Journal d'Haïti et des Amériques
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13h10-13h30 (TU) sur l'antenne Monde, Anne Cantener vous propose un rendez-vous d’information destiné aux Amériques, avec chaque jour, un dossier spécial Haïti. Haïti, avec quelque trois millions d’auditeurs, est le deuxième bassin d’audience de notre radio, après celui de l’Afrique francophone. Le pays compte six émetteurs pour diffuser RFI en modulation de fréquence. C’est pour cet auditoire que, chaque jour, RFI consacre un reportage, ou une interview, spécifiquement consacré à Haïti. 

Los Angeles : « Les travailleurs immigrés ont tout perdu et risquent en plus, l'expulsion »
21 January 2025
Los Angeles : « Les travailleurs immigrés ont tout perdu et risquent en plus, l'expulsion »

La vaste offensive anti-immigration de Donald Trump a pris forme dès son discours d'investiture. Dans la soirée du 20 Janvier, il a signé depuis la Maison Blanche le décret déclarant l'état d'urgence à la frontière avec le Mexique. Donald Trump compte aussi s'attaquer au droit d'asile et au droit du sol.

À Los Angeles, à des centaines de kilomètres de Washington, c’est l’incrédulité qui domine avec le renforcement de cette politique anti-immigration. Des opérations d’arrestations et d’expulsions massives pourraient débuter très vite.

Dans le quartier d’Altadena, ces mêmes immigrés que Donald Trump veut renvoyer dans leur pays aident à déblayer les quartiers dévastés par les incendies qui ont fait 27 morts.« C’est un message que nous voulons envoyer, le jour même de l’investiture », explique Nadia Marin-Molina de l’organisation de défense des droits des travailleurs immigrés, NDLON, rencontré par notre envoyé spécial Achim Lippold. « Alors que les immigrants sont stigmatisés par le nouveau gouvernement, ici, des travailleurs immigrés se mobilisent pour aider leur quartier », poursuit-elle. Certains ont tout perdu : leur maison, leur travail et à présent ils risquent l’expulsion.

José, un migrant venu du Guatemala il y a 18 ans est en situation irrégulière et il est inquiet : « J’ai perdu mon emploi parce que je travaillais pour une famille de Pacific Palisades qui a perdu sa maison. Je m’occupais de leur jardin. Alors, comme je n’ai plus rien à faire, je viens ici depuis plusieurs jours pour aider à nettoyer. J’essaie de redonner un peu à ce pays qui m’a tant donné. »

Chaque matin, des centaines de bénévoles affluent pour donner un coup de main dans ce quartier particulièrement touché par les feux. Beaucoup sont dans des situations extrêmement précaires : ils n’ont pas accès à l’aide fédérale. Certains évitent même les centres d’aide publiques, par peur des contrôles de la police fédérale de l’immigration qu’ils appellent « la Migra », en espagnol.

L’inquiétude sur ce qui va se passer dans les prochains jours est bien réelle, explique José : « Tous mes amis, ceux qui n’ont pas de papiers, disent : mais comment je vais faire ? J’ai une voiture, j’ai un crédit… Ça fait des années que je suis ici, comment je vais faire s’ils me renvoient dans mon pays alors que j’ai des enfants ici ? »

 

À la frontière mexicaine, des milliers de migrants bloqués dans l’attente d’un rendez-vous

Premier effet concret de la vaste offensive anti-immigration de Donald Trump : la plateforme de demandes d'asile lancée par l'administration Biden Customs and Border Protection (CBP One) a cessé de fonctionner dès lundi. «Les rendez-vous existants ont été annulés», a indiqué le service sur son site internet.

Au Mexique, des milliers de migrants principalement d’origine d’Amérique du Sud et d’Amérique centrale sont déconcertés. Dans la ville frontalière de Ciudad Juarez, Carly Fernandez, rencontré par notre correspondante Gwendolina Duval vient de recevoir un courriel d’annulation de son rendez-vous prévu en février. « On a tant lutté pour arriver là », témoigne-t-elle, « Ma soeur veut rentrer, elle fatigue de tout ce qu’on a enduré pour arriver ici… pour rien… »

Au Paso de Norte, lui des points d’entrée pour aller à pied aux États-Unis, Yaledi a eu l’espoir d’être parmi les dernières à bénéficier du programme CBP One comme une centaine d’autres personnes qui attendaient depuis tôt le matin. Mais elle vient d’apprendre qu’elle ne pourra plus déposer une demande d’asile aux États-Unis, malgré son rendez-vous programmé l’après-midi même. « Je trouve que c'est injuste », dit-elle, « ce matin encore des personnes encore sont entrées. Pourquoi on ne nous donne pas cette chance ? Pourquoi ? ».

 

Haïti : la fin du programme Humanitarian Parole « un jour triste pour des milliers d’Haïtiens »

Donald Trump a également mis fin au programme « Humanitarian Parole » spécifiquement conçu pour les migrants en provenance d'Haïti, de Cuba, du Nicaragua et du Venezuela.

Pour Gotson Pierre, directeur de l’agence Alterpresse, « c’est un jour triste pour des milliers d’Haïtiens qui comptaient sur ce programme appelé aussi « programme Biden » comme moyen pour fuir le pays ». « C’était une voie pour trouver refuge aux États-Unis et tenter de se créer un autre avenir », poursuit-il, « c’est un coup dur pour eux et c’est également l’incertitude pour d’autres qui bénéficiaient du programme temporaire : ils ne savent pas ce que sera leur sort, alors que le président américain brandit la menace de centaines de milliers d’expulsions »

Pour Frantz Duval, qui signe un éditorial dans le Nouvelliste intitulé Trump, Haïti et les Haïtiens, Donald Trump « avait fait des Haïtiens installés à Springfield dans l’Ohio les emblèmes de l’immigration délétère » et le président américain avait à plusieurs reprises insulté ceux qui « habitent un sale trou (pour employer un euphémisme) et sont porteurs du Sida ». « Si l’on ignore si Donald Trump va se pencher sur les affaires haïtiennes autrement que via son programme restrictif sur l’immigration », poursuit l'éditorialiste, « il a déjà annoncé la couleur : le programme humanitarian Parole » qui bénéficie à de nombreux Haïtiens, « a pris fin ce jour même quelques heures après sa prestation de serment ». « Le président Trump peut nous enfoncer, nous laisser cuire dans notre jus ou nous ignorer. Dans tous les cas, nous avons des devoirs à faire. », conclut le Nouvelliste.

 

Certains décrets anti-immigration de Trump « compliqués voire impossibles à mettre en œuvre »

État d'urgence à la frontière avec le Mexique et «millions» d'expulsions promises, retrait de l'accord de Paris sur le climat, grâces pour des centaines d'assaillants du Capitole... L’avalanche de décrets signés par Donald Trump pour son retour au pouvoir compte quelques mesures spectaculaires qui risquent néanmoins d'être difficiles à mettre en œuvre. Elles promettent aussi de vives contestations devant les tribunaux. Certaines semblent même violer la constitution américaine.

«Si le message est très clair», dit le NY Times, certains de ces décrets anti-immigration feront face à « de gros défis d'un point de vue légal et pourraient être compliqués voire impossible à appliquer ». Pour exemple, l'état d'urgence décrété à la frontière mexicaine et le rôle de l'armée qui pourrait être sollicité pour autre chose qu'un simple maintien de l'ordre. Le décret indique que l’armée aidera à « refermer les frontières et maintenir la souveraineté, l'intégrité du territoire et la sécurité des États-Unis en repoussant les différentes formes d'invasion ».

« Cette directive pourrait entrer en opposition avec une loi datant de 1870 appelée le Posse Comitatus Act qui limite l'usage des troupes fédérales à des fins de maintien de l'ordre à l'intérieur des États-Unis », explique le NY Times qui fait aussi allusion à la volonté de Donald Trump de mettre fin au droit du sol, qui viendrait contredire le « 14ième amendement vieux de 157 ans, et d'ailleurs, dans les heures qui ont suivi cette annonce », explique le quotidien américain, « l'union américaine des libertés civiles a déjà annoncé sa volonté d'intenter un procès. »

 

Colombie : l’état d’urgence décrété pour 90 jours

La Colombie fait face à une vague de violences, des affrontements entre guérillas qui ont déjà fait plus d'une centaine de morts et 20 000 déplacés. Le président Gustavo Petro a déclaré l'état d'urgence, un décret qui sera effectif pour 90 jours avec possibilité de prolongation jusqu’à 270 jours, précise El espectador dans son édition du jour, mais le président colombien aura besoin de l’aval du Parlement s’il veut prolonger.

