Trump 2.0 : l'économie en questions
24 January 2025

Trump 2.0 : l'économie en questions

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La présidence Trump 2.0 ressemblera-t-elle à la première ? De retour à la Maison Blanche et à la tête de la première puissance économique mondiale, Donald Trump tiendra-t-il toutes ses promesses de campagne ? Ses premières annonces font déjà frémir nombre de ses partenaires, à commencer par ses voisins canadiens et mexicains menacés de tarifs douaniers immédiats. Les Européens et la Chine sont également dans la ligne de mire de Washington.

Au delà des bras de fer commerciaux à venir, quelles conséquences pour l'économie américaine : la croissance, l'inflation et les taux d'intérêt dirigés par la FED ? Quelles conséquences pour les bénéfices des entreprises américaines dans le monde et pour le cours du dollar ? Les marchés financiers vont-ils sanctionner l'imprévisibilité de la politique des Etats-Unis ? Autres implications très attendues : le marché du pétrole et du gaz que Donald Trump veut exploiter au maximum. Les pays producteurs en Afrique vont-ils en subir les effets ou au contraire bénéficier de cette nouvelle donne ?

NOS INVITES :

    John Plassard, directeur chez Mirabaud Group, spécialiste en investissement, expert senior en macroéconomie (en ligne de Genève, Suisse)

    Karl Blackburn, président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec en ligne de Montréal (Canada)

    Thierry Breton, ancien commissaire européen au Marché intérieur

     

 

    Samuel Mathey, économiste togolais basé à Washington DC, président de la FAFEDE (Fondation africaine pour l'entrepreneuriat et le développement économique) en ligne de Libreville (Gabon)

 

Samuel Mathey (fondateur FAFEDE) : comment aider les jeunes en Afrique

RFI - Samuel Mathey, parlez nous de votre travail à la tête de la FAFEDE (Fondation africaine pour l'entrepreneuriat et le développement économique) que vous menez depuis plusieurs années pour les créateurs d'entreprises en Afrique ? Pourquoi cette mission ?

Samuel Mathey - Quand je suis revenu en Afrique, j'ai constaté que l'Afrique avec une grande richesse qui était aussi sa malédiction. La grande richesse de l'Afrique, c'est que c'est le continent le plus jeune au monde. Aujourd'hui 65%, 70% des Africains ont moins de 25 ans. C'est une grande richesse, mais à la fois c'est une grande malédiction parce qu'il faut leur trouver des emplois. Aujourd'hui le chômage des jeunes est au summum. Les pays africains sont conscients de cela, ils savent que l'administration ne peut pas recruter toute cette masse de jeunes. Les entreprises ne peuvent pas non plus recruter cette masse de jeunes. Donc la seule voie qui reste pour employer les jeunes africains aujourd'hui c'est l'auto-emploi, l'entrepreneuriat.

Le problème qui se pose aujourd'hui, c'est que les pays africains dans leur majorité abordent avec la mauvaise approche la question de l'entrepreneuriat.  Ils pratique ce que j'appelle l'approche de la grande enveloppe. Ils votent des budgets énormes, qu'ils distribuent aux jeunes et leurs disent d'imaginer des projets et des activités. Ces jeunes ont l'argent, mais ils ne sont pas préparés. Selon les statistiques, 9 jeunes sur 10 qui commencent une entreprise en Afrique sont obligés de fermer la première année. Cette approche ne produit pas de résultat.

Et quels sont vos résultats avec la FAFEDE ? Que faites-vous de plus ?

Notre approche s'appelle " zéro capital extérieur". Nous disons aux jeunes :  n'attendez pas les subventions du gouvernement mais créez votre entreprise avec votre mindset, avec votre capital mental, votre capital relationnel. Nous avons plus de 50 techniques pour commencer une entreprise sans qu'on leur donne préalablement des ressources. C'est ce que nous enseignons et ça marche très fort. Et après, on vient derrière avec des ressources pour les aider. C'est ce que nous avons fait au Burundi. On a plus de 250.000 personnes qui été formées, Nous sommes en train de discuter avec la RDC, nous sommes au Gabon.

Est-ce que vous diriez que c'est une démarche à à l'américaine qui pourrait être inspirée par l'histoire personnelle de Donald Trump, son goût pour l'entrepreneuriat ?

Oui. Il a commencé avec sa famille, c'est vrai, mais c'est un peu ça. Cette approche est une approche dont les Africains ont besoin dans le sens que aujourd'hui on leur enseigne comment démarrer sans attendre de l'argent du gouvernement, sans attendre de l'argent de quelqu'un. J'invite les pays africains à se joindre à nous pour mettre en œuvre cette approche dans leur pays.