconnaissance de leur indépendance. C'était le 17 avril 1825, soit un peu plus de 21 ans après la victoire des esclaves contre l'armée napoléonienne. Pour rembourser cette somme, destinée à dédommager les anciens colons, les Haïtiens ont contracté des prêts, là aussi auprès des banques françaises. C'est donc ce qu'on appelle la « double » dette d'Haïti. Certains parlent même désormais de « rançon ». 200 ans plus tard, jour pour jour, cette question hante encore de nombreux esprits : et si Haïti n'avait jamais eu à payer cette dette, dès le début de son indépendance ? Le pays serait-il aujourd'hui dans une situation différente ?
Le correspondant de RFI à Port-au-Prince, Peterson Luxama, est allé à la rencontre d'Haïtiens qui ressentent, pour beaucoup, un profond sentiment d'injustice, car Haïti, toute jeune république, a dû donner à la France de l'argent qu'elle n'avait pas. Sans cette dette, le pays serait aujourd'hui dans une bien meilleure situation, affirment ces Haïtiens qui espèrent que la France va réparer.
Un « engrenage pour Haïti »Pour prolonger la discussion, RFI reçoit Pierre-Yves Bocquet, directeur adjoint de la Fondation pour la mémoire de l'esclavage qui confirme que cette dette « porte un coup d'arrêt au développement économique d'Haïti » et a mis le pays « sur une mauvaise voie ». Pierre-Yves Bocquet parle d'« engrenage » même si cet endettement n'explique pas à lui seul la situation actuelle du pays.
Faire avancer l'histoireAu sujet du travail historique voulu par Emmanuel Macron (et annoncé par l'Élysée, plus tard ce jeudi 17 avril 2025), Pierre-Yves Bocquet juge que « cela ouvre une porte vers quelque chose de neuf ».
Frantz Duval, rédacteur en chef du Nouvelliste, en ligne d'Haïti comme chaque jeudi, espérait, lui, « une surprise ». « Pour la première fois, la déclaration va être faite depuis Paris », explique le journaliste qui rappelle que François Hollande avait évoqué la dette haïtienne à Port-au-Prince. Frantz Duval attendait donc qu'Emmanuel Macron fasse plus que son prédécesseur afin « faire avancer cette histoire douloureuse entre nos deux pays ».
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