Pour Semana qui cite des sources gouvernementales, l’état d’urgence ne s’appliquera pas à tout le territoire mais « dans les municipalités les plus touchées du nord de Santander en raison des affrontements entre l’ELN et les dissidents des FARC. »

« C’est un caprice pour gouverner par décret », fustige l’opposition dans El espectador. La sénatrice María Fernanda Cabal du Centre Démocratique estime que « la situation dans la région du Catatumbo autour du contrôle de la production de cocaïne a été créée par le président lui-même. »

Investiture de D. Trump: «Il est possible que l’on voit à nouveau des familles de migrants séparées»
20 January 2025
Investiture de D. Trump: «Il est possible que l’on voit à nouveau des familles de migrants séparées»

Donald Trump prend officiellement ce lundi (20 janvier 2025) les rênes des États-Unis. Retour à la Maison Blanche, après quatre années dans l’opposition, pour le Républicain, plus puissant aujourd’hui que lors de son premier mandat.

L’envoyé spécial de RFI à Washington, Vincent Souriau, revient sur l’ambiance à Washington, quelques heures avant la prestation de serment du président et de son vice-président, JD Vance : la ville est remplie de partisans de Donald Trump, des familles montées à Washington pour l’investiture. Mais la cérémonie ne se passera pas en plein air à cause du froid – des températures atteignant les -20° sont attendues dans la journée. Seules 600 personnes seront présentes dans la rotonde du Capitole, et 20 000 suivront l’évènement dans une salle de spectacle, sur des écrans.

Dans les rues, les forces de sécurité sont très présentes – armée, voitures de police, contrôles. La police craint un « loup solitaire », après une campagne pendant laquelle Donald Trump a failli être assassiné. Mais explique Vincent Souriau, « cela se fait avec beaucoup de civilité, et on ne ressent pas de tension dans les rues de Washington ».

Fanny Lauby, professeure associée en Science politique à l'Université d'État de Montclair, dans le New Jersey, note que beaucoup plus d’invités que d’habitude viennent du secteur privé – notamment des dirigeants des entreprises de la tech. Ont également été invités des représentants de pays étrangers, notamment de ceux que Donald Trump considère comme amis – Italie, Hongrie... Pour Haïti, la presse du pays note que c’est le chargé d’affaires de l’ambassade d’Haïti à Washington qui sera présent.

  

L’investiture vue par la presse du continent américain

«Hashtag Ere Trump : retour au pouvoir», titre aux États-Unis El Diario, le quotidien en espagnol, qui a rencontré « les latinos de New York, entre peur et espérance avant le nouveau gouvernement Trump ». Espérance, parce que selon un Colombien rencontré par le journal, « les démocrates n’ont rien fait pour les migrants ou les travailleurs ». Peur parce que, comme l’écrit au Brésil O Globo, Trump met entre autres l’accent sur les expulsions et le protectionnisme. Le Brésil cherche d’ailleurs des alliés pour résister aux assauts du nouveau gouvernement. De fait, titre au Mexique La Razon, « C’est le début de temps difficiles pour le Mexique et le reste du monde ». Tout le contraire des États-Unis, affirme le conservateur Washington Times, qui parle d’un « renouveau patriotique » et se félicite de la fin de la « catastrophe Biden ». Certains essaient de limiter les dégâts : « avec les rapports commerciaux dans la balance, les chefs d’entreprise du Canada se bousculent à Washington pour l’investiture », note le Toronto Star. Le fait est que cette fois, écrit le New York Times, « Trump rencontre de la déférence, et non de la défiance ». Ce qui n’empêche pas l’éditorialiste de La Prensa, au Panama dont Donald Trump menace de reprendre le contrôle du canal, de parler d’un « retour triomphale du maccarthysme aux États-Unis ».

 

L’immigration, priorité affichée

Samedi dernier encore (18 janvier 2025), Donald Trump affirmait que la gigantesque opération d’expulsion de migrants dont il parle depuis sa campagne présidentielle commencerait très vite. C’est Chicago, grande ville démocrate qui serait visée en premier, explique Fanny Lauby. Par contre, on ne se sait pas si ce sont des criminels qui vont être expulsés, ou si l’administration va multiplier les raids sur les lieux de travail par exemple. En tous cas, le Sénat doit donner à Donald Trump sa première victoire sur le dossier de l’immigration lundi après-midi, en votant une loi qui permettrait l’expulsion des immigrés qui ont été accusés de crimes mineurs, sans avoir pour autant été jugés coupables.

À la frontière, Donald Trump cherche à mettre en place un état d’urgence, explique l’enseignante : il peut le déclarer en invoquant une crise à la frontière, ce qui lui permettrait de débloquer certains fonds et de déployer l’armée. Autre possibilité : mettre en place un état d’urgence médicale, qui lui avait permis à l’époque de la pandémie de fermer la frontière. Mais, remarque Fanny Lauby, il n’y a pas d’urgence médicale en ce moment, et les arrestations à la frontière sont en baisse.

 

Le coût des expulsions

L’envoyé spécial de RFI au Texas, Achim Lippold, a rencontré Joaquin Garcia, directeur de l’ONG Lupe, qui explique qu’une déportation massive serait très grave pour la région : « Beaucoup de familles qui vivent dans la vallée du Rio Grande comptent au moins un membre en situation irrégulière. Et souvent, ce sont les deux parents qui n’ont pas de papiers. » Et pour Fanny Lauby, on peut s’attendre à voir de nouveau des familles séparées, comme lors du premier mandat de Donald Trump, « pour décourager les familles de venir. Et bien qu’il y a eu pendant des années des enfants ‘perdus’, que l’on n’a pas réussi à remettre dans leurs familles, ça n’a posé aucun problème aux républicains à l’époque ». L’enseignante estime que les conséquences seraient économiquement désastreuses pour de nombreux secteurs : agriculture, construction, services à la personne (garderies par exemple). Et beaucoup de ces promesses vont coûter très cher, alors que pendant la campagne Donald Trump a prévu des baisses d’impôts supplémentaires. D’où, explique Fanny Lauby, cette volonté du président de déclarer l’état d’urgence, « qui lui permettrait de débloquer des fonds alloués au budget militaire, et d’utiliser ces fonds pour ne pas avoir à passer par la case Congrès pour obtenir des fonds pour financer ses expulsions ». 

Cuba : José Daniel Ferrer « On ne peut pas appeler ça une libération »
17 January 2025
Cuba : José Daniel Ferrer « On ne peut pas appeler ça une libération »

Cent vingt-sept prisonniers ont été remis en liberté à Cuba, dont le dissident José Daniel Ferrer, dans le cadre de l'accord négocié avec l'église catholique après le retrait de l'île de la liste noire américaine des pays soutenant le terrorisme. L'opposant historique âgé de 54 ans a été libéré jeudi matin (16 janvier 2025) de la prison de Mar Verde, à Santiago de Cuba.

Dans une interview à RFI, José Daniel Ferrer dit son soulagement mais estime que sa libération n'en est pas vraiment une. « Je suis en liberté conditionnelle et je ne l’accepte pas pour une raison très simple : je n’ai commis aucun des délits qu’ils ont inventés. »

L’opposant cubain a été emprisonné le 11 juillet 2021, date à laquelle il avait tenté de se joindre aux manifestations antigouvernementales qui secouaient le pays, les plus importantes depuis l'avènement de la révolution castriste en 1959.

Un mois plus tard, un tribunal avait révoqué sa liberté conditionnelle et l'avait renvoyé derrière les barreaux pour terminer de purger une peine de quatre ans et demi de prison à laquelle il avait été condamné en 2020, accusé d'avoir frappé un homme, ce qu'il nie.

«Ils m’ont dit que j'allais sortir de prison quoi qu'il arrive, et que si je ne me conformais pas aux termes de ma libération, que si je ne m'appliquais pas à mener une vie qui rentre dans les normes de la légalité socialiste, ils allaient de nouveau m’enfermer » confie-t-il, « je dois obéir une série de règles, comme me rendre tous les mois dans un tribunal pour déposer ma signature - ce que je ne ferai jamais, ou me présenter au tribunal pour qu’ils me confient tout travail qu’ils jugent approprié. Je refuse de travailler pour l’Etat pour une raison simple : mon temps, mon espace, je veux uniquement les consacrer à la lutte non-violente pour la démocratisation de mon pays. »

Le régime cubain s'est engagé à relâcher 553 prisonniers.

 

À Los Angeles, le retour difficile des habitants dans leurs quartiers dévastés par les flammes

À Los Angeles, les incendies commencent peu à peu à être maîtrisés. Mais pour les sinistrés, la reprise d’une vie normale est un véritable défi. Notre envoyé spécial à Los Angeles a rencontré les habitants du quartier d’Altadena, qui a perdu un tiers de ses habitations, ravagées par le Eaton Fire. Le quartier est situé sur les hauteurs de la ville. Contrairement à Pacific Palisades, Altadena est un quartier modeste, avec une forte population d’immigrants, pour la plupart locataires. « Quand les incendies ont débuté dans les montagnes, je n’aurai jamais pensé qu’ils descendraient aussi vite », témoigne Selma, une habitante d’Altadena, « Nous avons tout perdu, mon quartier ressemble à un endroit où une bombe aurait explosé. C’est une tragédie ! Des gens sont morts et on ne sait même pas encore combien. Mon appartement c’était mon premier chez moi depuis 10 ans après mon divorce… et mon assurance habitation a annulé mon contrat, il y a un an et demi.». Comme beaucoup d’habitants, Selma a trouvé refuge dans des centres d’hébergement provisoire. Le sien est tenu par la Croix Rouge et accueille actuellement plus de 400 personnes. « Altadena, c’est une communauté très vulnérable », explique Diana Ramirez, la chargée de communication du centre d’accueil, « Il y a des Latinos, des Afro-Américains, des Asiatiques, des personnes âgées... beaucoup ont besoin de soins médicaux. Ici tout le monde est le bienvenu, quels que soient sa nationalité ou son statut, légal ou non. Car toutes les personnes qui sont ici, n’ont aucun autre endroit où aller. »

 

Venezuela : la question migratoire au cœur de la relation avec Donald Trump

L’invité de ce vendredi est Thomas Posado, maître de conférences en Civilisation latino-américaine contemporaine à l'Université de Rouen Normandie. Il répond à RFI sur la situation au Venezuela après l’investiture contestée du président Nicolas Maduro et à quelques jours de l’investiture de Donald Trump aux États-Unis.

 

RFI : Pensez-vous que l'administration Trump puisse appuyer Edmundo Gonzalez Urrutia, le candidat de l'opposition qui revendique la victoire à l'élection présidentielle vénézuélienne, de la même manière qu'elle l'avait fait avec Juan Guaido qui s’était auto-proclamé « président intérimaire » après la réélection contestée de Nicolas Maduro en 2018 ?

Thomas Posado : Le cas du président Guaido a été un échec reconnu par l'ensemble des chancelleries occidentales, y compris par l'opposition vénézuélienne elle-même. Ce qu'on pressent, d'après les premières déclarations de Donald Trump, c’est la mise en avant de la question migratoire pour menacer de sanctions et pour faire un chantage concernant la déportation massive de migrants vénézuéliens présents sur le sol étatsunien. Il y aurait en échange le maintien de l'allègement des sanctions qu’a établi Joe Biden mais on reste pour l'instant sur des suppositions. Il faut dire que les Vénézuéliens sont devenus la première nationalité aux frontières des États-Unis et sachant le poids de de la question migratoire dans l'agenda de Donald Trump, il est possible qu'il s’en serve pour faire un chantage comme il va le faire à l'égard du Mexique et de l’Amérique centrale.

RFI : La crise qui touche le Venezuela à cause notamment des sanctions américaines, a poussé ces dernières années près de 8 000 000 de personnes à fuir. C'est 1/4 de la population vénézuélienne et nombre d’entre eux sont installés aux États Unis. Aujourd’hui, Caracas refuse d’accueillir les migrants qui sont expulsés par l’administration américaine. Est-ce que cette position des autorités pourrait changer ?

Thomas Posado : Les premières déclarations de Donald Trump laissent présager un chantage autour des migrants mais rien n’est sûr. Cela pourrait laisser entendre un règlement Trump/Maduro aux dépens des migrants vénézuéliens. Mais est-ce que Nicolas Maduro acceptera cela ? Au prix d'un bras de fer ? Au prix de négociations sans doute assez tendues ? La question est posée. C'est aussi possible que Donald Trump veuille maintenir la politique très offensive qu'il avait pendant son premier mandat et qu’il maintienne des sanctions quelle que soit l'issue des négociations sur la question migratoire.

RFI : Donald Trump semble poussé par un certain nombre de chefs d'entreprise dont le mot d'ordre avait été repris, il y a quelques semaines, par le Wall Street Journal : « Plus de pétrole, moins de migrants » ?

Thomas Posado : C’est en effet plutôt la tendance qui semble advenir. Depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, des négociations ont été mises en œuvre par l'administration Biden avec le gouvernement de Nicolas Maduro. Et désormais, le Venezuela exporte entre 200 000 et 300 000 barils de pétrole chaque jour aux États-Unis. Est-ce que ce commerce va se poursuivre ? C'est tout l'enjeu mais les États-Unis ne sont pas dépendants du pétrole vénézuélien même si cela a permis de peser à la baisse sur le prix du baril dont on sait qu'il a des conséquences sur l'économie américaine.

RFI : Le président Nicolas Maduro a parlé de nouveau départ avec Donald Trump, est-ce que des contacts ont déjà été pris entre les deux présidences ?

Thomas Posado : Je pense qu'il y a un effet un peu performatif dans les paroles de Nicolas Maduro. Dès l'élection de Donald Trump, il a essayé de le saluer et il essaie de d'amadouer Donald Trump, comme le font beaucoup de chefs d'État, avec un succès relativement limité à l'heure actuelle. Tout ce qu'on peut pressentir aujourd'hui, c'est que les personnes nominées dans l’administration Trump sont des personnes extrêmement hostiles au gouvernement de Nicolas Maduro et ils sont plutôt partisans de la ligne dure. Mais on sait que le fonctionnement de Donald Trump est assez imprévisible et qu’il peut prendre le contre-pied de toutes les personnes qu'il a nommées dans son administration pour décider lui-même d'une politique plus conciliante. C'est possible. Et d'autant plus qu'il n'a pas besoin de l'électorat anti-Maduro de Floride pour une possible réélection puisqu'il ne peut plus être réélu.

RFI : Est-ce que cela peut s’inscrire dans une politique internationale plus large, avec notamment comme objectif de ne pas laisser le champ libre à la Chine et à la Russie, qui sont des soutiens de Nicolas Maduro ? Est-ce que les dernières années d'absence américaine ont profité à Moscou et à Pékin ?

Thomas Posado : Jusqu’en 2018, avant les sanctions américaines les plus dures à l'encontre du Venezuela. Les États-Unis étaient le premier fournisseur, le premier client du Venezuela. Ces sanctions ont brutalement offert le Venezuela à la Chine et à la Russie. La Chine est désormais le premier client du pétrole vénézuélien. Si Donald Trump considère que sa priorité est l'affrontement avec la Russie et la Chine, il pourrait reconsidérer sa position. Donald Trump ne pourra sans doute pas maintenir des pressions aussi maximales à l'égard d'autant de pays qu'il a pu menacer avant son investiture.

 

Mexique : la menace des taxes douanières

Le Mexique se prépare également au retour de Donald Trump. Les relations entre les deux pays sont telles que leurs dirigeants n'ont pas vraiment d'autre choix que de s'entendre et de collaborer sur certains dossiers. Cela n'a pas empêché le président élu américain de menacer le Mexique comme le Canada de droits de douanes considérables : 25%, du jamais vu.

Si 25% de frais de douanes étaient instaurés, cela aurait un impact énorme sur les industries automobiles et électroniques au Mexique, sans parler des fruits et des produits alimentaires, rapporte Gwendolina Duval, correspondante à Mexico de RFI.Mais Marcelo Ebrard, le ministre mexicain de l’Économie, se veut rassurant et met en avant l’interdépendance de chacun, premier partenaire commercial de l’autre : « On va avoir besoin l’un de l’autre et nous allons travailler ensemble. On a déjà vécu des situations avec des frais de douanes, des révisions de l’accord de libre-échange… On est liés comme dans un mariage. »

 

Le départ d’un géant du cinéma

David Lynch, réalisateur de la série «Twin Peaks», mais aussi de films aussi célèbres qu'étranges et nébuleux comme «Mulholland Drive», «Blue Velvet», «Elephant Man» ou «Dune». Il avait remporté la Palme d'or à Cannes en 1990 pour le film «Sailor et Lula».

« Il était si visionnaire, si audacieux », écrit le magazine Variety 

« Qu'il était devenu difficile d'imaginer le monde sans lui. »

Le journal vante « l'avant-gardisme de son cerveau que David Lynch avait laissé s'épanouir dans une esthétique ayant retourné les tripes d'Hollywood. »

« À l'inverse de ses films », ajoute le Los Angeles Times,

« Le charme désarmant de David Lynch est une œuvre d'art à part entière. »

Donald Trump et Joe Biden se disputent la paternité du cessez-le feu à Gaza
16 January 2025
Donald Trump et Joe Biden se disputent la paternité du cessez-le feu à Gaza

Le gouvernement israélien doit donner son feu vert ce jeudi (16 janvier 2025) à l'accord annoncé par le Qatar et les États-Unis sur un cessez-le-feu à Gaza. Aux États-Unis, Joe Biden comme Donald Trump revendiquent leur rôle dans la conclusion d’un accord.

« Biden et Trump dépassent leur animosité pour sceller l’accord de cessez-le-feu à Gaza », titre le New York Times. Mais, note The Hill, « s’il a fallu 15 mois pour conclure un cessez-le-feu, il n’a pas fallu plus d’une seconde à une bataille politique pour surgir à Washington sur la paternité de l’accord ». En tous cas, chacun avait un intérêt à régler la question avant lundi prochain (20 janvier 2025), jour de l’investiture : pour Joe Biden, une « ultime justification de son mandat ». Pour Donald Trump, l'accord est une épine de moins dans son pied alors qu'il revient au pouvoir. Et « il peut se féliciter de cet accord », estime un éditorialiste du Washington Post, selon qui les pressions du président élu pour la libération des otages ont peut-être, plus que sur le Hamas, eu un effet sur le Premier ministre israélien. Interrogé par Politico, un spécialiste estime que « Netanyahu veut peut-être adopter une approche différente avec l’administration Trump », quand selon lui c'est « le soutien inconditionnel de Joe Biden à Netanyahu qui lui a permis de continuer sa guerre ».

Discours d’adieu

Joe Biden ce mercredi (15 janvier 2025) est apparu à la télévision américaine pour faire son discours d’adieu. Et il s’est inquiété de voir l'Amérique tomber aux mains d'une « oligarchie » – il n’a pas nommé Donald Trump et les multimilliardaires de la tech qui le soutiennent, mais tout le monde a compris.

Politico parle d’une « utilisation inhabituelle » de ce genre de discours, qui est « traditionnellement l'occasion de vanter ses réalisations et d'exprimer sa confiance en l'avenir ». Or, ce fut un discours d’adieu « sombre ». C’est dire si, comme l’écrit USA Today, « son mandat sera à jamais marqué par les deux mandats de Trump ». Joe Biden a exhorté les Américains à défendre les institutions du pays contre ces « forces puissantes », parlant de ce qu’il appelle le complexe techno industriel – selon le New York Times, Donald Trump, Elon Musk, ou encore le groupe Meta de Mark Zuckerberg.

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Le Canada s’interroge sur les menaces de Donald Trump

À quatre jours de l'investiture de Donald Trump, les pays voisins affinent les préparatifs. Donald Trump a ainsi affirmé qu'il imposerait des tarifs douaniers 25% plus élevés au Canada – or, les trois quarts des exportations canadiennes partent aux États-Unis. Et le président élu n’exclut pas de voir le Canada devenir le 51ème État des États-Unis. Les autorités canadiennes prennent la menace au sérieux : le Premier ministre démissionnaire Justin Trudeau en a parlé ce mercredi avec les chefs des gouvernements provinciaux. La correspondante de RFI au Canada, Pascale Guéricolas, a interrogé Julie White, la porte-parole de l’Association des manufacturiers et exportateurs du Québec. Selon elle, les menaces de Donald Trump vont peut-être avoir un impact sur la localisation des usines, qui s’implanteraient de l’autre côté de la frontière, « ce qui va être négatif pour beaucoup de régions du Québec ». La crise qui s’annonce pousse plusieurs analystes à multiplier les nations clientes, et changer les produits vendus pour réduire la dépendance du Canada vis-à-vis des États-Unis.

 

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Libérations à Cuba

Un premier groupe d'une vingtaine de prisonniers a été remis en liberté ce mercredi (15 janvier 2025) à Cuba, sur les 553 qui doivent être libérés. La veille, Joe Biden avait annoncé le retrait de l'île de la liste noire des États soutenant le terrorisme. Mais 14 y medio s’inquiète : selon l'organisation Prisoners Defenders, « le langage ambigu utilisé fait craindre qu'il ne s'agisse pas de libérations mais de sorties de prison ». Et à Cuba, sorties de prison signifie plutôt libération conditionnelle ou bonifications de peine, transformée par exemple en travail forcé sans internement. La presse d’État cubaine, elle, se félicite surtout du retrait de la liste noire : ce n'est, titre Granma, « rien de plus que la reconnaissance de la vérité ». Mais la future administration américaine ne semble pas être sur la même longueur d'ondes que Joe Biden : Marco Rubio, choisi par Donald Trump pour être son futur ministre des Affaires étrangères, était auditionné ce mercredi par le Sénat. Et, rapporte 14 y medio, ce fils d’immigrants cubains a affirmé qu'il n’a « aucun doute sur le fait que Cuba soutient le terrorisme ».

 

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L’administration Trump et Haïti

Marco Rubio a aussi parlé d'Haïti ce mercredi : selon lui, le problème fondamental, c'est la faiblesse de l'État haïtien : « il n’y a pas de légitimité de l’autorité, et je dis cela en reconnaissant le fait que certaines forces de la police haïtienne en Haïti ont été extraordinairement courageuses ». Le futur secrétaire d’État américain a répété que les États-Unis n’interviendraient pas sur le sol haïtien, et il a « encouragé les partenaires étrangers » à « contribuer à cet effort pour fournir un certain niveau de stabilité ». Réaction de Frantz Duval, rédacteur en chef du Nouvelliste : Marc Rubio est sur la même position que l’administration américaine sortante. Le journaliste remarque aussi que son appui à la force multinationale « signifie peut-être que les États-Unis ne vont pas appuyer sa transformation en force de l’ONU. » Enfin, Marc Rubio désire que les autres pays de l’hémisphère collaborent à la mission, ce que l’administration Biden n’avait pas obtenu. « Pour le moment, c’est le statu quo mais c’est mieux que ce qu’on craignait, c’est-à-dire un abandon total du dossier », explique Frantz Duval.

Le rédacteur en chef du Nouvelliste se demande par ailleurs où est passée la diplomatie haïtienne : « Haïti a beaucoup de dossiers qui sont chauds, et Haïti n’a pas de présence ces jours-ci de présence ni à Washington, ni à Mar-a-Lago. On ne sait pas si Haïti fait un lobbying pour avoir des appuis », aussi bien de la part de Joe Biden - qui multiplie les décisions dans ses derniers jours de présidence - que du président élu qui prend ses fonctions lundi prochain (20 janvier 2025).

Rentrée des classes à Los Angeles

À Los Angeles, les pompiers continuent de lutter contre les feux qui ravagent les alentours de la ville. Mais une semaine après le début des incendies, c’est malgré tout un petit retour à la normale pour certaines familles sinistrées : leurs enfants ont pu reprendre les cours ce mercredi, dans un autre établissement scolaire. Une rentrée des classes qu'Achim Lippold, l’envoyé spéciale de RFI à Los Angeles, a suivie dans la Brentwood Science School où une crèche transitoire a été mise en place accueillir les enfants du quartier de Pacific Palisades, ravagé par les feux. Mais un autre défi de taille attend maintenant ces familles : trouver un logement abordable dans une ville où les prix immobiliers ont explosé.

À lire aussiIncendies à Los Angeles: des vents chauds et violents continuent d'attiser les flammes

 

Le journal de la Première

Les pratiques « ultramarines » de la grande distribution seront-elles bientôt dans le collimateur de la justice ?

Un million de déplacés internes en Haïti
15 January 2025
Un million de déplacés internes en Haïti

Les nouveaux chiffres de l’Organisation internationale (OIM) pour les migrations montrent que le nombre de familles délogées a triplé en l’espace d’un an, du fait des violences orchestrées par les groupes armés. Entretien avec Grégoire Goodstein, le représentant de l’OIM en Haïti.

RFI : Quels sont les grands mouvements de population causés par les accès de violence qui secouent Haïti ? 

Les déplacés partent des quartiers situés dans la périphérie de la capitale. Soit en essayant de se recentrer dans les zones sécurisées qui ne représentent plus que 15% de la ville, soit vers les provinces. Et davantage vers le sud du pays, car le Nord est de plus en plus sujet aux attaques des gangs. Le problème des déplacements vers la province, c'est que les gangs encerclent la capitale et établissent des check-points. Ces traversées représentent une véritable prise de risque.  

 

RFI : Quelles sont les conditions de vie dans les camps de déplacés qui se multiplient aux abords de Port-au-Prince ? 

En l’espace d’un an, la situation s'est dégradée, d’autant qu’un certain nombre de ces camps sont situés hors des zones sécurisées et restent difficiles d'accès. La vie et l’approvisionnement y sont difficiles, qu’il s’agisse de nourriture, d’eau ou des conditions sanitaires, qui font partie du minimum vital.  

 

RFI : Qui accueille les familles qui prennent le risque de partir vers la province ?

La majorité d’entre elles sont hébergées dans des familles d'accueil, chez des proches ou des connaissances qui partagent leur maison et qui sont déjà en difficulté. Lorsque l’on parle d’un million de déplacés du fait des violences, il faut ajouter à ce chiffre les communautés d'accueil qui ont aussi besoin d'assistance. L’ensemble des services publics a du mal à fonctionner, ce qui confère un rôle essentiel aux organisations internationales qui agissent en complément de l’État. Or, en 2024, faute de bailleurs, les Nations-unies n’ont pu financer leurs missions humanitaires en Haïti qu’à hauteur de 42 ou 43% des sommes demandées. C’est insuffisant et nous ne savons pas ce que 2025 nous réserve.  

 

Une nouvelle impulsion pour l’appareil sécuritaire haïtien ?

Les autorités haïtiennes viennent d'installer un nouveau secrétaire d'État chargé de la sécurité publique : Mario Andrésol reprend du service et sa nomination semble faire l'unanimité. C'est un homme expérimenté, formé en Haïti, aux États-Unis et en France, qui a fait carrière dans l'armée avant d'entrer dans la police et de grimper tous les échelons de l'institution policière. Il a été directeur de la PNH, la police nationale, entre 2005 et 2012, et crédité à l'époque de résultats notables dans la lutte contre les groupes armés. D’après Le Floridien, l'un des journaux de la diaspora haïtienne, basé à Miami, c'est « l'un des rares hauts fonctionnaires doté d'une connaissance approfondie des mécanismes du banditisme et son passage à la PNH avait permis d'affaiblir un certain nombre de réseaux criminels ».

Il est de retour, sa nomination est encourageante, mais il va falloir du concret, prévient Le Nouvelliste, qui liste tout ce qui lui manque : « Il faut d'urgence, écrit Frantz Duval, un budget, des moyens, du personnel qualifié pour revitaliser la secrétairerie d’État à la Sécurité publique alors qu’elle est coincée entre le ministère de la Justice, celui de l’Intérieur, la Primature, le Conseil Supérieur de la Police Nationale, le nouveau Conseil National de Sécurité et la présidence ». Autre point, souligne le Nouvelliste, Mario Andrésol « devra soigner ses relations avec la communauté internationale et les pays amis qui financent, surveillent et produisent des rapports sur la sécurité en Haïti. Parmi ces mastodontes, il devra se faire une place et faire la différence ».

 

Les adieux de Joe Biden

Le rideau tombe après quatre ans de présidence américaine. Il y aura, certes, d’autres discours cette semaine devant les représentants des forces armées ou les maires de villes moyennes, indique le New York Times. Mais celui de ce soir, en prime time, résonne comme un adieu aux Américains. Et. NBC nous en livre quelques éléments en avant-première. Le président sortant « devrait insister sur son bilan économique et environnemental, la croissance de l'emploi, les investissements dans les énergies renouvelables, la lutte contre le changement climatique. Et saluer la gestion de la pandémie de Covid19 ». Prise de parole prévue à 20h heure de Washington, soit 2h du matin, heure française.

 

Quel rôle pour Elon Musk ? Analyse de Romuald Sciora

Le milliardaire libertarien a désormais pour mission de sabrer dans les dépenses fédérales américaines avec l’aval de Donald Trump. Éclairage du chercheur Romuald Sciora, directeur de l’Observatoire politique et géostratégique des États-Unis de l’Iris, à l’occasion de la sortie de son nouvel ouvrage à paraître aujourd’hui : L'Amérique éclatée, plongée au cœur d'une nation en déliquescence

« Ironiquement, Elon Musk est porteur d'une mission qui est de réformer, restructurer l'État fédéral qui est entré en déliquescence depuis quelques décennies et qui est la colonne vertébrale des États-Unis. Le constat est juste mais les remèdes que proposent Donald Trump et Elon Musk ne feront qu'accélérer le processus de dislocation de l'Union. Car un pouvoir plus autoritaire à Washington, à la Viktor Orban, ne fédérera pas la majorité des Américains autour du gouvernement et suscitera plutôt le rejet d'une large partie de la population. »

« Les interventions d’Elon Musk en Europe s’inscrivent dans une stratégie de contre-révolution culturelle, une guerre anti-woke lancée contre les valeurs progressistes que Trump, Musk et Susie Wiles, la secrétaire générale de la Maison Blanche, jugent décadentes. Ces interférences dans la politique européenne, au Royaume-Uni ou ailleurs, ont pour but de déstabiliser le système multilatéral, y compris l’Union européenne. Il ne s’agit pas seulement de montrer aux Américains qu'il y a un nouveau shérif en ville et aux élites de Washington qui est le patron. »

« Elon Musk a pris une place considérable dans le paysage politique américain, il est aujourd'hui très proche de Trump, ils passent leur temps ensemble. Or, Elon Musk a besoin de Donald Trump pour mener à bien la mission qu’il s’est fixée, qui consiste à œuvrer pour le transhumanisme, à mener la conquête spatiale pour sauver l'humanité. C’est un personnage habité, qui incarne le « pouvoir spirituel » là où Trump possède le pouvoir temporel. Mais cela dit, ils sont en quelque sorte otages l’un de l’autre. Essayez de vous débarrasser de l'homme le plus riche du monde... C’est une alliance qui devrait perdurer au moins jusqu'au 4 juillet 2026, date à laquelle Elon Musk est censé boucler la restructuration de l'État fédéral. Et c'est le jour où nous fêterons le 250è anniversaire des États-Unis. »

 

L’actualité des Outre-mer avec nos confrères de la 1ère

Dans une tribune libre, le président de la Collectivité territoriale de Guyane, Gabriel Serville, s’interroge sur la volonté de l’État en matière d’évolution institutionnelle des départements d’Outre-mer.

Sans sa réélection, Donald Trump aurait-il échappé à une nouvelle condamnation ?
14 January 2025
Sans sa réélection, Donald Trump aurait-il échappé à une nouvelle condamnation ?

Quelques jours après sa démission, le procureur spécial chargé de plusieurs enquêtes visant Donald Trump publie un rapport accablant pour le futur locataire de la Maison Blanche.

En deux mots, si Donald Trump n'avait pas été réélu, il était bon pour une nouvelle sanction. Après plus de 250 entretiens menés par les services d'enquête et des dizaines de témoignages indiscutables, Jack Smith assomme le futur patron de la Maison Blanche à moins d'une semaine de sa prise de fonction, en le plaçant au cœur de ce qu’il qualifie « d’entreprise criminelle visant à réfuter le résultat des élections pour garder le pouvoir ». L’accusation, condensée dans un document de plus de 130 pages cible d’abord et avant tout les évènements du 6 janvier 2021, jour de l’attaque du Capitole par les partisans Make America Great Again (MAGA) et de l’ahurissant envahissement du siège de la démocratie américaine, assorti de scènes d’une violence inouïe entre forces de l’ordre et manifestants. Or, d’après ce rapport, ces manifestants pensaient tous agir, si ce n’est sur ordre de Donald Trump, du moins à son initiative.

Mais les conclusions de l’enquête judiciaire englobent en réalité tout un bouquet d’entraves à l’État de droit : des manigances de Donald Trump visant à convaincre certains membres du Congrès qu’il avait gagné la présidentielle de 2020, en passant par les pressions exercées sur les fonctionnaires électoraux dans les États-clés, de la dénonciation de fraudes qui n’ont jamais existé aux mensonges sciemment adressés à l’électorat conservateur.

Après avoir passé plus de deux ans à établir et vérifier les faits, un travail colossal mené au pas de charge pour éviter de perturber la dernière présidentielle, Jack Smith et ses équipes ont fini par se heurter à un mur. La réélection de Donald Trump le 5 novembre 2024 a stoppé net le processus judiciaire, puisque la politique du ministère de la Justice a toujours été de ne pas poursuivre un président en exercice. Contraint et forcé d’enterrer l’enquête, Jack Smith a jeté l’éponge, mais prend bien soin ici de préciser que la protection statutaire dont bénéficie le président n’enlève rien à la gravité des infractions qu’il a commises.

Quelques heures après la publication de ce rapport, le procureur spécial a essuyé, comme toujours, une réaction immédiate et furieuse du principal intéressé. Dans un premier temps, les avocats de Donald Trump ont tout fait pour que ce rapport ne soit pas publié avant le 20 janvier, jour de l’investiture. Ils ont raté leur coup, mais Trump en personne s'est fait un plaisir d'y revenir au milieu de la nuit sur les réseaux sociaux, toujours sur le même thème. « Jack, écrit Donald Trump, est un procureur débile qui n'a pas été foutu de boucler son dossier avant l'élection que j'ai gagné triomphalement. Les électeurs ont parlé ».

 

La question migratoire au centre des préoccupations dans plusieurs villes démocrates des États-Unis

Six jours avant l'investiture de Donald Trump, qui a promis la plus grande opération d'expulsions de l'histoire américaine, gros plan sur la ville de New York, bastion démocrate qui a pourtant décidé de fermer petit à petit les abris mis à disposition des immigrés et s’est décidé à démanteler son système d’hébergement. Reportage de notre envoyé spécial Éric Samson.

 

Un million de déplacés en Haïti l’an dernier, selon les derniers chiffres de l’ONU

Retour avec Gotson Pierre, notre confrère de l’agence de presse haïtienne Alterpresse, sur les données mises à jour par les Nations unies : 1 041 000 personnes, dont plus de la moitié sont des enfants, ont été forcées de quitter leur lieu de vie en Haïti en 2024 du fait de la violence des gangs. Un chiffre à mettre en rapport avec la population de Port-au-Prince, estimée à 3 millions d’habitants.

De nouveaux affrontements ont par ailleurs été signalés hier dans la périphérie sud de la capitale, des heurts entre des agents de la police nationale et des bandits armés qui ont paralysé l’ensemble des les transports publics pendant plusieurs heures. 

 

L’actualité des Outre-mer avec nos confrères de la 1ère

En Guadeloupe, les discussions se poursuivent autour d’une éventuelle « évolution institutionnelle » du département…

En Haïti, quelle reconstruction quinze ans après le tremblement de terre ?
13 January 2025
En Haïti, quelle reconstruction quinze ans après le tremblement de terre ?

C'était un week-end de recueillement en Haïti, 15 ans après le terrible séisme qui a ravagé l'agglomération de Port-au-Prince, détruisant constructions précaires et bâtiments officiels. La communauté internationale s'était mobilisée massivement pour reconstruire. Pour quels résultats ?

Le géographe Antoine Rivière, doctorant à l'Université Paris 8, explique à Vincent Souriau qu’au-delà des bonnes intentions, il y a eu des erreurs, et des objectifs n'ont pas été atteints. Le centre-ville de la capitale n’a ainsi pas été reconstruit. Antoine Rivière rappelle qu’après le tremblement de terre, « toutes agences de développement du monde, les ONG, les organisations de coopération régionales, tout le monde est arrivé en soutenant divers projets et en apportant sa contribution ». Tout cela était très dur à coordonner, d’autant que tous ces acteurs dépendaient de nombreux ministères – des ministères déjà structurellement « faibles et peu efficaces » avant le séisme, et qui le sont devenus encore plus après (locaux effondrés, employés décédés…) L’international a donc pris une part active dans le processus de décision. Michel Martelli se fera ensuite en partie élire sur une reprise en main par Haïti de la reconstruction. Beaucoup d’inaugurations de chantiers suivront, mais « cherchez un élément fini, il n’y a rien ».

 

Arrestation d’un député soupçonné de connivence avec les gangs

L’ancien député Prophane Victor a été arrêté ce dimanche (12 janvier 2025), il est soupçonné de connivence avec les gangs armés dans l’Artibonite. Prophane Victor est, rappelle Alter Presse, un membre influent du parti politique Bouclier, allié du Phtk de Michel Martelly. Le Nouvelliste rappelle que Prophane Victor fait déjà l’objet de sanctions du Canada, du Trésor américain et du Conseil de sécurité de l’ONU pour ses liens présumés avec les groupes criminels. L'arrestation de ce dimanche, écrit Gazette Haïti, intervient dans le cadre d’une enquête sur les liens présumés entre Magalie Habitant, l’ancienne directrice du Service national de gestion des résidus solides, et les gangs armés de la coalition « Vivre ensemble ». Or Leslie Voltaire, le chef du Conseil présidentiel de transition, affirmait ce dimanche sur la radio Magik Neuf : « j’ai l’impression que Magalie Habitant chante »,elle« dénonce des gens », et peut-être faut-il s’attendre à d’autres arrestations.

Leslie Voltaire a, durant la même interview, condamné ce qu’il appelle l’alliance conclue entre certains partis politiques et « Vivre ensemble » - c’est à lire dans Gazette Haïti. Une condamnation qui fait suite aux propos tenus, toujours sur Magik 9, par Liné Balathazar, président du parti Phtk. Liné Balathazar qui déclarait que « les gangs armés travaillent avec des groupes politiques en vie de proposer une solution à la crise ». Leslie Voltaire s’est dit consterné, et a estimé qu’agir ainsi menaçait la République d’Haïti.

 

À lire aussiHaïti: plus de 5600 morts imputés aux violences des gangs en 2024, selon l'ONU

 

À Los Angeles, les incendies continuent

Les principaux incendies sont loin d’être totalement maîtrisés à Los Angeles - et il est prévu que le vent souffle jusqu’à ce mercredi (15 janvier 2025). En attendant, la solidarité s’organise, notamment sur l’hippodrome de Pasadena. Un hippodrome devenu « le point central de tous les dons à Pasadena et Altadena », selon Gerardo Romero, que l’envoyé spécial de RFI Guillaume Naudin a rencontré alors qu’il proposait des repas : « Nous sommes ici pour donner notre temps et pour nourrir tout le monde et notamment avec des repas chauds. Tout le monde dans les communautés du coin vient pour soutenir, pour donner de son temps. Et voir la communauté se rassembler, simplement pour soutenir et pour aider, c’est génial. »

Pendant ce temps, les enquêtes se poursuivent sur les causes des incendies. Selon le Washington Post, le feu de Pacific Palisades a pris près d’un ancien feu, qui s’était déclaré lors du réveillon du Nouvel an. Cet ancien feu pourrait s'être rallumé, ce qui est possible, selon les experts, en cas de vent fort. De fait, du Colorado à Hawaï en passant par la Californie, ces anciens feux qui se rallument ont déjà été, par le passé, « à l’origine des feux de forêts les plus catastrophiques et mortels du pays ».

USA Today note que ces feux de forêt touchent l'ensemble de la société de Los Angeles.« Ici », rappelle le quotidien, « les méga-riches vivent côte à côte avec des sans-logis qui survivent en fouillant dans les poubelles des riches. Entre les deux, des générations de travailleurs et de familles de la classe moyenne, dont certaines ont eu la chance, ou l'intelligence, d'investir il y a plusieurs décennies dans quelques milliers de mètres carrés d'un des biens immobiliers les plus recherchés de la planète. » À lire aussi dans Politico, un article constatant que, malgré les déclarations du président Joe Biden liant les feux au changement climatique, les habitants d’Altadena, qui ont commencé à retourner chez eux ce jeudi, invoquent le vent, Dieu, ou l’augmentation de la population. Mais personne ne parle du changement climatique, dans une Altadena pourtant fortement démocrate.

À écouter aussiIncendies à Los Angeles: la solidarité se met en place pour venir en aide aux sinistrés

 Le Mexique tente de lutter contre l’obésité

Cette année 2025 sera celle de la lutte contre l'obésité au Mexique, le pays le plus touché au monde par cette maladie chronique, contrairement à ce qu'on pourrait penser, ce ne sont pas les US, mais leur voisin. Au Mexique, explique la correspondante de RFI Marine Lebègue, les trois-quarts de la population adulte sont soit obèses soit en surpoids, et deux enfants sur cinq sont concernés. Les autorités ont donc décidé d'interdire la vente de bonbons ou autres sucreries devant les écoles. Le nutritionniste Rigoberto Torres parle d’une « très bonne idée », mais « pour que ça marche, il faudrait aussi proposer un temps dédié à la nutrition dans les écoles, parce que tout vient de l’éducation. »

 

À lire aussiLe Mexique vote une loi pour endiguer le taux d'obésité alarmant du pays

 Le journal de la Première 

Au menu : la Guadeloupe, et son évolution statutaire.

Venezuela : arrestations et sécurité renforcée pour la cérémonie d’investiture de Maduro
10 January 2025
Venezuela : arrestations et sécurité renforcée pour la cérémonie d’investiture de Maduro

Le Venezuela se barricade en prévision de la cérémonie d’investiture de Nicolas Maduro, qui prête serment sans jamais avoir publié les preuves de sa réélection.

Notre correspondante à Caracas, Alice Campaignolle témoigne d’un climat « extrêmement tendu, le déploiement des forces de l’ordre est impressionnant, surtout dans la capitale, les autorités sont sur les dents, elles craignent des attaques de l’opposition, ou tout simplement des manifestations, surtout après les évènements de la veille où l’on a cru à une arrestation de Maria Corina Machado ».

La cheffe de l’opposition, qui vit dans la clandestinité depuis la présidentielle contestée de juillet, est réapparue ce jeudi au milieu de la foule qui s’était massée pour contester l’investiture pour un troisième mandat de Nicolas Maduro. « Quand les gens l’ont vu, c'était l’hystérie », rapporte Alice Campaignolle, « elle est toujours aussi populaire. Sa brève interpellation a fait très peur à ses partisans. Et elle ne cesse de promettre qu’elle ira jusqu’au bout, qu’elle parviendra avec Edmundo Gonzalez à prendre le pouvoir, mais cela parait très difficile. »

L'opposition revendique la victoire d'Edmundo Gonzalez Urrutia à la présidentielle du 28 juillet. Elle assure que les procès-verbaux des bureaux de vote qu'elle a recueillis prouvent que l'ancien diplomate a remporté le scrutin haut la main – plus de 67 % des voix – face à « un régime qui se sait battu » et isolé sur le plan international. Edmundo Gonzalez Urrutia a d'ailleurs promis de rentrer de son exil espagnol, lui qui avait fui la répression très dure et qui s'est encore accentuée ces derniers jours. Alice Campaignolle témoigne d’une « opposition très affaiblie par des mois et des années de répression, d’arrestations arbitraires, de démantèlement des partis politiques ».

À lire aussiVenezuela: Nicolas Maduro, l’indéboulonnable

Pourtant hier, dans la manifestation de Caracas, les supporters du candidat de l’opposition continuaient d’y croire. Pour Maria, rencontrée dans la manifestation et venue soutenir son candidat Edmundo Gonzalez : « Oui, il va venir, il va arriver avec une surprise pour tous les Vénézuéliens, parce que nous le méritons. On a affronté beaucoup de choses très difficiles et on s’est toujours relevé. Donc, on espère que d’ici demain, on soit libre ! »

D’un point de vue diplomatique, si une grande partie de la communauté internationale ne reconnait pas la victoire de Nicolas Maduro, certains pays, notamment européens, veulent rester ouverts au dialogue. Pour Colette Capriles, sociologue du Foro Civico, si le Venezuela « ferme les relations diplomatiques, si [le pays] perd ces relations de coopération avec l'Union européenne, les États-Unis et d'autres pays de l'Amérique latine, il y a un grand danger humanitaire. Il y a encore sept, huit millions de personnes au Venezuela qui ont besoin d'une aide alimentaire, humanitaire. Qu'est-ce qu'on va faire avec ça ? »

Incendies à Los Angeles : la désolation et la colère

« C'est comme si une bombe atomique était tombée sur certaines zones. Je n'attends pas de bonnes nouvelles », déclare le shérif du comté de Los Angeles, Robert Luna. Notre correspondant Loïc Pialat a rencontré des habitants de Pacific Palisades, un quartier très durement touché par les incendies. 

Pour Jon Turtletaub, un réalisateur de cinéma qui marche sur les cendres de la crèche de ses enfants : « Beaucoup de gens disent que ça ressemble à un décor de cinéma, […] mais ce n’est pas comme un film, les films sont en deux dimensions. » Beaucoup de rescapés mettent en cause la gestion des autorités locales : « La sévérité de ces feux aurait pu être évitée de mon point de vue », dit Paul, un jeune homme qui a perdu sa maison. « Je ne comprends pas... Ils connaissaient les dangers de cet épisode venteux et personne n’avait de plan apparemment. Il y aura un prix politique à payer pour ça. » 

Les images à la Une de la presse américaine sont très impressionnantes : des quartiers entièrement dévastés et des centaines de maisons réduites en cendres, comme le montrent ces photos à voir dans le Washington Post : la skyline de Los Angeles engloutie sous la fumée des incendies et dont on distingue à peine le haut des immeubles, des rues où se sont engouffrées les flammes, qui dévastent tout sur leur passage. Des habitants qui aident les pompiers avec les moyens du bord, comme cet entrepreneur qui a pu protéger neuf maisons dans le quartier de Pacific Palisades avec son équipe d'ouvriers, en se servant d'un long tuyau de fortune… mais il raconte que les bouches d'incendie étaient très rapidement vides. Dans le Los Angeles Times, d'autres images montrent des amas de ferraille en bord de mer, où l'on devine les vestiges d'anciennes maisons à Malibu. Seul un escalier se dresse, témoin de l'ampleur de ces incendies titanesques. Les habitants, eux, marchent hagards au milieu des routes, bordées par des carcasses de voiture calcinées. Certains tombent dans les bras de leur voisin, après avoir perdu le rêve de toute une vie, leur maison dévorée par les flammes. Il y a aussi les pompiers à l'œuvre, épuisés, dont des centaines, comme le souligne Forbes sont des prisonniers : un programme de réhabilitation, vieux de plus de cent ans, leur permet d'intervenir durant de grands incendies tout en purgeant leur peine.

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Haïti : la fermeture du port de Port-au-Prince

Le Nouvelliste, nous apprend que le Caribbean Port Services, le principal opérateur du port de Port-au-Prince, a dû suspendre ses activités seulement un mois après sa ré-ouverture, sous pression du puissant chef de gang « qui contrôle la zone des plus grandes installations portuaires du pays » rappelle le quotidien. Celui-ci avait orchestré la tuerie collective d'une violence inouïe perpétuée il y a un mois dans le centre de Wharf Jeremie, tout près de Port-au-Prince : « Il a ordonné l'exécution de plus de 200 personnes habitant dans les parages du port », rappelle le Nouvelliste.

Le journal Ayibopost, consacre également un article aux agents de la BSAP, la Brigade de la sécurité des aires protégées.

L’actualité des Outre-Mer

Benoît Ferrand revient sur le protocole de lutte contre la vie chère. 

À Los Angeles, des incendies cauchemardesques
09 January 2025
À Los Angeles, des incendies cauchemardesques

Deux jours de cauchemar, écrit le Los Angeles Times, mais la ville n'en a pas fini et se prépare à plusieurs jours encore d'incendies. Des vents très forts, des flammes immenses ont déjà fait des dégâts considérables, laissé des centaines de personnes sans-abri et causé la mort de cinq personnes.

Les vents avaient légèrement baissé ce jeudi en début de journée, raconte le correspondant de RFI aux États-Unis, Guillaume Naudin. Mercredi soir, les flammes ont atteint les collines situées au-dessus du célèbre quartier de Hollywood, qui a été évacué. Elles menacent également Pasadena. 130 000 personnes ont été évacuées. Le président Joe Biden, qui était en déplacement à Los Angeles, s’est rendu auprès des pompiers. Et il a annulé son voyage en Italie, qui devait être le dernier de son mandat, pour superviser la réponse fédérale aux incendies.

« Un mur de flammes alimenté par les vents consume les enclaves de L.A. », titre le New York Times, au-dessus d’une photo du quartier de Pacific Palisades, une photo d'arbres tordus par les vents ou en feu, une photo rendue orange, un orange intense, par la lueur des flammes. Le New York Post résume la situation : « Hell.A. », jeu de mot sur Hell (Enfer), L.A. (Los Angeles). « Apocalypse Los Angeles », renchérit le Washington Post. Mercredi soir, deux nouveaux feux sont apparus, dont l’un a provoqué, écrit le LA Times, des évacuations « chaotiques » près du quartier d’Hollywood. Deux feux sur lesquels ont été envoyés des pompiers déjà épuisés, souligne le quotidien.

Des pompiers qui ont manqué d’eau pour combattre le feu : à trois heures du matin mercredi, tous les réservoirs d’eau du quartier de Pacific Palisades étaient à sec, ce qui, écrit le LA Times, a réduit le débit des bouches d'incendie situées en hauteur. « La demande était énorme dans le quartier, quatre fois plus que la normale, ce qui a fait baisser la pression de notre système », a expliqué le directeur général du département de l'eau et de l'électricité de Los Angeles.

À lire aussiIncendies en Californie: Los Angeles cernée par les flammes, le centre d'Hollywood évacué

Polémiques

Mais le président élu Donald Trump affirme que le manque d’eau est dû au gouverneur démocrate Gawin Newsom : « J'ai essayé de convaincre Gavin Newsom de laisser l’eau arriver sur place, mais il l’envoie dans le Pacifique pour sauver un petit poisson appelé "éperlan", qui en plus habite ailleurs, et à cause de cet éperlan ils n’ont plus d’eau. » Une polémique qui désole le principal intéressé, le gouverneur de Californie, Gavin Newsom : « Je ne trouve même pas de réponse à cela. Les gens doivent littéralement s’enfuir, d’autres ont perdu la vie (…), et lui, il cherche à politiser tout cela. »

Autre polémique : des véhicules bloqués par des bouchons au moment d’évacuer. Le New York Times parle d’une « évacuation catastrophique en préparation depuis des années » : « Les habitants de Pacific Palisades demandent depuis longtemps que l'on accorde plus d'attention à la préparation aux incendies qui frappent la région avec une fréquence et une férocité de plus en plus grandes. » Une résidente interrogée par le quotidien rapporte qu’à une réunion, on leur a dit que les itinéraires d'évacuation devraient être déterminés au moment de l'incendie. Résultat : des résidents qui tentent de fuir les feux et se retrouvent bloqués dans des voitures qu’ils doivent finalement abandonner, et qui seront à moitié détruites par les bulldozers venus libérer le chemin pour les équipes de secours.

Manifestations ce jeudi au Venezuela

Au Venezuela, le président Nicolas Maduro doit prêter serment pour un troisième mandat consécutif ce vendredi. L’opposition, qui affirme que son candidat a remporté la présidentielle de juillet dernier, appelle à une grande manifestation ce jeudi. « C’est fini. Demain, nous nous serrerons tous dans nos bras », veut croire la cheffe de l’opposition Maria Corina Machado, reprise par El Nacional. El Nacional qui écrit dans son éditorial : « Il est temps de nous engager jusqu'à la moelle de nos os à changer de politique, à restaurer la démocratie, à faire fleurir la liberté. » Mais au Venezuela, écrit Tal Cual, « la reconquête de la démocratie semble plus un idéal lointain qu'une réalité atteignable ». Tal Cual qui dans son éditorial rappelle – quand même – que « le destin n’est pas écrit ». Pendant ce temps, rapporte Ultimas Noticias, la vice-présidente affirme que l’opposition s'est associée à « des réseaux internationaux de trafiquants de drogue, de pédophiles et d'assassins, qui distillent la saleté » pour continuer à nuire au pays.

Haïti : l’argent liquide manque en province

Frantz Duval, le rédacteur en chef du Nouvelliste, revient sur un problème récurrent et quotidien pour les Haïtiens : la difficulté à trouver de l'argent liquide hors de la capitale, un argent liquide d’autant plus important qu’il n’y a quasiment pas de moyens de paiement alternatif dans les villes de province. Comme les routes principales sont bloquées, les bateaux attaqués en mer et qu’il n’y a pas de circuit aérien reliant la capitale et les autres villes, les banques ne peuvent pas transférer de montants importants en cash aux banques de province. En province, où il y a donc un rationnement sur les retraits, or « les gens ont besoin de cash ».

Enquête sur Camisea, un des plus grands projets gaziers en Amérique latine

Gros plan sur l'un des plus grands projets gaziers en Amérique latine : Camisea. C'est un gisement de gaz situé dans le sud-est du Pérou, au cœur de la forêt amazonienne. Chaque année, ce consortium de six entreprises en extrait près de 14 milliards de mètres cubes de gaz.

À écouter aussiCamisea, promesses et désillusions du gaz amazonien

Cette exploitation gazière fait l'objet de recherches menées par nos confrères de France 24 et le média d'investigation Disclose. RFI s'y est associée – à lire sur le site internet de RFI une série d'articles, « La ruée vers le gaz ». Objectif : comprendre le fonctionnement de ce site gazier et l'implication des banques françaises dans le secteur. Stefanie Schüler a interrogé le journaliste Alexander Abdelilah, qui s’est rendu sur le site de Camisea. Il lui a entre autres expliqué que l’impact de l’extraction gazière sur cet écosystème fragile est en théorie contrôlé, entre autre, par des structures « dont la nature nous a surpris » : des structures de type associatives, mais financées par les entreprises qu’elles sont censées contrôler.

Le journal de la Première

Un an après sa signature, le « contrat territorial de prévention et de sécurité » a fait l’objet d’une première évaluation en Martinique

Brésil, 2 ans après les émeutes de 2023 : «Une blessure ouverte qui prendra du temps à cicatriser»
08 January 2025
Brésil, 2 ans après les émeutes de 2023 : «Une blessure ouverte qui prendra du temps à cicatriser»

Le 8 janvier 2023, plusieurs milliers d’émeutiers d’extrême droite dévastaient les principales institutions brésiliennes, situées sur la place des Trois-Pouvoirs, à Brasilia, une semaine après l’investiture du président élu, Luiz Inacio Lula da Silva. Des actes violents qui laissent encore des traces dans la société brésilienne.

La question de l'amnistie est notamment toujours brûlante. Environ 1 500 personnes ont été arrêtées et une trentaine d'émeutiers ont été condamnés à des peines allant jusqu'à 17 ans de prison pour tentative de coup d'État.

Le journal Folha de Sao Paulo montre des images de l'évènement pour ne pas oublier ce qu'il s'est passé ce jour-là. On y voit des milliers de partisans de l'ancien président Jair Bolsonaro affluer vers le siège des trois pouvoirs à Brasilia et pénétrer dans le palais du Planalto, siège du pouvoir exécutif, mais aussi le bâtiment du Tribunal suprême fédéral.

Une marée humaine, vêtue de vert et de jaune, les couleurs du Brésil, qui en quelques heures a détruit et vandalisé des œuvres d'art, dont un tableau du peintre brésilien Emiliano Augusto Cavalcanti, estimé à 8 millions de reais (plus de 12,6 millions d'euros), troué à six reprises. Le quotidien montre comment l’œuvre intitulée As Mulatas a été restaurée et a été rendue cette semaine au palais du Planalto. Lors d’une cérémonie de commémoration en présence du président Lula, le tableau a été présenté comme d’autres œuvres endommagées lors de l’invasion du bâtiment.

À cette occasion, la première dame Rosangela da Silva a prononcé un discours dans lequel elle a déclaré que le palais du Planalto avait « été victime d'une haine qui continue d'encourager les actes antidémocratiques, ainsi que les discours fascistes et autoritaires » rapporte le Folha de Sao Paulo.

Mais il n'y a pas que les œuvres d'art qui demandent réparation. Le journal El Globo publie une interview de la future présidente du tribunal militaire supérieur.

Maria Elizabeth Rocha estime qu'il est trop tôt pour parler d'amnistie pour les personnes impliquées dans cette insurrection, car tous les inculpés n'ont pas encore été jugés, notamment les logisticiens qui ont permis le transport ou aidé l'installation des émeutiers lors du campement devant le quartier général de l'armée. « Il faut avoir une vision complète de ce qu'a été le 8 janvier, tout clarifier, et pouvoir en parler, car l'amnistie, c'est le pardon, pas l'oubli », précise celle qui aura la tâche de superviser l'enquête sur ces évènements, et pour qui la date du 8 janvier est toujours « une blessure ouverte qui prendra du temps à cicatriser ».

15 ans après le séisme en Haïti : « Une réponse internationale motivée par une certaine peur »

16h53, le dimanche 12 janvier 2010. Une date et une heure qui resteront à jamais gravées dans la mémoire des Haïtiens. Ce jour-là, un séisme de magnitude 7 au large de Port-au-Prince engloutissait la capitale haïtienne, faisant plus de 280 000 morts et 300 000 blessés. Dimanche prochain, le pays commémorera les 15 ans de la catastrophe, dans le contexte d’insécurité que l’on connait. Une situation qui n’est pas étrangère à la gestion directe de l’après-séisme par la communauté internationale. C’est la thèse défendue par l’Américain Jake Johnston dans son livre paru l’an dernier Aid State : « La réponse internationale au tremblement de terre était motivée par une certaine peur », estime le chercheur au Center for Economic and Policy Research de Washington DC dans un entretien avec RFI. « C’est une peur qui a eu des conséquences fatales : définir comme priorité la sécurité, les ressources militaires dans une situation qui exigeait une réponse humanitaire, a de fait ralenti la délivrance de cette aide. » Jake Johnston estime que les objectifs capitalistes américains et européens de longue date ont piégé et ré-asservi Haïti, sous couvert de l’aider : « C'est de cette manière que fonctionne le système d’aide que nous avons créé et que les pays riches soutiennent. En grande partie, il est fait pour bénéficier aux pays qui développent cette aide, et pas à ceux qui en ont besoin. » Le chercheur donne l’exemple des agriculteurs haïtiens qui n’ont pas pu lutter contre l’arrivée massive de nourriture importée et distribuée gratuitement après le séisme.

À Cap Haïtien, les appels à l’aide se multiplient après les pluies diluviennes

Dans une interview au Nouvelliste, l'ingénieur Raoul Lecompte, qui est aussi le directeur départemental Nord du ministère des Travaux publics, Transports et Communications, appelle à la mise en place d’une « urgence gouvernementale » et dénonce une administration paralysée par le manque de moyens et notamment « l'absence criante de matériel » pour faire face aux catastrophes naturelles. La plupart des véhicules sont soit en panne, soit insuffisants pour permettre d'intervenir après chaque pluie diluvienne. Mais la problématique est bien plus profonde, souligne Le Nouvelliste, qui évoque « un environnement devenu invivable » pour les habitants qui doivent évoluer parmi les immondices qui s'accumulent, et « amplifient les risques sanitaires » en raison d'une gestion inadaptée des déchets et d'un « mauvais drainage des eaux de pluies ».

États-Unis : l’état d’urgence déclaré à Los Angeles pour « des incendies sans précédent »

Le violent feu de forêt qui ravage le quartier huppé de Pacific Palisades qui surplombe Los Angeles, a forcé des milliers de personnes à fuir alors que des vents de la puissance d'un ouragan posent un « danger mortel », selon les autorités.

La reporter du Washington Post Brianna Sacks témoigne sur place de vents violents qui attisent le feu et qui ont obligé des habitants paniqués à abandonner leurs véhicules sur l'une des seules routes entrant et sortant de la zone et à fuir à pied le feu qui a déjà ravagé près de 1 200 hectares.

La journaliste relate des problèmes de circulation alors que des voitures sont en feu au bord de la route. Son père qui vit dans les environs a dû être évacué et elle témoigne de la difficulté pour elle de couvrir cet évènement d’un point de vue émotionnel. Environ 30 000 personnes sont sous le coup d'un ordre d'évacuation, selon les autorités qui ont déclaré l'état d'urgence, « plus de 1 400 pompiers ont été mobilisés pour combattre ces incendies sans précédent », explique le gouverneur de Californie, Gavin Newsom.

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La vente de voitures électriques encouragée par la politique climat de Joe Biden

Toujours aux États-Unis, la présidence de Donald Trump laisse craindre un recul sur les politiques environnementales. Le futur locataire de la Maison Banche a vivement défendu l’usage des énergies fossiles pendant sa campagne. Lors de son premier mandat, il a sorti son pays de l’Accord de Paris et il n'a eu de cesse de critiquer les dépenses engagées par Joe Biden pour une transition vers les énergies vertes. Le président démocrate Joe Biden se vante d'ailleurs d'avoir mené les politiques climatiques les plus ambitieuses de l'histoire américaine, à travers l'IRA, l’Inflation Reduction Act, un vaste plan d’aide qui permet notamment d’encourager la vente des véhicules électriques. Reportage Edward Maille.

Journal de la 1ère

Neuf agents EDF en poste en Martinique s’envolent ce mercredi pour Mayotte, dans le sud de l’océan Indien. Benoît Ferrand.